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Hercule de Serre

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Hercule de Serre
Homme politique

Dates 1776-1824
Hercule de Serre
Tendance Libéral-conservateur
Nationalité France France
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Citation
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Pierre François Hercule dit Hercule de Serre (Pagny, Meurthe, le 12 mars 1776 – Castellamare, Italie, 21 juillet 1824), « fils de messire François-Louis de Serre, ancien officier de cavalerie au service de la France, seigneur du fief Coureol, et de dame Barbe-Marguerite de Maudhuy, dame de Beauharnais », il appartient à une famille originaire du Comtat Venaissin établie en Lorraine. Député de 1815 à 1822, il a été à plusieurs reprises garde des sceaux sous la Restauration et a d’abord fait partie du groupe des Doctrinaires.

De l'armée à la politique

Il se destine d'abord à l'état militaire, élève de l’École d'artillerie de Châlons-sur-Marne (auj. Châlons-en-Champagne). Ayant émigré, il sert dans l'armée de Condé en 1792 et ne rentre en France qu'en 1802. Cet ancien émigré va servir loyalement Napoléon. Il étudie le droit et est admis au barreau de Metz, où il se distingue. Lors de la réorganisation judiciaire de 1811, Napoléon le nomme avocat général à Metz (23 février), puis premier président de la cour impériale de Hambourg (14 juillet).

Partisan de la Restauration, il reçoit des Bourbons le poste de premier président de la cour de Colmar (janvier 1815), accompagne Louis XVIII à Gand pendant les Cent-Jours, et est réintégré dans ses fonctions par le gouvernement royal.

Elu, le 22 août 1815, député du Haut-Rhin au grand collège, par 63 voix (125 votants, 199 inscrits), Hercule de Serre siège dans les rangs de la minorité ministérielle. Il propose, sans succès, un amendement au projet de loi suspensif de la liberté individuelle, et adopte le principe des cours prévôtales, sauf à en restreindre le plus possible l'application. Comme une pétition demandait des poursuites contre Masséna, il prend la défense de ce général ; il combat aussi les conclusions du rapport de Kergorlay sur la restitution des biens non vendus au clergé. Les ultras l'interrompant violemment, il se tourne vers eux et s'écrie : « Messieurs, je suis dans la question ; veuillez m'écouter; je réclame la liberté de la discussion, cette liberté qui a souvent été violée et détruite dans cette enceinte. » Le président le rappelle à l'ordre. Très lié avec Pierre-Paul Royer-Collard, il appartient au groupe des Doctrinaires.

Hercule de Serre obtient sa réélection, le 4 octobre 1816, par 95 voix (144 votants, 191 inscrits) et, le 20 septembre 1817, par 304 voix (451 votants, 552 inscrits). Il appartient dès lors à la majorité, et est, en janvier 1817, désigné comme président de la Chambre à la place de Pasquier : il occupe le fauteuil jusqu'à la fin de 1818.

Serre opine, dans la discussion de la loi électorale, pour l'électorat direct, mais il propose l'établissement dans chaque département d'un collège des villes et d'un collège des campagnes ; il se montre opposé à la réélection des députés nommés à des fonctions amovibles, et approuva la suspension de la liberté individuelle.

Comme président de la Chambre, il proposa un règlement nouveau, contenant contre les interruptions les plus rigoureuses sévérités.

Le Garde des sceaux

Le 30 décembre 1818, il accepte, dans le ministère dominé par Elie Decazes, le portefeuille de la Justice. Les relations avec le favori du roi vont devenir de plus en plus difficiles. Seule la fidélité dynastique et la haine des Ultras unit momentanément les membres de ce gouvernement très hétéroclite. Il souhaite une refonte libérale de la Charte pour établir une monarchie parlementaire. Après entente avec Royer-Collard et les principaux doctrinaires, il présenta trois lois nouvelles sur la liberté de la presse, établissant l'affranchissement de toute censure préalable, la compétence du jury même pour les délits correctionnels, et l'admission de la preuve testimoniale contre les fonctionnaires.

Ces dispositions lui valent les attaques très vives des royalistes d'extrême droite. Il s’impose néanmoins par son éloquence. Charles de Rémusat évoque son physique ingrat : « Une petite tête ronde sortait d’un grand col de chemise, chargée de eux boucles d’oreilles, et présentait une figure assez ingrate. Ses manières ne relevaient pas sa figure…Ses yeux, son nez, sa bouche, tout cela était laid… » mais souligne l’impression profonde produite par l’orateur : « sa marche était lente et sûre ; la pensée et la phrase s’achevaient toujours avec clarté, toujours significatives et correctes. La chaîne du raisonnement ne se rompait jamais, et lors même que la matière ne comportait nulle chaleur, il intéressait par conviction, il captivait l’esprit par la logique. Raison ou sentiment, il attachait toujours. Mais sans aucun effort, sans ombre d’affectation, il tendait toujours à s’élever et à s’animer. Il ne multipliait pas les vues, ni les traits ; son expression juste et forte n’était pas brillante, ni pittoresque. Mais avait cette première qualité de l’orateur politique, il donnait peu de raisons et choisissait toujours les meilleures. »

Néanmoins ces efforts pour se concilier la gauche parlementaire échouent. Voyant la montée de l’opposition antidynastique, il n’hésite pas à heurter de front les « Indépendants » réclamant le rappel de tous les bannis y compris les régicides Dans la séance du 21 juin 1819, Serre demande l'ordre du jour et prononce ces paroles : « On répète ce que j'ai allégué moi-même, que la Charte couvrait les votants ; les exilés temporaires peuvent encore espérer de revoir le sol de la patrie ; les régicides, jamais ! » L'effet de ce discours est si profond que le ministère fait ajouter après le mot jamais au Moniteur : « Sauf la tolérance accordée par la clémence du roi à l'âge et aux infirmités. » La Minerve écrit un article vengeur en réponse : « La France, aussi étonnée que satisfaite, applaudissait à cette merveille d’un ministre à la fois monarchique et national ; un jour, une heure ont renversés de si douces espérances. »

Resté d'accord avec Decazes, devenu président du conseil, sur la nécessité de la rupture avec la gauche, il approuve la modification de la loi électorale, avec la disposition du double vote, qui donne aux électeurs les plus riches la possibilité d’élire des députés supplémentaires. Rémusat souligne : « il était le seul homme capable de donner à ce plan grandiose son vrai caractère et de le faire accepter du haut de la tribune nationale. » Serre voudrait donner à l’aristocratie française un rôle dominant comme en Angleterre sans voir la différence entre les deux pays. Mais son état de santé se dégrade : poitrinaire, il doit s’aliter puis partir à Nice le 26 janvier 1820. La mort du duc de Berry provoque la chute de Decazes mais de Serre conserve les sceaux dans le cabinet Richelieu à la consternation des Doctrinaires.

Un texte polémique de 1820 résume bien cette rupture avec les doctrinaires et les libéraux : « Ce pygmée se nomme Hercule. C'était bien la peine que son illustre parrain dérogeât aux coutumes de la paroisse et fit outrage à nos vieilles légendes, pour donner un pareil nom à son filleul ! Le nouvel Hercule, malgré son patron, a la modestie de ne point modeler sa conduite sur les douze travaux héroïques. Quand il laisse, par exemple, choir le ministère dont à peine il portait la sixième partie, Atlas aurait tort de compter sur son secours. Défendre les hommes oligarchiques qui encombrent les avenues de la cour, ce n'est pas nettoyer les étables du roi Augias. Le peuple n'aperçoit point dans la main de ce ministre la corne d'abondance, et ce ministre se garde de revêtir la peau du lion de Némée, car il sait qu'une peau de lion laisse toujours passer quelque chose. Enfin, il n'a pas voulu enchaîner Cerbère, puisque la part de censure qu'il exerce laisse aboyer tel journal, qui se rue jusque sur des mânes ; et si Hercule de Serre élève un jour ses colonnes, on n'y gravera point non ultra, mais ultra tout court. »

Revenu à la fin d'avril 1820 de Nice, il engage la lutte contre les adversaires du projet gouvernemental sur les élections : au premier rang de ces adversaires se trouvait le groupe doctrinaire et son chef Royer-Collard. Hercule de Serre n'hésita pas à éliminer du Conseil d'Etat son ancien ami, en même temps qu'il en écarte tous les doctrinaires qu’il y a fait entrer : Camille Jordan, Prosper de Barante et Guizot. Il recommande aux magistrats la plus grande rigueur à l'égard des « révolutionnaires ».

Néanmoins, il refuse de rester au pouvoir au sein d’un cabinet Ultra et rejette l’offre de Villèle de conserver les sceaux (décembre 1821). Il reprend alors sa place au centre droit, parle en faveur de la compétence du jury en matière de délits de presse. Il est nommé peu après (9 janvier 1822) ambassadeur à Naples, et assiste au congrès de Vérone. S'étant représenté sans succès aux élections législatives de 1824, il meurt la même année près de Naples, à Castellamare, des suites de la maladie de poitrine dont il était atteint.

sources

  • Emmanuel de Waresquiel, Benoît Yvert, Histoire de la Restauration 1814-1830, ed. Perrin, coll. tempus 2002, 499 p.
  • A.Robert et G.Cougny, Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889,


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