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Doctrinaires

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Doctrinaires est un nom que l'on donnait sous la Restauration (1814-1830) au petit groupe de royalistes français qui espéraient réconcilier la monarchie avec la Révolution, et l'autorité avec la liberté. Dirigés par Royer-Collard, ces royalistes libéraux souhaitaient une monarchie constitutionnelle, avec un suffrage censitaire et fort limité - Louis XVIII, après être monté sur le trône, s'était contenté d'accorder une Charte aux Français avec une chambre des pairs et une chambre des députés élues selon une loi électorale très limitée (à peu près 100.000 Français avaient alors le droit de vote).


Rôle politique sous la Restauration

Les doctrinaires avaient commencé par obtenir en 1816 la faveur de Louis XVIII, qu'avait effrayé la violence des Ultras pendant la Chambre introuvable de 1815. Les Ultras, cependant, revinrent bien vite au pouvoir, dirigés par le comte de Villèle. Les doctrinaires se retrouvèrent alors dans l'opposition, bien qu'ils fussent restés très proches du gouvernement, particulièrement de Decazes qui assumait certaines fonctions gouvernementales. Davantage cercle de réflexion que parti politique, les doctrinaires s'opposaient sur leur gauche aux républicains et aux « socialistes utopiques » (comme les appellera plus tard Karl Marx) et sur leur droite aux Ultras.

Les doctrinaires ont fini par disparaître à la suite de la politique réactionnaire de Charles X, qui avait succédé à son frère Louis XVIII, et avait pris comme Premier ministre un ultra, le prince de Polignac. Cette nomination fut une des causes de la révolution de juillet 1830, après laquelle les doctrinaires se fondirent dans les Orléanistes, dont aucune question de principe ne les avait jamais séparés. Selon la classification célèbre de René Rémond au sujet des diverses familles de la droite en France, les Orléanistes sont devenus à droite la deuxième tradition à émerger à côté des Légitimistes, terme employé pour désigner les défenseurs de la dynastie des Bourbons après la révolution de juillet.


Les idées des Doctrinaires

Les moyens par lesquels ils espéraient atteindre leur but étaient une application loyale de la charte accordée par Louis XVIII, et la coopération régulière entre le roi et eux-mêmes afin de combattre les Ultra-royalistes, c'est-à-dire les contre-révolutionnaires qui visaient le démantèlement complet de l'œuvre politique et sociale de la Révolution. Les doctrinaires étaient prêts à accorder au roi une grande liberté dans le choix de ses ministres et dans la direction de la politique nationale. Ils refusaient le principe de la responsabilité devant le parlement, n'admettant pas que des ministres dussent démissionner pour obéir à un vote hostile de la chambre.

Leur idéal était en fait de faire cohabiter un roi qui aurait loyalement accepté les acquis de la Révolution, et qui régnerait dans un esprit libéral, et une chambre élue qui l'assisterait de ses conseils. Elle devait être désignée par un collège électoral très limité, où les propriétaires et les gens instruits formeraient sinon la totalité mais au moins une très grande majorité. Ils ne devaient pas trouver un roi de cette espèce jusqu'à la Monarchie de Juillet et au règne de Louis-Philippe. C'est Guizot qui a le mieux exprimé l'idéologie des doctrinaires dans son traité Du gouvernement représentatif et de l'état actuel de la France. Dans la presse, les principaux organes du parti étaient L'Indépendant, devenu Le Constitutionnel en 1817, et le Journal des Débats. Les doctrinaires étaient principalement soutenus par d'anciens fonctionnaires de l'Empire, qui croyaient en la nécessité d'un gouvernement monarchique mais se souvenaient encore de la rude poigne de Napoléon, ainsi que des négociants, des industriels et des membres des professions libérales, en particulier des avocats, qui n'avaient pas moins de haine envers l'Ancien Régime.

Les principaux Doctrinaires

Bien que peu nombreux, les Doctrinaires exercèrent par l'ascendant de leur talent une grande influence sous les deux monarchies de 1814 et de 1830.

Citations

  • « Ils cherchent à mettre la réalité dans la politique à la place de l'imagination. »(Mémoires de la duchesse de Maillé)
  • « Ils sont quatre qui tantôt se vantent de n'être que trois parce qu'il leur paraît impossible qu'il y ait au moins quatre têtes d'une telle force et tantôt prétendent qu'ils sont cinq, mais c'est quand ils veulent effrayer leurs ennemis par leur nombre » (un « journal de gauche » cité par Berthier de Sauvigny, La Restauration, p. 144)

Voir aussi

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