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Intérêt général
La notion d'intérêt public, d'intérêt dit général ou de bien commun, est souvent citée dans la réflexion concernant l'intervention de l'État dans la vie des individus. Nous allons donc présenter les deux sens du concept d'intérêt général, pour distinguer quelle conception prédomine chez les étatistes, pourquoi les libéraux s'y opposent, et quelle alternative ils proposent.
La double notion d'intérêt public
Cette notion, apparue au cours du XVIIIe siècle, est fréquemment subdivisée en deux conceptions distinctes. Il est à noter que, pour les positivistes, l'intérêt général détermine la finalité de l'intervention de l'État et fonde sa légitimité.
La notion d'intérêt général contient et admet deux sens :
- La conception d’inspiration utilitariste partant de la notion d’utilité. L'intérêt général est confondu avec la somme des intérêts individuels et équivaut à la volonté d’une majorité d'intérêts. L'idée utilitaire est d'harmoniser les intérêts particuliers dans le but de les fusionner. C'est en vertu de l’impartialité que cette conception combine les intérêts, qu'ils soient égoïstes ou altruistes, sympathiques ou empathiques. C'est aussi l'idée de justice qui guide les lignes de conduite des individus. Elle n'admet pas de volonté autre que celles des individus, tant d'un point de vue méthodologique que philosophique.
- La conception idéologique interventionniste : selon cette vision, les individus doivent abandonner leurs propres intérêts pour se consacrer aux seuls intérêts de la société politique. Cette conception se concentre sur la promotion de valeurs communes plutôt que sur la pluralité des affaires humaines. Ici, l'intérêt général justifie le rôle mobilisateur de l’État induisant un « volontarisme », c'est-à-dire une intervention structurante de l'État, qui permettrait de fonder durablement une société. Dans ce cadre, l'Homme doit suspendre ses intérêts particuliers pour se mettre au service d'un intérêt général fondé par une volonté politique étatiste. Selon cette notion, le rôle de l'État est d'arbitrer les conflits d'intérêts, et, selon les cas, de décider selon certains objectifs et finalités.
Le point de vue dominant de l'étatisme
Cette deuxième conception, beaucoup plus proche de la tradition juridique et étatique française, recoupe sous de nombreux aspects la position originelle de Jean-Jacques Rousseau. Lorsqu'il a théorisé la démocratie dans l'ouvrage Du Contrat Social, il considère qu'en quittant l'état de nature, l'Homme s'aliène totalement avec l'ensemble de ses droits à la communauté qu'il rejoint. La volonté individuelle se fonde alors, par le contrat social, dans la « volonté générale », seule habilitée à légiférer et à exercer la souveraineté. Rousseau considère que l'acte d’association des individus est la mise « en commun de sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale ». Il accorde aux institutions politiques et particulièrement à l'État la mission de poursuivre des fins qui s’imposent à l’ensemble des individus, par delà leurs intérêts particuliers.
Cette seconde conception est ainsi beaucoup plus répandue chez les étatistes, car elle inclut en son sein une légitimation, au sens du droit positif, de l'interventionnisme. Néanmoins, certains étatistes utilitaristes rejettent la seconde notion, et croient voir dans l'intervention de l'État la source et l'outil d'un « plus grand bonheur pour le plus grand nombre » : ils sont ainsi partisans de la première conception de l'intérêt public.
La position libérale
Critique du rousseauisme
Les libéraux se revendiquent clairement de la première conception de l'intérêt général, la seconde conception relevant, pour eux, presque d'une perversion du langage. Les libéraux constatent que les étatistes, par le recours à l'artifice rousseauiste de la volonté et de l'intérêt général, sont incapables de fonder, grâce à des raisonnements économiques ou moraux, la validité de leurs positions. Cette seconde conception conduit au relativisme le plus total du point de vue du droit et relève de considérations philosophiques tout à fait contestables.
Tout d'abord, les individualistes libéraux s'insurgent contre les conceptions holistes des étatistes : l'Homme ne s'aliène nullement au corps social lorsqu'il entre en société ; il est un tout incontestable qui ne peut plus être envisagé comme une partie d'une communauté non homogène. D'autre part, ce processus d'aliénation s'appuie sur l'idée d'un Contrat social, et d'un état de nature préalable : l'Homme n'a cependant jamais été un être solitaire, comme l'envisage Rousseau ; son essence est au contraire toujours sociale. Il nait en société, et n'a donc pas à s'y aliéner par rapport à un état de nature imaginaire - il n'y a aucune souveraineté d'un ensemble d'individus sur un individu unique. Enfin, les libéraux estiment que ceux qui se revendiquent de cette seconde conception de l'intérêt général ne saisissent pas la complexité du réel, de l'action humaine, et cherchent inévitablement à compenser cette lacune par l'instauration, via la coercition d'une « orientation » visible de la société. En ce sens, ils méconnaissent la réalité et la diversité des comportements humains, cèdent au constructivisme et ouvrent la voie au collectivisme :
- Le collectivisme signifie la sujétion de l'individu au groupe — peu importe qu'il s'agisse d'une race, d'une classe ou d'un État. Le collectivisme affirme que l'Homme doit se soumettre à l'action et à la pensée collectives dans l'intérêt de ce qu'on appelle le bien commun. (Ayn Rand)
Ainsi, les partisans du libéralisme se revendiquent immanquablement de la première conception individualiste de l'intérêt général, qui ne donne pas une existence et une volonté transcendante, indépendante des volontés individuelles, à une communauté d'Hommes. Leurs réflexions économiques et historiques les conduisent à considérer le laissez-faire comme le meilleur vecteur de la richesse et de la satisfaction des individus.
La main invisible
Contrairement aux considérations naïves de certains étatistes, les libéraux perçoivent une plus grande complexité et une harmonie dans les comportements économiques. Pour eux, nulle nécessité de choisir délibérément d'imposer une orientation aux Hommes, cette stratégie se révèlera nécessairement infructueuse ! À l'inverse, la liberté de l'ensemble des actions humaines induit une amélioration de la condition de tous.
Bien que la notion ne soit évoquée qu'une seule fois dans son maître ouvrage : Recherche sur la Nature et les Causes de la Richesse des Nations, Adam Smith invente le concept de main invisible du marché. Celle-ci œuvre pour l'intérêt général et se distingue de la main trop visible des princes du XVIIIe siècle qui intervenaient dans l'économie. L'intérêt individuel est alors le meilleur moteur de l'intérêt public. Par exemple, si un boulanger se lève à 4 heures du matin pour cuire des pains, ce n'est pas parce qu'il participe à un grand projet sociétal d'altruisme généralisé ; c'est parce qu'il espère tirer profit de son activité. Ce faisant, il participe à l'intérêt général, car il permet à ses clients de dormir plus tard, de profiter de pains de bonne qualité ; bref, d'utiliser leur temps à des activités qui leur sont plus utiles. Adam Smith écrit ainsi[1]:
« Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière et du boulanger, que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu’ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme. »
Bernard Mandeville, quant à lui, exploitait dès avant la même idée dans sa Fable des abeilles : les vices privés sont la source des bienfaits publics. La ruche est prospère tant que les abeilles sont mues par l'amour des biens matériels et du luxe en particulier. Dès que les abeilles deviennent sages, économes, bref, vertueuses, leur économie périclite. Pour lui, ce n'est pas seulement l'a-moralité, mais l'immoralité qui est preuve de la richesse des peuples.
Métaphores de l'activité économique
La conception de l'intérêt général chez la plupart des étatistes s'appuie sur un ultime ressort : les intérêts humains seraient inconciliables, fluctuants, et ne permettraient pas de conduire à une société durable. Cette vision induit un vocabulaire guerrier des relations économiques. À l'instar de Frédéric Bastiat, les libéraux s'élèvent contre cette comparaison : l'échange volontaire et la division du travail conduisent à une spécialisation de chacun, une contribution aux biens disponibles pour tous, et à un progrès de l'humanité. Dans l'activité économique, chaque Homme travaille à augmenter la satisfaction d'autrui, les Hommes sont donc en collaboration, en association pour le bien de tous.
La concurrence, outil de la responsabilité et du perfectionnement, avatar du laissez-faire, permet donc d'œuvrer au bien de tous. À chaque instant, la concurrence incarne l'intérêt général des Hommes, du plus grand nombre d'Hommes, en opposition avec les particularismes et les corporatismes que l'État tente de préserver par la coercition. À terme, la concurrence est encore plus : elle est l'intérêt universel des Hommes. Les libéraux ne disent rien de plus.
L'intérêt général du point de vue libéral
L'intérêt général n'est pas autre chose, pour les libéraux et les libertariens, que le respect du droit de chacun. Comment cela est-il réalisé en pratique ? Par un État minimal, voire ultra-minimal, ou même par aucun État du tout, les fonctions de sécurité et de justice étant assumées par des entreprises privées (anarcho-capitalisme).
Les politiciens interventionnistes, appuyés en cela par le droit public, ont une définition beaucoup plus lâche et beaucoup moins stricte de l'intérêt général, qu'ils prennent pourtant comme prétexte constant de leur action, et qui leur permet d'attenter impunément à la liberté et à la propriété d'autrui. Il est pourtant aisé de montrer que ce qu'ils présentent comme « intérêt général » n'est en fait, presque toujours, qu'un intérêt particulier, ou l'intérêt d'une partie de la population seulement :
- le protectionnisme justifié par l'intérêt général du pays : ce n'est en réalité que l'intérêt de certaines entreprises, qui voient ainsi baisser la concurrence, ce n'est pas l'intérêt des consommateurs, qui vont payer plus cher les produits, et auront moins de choix.
- la construction d'un ouvrage public est toujours justifiée par l'intérêt général : on oublie ceux qui seront expropriés, ceux qui n'utiliseront jamais cet ouvrage, ceux qui auraient préféré que l'environnement reste intact, etc.
- certaines mesures de « santé publique » peuvent paraître d'intérêt général, mais soit elles relèvent d'un certain paternalisme infantilisant (recommandations sur l'alimentation, l'hygiène, etc.), soit elles pourraient tout aussi bien être gérées par une autorité indépendante non étatique, ou par les médecins au niveau local (risques épidémiologiques, vaccinations).
L'École du Choix Public explique la politique à l'aide des outils développés par la microéconomie : les hommes politiques et fonctionnaires se comportent de la même façon que les consommateurs et producteurs de la théorie économique, à la différence que l'argent en jeu n'est pas le leur. La motivation principale du personnel politique est ainsi de maximiser son propre intérêt plutôt que de rechercher un indéfinissable intérêt collectif.
Citations
- « Il semble que la Bonté infinie, qui a répandu ses biens sur la Terre, ait choisi l'avide producteur pour en opérer entre tous la distribution équitable; et certes c'est un merveilleux spectacle que celui de l'intérêt privé réalisant sans cesse ce qu'il évite toujours. L'homme, en tant que producteur, est attiré fatalement, nécessairement vers les grosses rémunérations, qu'il fait par cela même rentrer dans la règle. Il obéit à son intérêt propre, et qu'est-ce qu'il rencontre sans le savoir, sans le vouloir, sans le chercher ? L'intérêt général. » (Frédéric Bastiat, Harmonies économiques[2])
- « L'Homme devient un être social non pas en sacrifiant ses propres intérêts à un Moloch mythique appelé Société, mais en cherchant à améliorer son propre bien-être. » (Ludwig von Mises, L'Action humaine[3])
- « Il faut démystifier la notion d'intérêt général qui n'est bien souvent qu'un alibi cachant un phénomène d'exploitation du reste de la société par une caste privilégiée de fonctionnaires et bureaucrates. L'intérêt général n'existe pas. Ce qui existe c'est seulement l'idée que certains se font de ce qu'est à leurs yeux l'intérêt général. Celui-ci ne peut pas se définir a priori. » (Henri Lepage, Demain le capitalisme, 1978)
- « La première réalité à reconnaître est que la conscience individuelle de chaque personne est la seule source possible d'un intérêt à agir ou à recevoir, d'un désir ou d'une satisfaction, la seule en conséquence à pouvoir conférer une valeur aux actes et aux biens, et comme telle la seule source identifiable du droit applicable à la production et aux échanges. Cela veut dire qu'il n'y a pas de volonté générale, pas d'opinion publique, pas d'intérêt collectif, et pas non plus de service public, mais, toujours et partout, des individus concrets et singuliers ayant des intérêts et des opinions personnels ; tant il est vrai que l'action publique ne profite jamais, en dernière analyse, qu'à des personnes privées. » (François Lefebvre, Le Pouvoir d'entreprendre)
- « Depuis deux siècles, les Français n’ont cessé d’entretenir un rapport particulièrement équivoque à l’idée d’intérêt général. La haine du corporatisme et la dénonciation des intérêts particuliers, en tant qu’ils symbolisent en 1789 l’Ancien Régime, ont induit dans notre pays une conception abstraite de l’intérêt général. D’où l’impossibilité française de le penser comme un compromis entre des intérêts particuliers, sur le mode anglais ou allemand, ce qui explique pour une large part le fait que la société française ait raté son rendez-vous avec la social-démocratie comme avec le libéralisme pluraliste. » (Pierre Rosanvallon)
- « Ceux qui croient agir en fonction de l'intérêt général sont en réalité conduits à favoriser des intérêts particuliers. » (Milton Friedman, La Liberté du Choix)
- « Toute loi, prescription ou défense, édictée en vue du soi-disant intérêt de la masse au détriment des individus, est une duperie. Que l’individu se développe au contraire dans la plénitude de sa liberté, et la masse jouira d’un bonheur total fait de tous les bonheurs particuliers. » (Jules Verne, Les naufragés du Jonathan)
- « L'homme cherche à justifier son cannibalisme symbolique, sa tendance à faire de l'autre la victime offerte à sa propre image. En politique, on justifie ce sacrifice de l'individu par le sacro-saint « bien public ». » (Thomas Szasz)
- « Mais que m'importe le bien public ? Par là même qu'il est le bien public, il n'est pas mon bien, mais le suprême degré de l'abnégation. Je puis avoir le ventre vide pendant que le bien public festoie, l'État illumine peut-être tandis que je crève de faim. » (Max Stirner)
- « L’État est le plus beau type de l’égoïsme individuel, et ce serait un leurre de croire, en nos temps où le gouvernement se proclame émané du peuple, que les deux volontés populaire et gouvernementale soient coïncidantes. Il est manifeste que l’État a une volonté distincte, absolument propre et d’autant plus puissante qu’elle est plus individuelle ; car si elle n’était que la moyenne des volontés individuelles, elle serait quelque chose d’indéterminé, d’essentiellement fluctuant, indécis, et qui aboutirait à l’immobilité. Il a une volonté d’individu, parce que, derrière le concept État, il y a effectivement des oligarques en nombre déterminé qui lui donnent sa vie réelle. » (Henri Lasvignes, Max Stirner)
- « L'intérêt général, c'est que personne ne vole personne. Il n'y en a pas d'autre. » (François Guillaumat)
- « Le concept de « bien commun » n’est pas une baguette magique qui efface les questions d’auto-détermination, de relation de pouvoir, ou le despotisme de la majorité. Ce n’est pas non plus un solvant universel contre les problèmes réels de rareté. Travailler au « bien commun » demande en pratique bien plus de sensibilité pour gérer les limites et le respect de l’autonomie de chaque individu. Si vous ne parvenez pas à trouver la façon de maximiser ensemble l’utilité individuelle et collaborative, votre « bien commun » ne fonctionnera pas et volera très vite en éclats. » (Eric Raymond, Économie collaborative : Pourquoi Jeremy Rifkin se plante sur toute la ligne, 17/04/2015)
- « À proprement parler, ce qui est d'intérêt général, et qui constitue en même temps l'intérêt général, n'est pas le marché, mais le Droit. Le Droit engendre la justice (la société juste est celle où le Droit est partout respecté). Le marché n'est qu'un mode d'interaction des individus entre eux et la nature, conformément au Droit. (D'autres interactions, conformes au Droit, mais extérieures au marché, sont l'amour, l'amitié, la contemplation de la nature, etc.) » (Christian Michel)
- « Le « bien commun » de la collectivité en tant que race, que classe ou qu’État fut le but avoué, et la justification de toutes les tyrannies qui furent imposées à l’Homme. Les pires horreurs furent accomplies au nom de l’altruisme. Est-il possible que n’importe quel acte accompli par égoïsme ait jamais atteint aux carnages perpétrés au nom de l’altruisme ? La faute en est-elle à l’hypocrisie ou aux principes faux qu’on a inculqués aux Hommes ? » (Ayn Rand, La Source vive, discours de Howard Roark)
- « Celui qui brûle de l’ambition d’être édile, tribun, préteur, consul, dictateur, crie qu’il aime la patrie, et il n’aime que lui-même. Chacun veut être sûr de pouvoir coucher chez soi, sans qu’un autre homme s’arroge le pouvoir de l’envoyer coucher ailleurs. Chacun veut être sûr de sa fortune et de sa vie. Tous formant ainsi le même souhait, il se trouve que l’intérêt particulier devient l’intérêt général : on fait des vœux pour la république, quand on n’en fait que pour soi-même. » (Voltaire, Dictionnaire Philosophique, art. Patrie, section III)
Notes et références
- ↑ Adam Smith, De la richesse des nations, t. 1, chap. 2, livre premier, [lire en ligne]
- ↑ Frédéric Bastiat, Harmonies économiques, chapitre X: concurrence, [lire en ligne]
- ↑ Ludwig von Mises, L'Action humaine, 2e partie, chap.8, [lire en ligne]
Bibliographie
- 1962, Brian M. Barry, The Use and Abuse of the Public Interest, In Nomos V, The Public Interest, ed. Carl J. Friedrich (New York: Aldine-Atherton)
- 2007, Alex Robson, “A ‘Public Good’ Is Not Just Something Which Is ‘Good for the Public'", Institute of Public Affairs Review, July, pp39—40
- Repris en 2010, "Access to Clean Water Is Not a Human Right", In: Lauri S. Friedman, dir., "Human Rights", Detroit : Greenhaven Press, pp28-33
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