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Provinces-Unies

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Les Provinces-Unies (en néerlandais :Verenigde Provinciën), officiellement République des Sept-Pays-Bas-Unis (Republiek der Zeven Verenigde Nederlanden) ou République des sept Provinces Unies (Republiek der Zeven Verenigde Provinciën) est le nom que prirent les sept provinces du nord des Dix-sept Provinces ou Pays-Bas espagnols en 1581 jusqu'à la création par les Français de la République batave (1795). Cette république de l’Europe d’Ancien Régime est devenue au XIXe siècle le royaume des Pays-Bas.

Pour les origines, se reporter à l’article Pays-Bas.


La fondation des Provinces-Unies

Les sept provinces du Nord des Pays-Bas avaient formé l’Union d’Utrecht le 23 janvier 1579, dont le caractère révolutionnaire est confirmé par la proclamation de la déchéance de Philippe II en juillet 1581. L’Union avait rallié d’importantes villes flamandes (Gand, Ypres, Tournai, Bruges, Anvers) mais Alexandre Farnèse devait reprendre le contrôle de la Flandre occidentale (1579-1585).

L’Union songe d’abord à se donner un roi, mais l’assassinat de Guillaume d’Orange (juillet 1584), le refus d’Henri III de France et d’Elisabeth d’Angleterre et l’impopularité de l’expédition du comte de Leicester, élu gouverneur général (1586-1587) pousse vers une autre solution. L’influent Oldenbarnevelt fait admettre par les états généraux que les Provinces-Unies constitueront désormais une république (1588).

Elle prend la forme d’une confédération dans laquelle les Provinces conservent une grande autonomie. Les états généraux, permanents à partir de 1593, ont en charge la politique étrangère, la direction de l’armée et de la marine, des finances de l’Union, des colonies et des affaires ecclésiastiques. À la tête de chaque province se trouvent des « députations permanentes », le gouverneur (stathouder) étant payé par la province pour commander l’armée. Sans roi, sans gouverneur général, sans administration centrale, l’Union est un corps sans tête et sa cohésion est assurée par la riche bourgeoisie et la province de Hollande.

Orangistes et oligarques

Le conflit politique dans les Provinces-Unies : Oldenbarnevelt contre Maurice de Nassau

Au cours de la période historique des Provinces-Unies, le pensionnaire Johan van Oldenbarnevelt se retrouve en conflit avec Maurice de Nassau, également connu sous le nom de Maurice le Taciturne, le fils du fameux Guillaume le Taciturne. Maurice détient plusieurs stathoudérats importants dans les Provinces-Unies : il est stathouder de Hollande et Zélande depuis 1585, d'Utrecht et Overijssel depuis 1590, et de Gueldre depuis 1591.

Cette confrontation politique opposant le pensionnaire Oldenbarnevelt et le puissant stathouder Maurice de Nassau est le reflet de divergences idéologiques et de luttes de pouvoir au sein des Provinces-Unies. Oldenbarnevelt, en tant que pensionnaire, représente le parti des États et est soutenu par l'oligarchie bourgeoise. Ce parti prône l'autonomie des provinces et défend le maintien d'une structure de confédération, où les États provinciaux conservent une grande influence.

D'un autre côté, Maurice de Nassau est le fer de lance du Parti orangiste, qui souhaite renforcer le pouvoir central des Provinces-Unies. Les orangistes soutiennent l'idée d'une monarchie dans laquelle la Maison d'Orange aurait un rôle prédominant. Ils aspirent à un pouvoir plus concentré entre les mains du stathouder, notamment pour renforcer la stabilité politique et militaire du pays.

Ce conflit politique se complexifie davantage en raison des querelles religieuses qui secouent les Provinces-Unies à l'époque. Les partisans d'Arminius, qui remettent en question la doctrine de la prédestination dans le calvinisme, s'opposent aux gomaristes, qui défendent les principes orthodoxes du calvinisme.

Cette lutte de pouvoir entre Oldenbarnevelt et Maurice de Nassau, ainsi que les querelles religieuses, ont des répercussions importantes sur la direction politique et institutionnelle des Provinces-Unies. Elles reflètent les débats et les tensions qui animent cette période charnière de l'histoire néerlandaise, où différentes factions s'affrontent pour définir le modèle politique et religieux de la jeune république. Ces événements auront des conséquences significatives sur le destin des Provinces-Unies et marqueront leur évolution politique et sociale.

La Trêve de douze ans : un accord diplomatique avec l'aide de l'Angleterre et de la France

En 1609, grâce à l'appui de l'Angleterre et de la France, Maurice de Nassau réussit à contraindre le roi Philippe III à accepter la Trêve de douze ans. Cette trêve marque un tournant significatif dans le conflit qui opposait les Provinces-Unies à l'Espagne.

Sous la pression de Maurice de Nassau, stathouder des Provinces-Unies, et avec l'appui diplomatique des puissances européennes que sont l'Angleterre et la France, le roi Philippe III d'Espagne accepte de mettre fin temporairement aux hostilités. La Trêve de douze ans, comme son nom l'indique, est un accord qui prévoit une cessation des hostilités pour une période de douze ans, s'étendant de 1609 à 1621.

Cet accord diplomatique offre un répit aux Provinces-Unies, qui étaient engagées depuis plusieurs décennies dans une longue et coûteuse guerre d'indépendance contre l'Espagne. La trêve permet aux deux parties de souffler et de se concentrer sur des questions internes sans être en proie aux affrontements militaires.

La Trêve de douze ans est également le résultat d'un contexte international complexe où les intérêts des grandes puissances européennes jouent un rôle crucial. L'Angleterre et la France soutiennent les Provinces-Unies dans leur lutte contre l'Espagne, non seulement en raison de considérations politiques, mais aussi pour des raisons économiques liées au commerce et à l'influence dans la région.

La Trêve de douze ans a permis aux Provinces-Unies de consolider leur indépendance et leur position en Europe. Elle a également favorisé le développement économique et culturel du pays pendant cette période de calme relatif. Cependant, l'apaisement temporaire n'a pas éteint les tensions profondes entre les deux puissances, et la guerre reprendra par la suite avec le début de la guerre de Quatre-Vingts Ans en 1621.

En somme, la Trêve de douze ans est un accord diplomatique crucial qui a permis aux Provinces-Unies de respirer et de se renforcer en tant que nation indépendante, mais qui a également révélé la complexité des intérêts géopolitiques en jeu à cette époque tumultueuse de l'histoire européenne.

Les Provinces-Unies divisées : l'affrontement entre le Parti orangiste et le Parti des États

Au sein des Provinces-Unies, une profonde division politique oppose le Parti orangiste, dirigé par le stathouder, au Parti des États, représentant l'oligarchie bourgeoise. Cette lutte d'influences entre les deux factions reflète des visions divergentes sur la gouvernance du pays et la répartition du pouvoir.

Le Parti orangiste, soutenu par Maurice de Nassau, réclame avec véhémence un renforcement du pouvoir central. Les orangistes aspirent à l'établissement d'une monarchie en faveur de la Maison d'Orange, avec le stathouder comme figure centrale. Ils voient dans une monarchie forte le moyen de renforcer la stabilité politique et de garantir une direction claire pour les Provinces-Unies.

En opposition à cette vision, le Parti des États, incarné par le pensionnaire, défend ardemment le maintien de la confédération et l'autonomie des provinces. L'oligarchie bourgeoise, représentée par ce parti, s'oppose à la concentration du pouvoir entre les mains du stathouder et préconise un système politique décentralisé, où les provinces gardent une grande influence sur leurs propres affaires.

Ces divergences politiques s'accompagnent de tensions et de rivalités entre les différentes provinces des Provinces-Unies. Les débats sont souvent animés par des considérations économiques, religieuses et géopolitiques, ce qui complexifie encore davantage la situation.

Cette lutte pour le pouvoir politique et la gouvernance du pays aura des répercussions significatives sur l'histoire des Provinces-Unies. Les affrontements entre le Parti orangiste et le Parti des États influenceront la direction prise par le pays et auront des conséquences durables sur son évolution politique et sociale. La division persistante des Provinces-Unies sera un enjeu majeur pendant cette période de leur histoire, marquant profondément leur destinée en tant que jeune république indépendante.

Le conflit religieux au sein du calvinisme : arminianisme contre gomarisme aux Provinces-Unies

Au milieu des tensions politiques entre le Parti orangiste et le Parti des États aux Provinces-Unies, une autre lutte se complique, alimentée par des querelles religieuses au sein du calvinisme. Les partisans d'Arminius s'opposent fermement aux gomaristes, créant une division profonde au sein de la communauté calviniste.

Les partisans d'Arminius, également connus sous le nom d'arminiens, sont influencés par les idées du théologien hollandais Jacobus Arminius (1560-1609). Ils rejettent la doctrine de la prédestination enseignée par Jean Calvin, selon laquelle Dieu aurait prédestiné certains individus à être sauvés et d'autres à être damnés. Les arminiens croient plutôt en la liberté de la volonté humaine et en la capacité de chaque individu de choisir sa destinée spirituelle.

En opposition à cette vision, les gomaristes, partisans de Gomar, défendent avec ferveur les principes orthodoxes du calvinisme. Ils soutiennent la doctrine traditionnelle de la prédestination telle qu'enseignée par Jean Calvin, affirmant que Dieu détermine le sort éternel de chaque individu dès avant la création du monde.

Cette querelle religieuse ajoute une dimension supplémentaire de conflit aux Provinces-Unies déjà divisées sur des questions politiques. Les débats sur la prédestination et la liberté de la volonté humaine sont intenses, et les tensions entre les partisans d'Arminius et les gomaristes ne font qu'accentuer les dissensions au sein de la société néerlandaise.

Les implications de cette division religieuse vont au-delà du seul domaine théologique. Les différences d'opinion sur la prédestination et la liberté humaine influencent également les choix politiques et sociaux des individus, créant des lignes de fracture complexes qui traversent toute la société.

Cette lutte religieuse se superpose aux conflits politiques, contribuant à une période tumultueuse de l'histoire des Provinces-Unies. Les querelles religieuses et politiques ont des interactions complexes, marquant profondément l'évolution de la nation naissante. Les conséquences de ces débats idéologiques auront des répercussions durables sur la société et la culture néerlandaises, faisant de cette période un chapitre clé dans l'histoire des Provinces-Unies.

Une Lutte de pouvoir implacable : l'exécution d'Oldenbarnevelt et l'exil de Hugo Grotius sous le règne de Maurice de Nassau

Sous le règne de Maurice de Nassau, fils du Taciturne et stathouder des Provinces-Unies, la lutte de pouvoir atteint son paroxysme, aboutissant à l'exécution tragique de Johan van Oldenbarnevelt le 13 mai 1619) et à l'exil forcé de Hugo Grotius, deux personnalités éminentes de l'époque.

Johan van Oldenbarnevelt, habile homme d'État et pensionnaire de la ville de Rotterdam, était un ardent défenseur du Parti des États, représentant l'oligarchie bourgeoise et souhaitant maintenir l'autonomie des provinces au sein des Provinces-Unies. Cette position politique s'opposait directement aux aspirations de Maurice de Nassau et du Parti orangiste, qui prônaient un renforcement du pouvoir central et l'établissement d'une monarchie au profit de la Maison d'Orange.

Profitant de la situation politique complexe et des divisions religieuses entre partisans d'Arminius et gomaristes, Maurice de Nassau utilise son pouvoir pour faire exécuter Oldenbarnevelt le 13 mai 1619). Ce procès et cette exécution sont considérés comme un acte de vengeance politique de la part du stathouder, mettant fin à la carrière et à la vie d'un homme politique influent qui s'était opposé à ses ambitions.

Hugo Grotius, brillant juriste, écrivain et diplomate, est également victime de la lutte de pouvoir. Également considéré comme un arminien, ses idées théologiques et politiques s'opposaient aux intérêts du Parti orangiste. Après la condamnation d'Oldenbarnevelt, Grotius est exilé par Maurice de Nassau, l'empêchant ainsi de continuer à influencer la scène politique néerlandaise.

Ces événements tragiques marquent un tournant décisif dans l'histoire des Provinces-Unies. La lutte de pouvoir implacable entre le Parti orangiste et le Parti des États, ainsi que les divisions religieuses au sein du calvinisme, ont créé un climat politique tendu et instable. L'exécution d'Oldenbarnevelt et l'exil de Hugo Grotius témoignent de la violence et de la cruauté qui ont marqué cette période, laissant des cicatrices profondes dans la mémoire collective du pays.

Cependant, malgré ces événements tragiques, les Provinces-Unies continueront à se développer en tant que jeune république indépendante, marquant l'histoire européenne par leur lutte pour la liberté et leur émergence en tant que puissance commerciale et culturelle influente.

Le modèle économique des Provinces-Unies : un exemple d'effervescence commerciale suscitant envie et jalousie

Le commerce florissant et l'ouverture économique des Provinces-Unies étaient un modèle éloquent d'efficacité, suscitant l'envie et la jalousie d'autres nations. La réussite économique des Provinces-Unies, malgré leur petite taille géographique, était un témoignage saisissant du potentiel du libre-échange et de la liberté économique.

Les Néerlandais, réduits à occuper une portion de terre limitée par les eaux et les prairies, avaient réussi à développer une économie prospère et dynamique grâce à leur flair commercial, leur esprit d'entreprise et leur ingéniosité. Ils s'étaient positionnés comme des acteurs incontournables du commerce international, fournissant à de nombreuses nations européennes une grande partie des biens essentiels dont elles avaient besoin.

Les succès économiques des Provinces-Unies ont fait des émules parmi d'autres pays en quête de prospérité. Les dirigeants et les économistes de différentes nations étaient admiratifs de leur modèle d'efficacité et de prospérité. Pourtant, cette admiration était souvent teintée d'envie et de jalousie, car les succès des Néerlandais mettaient en évidence les possibilités offertes par une économie ouverte et dynamique, basée sur le libre-échange et la libre entreprise.

Cette envie suscitée par le succès des Provinces-Unies a également déclenché des rivalités commerciales et des compétitions économiques entre les nations européennes. Certains pays ont cherché à imiter le modèle néerlandais pour tenter de reproduire son succès économique. Cela a contribué à stimuler le développement économique de l'Europe et à renforcer les échanges commerciaux entre les différentes nations.

En résumé, le commerce et l'ouverture économique des Provinces-Unies ont été un puissant exemple d'efficacité économique, suscitant à la fois l'admiration et l'envie d'autres nations. Leur modèle de réussite économique, basé sur les principes du libre-échange et de la liberté économique, a inspiré de nombreux pays à repenser leurs politiques économiques et à s'engager dans des réformes pour stimuler leur propre prospérité.

Les clefs de l'essor industriel et commercial des Pays-Bas : géographie et pragmatisme économique

L'essor industriel et commercial des Provinces-Unies aux XVIIe et XVIIIe siècles a été remarquable et a fait des Provinces-Unies l'une des puissances économiques les plus influentes de l'époque. Deux facteurs clés ont grandement contribué à leur réussite : leur situation géographique favorable et le pragmatisme économique de leur population.

Situation géographique favorable

Les Provinces-Unies sont situées dans une région géographiquement privilégiée. Entourées par la mer du Nord à l'ouest et au nord, avec de nombreux ports naturels, elles ont bénéficié d'un accès privilégié aux routes maritimes européennes. Cette position stratégique leur a permis de développer un commerce florissant avec de nombreux pays et de devenir un carrefour commercial incontournable. Les ports tels qu'Amsterdam, Rotterdam et Anvers sont devenus des plaques tournantes pour le commerce international.

De plus, les Provinces-Unies possèdent de vastes étendues de terres fertiles, propices à l'agriculture, ce qui a permis de développer une agriculture prospère et de subvenir aux besoins alimentaires de la population et du commerce.

Pragmatisme économique de la population

La population des Provinces-Unies était connue pour son pragmatisme et son esprit d'entreprise. Face aux défis géographiques et aux ressources limitées, les Néerlandais ont développé des compétences en ingénierie hydraulique pour gagner des terres sur la mer et construire des systèmes sophistiqués de canaux et de digues. Ces travaux d'ingénierie ont permis de créer de nouvelles terres agricoles, d'améliorer l'irrigation et de faciliter le transport intérieur des marchandises.

Le pragmatisme économique des Néerlandais s'est également reflété dans leur approche du commerce et de l'industrie. Ils ont été pionniers dans l'utilisation de nouvelles technologies et de méthodes de production, et ils ont investi dans des industries émergentes telles que le textile, le commerce maritime, la pêche et l'industrie navale. Les guildes et corporations, qui régulaient la production et le commerce, ont favorisé l'émergence d'une économie dynamique et compétitive.

En outre, les Néerlandais ont adopté une politique économique libérale et tolérante, attirant des marchands, des artisans et des intellectuels de divers horizons. Cette ouverture d'esprit et cet esprit d'entreprise ont permis aux Provinces-Unies de devenir un centre d'innovation et d'échanges intellectuels, ce qui a contribué à leur prospérité économique.

En conclusion, l'essor industriel et commercial des Provinces-Unies aux XVIIe et XVIIIe siècles s'explique par leur position géographique avantageuse et le pragmatisme économique de leur population. Ces facteurs ont créé un environnement propice au développement d'une économie prospère et ont permis aux Provinces-Unies de devenir une puissance économique de premier plan à l'échelle européenne et mondiale. Ceci contredit la pensée mercantiliste d'Antoine de Montchrétien qui estimait que cette région bénéficiait d'une croissance forte uniquement grâce aux investissements mécaniques.

Le siècle d'Or

Le Parti orangiste domine, et l’alliance avec la France pendant la Guerre de Trente Ans permet aux Provinces-Unies d’être reconnues comme un État indépendant au traité de Münster (1648) mettant fin à la guerre de Quatre-Vingt-ans. En fermant l’Escaut, les Hollandais ruinent Anvers au profit d’Amsterdam, et sont créées les compagnies des Indes orientales (1602) et des Indes occidentales (1621). La puissance maritime et coloniale hollandaise s’affirme, profitant de l’effacement anglais. La Compagnie des Indes orientales pèse d’un grand poids dans la politique étrangère de la république et les Hollandais fondent Batavia (1619) avant de chasser les Portugais de leurs meilleurs établissements de l’Inde, et dans l’Atlantique établissement la colonie de la Nouvelle Amsterdam (1623) et prennent pied aux Antilles et au Brésil.

À la mort de Guillaume II (1650), le stathoudérat demeure vacant et l’oligarchie prend le pouvoir avec le grand pensionnaire Johan de Witt. C’est l’apogée du siècle d’Or hollandais. Mais deux rudes guerres contre l’Angleterre (1652-1654 ; 1665-1667) entraînent la perte des colonies d’Amérique du Nord. Les Hollandais obtiennent toutefois, au traité de Breda (1667), le rétablissement de la liberté de commerce et de transport pour les marchandises en provenance d’Allemagne et des Pays-Bas.

Un « système anarchique de fédération lâche »[1]

Simple alliance défensive, l'union d'Utrecht laisse chaque province garder son monnayage, sa législation vicile et ecclésiastique, sa justice. Il n'y aura pas de tribunal fédéral commun, d'où le jugement d'Olenbarnevelt et de ses amis par un tribunal extraordinaire dans des conditions juridiques très douteuses. Les états généraux à La Haye ressemblent à une conférence d'ambassadeurs. Chaque députation, disposant d'une voix, devait à tout moment en référer à ses mandants, les États de sa province, au sein desquels on retrouvait la même obligation de consulter les membres. En 1617, quatre voix se prononcent pour un synode général, trois contre, dont la Hollande qui soutient que l'unanimité est nécessaire. L'opposition d'une seule province, voire d'un membre influent dans une province peut tout paralyser. Les conflits les plus graves se règlent finalement par la force. La paix de Munster est conclue en dépit du refus d'Utrecht et de la Zélande, qui acceptent ensuite le fait accompli.

Après une décision budgétaire prise aux états généraux, chaque province, maîtresse de l'exécution, peut faire traîner ses versements. La Hollande fournit 56 % des ressources de la Généralité, Amsterdam la moitié environ de la contribution hollandaise. La noblesse domine dans l'Overyssel, et la Frise est contrôlée par un petit groupe de propriétaires. En hollande, l'oligarchie présente un autre visage : les famille nobles ne disposent que d'une voix, les villes ont 18 voix et sont gouvernées par une étroite minorité siégeant à vie. Les régents identifient les libertés du pays à leur domination : ils cumulent les fonctions tel Jacob de Witt, bourgmestre de Dordrecht mais aussi receveur des droits, intendant des digues, conservateur de la bibliothèque et curateur de l'école latine. En Zélande, le prince d'Orange contrôle trois voix sur sept.

La famille d'Orange est un pôle de rassemblement bien au-delà des attributions du stathoudérat chargé de défendre la vraie religion et maintenir la justice. Il tient sa dignité des États provinciaux, commande l'armée et est amiral-général. Il désigne les bourgmestres et échevins sur une liste de présentation établie par le Conseil de la ville et comportant deux noms pour un poste. Les clients du stathouder se présentent comme les défenseurs de la cause nationale mise en péril par l'égoïsme des régents. La Maison d'Orange, aidant parfois le protestantisme intransigeant, ne fait rien pour construire un État plus cohérent.

Un lent déclin

La Guerre de Hollande (1672-1678) avec la France a pour origine la politique protectionniste de Colbert. Elle provoque le massacre des frères De Witt (août 1672) et le retour du pouvoir aux Orangistes avec Guillaume III, âme de toutes les coalitions contre la France. La paix de Nimègue oblige la France a abandonner ses conquête et a abroger le tarif douanier de 1667. L’installation de Guillaume III sur le trône d’Angleterre (1688) entraîne un alignement de la république sur la politique anglaise.

Le déclin du XVIIIe siècle est relatif. Le pays a conservé ses colonies, Amsterdam demeure une des principales places financières d’Europe. C’est aussi un pays de tolérance qui accueille Descartes, les jansénistes, Bayle ou Spinoza. Si le stathoudérat demeure vacant de 1702 à 1747, la crainte d’une invasion française fait de Guillaume IV un stathouder héréditaire. L’anglophilie de Guillaume V favorise l’opposition du parti des « patriotes qui impose une guerre contre l’Angleterre (1780-1784) qui se révèle désastreuse. Guillaume V doit fuir la Haye chassé par la colère populaire (1785) avant d’être rétabli par son beau-frère le roi de Prusse (1787). Aussi l’arrivée d’une armée de la Révolution française conduite par Pichegru est bien accueillie au cours de l’hiver 1794-1795 par les « patriotes ». La création d’une République batave mit fin à l’existence des Provinces-Unies.

Informations complémentaires

Notes et références

  1. Geyl, The Netherlands in the 17th century (1609-1715), Londres 1961-1964, I, p. 129

Sources

  • Pierre Jeannin, L'Europe du Nord-ouest et du Nord aux XVIIe et XVIIIe siècles, PUF, Nouvelle Clio 1987


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