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'''Gary Becker''', né le 2 décembre [[1930]] et [[mort]] le 3 mai [[2014]], est un économiste [[États-Unis|américain]] connu pour ses travaux, au sein de l'[[école de Chicago]], visant à élargir le champ de l'analyse [[microéconomie|microéconomique]] à de nombreux comportements humains, notamment l'[[analyse économique du droit]]. Il a notamment été parmi les premiers à explorer la notion de [[capital humain]]. Ses travaux sur l'analyse économique de la [[crime|criminalité]] lui ont également valu une grande notoriété.


Quoique parfois décrié pour ses idées très libérales, beaucoup considèrent que Gary Becker a largement contribué aux progrès de la science économique au cours de la seconde moitié du XX<sup>e</sup> siècle. Il fut président de la [[société du Mont-Pèlerin]] de [[1990]] à [[1992]], succédant à [[Antonio Martino]] et cédant sa place à [[Max Hartwell]].


'''Gary Becker''' est un économiste américain (né en [[1930]]) connu pour ses travaux, au sein de l'[[école de Chicago]], visant à élargir le champ de l'analyse microéconomique à de nombreux comportements humains, notamment l'[[analyse économique du droit]]. Il a notamment été parmi les premiers à explorer la notion de [[capital humain]]. Ses travaux sur l'analyse économique de la [[criminalité]] lui ont également valu une grande notoriété.
== Le Capital humain ==
 
Quoique parfois décrié pour ses idées très libérales, beaucoup considèrent que Gary Becker a largement contribué aux progrès de la science économique au cours de la seconde moitié du vingtième siècle. Il fut président de la [[société du Mont-Pèlerin]] de [[1990]] à [[1992]], succédant à [[Antonio Martino]] et cédant sa place à [[Max Hartwell]].
 
==Le Capital humain==


''Le Capital humain, une analyse théorique et empirique'', Gary Stanley Becker, [[1964]].
''Le Capital humain, une analyse théorique et empirique'', Gary Stanley Becker, [[1964]].


En publiant, en 1964, ''Human Capital, A Theoretical and Empirical Analysis'' (''Le Capital humain, une analyse théorique et empirique''), Gary Becker donne une impulsion déterminante à la théorie du capital humain (ce qui lui vaudra le [[Prix Nobel d'Économie]] en [[1992]]). Beaucoup d’économistes, d’[[Adam Smith]] à [[Alfred Marshall]] et [[Irving Fisher]], s’étaient déjà intéressés au concept de capital humain, mais sans construire de cadre général d’analyse.


En publiant, en 1964, ''Human Capital, A Theoretical and Empirical Analysis'' (''Le Capital humain, une analyse théorique et empirique''), l’Américain Gary Stanley Becker (né en [[1930]]) donne une impulsion déterminante à la théorie du capital humain (ce qui lui vaudra le [[Prix Nobel d'Économie]] en [[1992]]). Beaucoup d’économistes, d’[[Adam Smith]] à [[Alfred Marshall]] et [[Irving Fisher]], s’étaient déjà intéressés au concept de capital humain, mais sans construire de cadre général d’analyse.
L’ouvrage se situe à la croisée de deux corps théoriques : d’une part, les théories de la [[croissance]] qui, autour des travaux quantitatifs de [[Theodore Schultz]] notamment, tentent d’expliquer la nature et les sources de la croissance ; d’autre part, les théories de la distribution du revenu qui essaient d’expliquer et de justifier les différences de [[salaire]]s entre les individus. Mais construire une théorie du capital humain est aussi pour Becker un moyen de poursuivre sa tentative, entreprise dans son livre de 1957 sur la discrimination raciale, d’étendre la science économique à de nouveaux champs d’analyse.
L’ouvrage se situe à la croisée de deux corps théoriques : d’une part, les théories de la croissance qui, autour des travaux quantitatifs de [[Theodore Schultz]] notamment, tentent d’expliquer la nature et les sources de la croissance ; d’autre part, les théories de la distribution du revenu qui essaient d’expliquer et de justifier les différences de salaires entre les individus. Mais construire une théorie du capital humain est aussi pour Becker un moyen de poursuivre sa tentative, entreprise dans son livre de 1957 sur la discrimination raciale, d’étendre la science économique à de nouveaux champs d’analyse.


==Une autre sorte de capital==
==Une autre sorte de capital==


Becker définit le [[capital humain]] comme un stock de ressources productives incorporées aux individus eux-mêmes, constitué d’éléments aussi divers que le niveau d’éducation, de formation et d’expérience professionnelle, l’état de santé ou la connaissance du système économique. Toute forme d’activité susceptible d’affecter ce stock (poursuivre ses études, se soigner, etc.) est définie comme un investissement (chapitre I). L’hypothèse fondamentale de Becker est que les inégalités de salaires reflètent les productivités différentes des salariés. Ces dernières sont elles-mêmes dues à une détention inégale de capital humain (chapitre II). Un investissement en capital humain trouve donc une compensation dans le flux de revenus futurs qu’il engendre. L’analyse de la formation du capital humain passe par l’étude d’un choix intertemporel : l’individu détermine le montant et la nature des investissements qu’il doit effectuer pour maximiser son revenu ou son utilité intertemporels. La durée de vie de l’investissement, sa spécificité, sa liquidité, le risque associé sont alors autant de déterminants du taux de rendement de l’investissement en capital humain (chapitre III). De cette analyse théorique, Becker tire plusieurs séries de conclusions. D’une part, les différences de salaires dans l’espace, dans le temps et entre les individus sont expliquées et justifiées puisqu’elles sont le fruit d’investissements individuels différents effectués au cours des périodes antérieures. D’autre part, l’analyse pose indirectement la question des modalités de financement des investissements en capital humain par les individus. Certains investissements efficaces peuvent ne pas être effectués, en raison de l’impossibilité pour « l’individu-investisseur » de trouver des fonds (c’est le cas lorsque le marché des capitaux fonctionne mal par exemple).
Becker définit le [[capital humain]] comme un stock de ressources productives incorporées aux individus, constitué d’éléments aussi divers que le niveau d’éducation, de formation et d’expérience professionnelle, l’état de santé ou la connaissance du système économique. Toute forme d’activité susceptible d’affecter ce stock (poursuivre ses études, se soigner, etc.) est définie comme un investissement (chapitre I). L’hypothèse fondamentale de Becker est que les inégalités de salaires reflètent les productivités différentes des salariés. Ces dernières sont elles-mêmes dues à une détention inégale de capital humain (chapitre II). Un investissement en capital humain trouve donc une compensation dans le flux de revenus futurs qu’il engendre. L’analyse de la formation du capital humain passe par l’étude d’un choix intertemporel : l’individu détermine le montant et la nature des investissements qu’il doit effectuer pour maximiser son revenu ou son utilité intertemporels. La durée de vie de l’investissement, sa spécificité, sa liquidité, le risque associé sont alors autant de déterminants du taux de rendement de l’investissement en capital humain (chapitre III).  
 
De cette analyse théorique, Becker tire plusieurs séries de conclusions. D’une part, les différences de salaires dans l’espace, dans le temps et entre les individus, sont expliquées et justifiées puisqu’elles sont le fruit d’investissements individuels différents effectués au cours des périodes antérieures. D’autre part, l’analyse pose indirectement la question des modalités de financement des investissements en capital humain par les individus. Certains investissements efficaces peuvent ne pas être effectués en raison de l’impossibilité pour « l’individu-investisseur » de trouver des fonds (c’est le cas lorsque le marché des capitaux fonctionne mal, par exemple).


La seconde partie, fondée sur des données américaines des années 1940, est une application empirique de ce cadre théorique au domaine de l’éducation. La principale difficulté est d’évaluer le taux de rendement monétaire des investissements en éducation et donc de faire apparaître empiriquement la liaison entre capital humain et revenus futurs (chapitre IV et VI). Becker tente alors de déterminer s’il y a un sous-investissement en éducation, qui entraîne une perte pour la société dans son ensemble, du fait de difficultés à financer ces investissements (chapitre V). Il s’attache ensuite à l’explication des différences de salaires entre groupes d’individus en termes de capital humain ; pour ce faire, il compare les profils intertemporels de revenu de catégories d’individus différemment pourvus en capital humain, évalué au nombre d’années d’étude (chapitre VII).
La seconde partie, fondée sur des données américaines des années 1940, est une application empirique de ce cadre théorique au domaine de l’[[éducation]]. La principale difficulté est d’évaluer le taux de rendement monétaire des investissements en éducation et donc de faire apparaître empiriquement la liaison entre capital humain et revenus futurs (chapitre IV et VI). Becker tente alors de déterminer s’il y a un sous-investissement en éducation, qui entraîne une perte pour la société dans son ensemble, du fait de difficultés à financer ces investissements (chapitre V). Il s’attache ensuite à l’explication des différences de salaires entre groupes d’individus en termes de capital humain ; pour ce faire, il compare les profils intertemporels de revenu de catégories d’individus différemment pourvus en capital humain, évalué au nombre d’années d’étude (chapitre VII).


==Étendre les frontières de la science économique==
==Étendre les frontières de la science économique==


L’analyse de Becker est fondée sur deux prémisses. D’une part, les inégalités salariales résultent des inégalités en [[capital humain]]. Des développements théoriques ultérieurs remettront en question cette détermination du [[salaire]] par le seul [[capital humain]]. Les théories du signal, par exemple, insistent sur les difficultés pour le salarié à faire reconnaître la vraie valeur de son capital humain. D’autre part, les inégalités en capital humain résultent elles-mêmes des comportements individuels. Mais cette justification des inégalités repose sur une hypothèse forte : les individus ont une information parfaite et anticipent donc parfaitement les rendements futurs de leurs investissements. Par ailleurs, les tentatives d’application empirique de la théorie butent sur des difficultés à évaluer le capital humain, en raison notamment de l’inexistence d’un [[marché]] où ce [[capital]] s’échangerait directement.
L’analyse de Becker est fondée sur deux prémisses. D’une part, les inégalités salariales résultent des inégalités en [[capital humain]]. Des développements théoriques ultérieurs remettront en question cette détermination du [[salaire]] par le seul [[capital humain]]. [[Théorie du signal en économie|Les théories du signal]], par exemple, insistent sur les difficultés pour le salarié à faire reconnaître la vraie valeur de son capital humain. D’autre part, les inégalités en capital humain résultent elles-mêmes des comportements individuels. Mais cette justification des inégalités repose sur une hypothèse forte : les individus ont une information parfaite et anticipent donc parfaitement les rendements futurs de leurs investissements. Par ailleurs, les tentatives d’application empirique de la théorie butent sur des difficultés à évaluer le capital humain, en raison notamment de l’inexistence d’un [[marché]] où ce [[capital]] s’échangerait directement.
La force d’attraction de l’analyse de Becker réside toutefois dans sa capacité d’unifier une multitude de phénomènes (choix en matière d’éducation, dépenses de santé, migrations, etc.) sous un même principe explicatif. Le concept de capital humain trouvera d’ailleurs des applications diverses dans de nombreux champs de l’analyse économique : des théories de la croissance à celles du commerce international, en passant par l’histoire économique ou la théorie des organisations. La publication de Human Capital a ainsi constitué une étape déterminante dans les développements, difficilement acceptés, de la théorie du capital humain.
Enfin, Human Capital participe à l’extension de l’analyse économique à « tous les comportements humains ». Fondamentalement, toute action a un coût (le coût d’opportunité du temps passé à cette activité) et peut donc faire l’objet d’un calcul. L’individu est comme une entreprise qui produit et investit sous des contraintes de revenu et de temps. Becker peut alors construire non seulement une analyse économique des choix d’éducation, mais aussi une analyse économique du [[crime]], de la discrimination, de la famille (mariage, divorce, fertilité).


== Théorie du consommateur producteur ==
La force d’attraction de l’analyse de Becker réside toutefois dans sa capacité d’unifier une multitude de phénomènes (choix en matière d’éducation, dépenses de santé, migrations, etc.) sous un même principe explicatif. Le concept de capital humain trouvera d’ailleurs des applications diverses dans de nombreux champs de l’analyse économique : des théories de la croissance à celles du commerce international, en passant par l’histoire économique ou la théorie des organisations. La publication de ''Human Capital'' a ainsi constitué une étape déterminante dans les développements, difficilement acceptés, de la théorie du capital humain.


Dans un article, en [[1992]], Gary Becker explique que le passé jette une ombre sur le présent par son influence sur la formation des préférences. Le passé influe sur les préférences des consommateurs du présent au travers de l'habitude, de la tradition et des comportements addictifs. L'analyse des phénomènes économiques et sociaux par l'intermédiaire du regard sur le passé a de profondes implications pour comprendre les changements à court terme et à long terme. Par exemple, pourquoi n'arrête-t-on pas de fumer en raison de la hausse des taxes sur le paquet de cigarettes ? Et quels sont les effets des impôts sur les habitudes et sur l'effort au travail dans le long terme ? Le lien entre les choix passés et présents peuvent également expliquer pourquoi et comment les parents influencent la formation des préférences des enfants, et quel est l'apport du soutien des institutions et de la culture dans l'[[apprentissage]].
Enfin, ''Human Capital'' participe à l’extension de l’analyse économique à « tous les comportements humains ». Fondamentalement, toute action a un coût (le [[coût d'opportunité]] du temps passé à cette activité) et peut donc faire l’objet d’un calcul. L’individu est comme une entreprise qui produit et investit sous des contraintes de revenu et de temps. Becker peut alors construire non seulement une analyse économique des choix d’éducation, mais aussi une analyse économique du [[crime]], de la discrimination, de la [[famille]] ([[mariage]], divorce, fertilité).


== Théorie du consommateur producteur ==


== Annexes ==
Dans un article, en [[1992]], Gary Becker explique que le passé jette une ombre sur le présent par son influence sur la formation des préférences. Le passé influe sur les préférences des consommateurs du présent au travers de l'habitude, de la tradition et des comportements addictifs. L'analyse des phénomènes économiques et sociaux par l'intermédiaire du regard sur le passé a de profondes implications pour comprendre les changements à court terme et à long terme. Par exemple, pourquoi n'arrête-t-on pas de fumer en raison de la hausse des taxes sur le paquet de cigarettes ? Et quels sont les effets des [[impôt]]s sur les habitudes et sur l'effort au [[travail]] dans le long terme ? Le lien entre les choix passés et présents peut également expliquer pourquoi et comment les parents influencent la formation des préférences des enfants, et quel est l'apport du soutien des [[institution]]s et de la [[culture]] dans l'[[apprentissage]].


=== Bibliographie ===
== Publications ==


* [[1957]]: ''The Economic of Discrimination'', Chicago, Univ. of Chicago, 2ème éd., 197
:Pour une liste détaillée des œuvres de Gary Becker, voir [[Gary Becker (bibliographie)]]
* [[1958]], Competition and Democracy, J. L. & Econ., Vol 1, n°105
* [[1962]],
** a. Irrational Behavior and Economic Theory. Journal of Political Economy. Vol 70, n°1, pp1-13
** b. Investment in Human Capital: A Theoretical Analysis, Journal of Political Economy, 70, 5, Part 2, octobre, pp9-49


* [[1963]], Rational Action and Economic Theory : A Reply to Israel Kirzner. Journal of Political Economy. LXXI: pp82-83
== Littérature secondaire ==
* [[1964]]: ''Human Capital, A Theoretical and Empirical Analysis, with Special Reference to Education'', New York: National Bureau of Economic Research, Chicago, Univ. of Chicago Press,
** 2e éd. en [[1975]]
** 3ème édition en [[1994]]
* [[1965]]: « A theory of the allocation of time », ''Economic journal'', vol. 75, Septembre, p. 493-517
* [[1966]]: « A new approach of consumer theory », ''Journal of Political Economy'', avril.
* [[1968]]: « Crime and punishment : an economic approach », ''Journal of Political Economy'', vol. 76, n°2, mars-avril, p. 196-217
 
----
 
* [[1971]], avec Michael Grossman et Robert T. Michael, Economic theory, Alfred A. Knopf, New York
** Nouvelle édition en [[2007]], Transaction publishers. New Brunswick
 
* [[1972]], avec [[Isaac Ehrlich]], Market Insurance, Self Insurance and Self Protection, Journal of Political Economy, 80 (4), pp623-648
 
* [[1973]], A Theory of Marriage, Part (1), Journal of Political Economy 81 (4), juillet-août, pp. 813-845
** Repris en [[1974]] in T. W. Schultz (dir.), ''Economic of the Family'', Chicago, Univ. of Chicago Press, mars, pp293-344
 
* [[1974]],
** a. A Theory of Marriage, Part (2), Journal of Political Economy, 82 (2), part II, mars-avril
*** Repris en [[1974]] in T. W. Schultz (dir.), ''Economic of the Family'', Chicago, Univ. of Chicago Press, mars, pp293-344
** b. A Theory of Social Interactions, Journal of Political Economy, vol 82, n°6, novembre-décembre, pp1063-1093
** c. avec [[William M. Landes]], dir., Essays in the Economics of Crime and Punishment. New York: National Bureau of Economic Research
 
* [[1975]]: ''The Allocation of Time and Goods over the Life-Cycle'' (avec G. Ghez), New York, Columbia Univ. Press
 
* [[1976]],
** a. The Economic Approach to Human Behavior, Chicago, Univ. of Chicago
** b. Altruism, Egoism, and Genetic Fitness: Economics and sociobiology, Journal of Political Economy, Vol 14, n°3, decembre, pp817-826
 
* [[1977]],
** a. avec [[George Stigler]], De gustibus non est disputandum, American Economic Review, mars, vol. 67, n° 2, p. 76-90
** b. avec Elizabeth M. Landes et Robert T. Michael, "An Economic Analysis of Marital Instability", Journal of Political Economy, 85 (6), décembre
 
----
 
* [[1981]]: ''A Treatise on the Family'', Massachusetts, Harvard Univ. Press
** Repris et enrichi en [[2005]],
* [[1981]], Altruism in the Family and Selfishness in the Market Place, Economica, 48 (189), février
* [[1983]],
** a. Nobel Lecture: The Economic Way at Looking at Behavior, Journal of Political Economy, 101(3), Juin, 385-409
** b. A Theory of Competition Among Pressure Groups for Political Influence, Quarterly Journal of Economics 98 (August): 371-400
** c. Specialized Human Capital, the Allocation of Effort, and Differences in Earnings and Time Allocation of Married Men and Women,            Mimeo, avril
 
* [[1985]],
** a. Human capital, effort, and the sexual division of labor, J Labor Econ., 3, pp533-58
** b. Public policies, pressure groups, and dead weight costs, Journal of Public Economics, vol. 28(3), pages 329-347, décembre
 
* [[1987]], "Should drug use be legalized", Business Week, 17(August), 22
 
* [[1988]],
** a. avec [[Robert Barro]], Fertility choice in a model of economic growth, ''Econometrica'', vol. 57, pp481-501
** b. avec Kevin Murphy, A theory of rational addiction, ''Journal of Political Economy'', vol 96, n°4, pp675-700
** c. avec Kevin Murphy, The family and the state, Journal of Law and Economics, Vol 3, n°1, Apr
 
* [[1989]], “Make the Punishment fit the Corporate Crime.” Business Week, March 13
 
 
 
----
 
* [[1992]],
** a. avec K. M. Murphy, The Division of Labor, Coordination Costs and Knowledge, Quarterly Journal of Economics, 107, No.4, pp137-60
** b. "Habits, Addictions, and Traditions", Kyklos, vol 45, n°9, pp327-346


* [[1993]],  
* [[1993]],  
** a. The President's Address, The Mont Pelerin Society Newsletter, vol 46, n°1, February
** James S. Coleman, "The Impact of Gary Becker’s Work on Sociology", Acta Sociologica, Vol 36, pp169-178
** b. [http://www.acton.org/publications/randl/rl_interview_76.php Economic Imperialism], Religion and Liberty, Vol 3, n°2, March-April
** [[Richard A. Posner]], Gary Becker’s Contributions to Law and Economics, The Journal of Legal Studies, XXII, juin: 211-215
** c. "Nobel Lecture: The Economic Way of Looking at Behavior", Journal of Political Economy, Vol 101, June, pp385-409
 
* [[1994]], "To root out Corruption, Boot out Big Government", Business Week, January 31, p18
 
* [[1995]],
** a. "The Economic Way of Looking at Behaviour",
*** Repris en [[1995]], Chap. 26, Febrero, R. & Schwartz, P.S. (eds.), The Essence of Becker, Hoover Institution, Stanford University, pp. 633-658
** b. ‘It’s Simple: Hike the Minimum Wage, and You Put People Out of Work’, Business Week, 6 March
** c. “Gli effetti perversi dei sistemi a ripartizione”, Biblioteca della Libertà, n°128, gennaio-marzo, p. 11
** d. ‘Human Capital and Poverty Alleviation’, HRO Working Paper, World Bank, March
 
* [[1996]],
** a. Accounting for Tastes, Cambridge, MA, Harvard University Press
*** Traduction en italien en [[2000]], "De Gustibus", Università Bocconi editore, Milano
** b. avec G. Nashat Becker, The Economics of Life, McGraw-Hill
** c. Unemployment in Europe and the United States, [[Journal des économistes et des études humaines]], vol 7, n°1, mars, pp99-101
 
* [[1997]]
** a. avec Guity Nashat Becker, ''The Economics of Life: From Baseball to Affirmative Action to Immigration, How Real-World Issues Affect Our Everyday Life''
** b. Latin America Owes a Lot to its 'Chicago Boys'", Business Week, 9-6-1997
** c. Teorie preferencí, Grada, Praha, (en tchèque)
** d. "Want to Squelch Corruption? Try Passing out raises”, Business Week, November 3, p26
** e. "How uncle Sam could ease the organ shortage", Business Week Online, January 20
 
* [[1998]]: ''Accounting for Tastes'', Harvard university press. Cambridge (Mass), London
 
* [[2000]], La naturaleza de la competencia, Libertas, número 33, octubre, año XVII
 
* [[2001]],
** a. „Ekonomický přístup k lidskému chování“ [L'approche économique du comportement humain], In: Tomáš Ježek, dir., „Zásady liberálního řádu“ [Les principes d'un ordre libéral], Academia, Praha
** b. "Its time to give up the war on drugs", Business Week Online, September 17
 
* [[2002]], Deficit Spending Got Argentina into This Mess, Business Week, february 11
 
* [[2003]], avec Kevin M. Murphy, ''Social Economics : Market Behavior in a Social Environment''
 
* [[2005]], avec Thomas Philipson et Rodrigo Soars, “The Quantity and Quality of life and the Evolution of World Inequality”, American Economic Review,
 
* [[2006]], "Free Banking", In: [[Mathieu Laine]] et Guido Hülsmann, dir., L'Homme Libre – Mélanges en l'honneur de Pascal Salin – Festschrift in honour of Pascal Salin, Paris: Les Belles Lettres, pp227-234
 
* [[2007]], "Economic Theory", Piscataway, NJ: Aldine Transaction
 
=== Littérature secondaire ===
 
* [[1993]], [[Richard A. Posner]], Gary Becker’s Contributions to Law and Economics, The Journal of Legal Studies, XXII, juin: 211-215


* [[1994]], V. R. Fuchs, "Nobel Laureate: Gary S. Becker: Ideas About Facts", Journal of Economic Perspectives, Spring, 8 (2), pp183-192
* [[1994]], V. R. Fuchs, "Nobel Laureate: Gary S. Becker: Ideas About Facts", Journal of Economic Perspectives, Spring, 8 (2), pp183-192
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** Ramón Febrero et [[Pedro Schwartz]], dir., "The essence of Becker: an introduction", Universidad Complutense, Facultad de Ciencias Económicas y Empresariales, Madrid
** Ramón Febrero et [[Pedro Schwartz]], dir., "The essence of Becker: an introduction", Universidad Complutense, Facultad de Ciencias Económicas y Empresariales, Madrid


* [[1997]], [[Elias L. Khalil]], [http://www.springerlink.com/content/up62480q5136469n/fulltext.pdf “Etzioni versus Becker: Do Moral Sentiments Differ from Ordinary Tastes?”], De Economist, December, 145:4, pp491-520  
* [[1997]], [[Elias L. Khalil]], “Etzioni versus Becker: Do Moral Sentiments Differ from Ordinary Tastes?”, De Economist, December, 145:4, pp491-520  


* [[1998]], [[Christopher Westley]], [http://www.marketsandmorality.com/index.php/mandm/article/view/663/653 "Matrimony and Microeconomics: A Critique of Becker’s Analysis of Marriage"], Journal of Markets and Morality, March, 1(1), pp67-74
* [[1998]], [[Christopher Westley]], [http://www.marketsandmorality.com/index.php/mandm/article/view/663/653 "Matrimony and Microeconomics: A Critique of Becker’s Analysis of Marriage"], Journal of Markets and Morality, March, 1(1), pp67-74


* [[2005]], [[Mark Thornton]], [http://www.libertarianismo.org/livros/pkktdoiraritme.pdf#374 "Harm Reduction and Sin Taxes: Why Gary Becker is Wrong"], In: [[Peter Kurrild-Klitgaard]], dir., [http://www.libertarianismo.org/livros/pkktdoiraritme.pdf "The Dynamics of Intervention: Regulation and Redistribution in the Mixed Economy"] (Advances in Austrian Economics, Volume 8), Emerald Group Publishing Limited, pp357-376
* [[1999]], [[Charles K. Rowley]], "Five Market-Friendly Nobelists: Friedman, Stigler, Buchanan, Coase, and Becker", [[The Independent Review]], Vol 3, n°3, winter, pp413–431
** Repris en [[1999]], [https://archive.org/details/ageofeconomists00rich/page/n4/mode/1up "The Nobel laureates: Milton Friedman, George J. Stigler, James M. Buchanan, Ronald H. Coase, and Gary S. Becker"], In: [[Richard M. Ebeling]], Lissa Roche, dir., [https://archive.org/details/ageofeconomists00rich/page/n4/mode/1up "The Age of Economists: From Adam Smith to Milton Friedman"], Hillsdale, MI: Hillsdale College Press, pp121-144
 
* [[2005]], [[Mark Thornton]], "Harm Reduction and Sin Taxes: Why Gary Becker is Wrong", In: [[Peter Kurrild-Klitgaard]], dir., "The Dynamics of Intervention: Regulation and Redistribution in the Mixed Economy" (Advances in Austrian Economics, Volume 8), Emerald Group Publishing Limited, pp357-376
 
* [[2006]],
** [[Javier Aranzadi del Cerro]], Liberalism against liberalism : theoretical analysis of the works of Ludwig von Mises and Gary Becker, Oxon, England ; New York, NY : Routledge
** Geraint Johnes, "Letter: Has Becker Put Economics in the Electric Chair?", The Economists' Voice, vol 3, n°4


* [[2008]], Aaron Steelman, "BECKER, GARY S. (1930– )", In: [[Ronald Hamowy]], dir., "The Encyclopedia of Libertarianism", [[Cato Institute]] - Sage Publications, pp28-30


* [[2006]], [[Javier Aranzadi del Cerro]], Liberalism against liberalism : theoretical analysis of the works of Ludwig von Mises and Gary Becker, Oxon, England ; New York, NY : Routledge
* [[2010]],  
** Shoshana Grossbard, "How 'Chicagoan' are Gary Becker's Economic Models of Marraige?", Journal of the History of Economic Thought, Vol 32, n°3, pp377-395
** Pedro Nuno Teixeira, "Human Capital, by Gary S. Becker: a reading guide", In: [[Ross B. Emmett]], dir., "The Elgar Companion to the Chicago School of Economics", Edward Elgar Publishing, pp152-159
** Pedro Nuno Teixeira, "Gary S. Becker", In: [[Ross B. Emmett]], dir., "The Elgar companion to the Chicago school of economics", Edward Elgar Publishing, pp253-258


* [[2010]], Shoshana Grossbard, "How 'Chicagoan' are Gary Becker's Economic Models of Marraige?", Journal of the History of Economic Thought, Vol 32, n°3, pp377-395
* [[2014]], Pedro Nuno Teixeira, "Gary Becker’s Early Work on Human Capital – Collaborations and Distinctiveness", IZA Journal of Labor Economics, Vol 3, n°12, pp1-20


=== Liens internes ===
=== Articles connexes ===


* [[École de Chicago]]
* [[École de Chicago]]
* [[Journal of Human Capital]]
* [[Journal of Human Capital]]


=== Liens externes ===
== Liens externes ==
 
'''En français'''
 
* {{fr}}[[:ca:Gary Becker|Dossier sur Catallaxia]]
* {{fr}}[[:ca:Gary Becker|Dossier sur Catallaxia]]
* {{fr}}[http://blog.georgeslane.fr/category/Le-retour-de-la-societe-civile/page/8 Gary S. Becker, prix Nobel de sciences économiques 1992] par [[Georges Lane]]
* {{fr}}[https://basepub.dauphine.fr/bitstream/handle/123456789/351/Gary%20Becker%201993.pdf;sequence=1#:~:text=Georges%20Lane,-Le%20texte%20ci&text=C'est%20par%20ces%20mots,de%20sciences%20%C3%A9conomiques%20(3). Gary Becker et l'analyse économique des phénomènes sociaux] par [[Georges Lane]]  
* {{fr}}[http://lemennicier.bwm-mediasoft.com/displayArticle.php?articleId=116 Dictionnaire des Sciences économiques]  
* {{fr}}[http://www.quebecoislibre.org/030913-2.htm La valeur économique du temps] par [[Henri Lepage]]   
* {{fr}}[http://www.quebecoislibre.org/030913-2.htm La valeur économique du temps] par [[Henri Lepage]]   
* {{fr}}[http://lemennicier.bwm-mediasoft.com/displayArticle.php?articleId=173&limba=fr Voir la vie de façon économique] sur le site de [[Bertrand Lemennicier]]
* {{en}}{{video}}[http://www.youtube.com/watch?v=7tI9mRbuD-I Gary Becker Intellectual Portrait part 1]
 
* {{en}}{{video}}[http://www.youtube.com/watch?v=crmhvzoQNxQ Gary Becker Intellectual Portrait part 2]
'''En anglais'''
 
* {{en}}[http://becker-posner-blog.com/ Blog commun de Gary Becker et Richard Posner]
* {{en}}[http://home.uchicago.edu/~gbecker/ Page personnelle de Gary Becker]
* {{en}}[http://www.ft.com/cms/s/0/0874f5c4-fd9e-11da-9b2d-0000779e2340.html?nclick_check=1 ''Lunch with the FT''], entretien avec [[Tim Harford]]
 
'''Videos'''
* {{en}} {{video}}[http://www.youtube.com/watch?v=7tI9mRbuD-I Gary Becker Intellectual Portrait part 1]
* {{en}} {{video}}[http://www.youtube.com/watch?v=crmhvzoQNxQ Gary Becker Intellectual Portrait part 2]


'''Archives Audios'''
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* [http://files.libertyfund.org/files/974/BeckerMP3.mp3 The Intellectual Portrait Series: A Conversation with Gary S. Becker], Interview de Gary S. Becker par [[Edward Glaeser]], [[Richard A. Posner]] et  Edward Lazear, en [[2003]], Indianapolis: Liberty Fund, partie de "The Intellectual Portrait Series: Conversations with Leading Classical Liberal Figures of Our Time"
* [http://files.libertyfund.org/files/974/BeckerMP3.mp3 The Intellectual Portrait Series: A Conversation with Gary S. Becker], Interview de Gary S. Becker par [[Edward Glaeser]], [[Richard A. Posner]] et  Edward Lazear, en [[2003]], Indianapolis: Liberty Fund, partie de "The Intellectual Portrait Series: Conversations with Leading Classical Liberal Figures of Our Time"


* [http://files.libertyfund.org/files/975/FriedmanMP3.mp3 The Intellectual Portrait Series: A Conversation with Milton Friedman], Interview de [[Milton Friedman]] par Gary S. Becker, en [[2003]], Indianapolis: Liberty Fund, partie de "The Intellectual Portrait Series: Conversations with Leading Classical Liberal Figures of Our Time"
* [http://files.libertyfund.org/files/975/FriedmanMP3.mp3 The Intellectual Portrait Series: A Conversation with Milton Friedman], Interview de [[Milton Friedman]] par Gary S. Becker, en [[2003]], Indianapolis: Liberty Fund, partie de "The Intellectual Portrait Series: Conversations with Leading Classical Liberal Figures of Our Time"


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Gary Becker
Économiste

Dates 1930 - 2014
Gary Becker
Tendance École de Chicago
Nationalité États-Unis États-Unis
Articles internes Autres articles sur Gary Becker

Citation « Un salaire minimum plus élevé réduira encore les occasions d'emploi des travailleurs peu qualifiés. »
Interwikis sur Gary Stanley Becker
Catallaxia

Gary Becker, né le 2 décembre 1930 et mort le 3 mai 2014, est un économiste américain connu pour ses travaux, au sein de l'école de Chicago, visant à élargir le champ de l'analyse microéconomique à de nombreux comportements humains, notamment l'analyse économique du droit. Il a notamment été parmi les premiers à explorer la notion de capital humain. Ses travaux sur l'analyse économique de la criminalité lui ont également valu une grande notoriété.

Quoique parfois décrié pour ses idées très libérales, beaucoup considèrent que Gary Becker a largement contribué aux progrès de la science économique au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Il fut président de la société du Mont-Pèlerin de 1990 à 1992, succédant à Antonio Martino et cédant sa place à Max Hartwell.

Le Capital humain

Le Capital humain, une analyse théorique et empirique, Gary Stanley Becker, 1964.

En publiant, en 1964, Human Capital, A Theoretical and Empirical Analysis (Le Capital humain, une analyse théorique et empirique), Gary Becker donne une impulsion déterminante à la théorie du capital humain (ce qui lui vaudra le Prix Nobel d'Économie en 1992). Beaucoup d’économistes, d’Adam Smith à Alfred Marshall et Irving Fisher, s’étaient déjà intéressés au concept de capital humain, mais sans construire de cadre général d’analyse.

L’ouvrage se situe à la croisée de deux corps théoriques : d’une part, les théories de la croissance qui, autour des travaux quantitatifs de Theodore Schultz notamment, tentent d’expliquer la nature et les sources de la croissance ; d’autre part, les théories de la distribution du revenu qui essaient d’expliquer et de justifier les différences de salaires entre les individus. Mais construire une théorie du capital humain est aussi pour Becker un moyen de poursuivre sa tentative, entreprise dans son livre de 1957 sur la discrimination raciale, d’étendre la science économique à de nouveaux champs d’analyse.

Une autre sorte de capital

Becker définit le capital humain comme un stock de ressources productives incorporées aux individus, constitué d’éléments aussi divers que le niveau d’éducation, de formation et d’expérience professionnelle, l’état de santé ou la connaissance du système économique. Toute forme d’activité susceptible d’affecter ce stock (poursuivre ses études, se soigner, etc.) est définie comme un investissement (chapitre I). L’hypothèse fondamentale de Becker est que les inégalités de salaires reflètent les productivités différentes des salariés. Ces dernières sont elles-mêmes dues à une détention inégale de capital humain (chapitre II). Un investissement en capital humain trouve donc une compensation dans le flux de revenus futurs qu’il engendre. L’analyse de la formation du capital humain passe par l’étude d’un choix intertemporel : l’individu détermine le montant et la nature des investissements qu’il doit effectuer pour maximiser son revenu ou son utilité intertemporels. La durée de vie de l’investissement, sa spécificité, sa liquidité, le risque associé sont alors autant de déterminants du taux de rendement de l’investissement en capital humain (chapitre III).

De cette analyse théorique, Becker tire plusieurs séries de conclusions. D’une part, les différences de salaires dans l’espace, dans le temps et entre les individus, sont expliquées et justifiées puisqu’elles sont le fruit d’investissements individuels différents effectués au cours des périodes antérieures. D’autre part, l’analyse pose indirectement la question des modalités de financement des investissements en capital humain par les individus. Certains investissements efficaces peuvent ne pas être effectués en raison de l’impossibilité pour « l’individu-investisseur » de trouver des fonds (c’est le cas lorsque le marché des capitaux fonctionne mal, par exemple).

La seconde partie, fondée sur des données américaines des années 1940, est une application empirique de ce cadre théorique au domaine de l’éducation. La principale difficulté est d’évaluer le taux de rendement monétaire des investissements en éducation et donc de faire apparaître empiriquement la liaison entre capital humain et revenus futurs (chapitre IV et VI). Becker tente alors de déterminer s’il y a un sous-investissement en éducation, qui entraîne une perte pour la société dans son ensemble, du fait de difficultés à financer ces investissements (chapitre V). Il s’attache ensuite à l’explication des différences de salaires entre groupes d’individus en termes de capital humain ; pour ce faire, il compare les profils intertemporels de revenu de catégories d’individus différemment pourvus en capital humain, évalué au nombre d’années d’étude (chapitre VII).

Étendre les frontières de la science économique

L’analyse de Becker est fondée sur deux prémisses. D’une part, les inégalités salariales résultent des inégalités en capital humain. Des développements théoriques ultérieurs remettront en question cette détermination du salaire par le seul capital humain. Les théories du signal, par exemple, insistent sur les difficultés pour le salarié à faire reconnaître la vraie valeur de son capital humain. D’autre part, les inégalités en capital humain résultent elles-mêmes des comportements individuels. Mais cette justification des inégalités repose sur une hypothèse forte : les individus ont une information parfaite et anticipent donc parfaitement les rendements futurs de leurs investissements. Par ailleurs, les tentatives d’application empirique de la théorie butent sur des difficultés à évaluer le capital humain, en raison notamment de l’inexistence d’un marché où ce capital s’échangerait directement.

La force d’attraction de l’analyse de Becker réside toutefois dans sa capacité d’unifier une multitude de phénomènes (choix en matière d’éducation, dépenses de santé, migrations, etc.) sous un même principe explicatif. Le concept de capital humain trouvera d’ailleurs des applications diverses dans de nombreux champs de l’analyse économique : des théories de la croissance à celles du commerce international, en passant par l’histoire économique ou la théorie des organisations. La publication de Human Capital a ainsi constitué une étape déterminante dans les développements, difficilement acceptés, de la théorie du capital humain.

Enfin, Human Capital participe à l’extension de l’analyse économique à « tous les comportements humains ». Fondamentalement, toute action a un coût (le coût d'opportunité du temps passé à cette activité) et peut donc faire l’objet d’un calcul. L’individu est comme une entreprise qui produit et investit sous des contraintes de revenu et de temps. Becker peut alors construire non seulement une analyse économique des choix d’éducation, mais aussi une analyse économique du crime, de la discrimination, de la famille (mariage, divorce, fertilité).

Théorie du consommateur producteur

Dans un article, en 1992, Gary Becker explique que le passé jette une ombre sur le présent par son influence sur la formation des préférences. Le passé influe sur les préférences des consommateurs du présent au travers de l'habitude, de la tradition et des comportements addictifs. L'analyse des phénomènes économiques et sociaux par l'intermédiaire du regard sur le passé a de profondes implications pour comprendre les changements à court terme et à long terme. Par exemple, pourquoi n'arrête-t-on pas de fumer en raison de la hausse des taxes sur le paquet de cigarettes ? Et quels sont les effets des impôts sur les habitudes et sur l'effort au travail dans le long terme ? Le lien entre les choix passés et présents peut également expliquer pourquoi et comment les parents influencent la formation des préférences des enfants, et quel est l'apport du soutien des institutions et de la culture dans l'apprentissage.

Publications

Pour une liste détaillée des œuvres de Gary Becker, voir Gary Becker (bibliographie)

Littérature secondaire

  • 1993,
    • James S. Coleman, "The Impact of Gary Becker’s Work on Sociology", Acta Sociologica, Vol 36, pp169-178
    • Richard A. Posner, Gary Becker’s Contributions to Law and Economics, The Journal of Legal Studies, XXII, juin: 211-215
  • 1994, V. R. Fuchs, "Nobel Laureate: Gary S. Becker: Ideas About Facts", Journal of Economic Perspectives, Spring, 8 (2), pp183-192
  • 1995,
    • Ján Pavlík, dir., Gary Becker in Prague, Prague: Liberální Institut
    • Ramón Febrero et Pedro Schwartz, dir., "The essence of Becker: an introduction", Universidad Complutense, Facultad de Ciencias Económicas y Empresariales, Madrid
  • 1997, Elias L. Khalil, “Etzioni versus Becker: Do Moral Sentiments Differ from Ordinary Tastes?”, De Economist, December, 145:4, pp491-520
  • 2005, Mark Thornton, "Harm Reduction and Sin Taxes: Why Gary Becker is Wrong", In: Peter Kurrild-Klitgaard, dir., "The Dynamics of Intervention: Regulation and Redistribution in the Mixed Economy" (Advances in Austrian Economics, Volume 8), Emerald Group Publishing Limited, pp357-376
  • 2006,
    • Javier Aranzadi del Cerro, Liberalism against liberalism : theoretical analysis of the works of Ludwig von Mises and Gary Becker, Oxon, England ; New York, NY : Routledge
    • Geraint Johnes, "Letter: Has Becker Put Economics in the Electric Chair?", The Economists' Voice, vol 3, n°4
  • 2008, Aaron Steelman, "BECKER, GARY S. (1930– )", In: Ronald Hamowy, dir., "The Encyclopedia of Libertarianism", Cato Institute - Sage Publications, pp28-30
  • 2010,
    • Shoshana Grossbard, "How 'Chicagoan' are Gary Becker's Economic Models of Marraige?", Journal of the History of Economic Thought, Vol 32, n°3, pp377-395
    • Pedro Nuno Teixeira, "Human Capital, by Gary S. Becker: a reading guide", In: Ross B. Emmett, dir., "The Elgar Companion to the Chicago School of Economics", Edward Elgar Publishing, pp152-159
    • Pedro Nuno Teixeira, "Gary S. Becker", In: Ross B. Emmett, dir., "The Elgar companion to the Chicago school of economics", Edward Elgar Publishing, pp253-258
  • 2014, Pedro Nuno Teixeira, "Gary Becker’s Early Work on Human Capital – Collaborations and Distinctiveness", IZA Journal of Labor Economics, Vol 3, n°12, pp1-20

Articles connexes

Liens externes

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