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Contrôle des prix

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Graphique en faveur d'un système de prix libres pour réguler l'offre et la demande, The Freeman, 1958

Dans sa définition usuelle, le contrôle des prix désigne les restrictions publiques imposées sur les prix des biens et des services d'un marché. Ce contrôle des prix peut prendre de très nombreuses formes, tant pour bloquer les prix à la hausse (prix plafond) que à la baisse (prix plancher).

Historiquement fréquents, ces blocages des prix ont largement disparu en raison de leur inefficacité, voire de leur contre-productivité pour résoudre les problèmes sous-jacents qu'ils essaient de régler. Ce contrôle des prix est cependant resté, jusqu'à récemment et malgré son inefficacité, largement présent dans les pays en développement.

Exemples de contrôle des prix

Les contrôles des prix ont été légion à travers l'histoire, depuis au moins 4 000 ans[1] :

  • le Code de Hammurabi relate par le détail tous les prix et salaires fixés alors par le pouvoir. Par exemple : "Si quelqu'un embauche un laboureur, il devra lui donner 8 GUR (environ 2 400 litres) de grain par an. Si quelqu'un embauche un bouvier, il devra lui donner 6 GUR (environ 1 800 litres) de grain par an[2]
  • dans l’Égypte antique (3e siècle avant Jésus-Christ), « [l’État] devint omniprésent » sur la production du blé et son prix. [..] Tous les prix étaient fixés par le pouvoir, et ce contrôle prenait des proportions effrayantes, avec une armée entière d'inspecteurs ». C'est ainsi que Jean-Philippe Lévy relate la situation de l'époque dans L'économie antique (Puf, 1964). Exaspérés par cette situation, les fermiers de l'époque quittèrent en nombre leurs fermes et, à la fin du siècle, « l'économie égyptienne s'effondra, de même que la stabilité politique [du royaume] »[3]
  • en France, la « loi du maximum général » a existé entre 1793 et 1794, au pire de la Terreur[4]. Les résultats en furent désastreux : « dans certaines rues de villes du Sud de la France, les personnes étaient si mal nourries qu'elles s'effondraient dans la rue par manque de nourriture »[5].

Les périodes de guerre sont généralement des moments où la tentation du contrôle des prix revient au galop : Lors de la Première Guerre mondiale, aux États-Unis, la United States Food Administration a renforcé le contrôle des prix de la nourriture, tandis que la même chose est revenue lors de la Seconde Guerre mondiale, aux États-Unis ou en Allemagne.

Aujourd'hui encore, malgré une forte diminution, les contrôles des prix restent très présents dans de nombreux secteurs :

  • Santé : sans être intégralement contrôlé par les pouvoirs publics, le prix des consultations médicales est très fortement encadré, de la même manière que le prix des médicaments est largement fixé par l'Etat. La pénurie, tant de professionnels de santé dans certaines zones ou « déserts médicaux », que de médicaments, tire une large partie de sa cause dans le contrôle des prix. Comme le souligne le docteur Patrick de Casanove : « La France n’a jamais compté autant de médecins, mais certains territoires font face à une pénurie de généralistes. L’existence, à la fois, d’un nombre important de médecins et de déserts médicaux est une caractéristique d’une économie socialiste où, faute d’information fiable (que sont les prix libres) l’offre et la demande ne peuvent s’ajuster. »[6] A l'inverse, un système de prix libres encourageraient de nouveaux médecins à s'installer dans ces « déserts médicaux », où ils pourraient gagner plus, et les habitants auraient des médecins, au lieu d'aucun médecin.
  • Énergie : les prix de l'énergie sont parmi les plus contrôlés qui soient. La politique publique en la matière est marquée par une schizophrénie permanente, entre souhait d'augmenter les prix dans une logique de « fiscalité verte » et objectifs électoralistes. Ainsi, à l'approche de l'élection présidentielle de 2022, Bruno Lemaire a mis en place en octobre 2021 un « bouclier tarifaire » pour limiter les hausses des factures de gaz en particulier. Coûtant selon une estimation de 2023 jusqu'à 170 milliards d'euros aux contribuables[7], ce contrôle des prix a eu le lourd effet de décourager les acteurs économiques à chercher à consommer moins d'énergie. Pire, les 170 milliards de dépenses annuelles doivent être payés par les contribuables, il s'agit donc d'une perte nette, là où la novlangue du gouvernement présente cela comme un gain pour les particuliers.
  • Logement : pour faire face à la pénurie de logement entretenue par la réglementation, des mairies sont tentées de mettre en place un contrôle des loyers. Pourtant, cela revient à casser le thermomètre pour ne plus voir le problème, plutôt qu'à le régler. En l’occurrence, la pénurie de logement entretenue par une réglementation restrictive, alors qu'il faut encourager la construction de plus de logements, ce que seule une hausse des loyers peut permettre d'accomplir, en donnent les incitations financières nécessaires aux propriétaires et promoteurs pour mettre davantage de logements sur le marché. Les seules villes aux Etats-Unis reussissant ainsi à baisser le niveau de leurs loyers sont celles où les prix sont totalement libres et où la construction est ainsi encouragée[8].

On peut également ajouter qu'il est interdit de vendre à perte, ce qui est une forme de contrôle des prix. Au point qu'en 2023, il faut, tel un privilège, que les distributeurs d'essence obtiennent une loi pour avoir le « droit » de vendre à perte leur carburant[9].

Nocivité du contrôle des prix

Les économistes, qu'ils soient libéraux ou non, critiquent ou dénoncent les pratiques de contrôle des prix, ne serait-ce que parce qu'elles sont contre-productives. L’argument, partagé par la majorité des économistes et fondé sur l’observation de la loi de l’offre et de la demande, est le suivant :

  • Lorsque les pouvoirs publics veulent protéger les vendeurs, ils instituent un prix minimum (par exemple un salaire minimum) supérieur au prix d’équilibre. Il s’ensuit (voir sur le graphique) que la demande est inférieure à l’offre, et même inférieure à la demande qui correspondrait au prix d’équilibre, si bien que l’offre n’est pas satisfaite (exemple : dans le monde du travail, il y a alors progression du chômage). Cette politique, mise en œuvre pour protéger les vendeurs, a donc pour effet d’empêcher les vendeurs de vendre. Cette politique nuit à ceux qu’elle devait protéger. C'est par exemple l'argument développé par le Prix Nobel d'économie Gary Becker, qui le résume en : « augmenter le salaire minimum, c'est augmenter le chômage »[10].
  • De même, lorsque les pouvoirs publics veulent protéger les acheteurs, ils instituent un prix maximum inférieur au prix d’équilibre. Il s’ensuit (voir sur le graphique) que l’offre est inférieure à la demande, et même inférieure à l’offre qui correspondrait au prix d’équilibre, si bien que les producteurs ont intérêt à ne plus produire et que la demande n’est pas satisfaite. Cette politique, mise en œuvre pour protéger les acheteurs, a donc pour effet d’empêcher les acheteurs d’acheter. Cette politique nuit également à ceux qu’elle devait protéger. Le Ludwig von Mises Institute l'illustre par les pénuries alimentaires ou famines nées du contrôle des prix[1].

Le rôle essentiel des prix dans la transmission de l'information dans l'économie

Searchtool-80%.png Article détaillé : Prix.

Les économistes autrichiens se sont attachés à étudier le rôle des prix, en particulier comme vecteur de transmission de l'information dans une économie de marché :

  • Ludwig von Mises a souligné le rôle des prix pour coordonner les actes de millions d'individus
  • Hayek a mis en évidence le rôle des prix pour transmettre l'information: « les prix peuvent jouer de telle manière qu'ils coordonnent les actions séparées de différents individus de la même façon que les valeurs subjectives aident un individu à coordonner les différents aspects de son projet. »[11].
  • Selon Kirzner, les prix ont deux fonctions différentes de communication. Il distingue les fonctions de communication des prix d'équilibre et des prix de déséquilibre, et insiste particulièrement sur la dernière. Les prix d'équilibre fournissent des signaux économiques qui permettent une coordination instantanée des décisions décentralisées

Notes et références

  1. 1,0 et 1,1 Four Thousand Years of Price Control, Mises Institute
  2. Dominique Charpin, Hammu-rabi de Babylone, Paris, Presses Universitaires de France, 2003, p. 266
  3. Jean-Philippe Lévy, L'économie antique, PUF, Collection Que Sais-je ?, 125 pages, 1964, repris en 2005 par Thomas J. DiLorenzo.
  4. Le maximum ou le blocage des prix sous la Terreur, Gérard-Michel Thermeau, 14 avril 2023
  5. Forty Centuries of Wage and Price Controls: How Not to Fight Inflation, par Robert L. Schuettinger et Eamonn F. Butler, p.46
  6. Les déserts médicaux ne sont pas près de disparaître, Contrepoints, 16 octobre 2017
  7. Le coût du bouclier tarifaire sur l'énergie s'annonce plus lourd que prévu, Les Échos
  8. Repeat after me: building any new homes reduces housing costs for all, Financial Times, 15 septembre 2023
  9. Vente du carburant « à perte »: un projet de loi « très vite » au Parlement, selon Olivier Véran, Moneyvox, 17 septembre 2023
  10. « Augmenter le salaire minimum, c'est augmenter le chômage », Gary Becker
  11. Friedrich A. Hayek, « L’utilisation de l’information dans la société », Revue française d’économie 1, n° 2 (automne 1986) : 128 [lire en ligne].

Bibliographie

Voir aussi

Liens externes


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