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Déflation

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Définition

La déflation caractérise une période suffisamment longue durant laquelle une baisse générale des prix est observée. La déflation est donc l'opposée de l'inflation. En règle générale, la déflation est la traduction d'un net ralentissement ou d'une baisse de la demande, et elle est associée à une période peu favorable à l'activité économique. Une des définitions de la déflation serait : la déflation est un mouvement persistant à la baisse, au fil du temps, du prix moyen des biens et des services, c'est-à-dire du « coût de la vie ».

La déflation ne doit pas être confondue avec la désinflation qui est un ralentissement de taux d'inflation, c'est-à-dire que le niveau général des prix augmente à un taux décroissant. Il ne s'agit pas simplement de la baisse du prix d'un bien ou même de celui d'un secteur d'activité économique, mais de l'ensemble des prix. En théorie, le niveau général des prix comprend les prix du travail (le salaire), des biens et des services ; donc les consommateurs peuvent acheter plus de produits avec la même somme d'argent, mais ils ont aussi un plus faible salaire. Les consommateurs et les producteurs ayant des dettes souffrent aussi de la déflation, car leurs revenus diminuent alors que les créances demeurent constantes.

Les banques centrales s'inquiètent de la déflation parce que beaucoup d'outils de la politique monétaire deviennent dans ce cas inefficaces et la déflation peut conduire à une spirale déflationniste. Le thème a resurgi à l'occasion de la déflation observée au Japon depuis 1998 et de l'incapacité des économies occidentales à retrouver le chemin d'une croissance soutenue. L'économie mondiale s'est ralentie nettement depuis la mi-2000, phénomène aggravé suite aux attentats terroristes de septembre 2001. Dès lors, si la demande ne se fait pas plus pressante, il ne peut y avoir de tensions sur les prix et un risque de déflation peut apparaître.

La raison qui explique que l'aversion à la déflation soit générale est le surendettement général, causé principalement par l'importance de la dette publique : le surendetté doit rembourser les mêmes montants avec des revenus qui baissent, ce qui diminue son niveau de vie, l'oblige à trouver des ressources (fiscales) ailleurs ou à tailler dans les dépenses.

Le point de vue libertarien

Les libertariens voient d'un bon œil la déflation, qui contrecarre les politiques inflationnistes habituelles des États et des banques centrales. Jörg Guido Hülsmann, dans son ouvrage Deflation and liberty (2008), souligne son rôle de "nettoyeuse économique" :

La déflation est loin d'être intrinsèquement mauvaise, au contraire. Elle remplit une importance fonction sociale de nettoyage de l'économie et de la politique de toutes sortes de parasites qui ont prospéré sur l'inflation qui l'a précédée. En un mot : les dangers de la déflation sont chimériques, et ses charmes sont très réels. Il n'y a absolument aucune raison de s'inquiéter de ses effets économiques, à moins de mettre sur le même plan le bien-être de la nation et le bien-être de ses fausses élites. Il y a en revanche beaucoup de raisons de s'inquiéter des conséquences économiques et politiques de la seule solution alternative, la réflation, qui n'est bien sûr rien d'autre que de l'inflation pure et simple.

L'École autrichienne d'économie, à l'inverse des keynésiens ou des monétaristes, ne voit habituellement pas de danger particulier dans la déflation, qui ne serait que la contrepartie inévitable d'une inflation survenue auparavant. Cependant, Antal E. Fekete, qui définit la déflation comme "un accroissement de la productivité marginale du capital et du travail sans changement dans les facteurs de production ou du travail"[1], y voit une destruction de capital que seul l'étalon-or peut entraver.

De la même façon, Philipp Bagus réfute cinq préventions habituelles contre la déflation (l'arbitraire de la redistribution que la déflation opèrerait ; la baisse de la production ; l'instabilité des prix ; le chômage de masse ; la "trappe à liquidités"[2]) et affirme :

On peut faire valoir que la déflation est un moyen rapide, direct, harmonieux et éthique en direction d'un système monétaire solide, en purgeant un système bancaire malsain et des investissements malsains.

Combattre la déflation ?

La déflation étant un processus naturel tendant à rétablir un équilibre compromis par des erreurs économiques, "combattre la déflation" revient à rajouter une erreur économique de plus au-dessus d'une pile d'erreurs économiques passées. Il suffit de voir les moyens employés pour ce faire par les banques centrales :

  • baisse des taux d'intérêt : cette "répression financière" augmente l'endettement, crée de nouvelles bulles sur les marchés (par accès à l'"argent facile"), déstabilise les épargnants (notamment les fonds de pension chargés de verser les retraites), assèche le marché du crédit (les institutions financières préfèrent placer leurs liquidités dans les banques centrales) ;
  • création monétaire exogène pour augmenter fortement la masse monétaire : une pratique ouvertement inflationniste par laquelle la banque centrale finance directement la dépense de l'État et accroît la dette publique : les dettes actuelles seront donc remboursées en "monnaie de singe" par décision politique. Cette création monétaire est généralement inopérante, car les banques centrales contrôlent une part de plus en plus réduite de la masse monétaire (moins de 5 %), ce qui limite l'efficacité de ce genre d'opérations. En outre, cette pratique ne touche jamais le "grand public" et ne profite qu'à une oligarchie financière.

Notes et références

  1. Economic aspects of the pension problem (pdf)
  2. Situation dans laquelle toute création supplémentaire de monnaie ou de crédit n’entre plus dans l’économie réelle, mais reste dans les banques.

Citations

  • Quant à la fameuse spirale déflationniste dont on nous rebat les oreilles, il suffit d’un peu de bon sens pour en montrer le caractère chimérique. Tirant argument de la théorie des anticipations rationnelles – tant décriée par ailleurs – on nous raconte que les consommateurs, anticipant la baisse des prix, vont reporter leurs achats, et que ce report par lui-même va provoquer une nouvelle baisse des prix qui, elle-même étant anticipée, se traduira par des reports supplémentaires de consommation, et ainsi de suite. Mais, tout « rationnel » qu’il soit, un consommateur ne peut différer longtemps de se nourrir, de se vêtir, de se transporter, de se divertir, de s’éduquer, de se loger. Que l’on sache, les émeutes de la faim n’ont jamais été provoquées par une baisse des prix alimentaires, mais bien par leur flambée. Si l’inflation est l’impôt le plus injuste parce qu’il frappe les plus pauvres, on ne peut évidemment en dire autant de son contraire, la déflation. On oublie d’autre part que si baisse de la consommation il y avait, elle se traduirait par une augmentation de l’épargne – chose excellente à une époque d’endettement généralisé. (Philippe Simonnot, Vive la déflation !)
  • Ils luttent contre la déflation, c’est-à-dire qu’ils empêchent les prix de baisser, ils ne veulent pas qu’avec votre argent vous puissiez acheter plus, ils veulent vous priver des gains de productivité qui résultent de l’efficacité de plus en plus grande de votre travail et de vos innovations. Non, ces gains de productivité doivent être confisqués, empochés par d’autres, devinez qui ? (Bruno Bertez, L'AGEFI, 01/12/2015)

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

Articles connexes


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