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Georges Clemenceau

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Georges Clemenceau
homme politique

Dates 1841-1929
Clemenceau.jpg
Tendance
Nationalité France France
Articles internes Autres articles sur Georges Clemenceau

Citation « Gouverner, c'est tendre jusqu'à casser, tous les ressorts du pouvoir. »
Interwikis sur Georges Clemenceau

Georges Clemenceau, (Mouilleron-en-Pareds, Vendée, 28 septembre 1841-Paris, 24 novembre 1929), journaliste et homme politique radical-socialiste, a été président du conseil à deux reprises (1906-1909 ; 1917-1920).

Opposant redoutable, défenseur de la liberté quand il n’est pas au pouvoir, il se révèle un gouvernant très autoritaire. Orateur efficace, provoquant souvent les rires de la Chambre mais jamais injurieux ni discourtois, « Le premier orateur de ce temps », selon Blum, se montre aussi un esprit coléreux et cassant. Il a été surnommé le Tigre vers 1906.

Les jeunes années

Fils, petit-fils et arrière-petit-fils de médecins vendéens, il devait être médecin lui-même. Son grand-père était un bleu de Vendée, membre du corps législatif et sous-préfet de Montaigu sous Napoléon. Son père Benjamin était athée et républicain convaincu, révolutionnaire de 1830 et 1848. Lycéen moyen à Nantes, il passe son bac es lettres à Rennes en 1858 puis es sciences en août 1859. Il réussit le concours d’externat à l’École de médecine de Nantes en 1858 puis l’internat en 1860, sème le chahut en 1861. Il décide de suivre ses études à Paris où il devient le protégé d’Étienne Arago.

Opposant au Second Empire, son père est arrêté en 1851 puis en 1858. Clemenceau fonde un journal Le Travail mais est arrêté en février 1862. En allant visiter un de ces amis en prison, il fait la connaissance de Blanqui et de Scheurer-Kestner. Il fonde un nouveau journal Le Matin (8 n° comme le précédent). Cela l’empêche de se consacrer sérieusement à la médecine, il ne devient qu’interne provisoire en 1862-1863. Il soutient sa thèse de doctorat en 1865. Il séjourne aux États-Unis de 1865 à 1869. Il écrit pour les journaux (Le Temps), enseigne au collège de jeunes filles de Stamford (Connecticut). Son anglais est un anglais américain idiomatique.

Clemenceau est un esprit de son temps, matérialiste et positiviste. « La science, un jour, la science seule, pourra tout éclairer ». Clemenceau traduit le livre de Stuart Mill, Auguste Comte et le positivisme (1867). Il fait un mariage civil. Favorable à la séparation de l’Église et de l’État, l’Église étant subventionnée par l’État pour lutter contre lui, il est néanmoins favorable à la liberté de l’enseignement. Pour lui, l’Histoire a montré que l’Église était une force d’obscurité et de servitude. Il est totalement imperméable aux croyances religieuses.

Le 4 septembre 1870, Clemenceau est parmi les manifestants du Palais-Bourbon. Arago étant maire de Paris choisit son jeune protégé pour Montmartre. Il est ensuite élu le 5 novembre. Proche des futurs communards il réprouve cependant la violence révolutionnaire. Hostile à l’armistice, il est élu député de Paris en 1871 sur une liste radicale. Le 18 mars, il tente en vain d’empêcher l’exécution des généraux Lecomte et Thomas. Il est honni par les deux camps. N’ayant pu concilier les deux partis, il démissionne de son mandat de député et retourne en Vendée pendant la Commune. Il est élu conseiller municipal de Paris en juillet 1871, président du conseil municipal en 1875, il démissionne en 1876. Sans indemnité, il doit vivre de son activité de médecin.

Le leader de l’extrême gauche

Georges Clemenceau par Nadar

Hostile aux lois constitutionnelles de 1875, favorable à l’amnistie des communards, Clemenceau obtient une élection triomphale dans le XVIIIe arrondissement le 20 février 1876. Il est l'un des 321 élus de 1877. Il rompt avec Gambetta en 1879 et organise une gauche radicale-socialiste. Il fonde en 1880 La Justice. Il mène campagne et obtient l’amnistie des communards en 1880.

En 1881, il est élu dans les deux circonscriptions du XVIIIe arrondissement, et à Arles. Il apparait comme le chef de l’opposition d’extrême gauche entre 1881 et 1885. Il pratique 144 interruptions et intervient 60 fois.

Pour Clemenceau, La révolution est un bloc. La Terreur était une nécessité. Il a une grande admiration pour une grande république américaine où règne la plus grande liberté. Ce séjour conforte son pragmatisme incompatible avec le fanatisme d’un Blanqui.

En 1881, il est favorable à la révision constitutionnelle (suppression du Sénat et de la présidence), la séparation de l'Église et de l'État, l'instruction laïque, gratuite et obligatoire, le véritable service militaire, la décentralisation, l'impôt sur le capital et le revenu, un programme social (caisses de retraite, syndicats). Hostile à toute atteinte à la liberté, à tout esprit de parti, à tout enrégimentement (comme la franc-maçonnerie). Il est donc hostile au collectivisme. Mais il est plus un homme d’action que de programme.

Il éprouve une haine viscérale pour Jules Ferry depuis que celui-ci a soutenu Thiers en mars 1871. Il lui reprochait aussi d’avoir approuvé les lois de 1875. Les 8 et 9 novembre 1881, il attaque Jules Ferry sur la question tunisienne. Ferry démissionne. Il sera désormais le tombeur de ministères. En 1882, Clemenceau déclare à la Chambre : « N’est-il pas étrange que l’on recommence à parler des races au moment où elles se mêlent de plus en plus ? » Il fait tomber Freycinet sur la question égyptienne en juillet et se montre l’adversaire décidé de Ferry.

Le 30 juillet 1885, il fait un discours fulgurant contre les justifications de Jules Ferry : « La conquête que vous préconisez, c’est l’abus pur et simple de la force que donne la civilisation scientifique sur les civilisations rudimentaires, pour s’approprier l’homme, le torturer, en extraire toute la force qui est en lui au profit du prétendu civilisateur. Ce n’est pas le droit : c’en est la négation. Parler à ce propos de civilisation, c’est joindre à la violence l’hypocrisie. »

Clemenceau n’était pas colonialiste, mais il n’était pas non plus un décolonisateur : « Aux populations à qui nous enlevons leur indépendance, nous devons la compensation d’un régime de justice, de douceur, de haute humanité. » (1903). Il sera favorable à des réformes en Algérie mais il se heurtera à l’hostilité des colons.

Le « tunnel »

Il devient député du Var de 1885 à 1893 puis sénateur du même département de 1902 à 1920 car le radicalisme décline à Paris et devient davantage rural. Rêvant d’accéder au pouvoir, il se montre moins interrupteur et plus modéré. Il pousse Boulanger incitant Freycinet à le prendre pour ministre puis il l’abandonne hostile à la guerre et à la dictature. Réélu en 1889, son influence décline.

Il est compromis dans le scandale de Panama par ses relations avec l’escroc américain Cornelius Herz (un temps actionnaire de la Justice). Détesté et craint à la Chambre pour son verbe, sa plume et son pistolet, Clemenceau pendant le scandale de Panama est accusé d’être payé par l’Angleterre, d’être vénal. Il quitte Draguignan sous les jets de pierre.

De 1893 à 1902, c’est le « tunnel ». Rédacteur en chef de l’Aurore en 1897-1899, il trouve le titre pour l’article de Zola du 13 janvier 1898, « J’accuse ». Il joue un rôle important dans l’Affaire Dreyfus.

Revenus médiocres surtout quand il ne put plus bénéficier de son indemnité parlementaire, il vit alors du journalisme. Il fait également publier des recueils d’articles mais aussi un roman et une pièce de théâtre. Il se montre surtout un remarquable journaliste : après sa chute en 1909, il crée un nouveau journal, L’homme Libre en 1913.

Le premier gouvernement Clemenceau

Élu puis réélu triomphalement sénateur du Var en 1902 et 1909, Clemenceau arrive tardivement au pouvoir, à 65 ans. Il s’est longtemps considéré uniquement comme opposant. Et jusqu’alors on ne lui avait jamais offert le pouvoir (sauf Grévy aux abois en 1886).

Il devient ministre de l’Intérieur de Sarrien en mars 1906 dans une Chambre dominée par les radicaux. Il n’est pourtant pas membre du Parti radical fondé en 1901. Très rapidement il devient président du conseil et son gouvernement d’octobre 1906 à juillet 1909 sera un des plus longs de la IIIe République (33 mois). Le gouvernement est très brillant avec Caillaux, Briand, Barthou, Doumergue, Viviani, Sarraut et Picquard mais son bilan sera mince.

Très autoritaire, il mène à son terme la politique de séparation de l'Église et de l'État et brise par la force les mouvements d’agitation sociale, notamment lors de la crise viticole dans le Midi en 1907 et la grève du bâtiment déclenchée par le CGT en 1908. Un paradoxe pour un homme politique depuis longtemps soucieux des questions sociales qui devient la bête noire de l’extrême gauche : « le premier flic de France », « la bête rouge ». Il répond à Jaurès en 1906 : « C’est une grande erreur de confondre le droit de grève et le droit à la matraque. » Les modérés sont effrayés par le projet d’impôt sur le revenu. Aucun grand projet ne réussit car ils sont bloqués par le Sénat.

Chute accidentelle du gouvernement comme souvent sous la IIIe République : une question sur la marine par Delcassé un de ses ennemis. La chambre refuse de voter l’ordre du jour. De retour dans l’opposition, il contribue à la chute du gouvernement Briand (1913) renversé au sénat.

Le second gouvernement Clemenceau

Il refuse d’entrer au gouvernement après le début de la Grande guerre car il lui faut la présidence du conseil. Il va donc cesser de critiquer violemment le gouvernement, dénonçant le défaitisme, l’antimilitarisme et le pacifisme.

Raymond Poincaré, qui le déteste, lui demande le 19 novembre 1917 de former le gouvernement. Revenu au pouvoir à 76 ans, il définit son programme par un slogan : « Je fais la guerre ». Il n’hésite pas à faire arrêter les figures du pacifisme, tel Malvy et Caillaux.

Pendant des mois, il exerce une dictature de salut public, appuyé sur l’opinion, qui réduit le Parlement à un rôle de chambre d’enregistrement et le gouvernement à celui d’un organe d’exécution. Après avoir consulté David Lloyd George, il remplace Pétain par Foch qui devient généralissime des armées alliées.

Après l’armistice, la France l’acclame comme le « Père la Victoire ». Il est élu à l’Académie française le 21 novembre 1918. Un attentat contre sa personne par un anarchiste (19 février 1919) renforce l’idôlatrie.

Président de la Conférence de la paix, il porte une grande responsabilité dans le traité de Versailles. Il fait voter la loi des huit heures (avril 1919) pour couper l’herbe sous le pied de la SFIO. Il demeure au pouvoir jusqu’au 18 janvier 1920. Candidat à l’élection présidentielle, il est victime notamment des manœuvres de son vieil adversaire, Aristide Briand. L’élection de Deschanel entraîne sa démission et son retrait de la vie politique.

Il fait de nombreux voyages durant ces dernières années : Égypte Inde, Angleterre, États-Unis

L’homme intime

Clemenceau peint par Manet

Clemenceau a connu une passion malheureuse pour une fille Kestner la future Mme Floquet. Il épouse une de ses élèves, Mary Plummer (mariage civil) à New York le 20 juin 1869. Ce mariage d’amour avec Mary Plummer (épousée sans dot) ne fut pas un mariage heureux. Elle était belle mais guère intelligente. Ils se sont trompés mutuellement. Ils divorcent en 1892.

Il a fréquenté les salons littéraires et musicaux de la Belle époque, ayant de bonnes relations avec Alphonse Daudet, Anatole France et Stéphane Mallarmé. Il a été l’ami de Manet (2 portraits) puis de Monet. Bon cavalier, bon chasseur, bon tireur, il buvait peu et avait cessé de fumer vers 1900. Duelliste réputé, il a notamment affronté Déroulède (1892), Deschanel (1894) et Edouard Drumont (1898).

Annexes

Citations

  • En politique, on succède à des imbéciles et on est remplacé par des incapables.
  • On ne ment jamais tant qu'avant les élections, pendant la guerre et après la chasse.
  • La démocratie, c'est le pouvoir pour les poux de manger les lions.
  • Un escalier de ministère est un endroit où des gens qui arrivent en retard croisent des gens qui partent en avance.
  • Les fonctionnaires sont un peu comme les livres d'une bibliothèque : ce sont les plus haut placés qui servent le moins.
  • Les fonctionnaires sont les meilleurs maris : quand ils rentrent le soir à la maison, ils ne sont pas fatigués et ont déjà lu le journal.
  • La France est un pays extrêmement fertile : on y plante des fonctionnaires et il y pousse des impôts.
  • Gouverner, c'est tendre jusqu'à casser, tous les ressorts du pouvoir.
  • Pour prendre une décision, il faut être un nombre impair de personnes, et trois c'est déjà trop. (citation sans doute apocryphe et attribuée à diverses personnes — on ne prête qu'aux riches)
  • Tout le monde peut faire des erreurs et les imputer à autrui : c'est faire de la politique.
  • L'Angleterre, cette colonie française qui a mal tourné.
  • Rendez à César ce qui est à César... et tout est à César !
  • "Les races supérieures ont sur les races inférieures un droit qu'elles exercent, ce droit, par une transformation particulière, est en même temps un devoir de civilisation". Voilà en propres termes la thèse de M. Ferry, et l'on voit le gouvernement français exerçant son droit sur les races inférieures en allant guerroyer contre elles et les convertissant de force aux bienfaits de la civilisation. Races supérieures ? races inférieures, c'est bientôt dit ! Pour ma part, j'en rabats singulièrement depuis que j'ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande parce que le Français est d'une race inférieure à l'Allemand. Depuis ce temps, je l'avoue, j'y regarde à deux fois avant de me retourner vers un homme et vers une civilisation, et de prononcer : homme ou civilisation inférieurs. (La colonisation est-elle un devoir de civilisation ?, Discours à la Chambre des députés, 31 juillet 1885)

Notes et références


Littérature secondaire

  • 1930,
    • George Adam, "The Tiger", New York
    • André Siegfried, "Clemenceau, Georges (1841-1929)", In: Edwin R. A. Seligman, dir., "Encyclopaedia of The Social Sciences", Vol III, New York: MacMillan
      • Nouvelle édition en 1937, New York: MacMillan
      • 10ème édition en 1953, "Clemenceau, Georges (1841-1929)", In: Edwin R. A. Seligman, dir., "Encyclopaedia of The Social Sciences", Vol III, New York: MacMillan, pp548-549
  • 1988, Jean-Baptiste Duroselle, Clemenceau, Fayard
  • 2011, Michel Winock, Clemenceau, Perrin

Liens externes