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Louis XVIII
Louis XVIII | |||||
Personnage historique | |||||
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Dates | 1755-1824 | ||||
Tendance | Royaliste | ||||
Nationalité | France | ||||
Articles internes | Autres articles sur Louis XVIII | ||||
Citation | |||||
Interwikis sur Louis XVIII | |||||
Louis-Stanislas-Xavier de Bourbon, comte de Provence, connu comme Louis XVIII, est né à Versailles le 17 novembre 1755 et mort à Paris, au palais des Tuileries, le 16 septembre 1824. Il a été le dernier roi en France à mourir au pouvoir. S'il s'était proclamé roi de France dès le décès de son neveu en 1795, considéré comme Louis XVII par les royalistes, son règne effectif et réel correspond aux deux Restaurations : d'avril 1814 à mars 1815 pour la première Restauration et de juin 1815 à août 1824 pour la Seconde Restauration.
Un cadet impatient
Petit-fils de Louis XV et frère cadet de Louis XVI, il avait épousé Marie-Joséphine de Savoie mais à la différence de ses deux autres frères ne devait pas avoir d'enfant. Cette absence de descendance devait peser lourd sur sa conduite et certains aspects de sa personnalité. Intelligent, aimable et vif d'esprit, il est tout le contraire du roi, son frère aîné. Ecarté du conseil du Roi après la naissance du Dauphin en 1781, il se retrouve dans la position d'un « ver de terre » selon ses propres mots. Si son maintien est « royal » et sa « démarche fort noble », ce prince souple et réaliste aime le confort et la vie privée loin de la Cour tout en se lançant dans des spéculations immobilières pour « faire de l'argent ». Il se montre aussi dissimulé, égoïste et flegmatique.
La crise politique et financière de 1787 lui donne l'occasion de revenir au premier plan en présidant la commission des notables. Il se prononce pour une réforme de l'impôt élargi à la noblesse et pour le doublement du Tiers au sein des futurs États Généraux. Favorable à des réformes modérés, il n'entend pas cependant remettre en question la société d'ordres. Il s'efforce au cours de l'année 1789 de participer au pouvoir, nouant des relations avec Mirabeau, puis tentant d'acheter les députés de la Constituante pour qu'ils réclament son entrée au Conseil dans le cadre de la mystérieuse affaire Favras. Accusé de vouloir enlever le roi et tuer Necker, il doit se justifier devant la Commune de Paris, laissant condamner Favras.
Le chef de l'émigration
Mais il est désormais convaincu de la nécessité d'une contre-révolution : le 20 juin 1791 il quitte Paris déguisé en marchand anglais et gagne Mons. Il ne reverra pas Paris avant 24 ans. Il rejoint son frère, le comte d'Artois, plus exalté et qui avait quitté la France dès 1789. A Coblence, il paraît jouer les seconds rôles et adopter le programme et les idées des principaux chefs émigrés tout en attaquant ouvertement Louis XVI. S'il rentre en France derrière les armées prussiennes et autrichiennes le 19 août 1792, la désillusion est rapide. Après Valmy, il se réfugie à Hamm, en Westphalie, où il apprend l'exécution du roi : il prend dès lors le titre de régent (28 janvier 1793). C'est l'exil, de gros soucis d'argent, l'obligation de se soumettre aux exigences des gouvernements étrangers dont il dépend, la fuite devant l'expansion continue des frontières de la Grande Nation. Il réside en Italie en 1793-1796 puis rejoint l'armée de Condé sur le Rhin, il accepte l'invitation du tsar Paul à Mitau, sur les bords de la Baltique en 1798. Expulsé de nouveau, il rejoint Varsovie (1801-1804), regagne Mitau (1804-1807) puis se réfugie en Angleterre qui paraît plus sûre. A compter de 1809, il s'installe à Hartwell House qui sera sa résidence jusqu'à son retour en France.
Sa vie politique est ponctuée de proclamations d'abord extrémistes puis de plus en plus réalistes. D'abord résolu à rétablir la monarchie d'Ancien Régime, il amorce une lente évolution à partir de 1796. En 1797, il écarte toute idée de vengeance, même à l'égard des régicides. Dans Réflexions critiques (1799) il admet les changements de la société française mais refuse de dissocier la responsabilité des ministres de celle du monarque et conteste l'initiative des lois à une chambre indépendante. En 1805, tout en protestant contre le couronnement de Napoléon, il déclare vouloir conserver les structures du pays mais en supprimant la conscription, la détention politique et en réduisant les impôts. Il avait sondé en vain Napoléon devenu premier Consul sur le rétablissement du roi légitime. Par l'intermédiaire de Talleyrand, dont l'oncle, archevêque de Reims, est un fidèle de Monsieur, Napoléon en 1802 et 1803 avait tenté d'obtenir la renonciation de Louis à la couronne en échange d'argent, voire d'un trône en Allemagne, en Italie, en Pologne ou au Mexique.
La situation parait s'éclaircir à compter de 1811 avec les défaites françaises en Espagne puis en Russie. Il s'est rapproché de la famille royale d'Angleterre et du régent, futur George IV. Il découvre que le monarchisme en France n'est pas mort. Mais les Alliés restaient hostiles à l'idée d'une restauration monarchique, à l'exception des Anglais.
Le roi restauré
Le 12 mars 1814, Bordeaux se déclara pour les Bourbons à l'arrivée de Wellington. L'opinion française était résignée à tout régime pourvu qu'il fût modéré et pacifique. Après l'entrée des Alliés à Paris, le Sénat proclamait Louis-Xavier-Stanislas « roi des Français » le 6 avril 1814. Si Artois était reçu triomphalement dans la capitale, Louis était immobilisé par la goutte. Il quitte l'Angleterre le 13 avril et à Saint-Ouen fait une déclaration libérale, comprenant qu'il ne peut échapper à une constitution. Il promet la liberté de la presse, deux assemblées délibérantes, la maintien des titres accordés par Napoléon mais aussi la propriété des acquéreurs de biens nationaux. Il refuse cependant l'idée d'une constitution sur le modèle de 1791 accordé par le Sénat.
C'est comme « Louis XVIII, par la grâce de Dieu roi de France et de Navarre » qu'il fait lire devant le Sénat et le corps législatif réunis la Charte constitutionnelle du 4 juin 1814. Il s'efforce de concilier une monarchie forte et stable avec le régime le plus libéral d'Europe continentale. La Restauration se veut libérale et patriotique en rupture avec l'absolutisme cosmopolite du Premier Empire. Il se présente comme « le père de ses enfants » réactivant la figure d'Henri IV, le roi de la réconciliation nationale et le fondateur de la dynastie des Bourbons. Il veut guérir la France de ses maux.
Mais Louis XVIII refusant de porter la légion d'honneur, exigeant le drapeau blanc, permettant à Artois et aux Ultras de dominer au Conseil, mécontentait l'opinion qui redoutait toujours le retour à l'Ancien Régime. L'armée réduite et mécontente va dès lors se rallier à Napoléon de retour de l'île d'Elbe. Le 19 mars, pour ne pas être un otage entre les mains de l'Empereur, il se rend à Lille puis à Gand. Le 15 avril, il publie une déclaration où il jure de « faire disparaître jusqu'à la trace des abus qui pourraient avoir éloigné de nous quelques Français ».
L’échec de la Restauration libérale
Affaibli par les Cent jours, donnant l'image d'un monarque impuissant et couard, il doit céder aux Alliés qui imposent de dures conditions de paix le 20 novembre 1815. Rentré à Paris le 8 juillet 1815, il avait promis le pardon à tous ceux qui avaient servi « l'Usurpateur ». De retour dans les « fourgons de l'étranger », il lui est impossible de résister à la soif de revanche des émigrés. S'ensuivit une brève mais violente période de « Terreur blanche ». La présence des armées alliées devait préserver la plus grande partie du pays des excès de la réaction, mais l’occupation militaire devait être brutale. Les élections du mois d’août 1815 étaient marquées par la victoire des « royalistes » donnant une « Chambre introuvable ».
Louis XVIII, s’étant séparé de Fouché puis de Talleyrand, demanda au duc de Richelieu de composer un nouveau gouvernement. Elie Decazes, nouveau ministre de la Police, s’était rendu indispensable au roi vieillissant qui envoyait des billets quotidiens à son favori. Decazes réussit à convaincre le roi et Richelieu de la nécessité de dissoudre la Chambre en septembre 1816, affaiblissant ainsi cette première tentative d’établir un régime parlementaire.
Les élections d’octobre étaient favorables au ministère donnant la majorité aux « constitutionnels ». Richelieu ayant obtenu la libération du territoire et le départ des troupes étrangères, remit sa démission fin décembre 1818. Decazes en profita pour réunir les ministères de l’Intérieur et de la police et d’être le véritable chef du gouvernement sous le couvert du faible Dessolles. Le nouveau gouvernement voulait « se lancer franchement dans le torrent libéral ». Mais l’assassinat du duc de Berry le 13 février 1820 mit fin à l’expérience. Louis XVIII, les larmes aux yeux dut renvoyer son favori.
Richelieu revenu au pouvoir fit voter des lois d’exception remettant en cause les libertés. Physiquement affaibli, s’assoupissant parfois au cours des audiences, Louis XVIII était désormais influencé par sa nouvelle favorite, la comtesse du Cayla. En décembre 1821, Richelieu devait se retirer au profit d’un ministère composé par Monsieur et dirigé de fait par Villèle, ministre des Finances. Le roi s’en remettait désormais à son frère qui s’apprêtait à lui succéder.
Louis XVIII s'est voulu modéré et conciliant, sa politique reposant sur « oubli et pardon ». Pour Chateaubriand « les deux traits dominants de son caractère étaient la modération et la noblesse ». Ce prince remarquablement intelligent s'est efforcé de s'adapter à « l'esprit du temps » et de redresser un pays humilié et affaibli en 1815. Mais il était bien seul et Charles X devait par sottise provoquer l'échec de la Restauration.
Citations
- « Louis XVIII ne perdit jamais le souvenir et la prééminence de son berceau, il était roi partout comme Dieu est Dieu…Jamais son infortune ne lui arracha la plus petite concession. Sa hauteur croissait en raison de son abaissement; son diadème était son nom. » (Chateaubriand)
sources
- Dictionnaire Napoléon, article Louis XVIII par Emmanuel de Waresquiel.
- G. de Berthier de Sauvigny, La Restauration, Flammarion 1955.
- Emmanuel de Waresquiel, Benoît Yvert, Histoire de la Restauration 1814-1830, 1ère éd. Perrin 1996, collection Tempus 2002, 499 p.
Voir aussi
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