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Danton
Danton | |||||
Homme politique | |||||
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Dates | 1759 – 1794 | ||||
Tendance | |||||
Nationalité | France | ||||
Articles internes | Autres articles sur Danton | ||||
Citation | |||||
Interwikis sur Danton | |||||
Georges Jacques Danton dit simplement Danton est un avocat du conseil du Roi, député puis président de la Convention nationale, Ministre de la Justice et membre du Comité de Salut Public. Figure emblématique de la Révolution française avec Robespierre et Mirabeau, par ses talents d'orateur, son caractère emporté et son physique imposant, il a la charge de défendre la France Révolutionnaire au début de la Guerre de la Première Coalition, à partir d'août 1792. Il est guillotiné en 1794, à 34 ans seulement. Son héritage divise l'historiographie, entre thuriféraires et contempteurs du personnage, et a connu de nombreuses polémiques notamment sous la Troisième République.
Biographie
Ministre de la Justice
Lors du 10 août 1792, les Tuileries, siège du pouvoir exécutif,sont prises par des émeutiers et des sans culottes parisiens. Cette journée décisive, qualifiée par certains de Seconde Révolution met en échec la monarchie constitutionnelle et marque le début de la première Terreur. L’Assemblée législative a porté Danton an pouvoir, il devient ainsi ministre de la Justice et de facto chef du gouvernement mais la journée du 10 aout 1792 la démoralise car elle révèle son faible contrôle sur le cours des événements et son rôle mineur dans le renversement de la monarchie.La mise en place d’un nouveau Parlement, la Convention Nationale, est décidée conjointement par les Girondins (dont Brissot) et la Commune insurgée avec pour projet final la mise en place d'une République.
Danton est lent à réagir face à l’invasion des Alliés Austro-Prussiens qui s'emparent de la forteresse de Longwy en Lorraine et de Verdun, puis qui pénètrent en Champagne et en Picardie si bien que mi-aout 1792 les armées coalisées sont à moins de 90 lieues de Paris (environ une semaine de marche). La situation est critique, d'autant plus que La Fayette, ayant appris la déposition du roi, décide de démissionner de son poste de commandant suprême de l'armée du Nord et se rend aux Autrichiens, minant le moral des troupes. Tandis qu’en Vendée des insurgés contre révolutionnaire s’emparent de plusieurs villages, Danton, organisateur de la défense nationale annonce des mesures militaires d’urgence: envoi de commissaires dans chaque département avec l’autorité de recruter tous les hommes possibles et de réquisitionner de force les armées privées. Il déclare notamment :
« Tout appartient à la patrie quand la patrie est en danger »
— Danton
« Il doit y avoir dans Paris 80 000 fusils en état. Eh bien ! Il faut que ceux qui soient armés volent aux frontières ! »
— Danton
Depuis le 10 août, les portes de Paris étaient closes pour limiter le passage et entraver les espions. Danton affirme qu’il y a au sein de la capitale, 30 000 traîtres affairés à saboter l’effort de guerre et exigent qu’on aille tous les capturer sans attendre, en fouillant les domiciles de chaque quartier. Ce décret sur les perquisitions excite le sentiment de vengeance populaire des sans-culottes qui se mettent à dénoncer leurs compatriotes : plus de 3000 suspects sont appréhendés par les commissaires parisiens : aristocrates, monarchistes modérés, prêtres demeurés fidèles à Rome.
Cette évolution autoritaire des institutions françaises portée par le petit peuple de Paris, le sans-culottisme des sections du centre et de l'est de Paris va voir se généraliser à partir de 1972 l'émeute et rendre impossible toute constitution d'un état de droit stable. L'incursion constante de la multitude dans les organes de décision politique va introduire l'anarchie au sommet, la culture du coup de force (par exemple via la commune insurrectionnelle de 1792) et enfin la Terreur. Le jacobinisme profite du radicalisme plébéien égalitaire et démocratique pour se porter au pouvoir et instaurer sa dictature de Salut Public.
« Après le 10 août, l'Assemblée, désertée par les députés de droite et du centre par l'émeute, ainsi que le conseil exécutif, dominé par Danton, ont laissé la commune de Paris exercer une véritable dictature terroriste contre les "ennemis de la révolution". Plusieurs milliers de "suspects" sont pourchassés à Paris, arrêtés et incarcérés. Un phénomène de délire collectif les désigne à la vindicte populaire. Lorsque la fin du mois arrivent les nouvelles alarmistes sur la situation militaire aux frontières, la commune de Paris organise méthodiquement le massacre des prisonniers : du 2 au 6 septembre, 1500 d'entre eux furent égorgés avec une froide cruauté, dont un grand nombre de prêtres. »
— Guy Antonetti, Histoire contemporaine et sociale
Le 2 septembre 1792, Danton prononce un discours devant le Parlement pour décréter la levée en masse, où il s’abandonne encore plus à la violence et la fièvre révolutionnaire en appelant à l’exécution de ceux qui ne s’engagent pas :
« Tout s’émeut, tout s’ébranle, tout brûle de combattre »
— Danton, Pour la levée en masse
« Nous demandons que quiconque refusera de servir de sa personne, ou de remettre à la patrie ses armes, sera puni de mort »
— Danton, Pour la levée en masse
Danton contribue ainsi à alimenter la soif de sang populaire, avec Marat qui appelle les patriotes à exécuter tout aristocrate ou ecclésiastique qui se trouverait sur leur chemin.
Danton dirige un gouvernement de six membres, composé pour partie de ses amis cordeliers, et de Girondins, dont M.Rolland ministre de l’Intérieur. Le Parlement lui attribue un budget de 500 000 livres pour financer ses dépenses : recrutement de commissaires, d’agents du gouvernement et d’espions qu’il déploie en Angleterre, sur la rive gauche du Rhin ou en province pour se renseigner sur la situation militaire. Danton impose ses vues à des ministres girondins rétifs à ses ordres et comparant Danton à Cromwell, brute régicide et républicain raté, de par la légitimité acquise lors du vote du Manège mais aussi par son physique intimidant. Par exemple, Monsieur Roland qui enjoint le ministre de la Marine à bloquer un décret de Danton, se voit répondre que : « C’est Danton qui le veut, si je le refuse, il me dénoncera à la Commune, aux Cordeliers, et il me fera pendre. Devant la situation militaire préoccupante, certains Girondins dont Monsieur Rolland, proposent de transférer le siège de gouvernement national à Blois mais Danton, appuyé par d’autres Girondins dont Brissot s’y oppose :
« Nous ne reculerons pas, nous périrons dans la capitale et sous ses ruines, mais nos ennemis périront avant nous »
— Danton
Repousser l'invasion de la Première Coalition
Dans son discours du 10 mars 1793, Danton expose l'inquiétante situation politique : Liège est tombée aux mains des coalisés et le siège de Maastricht a du être levé. Pour faire face à ces revers, il désigne les ennemis, responsables selon lui des malheurs de la France : la Hollande, dont les ressources alimentent la cause contre-révolutionnaire, et le gouvernement anglais mené par William Pitt, qu’il accuse de vouloir asservir la liberté. Selon lui, la prise de la Hollande portera un coup aux intérêts commerciaux des marchands anglais qui pousseront donc leurs dirigeants à la paix :
« Citoyens vous n’avez pas à délibérer , vous avez à agir »
— Danton, Sur la situation politique
Il se fait l'avocat d'une guerre totale et ordonne aux citoyens riches de céder leurs possessions pour soutenir l’effort de guerre. En effet, les dépenses militaires ont mené le gouvernement à une inflation monétaire excessive qui a entraîné une décote du papier monnaie, l’assignat, qui atteint jusqu'à 50 voire 55 % de sa valeur nominale. Néanmoins, Danton se moque de la dette, car il affirme que les ennemis ou les riches paieront, et plutôt tôt que tard :
« Citoyens, que vos commissaires partent et qu'ils disent à une classe de citoyens bien lâches, qu'ils disent aux riches : Il faut que leurs richesses paient nos efforts. Le peuple n'a que du sang, il le prodigue, allons misérables, prodiguez vos richesses »
— Danton, Sur la situation politique
« Vous avez la nation tout entière pour levier, la liberté et la raison pour point d'appui, et vus ne bouleverseriez pas le monde ! »
— Danton, Sur la situation politique
« Que le riche écoute ce mot! Il faut que nos conquêtes payent nos dettes, ou il faut que les riches les payent et sous peu! »
— Danton, Sur la situation politique
Il fustige ensuite ses opposants modérés qu'il qualifie de traîtres et de prétendus patriotes qui mettent en péril le salut de la République. Il exige la fin des contestations qu'il juge pernicieuses et sources de divisions pour constituer une union nationale autour de son gouvernement.
« J’ai consenti à passer pour un buveur de sang, ! Buvons le sang des ennemis de l’humanité s’il le faut ; mais enfin l’Europe soit libre »
— Danton, Sur la situation politique
Comité de Salut Public
La levée en masse de septembre 1792 a été reçue froidement dans certaines provinces, notamment en Vendée, où l'on refuse la conscription. Sous la double menace de l'insurrection royaliste en Vendée et des défaites militaires sur le front du Rhin, les députés de la Convention décident de créer le Comité de Salut Public, qui concentre tous les pouvoirs dans les mains d’une minorité de proches de Danton et Robespierre, consacrant une dictature jacobine et montagnarde. Dans son discours du 27 avril 1793, Danton ne cible plus les nobles de l'Ancien Régime mais la nouvelle bourgeoisie, à savoir les élites financières et marchandes. Il vante les mérites des Hébertistes [1], et mentionne les lois agraires de l’Hérault qu’il souhaite généraliser[2]. Danton par ailleurs conditionne les droits de propriété au salut de la République :
« Mais tant que le vaisseau de l’État est en péril, ce que possède chacun appartient à tous, pour la conservation de la société entière »
— Danton, Sur l'impôt sur les riches
Par un sophisme, il prétend mieux garantir les droits de propriété en violant ceux-ci par des charges fiscales obligatoires. Il amalgame les intérêts particuliers des gouvernants ou des bourgeois avec l'intérêt général de la Nation : céder ses biens à l’État, c’est servir la Nation et la République et donc servir le peuple et en fin de compte soi-même. Ce qui lui permet d'affirmer qu’imposer des fardeaux financiers aux citoyens aisés est au fond leur rendre service, puisque ce sacrifice lourd est nécessaire afin de mieux défendre leurs biens contre les ennemis extérieurs et donc leurs possessions seraient au final mieux conservées et respectées (des prédations de l'agresseur extérieur, mais certainement pas contre celles de l'agresseur intérieur, l’État) .
« On dira qu'on a violé les propriétés en imposant le riche. Le riche ! C'est le servir que de l'imposer : c'est une grande économie pour le grand propriétaire, pour le gros capitaliste, que de faire un sacrifice considérable, afin que l'ennemi ne vienne pas envahir notre territoire; [...] plus le sacrifice sera grand sur l'usufruit, plus la propriété sera respectée et consacrée »
— Danton, Sur l'impôt sur les riches
Il désire procurer au Comité de Salut Public, qu’il confond avec la France et le peuple, les richesses incalculables de Paris qu’il faut « presser comme une éponge ». Selon lui, ces privations et ces troubles ne seront que temporaires en vue de créer une société parfaite, un «temple de la liberté» selon ses mots.
Le Comité de Salut Public a définitivement enterré les espoirs d'une démocratie constitutionnelle et libérale, vœu des Girondins et de Condorcet. Les difficultés s'amoncèlent : l'insurrection fédéraliste survient en juin 1793, et en juillet l'armée française subit les sévères défaites de de Valenciennes et de Condé. Dans son discours du premier août 1793, Danton attaque encore une fois la mollesse et l’inaction des députés de la Convention, et prêche extermination de ses ennemis. Il propose que le Comité de Salut Public devienne le gouvernement provisoire et somme le Parlement de lui fournir 50 millions qu’il pourra dépenser à sa guise. Il plaide ensuite pour la création d’une police politique secrète afin de traquer les ennemis intérieurs et épier leurs correspondances, l'établissement d'un inventaire des moissons pour surveiller les transports, les ports et les frontières en vue d'interdire toute exportation de blé et d'assurer le ravitaillement de l’armée et de la capitale.
De plus, il souhaite répertorier les armes et faire saisir par le gouvernement cent millions nécessaires au financement de la fonte de canons et l’achat de fusils et de piques. Il ordonne également que dans les villes d’une certaine taille, l’usage du fer soit réservé au forgeage des armes.
Notes et références
Bibliographie
- 1989, Roger Garaudy, Les Orateurs de la Révolution française
- 2012, David Lawday, Danton: Le géant de la Révolution
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