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William Pitt le Jeune
William Pitt le Jeune | |||||
homme politique | |||||
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Dates | 1759 – 1806 | ||||
Tendance | |||||
Nationalité | Royaume-Uni | ||||
Articles internes | Autres articles sur William Pitt le Jeune | ||||
Citation | |||||
Interwikis sur William Pitt le Jeune | |||||
William Pitt, dit le Jeune, pour le différencier de son père William Pitt l'Ancien également Premier ministre, fût un politicien et un avocat, Premier ministre du Royaume-Uni sous le règne de George III, une première fois de 1783 à 1801, puis une seconde de 1804 à 1806. Bien qu'il soit qualifié de tory, il faisait preuve d'ouverture d'esprit en invitant des membres de l'opposition whig pour former ses gouvernements. Il est surtout connu pour son redressement des finances publiques, résorbant la dette publique issue de la guerre d’indépendance américaine via des taxes ou des augmentations d'impôts, sa gestion de la guerre contre la France révolutionnaire, formant deux coalitions, son soutien au projet de loi de 1792 de son ami William Wilberforce sur l'abolition graduelle de l'esclavage, qui conduira à l'abolition définitive de celui-ci via le Slave Trade Act de 1807, et son projet d'amender les lois anti-catholiques sévissant en Irlande, afin d'éviter toute révolte ou alliance avec les Français.
Biographie
Né en 1759, William Pitt est le fils du Premier ministre William Pitt l'Ancien. À 14 ans, il part étudier le droit à l'université de Cambridge , où il découvre les idées d'Adam Smith qui publie son célèbre traité la Richesse des nations en 1776 [1] mais son apprentissage est régulièrement entravé par sa santé fragile. À la fin de ses études, il devient avocat en 1780 puis se présente aux élections de la chambre des communes pour le siège de Cambridge mais il est nettement défait. Un candidat tory charitable lui offre son siège dans la circonscription d'Appleby où William Pitt est finalement élu en décembre 1780. La capitulation de Lord Cornwallis à Yorktown face aux forces anglo-américaines du comte de Rochambeau et de George Washington en octobre 1781 fait chuter le gouvernement de lord Frederick North, remplacé par un gouvernement whig favorable à la paix. Lord Shelburne, le nouveau Premier ministre offre à Willam Pitt le poste de secrétaire de l'échiquier (ce qui correspond au ministères des Finances dans la terminologie britannique), à seulement 23 ans. Au bout de 7 mois, le gouvernement de lord Shelbourne chute à cause de sa personnalité fourbe et des mesures impopulaires comme la réforme de la fonction publique. En février 1783 le roi Georges III propose alors à William Pitt le poste de Premier ministre, mais celui-ci refuse et part pour un voyage diplomatique en France, où il rencontre le roi Louis XVI et la reine Marie Antoinette. Il revient ensuite en Grande-Bretagne et devient Premier ministre le 19 décembre 1783. Cependant, sa nomination est jugée inconstitutionnelle car le jeune William Pitt ne dispose pas d'une majorité au parlement, ce qui en outre pose des difficultés pour constituer un gouvernement. Il dissout donc le Parlement en mars 1784 et remporte les élections, notamment grâce à sa réputation d'honnêteté il est surnommé Honnest Billy, ce qui contrastait avec celles des autres politiciens volontiers corrompus et sans scrupules. Il sera notamment réélu dans sa circonscription jusqu'à sa mort.
Bien qu'appartenant au parti Tory, William Pitt n'hésite pas à faire entrer des whighs dans son gouvernement, comme par exemple William Eden, négociateur du traité de libre-échange avec le royaume de France en février 1787, ou Robert Jenkison Il hérite d'une situation financière compliquée, la dette publique s’élevant à 234 millions de livre suite à la guerre d'indépendance américaine. Il redresse la situation via une augmentation d'impôts et des taxes sur les articles de consommation courante (chapeaux, rubans, briques, chandelles, tissus, papier, soie importée etc) ou encore sur les maisons comportant plus de 4 fenêtres. Par ailleurs, il souhaite aussi réduire la contrebande, notamment celle du thé, qui grève le budget de l’État en réduisant les droits de douane de 119 % à 25 %, et en étendant l'espace maritime au-delà des eaux territoriales afin de mieux lutter contre la contrebande. Il s'entend avec le négociant Richard Twining afin d'importer de grandes quantités de thé pour le maintenir son prix au plus bas.
Il parvient ainsi à réaliser un surplus de 1 million de livres qu'il verse à une caisse d'amortissement chargée de gérer la dette publique.
En 1787, le stathouder anglophile des Provinces-Unies Guillaume V est renversé par le parti francophile des Patriotes. Avec l'aide du roi de Prusse beau-frère de ce dernier, William Pitt le réinstalle et remporte un succès diplomatique. La tâche de William Pitt se complique à partir de 1788, car le roi Georges III commence à montrer des signes de désordre mental. Or le prince de Galles, régent naturel, est hostile au Premier ministre et lui préfère son rival Charles James fox : c'est la crise de la régence. William Pitt cherche donc à temporiser et convainc le Parlement de limiter les pouvoirs du régent. Cette politique d'attente est fructueuse car en février 1789 le roi est rétabli. William Pitt refuse la demande de Necker, ministre des Finances de Louis XVI, de livrer 20 000 sacs de farine dont les Français ont un besoin urgent suite à de mauvaises récoltes, et ce alors même que les réserves anglaises sont abondantes. Cette décision se révélera sinistre pour les relations anglo-françaises. En 1792, poussé par son ami William Wilberforce, hérault de la lutte abolitionniste, il obtient le vote d'une loi sur l’abolition "graduelle"[2] de l'esclavage avec 193 voix pour et 125 voix contre, l'abolition ne sera toutefois définitivement votée que le 2 mars 1807.
Face à la Révolution française, William Pitt conserve au début une position prudente, car il souhaite rester en paix et s’inquiète de l’état des finances. Selon lui, les Français ont le droit de choisir leur régime politique. Son attitude change à l'annonce de l'exécution de Louis XVI, qu'il condamne comme l'"acte le plus atroce et le plus abominable que l'histoire du monde a eu jusqu’à présent l'occasion d'observer ", et du décret français de 1792, qui prétend imposer par la force aux pays conquis un régime révolutionnaire (le système des républiques sœurs). Il engage donc son pays dans la première et la deuxième coalition, durant lesquelles la suprématie maritime du Royaume-Uni est confortée par bataille de Saint-Vincent (1797) et d'Ouessant(1794). Voyant que la guerre ne mène à rien, il essaie de négocier la paix avec la France révolutionnaire mais la mort de la tsarine Catherine II et le retrait du nouveau tsar francophile de la coalition ruine ses projets.
En Irlande, certains rebelles cherchent à s'allier aux Français tandis que ceux-ci organisent deux tentatives d'invasion en 1796 et 1798. Pour contrer ces manœuvres, William Pitt souhaite restaurer la paix civile en rendant aux catholiques les droits civils qu'ils ont perdu lors des lois pénales de 1704 : ils ne peuvent ni acheter des terres, ni accéder à la fonction publique ou à la hiérarchie ecclésiastique et leur héritage est obligatoirement divisé à part égale entre tous les héritiers afin de morceler leurs propriétés foncières. William Pitt soumet son projet de loi visant à amender ces restrictions mais le roi refuse. Pitt démissionne donc le 5 fevrier 1801. Il revient au gouvernement pour un second mandat de Premier ministre le 18 mai 1804 car Addington son prédecesseur ne s'estime pas apte à mener la guerre de la Troisième Coalition. William Pitt le jeune est un bourreau de travail et cumule la fonction de Premier ministre avec celle de chancelier de l'échiquier. La gestion de la guerre achève détruire sa santé, il meurt le 23 janvier 1806 à seulement 46 ans. Ses disciples, les conservateurs, se maintiendront au pouvoir jusqu'en 1830.
Les bases d'un ordre nouveau
William Pitt, dans un memorandum de 1805, jette les bases d'un nouvel ordre européen.
Il souhaite ramener la France aux frontières de 1789 (sans la Savoie et les forts de Philipeville, Marienbourg et Sarrelouis), consolider des États tampons à ses frontières, et mettre en place un concert européen des nations chargé de garantir l’équilibre des puissances. Si William Pitt meurt en 1806, ses principes seront repris par son protégé, le vicomte Castlereagh, ministre des Affaires étrangères de 1812 à 1822, qui négociera au congrès de Vienne. Il dut toutefois composer avec les velléités de la Russie, puissance montante et fer de lance de la victoire sur Napoléon, ce qui conduit Castlereagh à se montrer plus indulgent que prévu envers les Français pour limiter l'hégémonie russe sur le continent.
La recherche d'un équilibre européen est une constante de la diplomatie britannique depuis la formation de la grande alliance destinée à contrer les conquêtes de Louis XIV lors de la guerre de la Ligue d'Augsbourg ou de la guerre de succession d'Espagne, pour empêcher l'union franco-espagnole, ce qui conduira au traite d'Utrecht en 1717. Ce principe sera repris lors la guerre de succession d'Autriche puis de la guerre de 7 ans, et enfin lors des guerres de Coalition visant à briser l'expansionnisme des révolutionnaires. Néanmoins, cette recherche d'équilibre ne doit pas passer par une alliance de long terme trop contraignante qui pourrait léser les intérêts britanniques. Castlereagh rejette ainsi la proposition russe d'une Sainte Alliance.
William Pitt et ses successeurs privilégient le financement des coalitions aux interventions directes, même si 22 000 hommes seront engagés sous Wellington dans la Péninsule ibérique ou aux Pays-bas.
Citations
« No man ... ever indulged more freely or happily in that playful facetiousness which gratifies all without wounding any. »
— William Hague, William Pitt the Younger
« Une vue qui fait s'élever et attire l'attention de toutes les nations : Un royaume confié aux soins d'un écolier »
« Rangez cette carte, elle ne sera pas demandée dans les dix prochaines années »
— William Pitt le Jeune, ayant reçu les résultats de la bataille d'Austerlitz
« Je vous remercie du fond du cœur pour l'honneur que vous me faites mais l'Europe ne sera pas sauvée par un seul homme. L'Angleterre s'est sauvée elle-même grâce à ses efforts et saura, je l'espère, sauver l'Europe par son exemple »
— William Pitt le Jeune
« If on no other ground than that he enabled the country to pass from the old order to the new without any violent upheaval ... He understood the new Britain »
— Charles Petrie
Littérature secondaire
- 2004, William Hague, "William Pitt the Younger", London: HarperCollins
- 2018, Antoine d'Arjuzon, "Les Premiers ministres qui ont fait l'Angleterre",
- Bernard Cottret, Histoire de l'Angleterre, XVI-XVIIIe siècles
- Phillipe Chassaigne, La Grande-Bretagne et le monde de 1815 à nos jours
Notes
- ↑ dans lequel il reprend et systématise les idées des physiocrates français et de Turgot sur la défense du libre échange et l'analyse des causes de la richesse
- ↑ de l'esclavage. L'ajout de ce mot vise à calmer le lobby des propriétaires des grandes plantations
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