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Empirisme

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L'empirisme (du grec empeiria) est une doctrine (en philosophie et en psychologie) qui défend que la source de nos connaissances est le résultat de notre expérience sensible. La métaphore aristotélicienne de tabula rasa (tablette vide) est une notion qui fût reprise par Locke pour contester l'innéisme et le concept de transcendance en philosophie.

L'empirisme est souvent lié au matérialisme et au positivisme, et on l'oppose généralement au rationalisme des philosophes continentaux (Leibniz et Kant en particulier), bien qu'en réalité ces deux doctrines soient très proches.

Histoire

Dans l'antiquité

C'est dans la Grèce antique que nous pouvons retrouver les premiers tâtonnements de ce qu'on peut dénommer une méthode expérimentale basée sur l'expérience et les sens. L'école empirique de médecine fondée par Philinos de Cos et son disciple Sérapion d’Alexandrie rejetait les théories des « dogmaticiens » et n'admettait pour base de l'art médical que la seule expérience. L'école empirique de médecine était un mouvement sceptique (scepticisme antique, Pyrrhon d'Élis, Agrippa, Sextus Empiricus) qui n'accordait aucun rôle à la spéculation dans la recherche médicale. Dans cette première approche empirique l'importance était donnée aux aspects pratiques de la médecine : l'observation, les symptômes, la régularité de cas semblables, la ressemblance des maladies etc. Pour ces premiers empiristes, était plutôt primordial ce qui supprimait les maladies plutôt que l'étude approfondie de la nature intime des maladies ; il n'était pas question, à proprement parler, d'expérimentations médicales, mais plutôt d'observation des effets, la répétition de l'observation médicale formait donc un art.

L'empirisme classique

L'empirisme est un mouvement philosophique qui naît d'abord en Angleterre. Il prend racine au XVIe siècle et s'épanouit principalement au XVIIe siècle. Ses plus fameux représentants sont Francis Bacon (que l'on considère souvent comme le père de l'empirisme), Thomas Hobbes, John Locke, George Berkeley et David Hume.

L'empirisme moderne

Francis Bacon (1561-1626) est considéré comme le fondateur de l'empirisme moderne et de la science expérimentale. Il souligne l'importance de la méthode inductive, de l'observation des phénomènes particuliers et la recherche de lois générales à partir de ces observations.

Selon le philosophe et logicien américain Willard Van Orman Quine, l'empirisme moderne dépend en grande partie de deux dogmes : le premier, la croyance dans le clivage fondamental entre vérités analytiques et vérités synthétiques (clivage kantien), le second, le réductionnisme. Selon Quine ces deux dogmes sont mal fondés : d'une part, en les abandonnant on contribue à l'effacement de la frontière entre la métaphysique spéculative et les sciences de la nature ; d'autre part, on se réoriente vers le pragmatisme[1].

Doctrine

Thèse

Lorsque l'on est empiriste, on considère d'abord que le fondement et la première source de la connaissance se trouvent dans l'expérience sensible. Pour un empiriste, il n'y a que les objets singuliers et les phénomènes qui sont réels. Les universaux comme les concepts ne jouissent pas de la même crédibilité que, par exemple, un objet tel qu'il se présente à notre regard. C'est pourquoi l'empirisme admet l'existence de concepts a posteriori, images ou synthèses d'images issues de l'expérience sensible. L'empirisme ne reconnaissant pas l'existence de concepts a priori, l'esprit est alors conçu comme une tabula rasa sur laquelle s'impriment des impressions sensibles. La connaissance humaine est donc a posteriori et la Raison est un assemblage d'habitudes reçues.

Par exemple, pour un empiriste tel que Hume, la causalité est dérivée de l'expérience et non a priori : elle résulte seulement de l'habitude de voir deux états se succéder toujours de la même façon ; affirmation largement contestée depuis, car elle présuppose une logique inductive a priori : « nous ne pouvons faire appel à l'expérience pour prouver le principe d'induction, sous peine de pétition de principe » (Bertrand Russell, Problèmes de philosophie).

Distinctions

On définit souvent l'empirisme en l'opposant au rationalisme, parce que ce courant s'est constitué en réaction contre le « rationalisme continental », ou encore à l'idéalisme. Cette opposition peut parfois être trompeuse puisque, généralement, les empiristes n'ont pas nié le rôle de la raison dans le processus d'acquisition de la connaissance (voir par exemple Locke). Il n'y a donc pas d'opposition toujours tranchée. En outre, dans certains cas, (voir Berkeley, Condillac), l'empirisme ne démontre pas l'existence du monde extérieur indépendamment de nous, et peut se transformer en idéalisme.

L'empirisme logique

Ce courant de pensée se donne pour but de concilier le rôle de l’expérience dans la connaissance scientifique et l’existence des lois logiques. L'empirisme, comme l'indique Quine, n’est pas une théorie de la vérité, mais une théorie de la croyance justifiée, croyance qui repose à la fois sur l’évidence sensorielle et la logique.

Bibliographie


Citations

  • Voici l’affirmation centrale de l’empirisme : la connaissance empirique doit être vérifiable ou réfutable par l’expérience ; et la connaissance analytique, qui elle n’est pas vérifiable ni réfutable, ne peut donc porter aucune connaissance empirique. Si cela est vrai, il est alors raisonnable de se demander : quel est donc le statut de cette déclaration fondamentale de l’empirisme ? (Hans-Hermann Hoppe, Science économique et méthodologie autrichienne)
  • L'expérience ne peut pas l'emporter sur la logique. C'est le contraire qui est vrai. C'est la logique qui améliore l'expérience et qui nous dit quel est le type d'expérience qu'il nous est possible d'avoir et lesquelles sont au contraire le produit de la confusion intellectuelle, et qu'on fera donc bien d'appeler des "rêveries" ou des "fantaisies" plutôt que les prendre pour des "expériences" de la réalité. (Hans-Hermann Hoppe, The Socialism of Social Engineering and the Foundations of Economic Analysis, in A Theory of Socialism and Capitalism, chap. 6)
  • Les statistiques et les études empiriques ne peuvent fournir aucune connaissance théorique. De plus, les ensembles mesurables en termes statistiques n’ont souvent pas de sens théorique, et à l’inverse, de nombreux concepts ayant un sens théorique transcendant ne sont pas mesurables et ne permettent pas un traitement empirique. (Jesús Huerta de Soto)

Notes et références

  1. Willard Van Orman Quine, Deux dogmes de l'empirisme, The Philosophical Review (1951)


Liens externes


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