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Racisme
Le racisme est un phénomène qui peut désigner :
- un ensemble de théories ou idéologie fondée sur des critères raciaux, comme par exemple le nazisme, aboutissant dans un racisme d'extermination
- un fait observable, un comportement d'hostilité, de violence ou de profonde antipathie à l'égard d'une ethnie différente.
D'une façon générale, le racisme peut être caractérisé comme un ensemble d'attitudes comportementales, verbales ou physiques, basées sur une perception négative et une différenciation hostile sur les caractéristiques physiques ou apparentes d'une catégorie de personnes appartenant à un certain groupe ethnique.

Cadre conceptuel

La notion de race n'est pas facile à cerner, elle peut même être pourvue d'une certaine ambiguïté. En effet, l'usage du mot génère des positions différentes au point qu'il est difficile d'établir une définition définitive et sans équivoques. Le même type de difficultés est apparu avec le mot « espèce ». Nous sommes donc face à une définition à géométrie variable.
Selon une certaine optique, parler de races est un peu comme parler de classes, de classifications, étiquetages et hiérarchisations. C'est ainsi sans doute que le terme est apparu scientifiquement. Nous avons là un élément classificatoire de la nature humaine et l'existence de différentes couleurs de peau ou de cheveux. Notons que la classification de la nature humaine peut aussi être faite entre peuples, populations, ethnies ou cultures. Nous notons encore qu'en classant ce sont des particularités qui apparaissent, de ces mêmes particularités naissent aussi des particularismes. Nous pouvons à ce stade affirmer que le racisme est un particularisme.

La question raciale d'un point de vue libéral
Une des questions soulevées par le phénomène raciste est savoir où se situent exactement les limites : tenir des propos racistes, ou basés sur des préjugés raciaux, est-ce juste décrire ou constater un groupe ethnique, ou alors les paroles dépassent le simple verbiage implicite au point que la parole est déjà l'expression d'un accomplissement d'une action ? Peut alors se présenter deux cas de figure :
- Le langage est innocent et ne fait aucun mal, il est dit neutre.
- Le langage est mobilisateur, il correspond à une prise de position, il est un acte non seulement descriptif mais a aussi comme fonction de produire des actions, c'est une activité explicite.
Suivant ces deux cas de figure, affirmer la supériorité ou l'infériorité d'une race est un acte de communication, et suivant le fait qu'il existe un émetteur et un récepteur, il existe une correspondance entre ce qui est dit et ce qui est fait. Autrement l'acte de communication n'aurait aucune utilité, effet ou motif. Dans le contexte du racisme il paraît donc difficile d'affirmer que le langage soit une activité complètement neutre.
Le racisme est assurément condamnable du point de vue de l'éthique, même s'il est nécessaire de savoir opérer à des distinctions, d'éviter de voir du racisme partout en faisant de l'antiracisme une solution simplifiée de lutte contre toutes les discriminations.
Du point de vue du droit, le sujet est délicat et difficile à traiter si celui-ci reste uniquement focalisé sur l'appréciation des préjudices moraux subis par l'effet cumulatif de jugements dévalorisants ou dégradants. Toutefois il est plus facile à traiter dans la mesure où le racisme se traduit en actes violents qui lèsent autrui dans sa personne ou dans sa propriété. En effet, d'un point de vue juridique, obtenir un matériau complet d’enquête afin d'apporter des preuves n'est pas toujours chose aisée.
D'un point de vue social, criminaliser l'expression du dit « racisme ordinaire » revient à vouloir établir une sorte de police de la pensée morale, ce qui implique des restrictions contre la liberté d'expression. Mais il est presque tout aussi certain que l'idéal de liberté d'expression soit fortement compromis dans un monde de conflit permanent d'opinions sans qu'un critère de vérité vienne mettre un terme à ce conflit. En effet, si la condition de liberté des opinions repose sur la vacuité ou une boucle incessante d'opinions inconsistantes, laissant place à un monde de vaines et futiles opinions où tout n'est qu'apparences, la valeur même de la recherche d'une connaissance valable perd tout son intérêt légitime. De cette manière, sans l'étalon d'un critère de vérité, mais toujours au nom de la liberté d'expression, n'importe quel discours justifiant la mise en place d'un génocide de masse ne trouverait aucun obstacle auprès d'un vaste auditoire prêt à l'action.

Les lois anti-racistes, réprimant et sanctionnant les délits à caractère raciste, tout comme les lois imposées par l'Etat de dédommagement des victimes de « racisme », comme par exemple la discrimination « positive », peuvent violer les droits légitimes des personnes. Seul un comportement non conforme à l'axiome de non-agression est illégitime et donc punissable.
Dans une société libérale, une opinion raciste ne serait donc pas poursuivie judiciairement, non parce qu'il ne s'y trouverait aucun raciste (ce qui est impossible), mais parce que le délit d'opinion n'y existerait tout simplement pas. Reste que, sur le plan des principes, le racisme est profondément incompatible avec l'universalisme libéral. En effet, une telle opinion pèche par holisme et collectivisme ethnique, ce qui la situe aux antipodes de l'individualisme que défend le libéralisme.
Au final, si les libéraux se refusent à en appeler à une condamnation pénale des idées racistes, qu'elles soient exprimées oralement ou par écrit, ils s'y opposent moralement tout en refusant leur prohibition. À la censure politique, ils préfèrent par conséquent la libre expression des opinions, fussent-elles les plus contraires à leurs principes.
Racisme inversé : la haine de sa propre race
La pertinence de cette section est remise en cause. (25/02/2021) Considérez le contenu de cet article avec précaution. Discutez-en ou améliorez-le !
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La culpabilisation de soi-même, ou de sa propre "race", est une forme de racisme qui résulte de la haine de soi-même, conjuguée paradoxalement à une forme de sentiment de supériorité plus ou moins conscient. Le prétexte le plus souvent invoqué est l'antiracisme : pour défendre les autres "races", on commence par abaisser la sienne, ce qui est une façon pathologique d'affirmer sa supériorité.
La notion de privilège en sciences sociales (et notamment celle de "privilège blanc"), avancée par les "guerriers de la justice sociale" ("check your privilege"), relève du même type de racisme : on aurait, de par sa naissance ou son statut social, certains privilèges par rapport à d'autres catégories sociales. Selon cette théorie, les "privilégiés" n'ont pas forcément l'intention de nuire aux "non privilégiés", mais ils le font quand même parce qu'ils ne sont pas conscients de leur « privilège » : ce sont donc des racistes qui s'ignorent. Ce point de vue, loin de toute isonomie, prétendant combattre un "racisme systémique", cherche à instaurer des discriminations des personnes selon leur classe sociale, leur âge, leur état de santé, leur catégorie raciale ou ethnique, leur sexe, leur orientation sexuelle, leur religion, etc.[1]
Ce racisme inversé aboutit à des inégalités de traitement. Par exemple, les fautes des Occidentaux sont estimées impardonnables, alors que celles des non-Occidentaux sont vénielles, le sous-entendu étant que ces derniers sont tellement inférieurs aux Occidentaux qu'on ne peut exiger d'eux le même niveau de moralité (ou bien, étant donnée leur infériorité manifeste, il faut rétablir une sorte de justice en leur faveur en leur donnant un "contre-privilège"). Cela explique de nombreux jugements injustes en Occident : le criminel non-Occidental est pardonné quelle que soit la gravité de ses crimes, alors qu'une "faute" légère d'un Occidental (concernant l'écologie, la liberté d'expression, la discrimination, etc.) est sévèrement sanctionnée. Une bavure policière commise sur un individu considéré comme appartenant à une minorité ethnique ou raciale soulève l'indignation et mène parfois à de larges émeutes ; une bavure commise sur une autre personne ne rencontre que la plus grande indifférence. L'esclavage est imputé aux seuls Occidentaux (alors qu'il existait largement en Afrique et dans les pays arabes avant leur arrivée). Les Occidentaux contemporains sont également rendus responsables du colonialisme, qui était l'affaire des siècles passés (et d'un très petit nombre de "colonialistes") et ne concerne plus du tout les générations actuelles.
Ce type de discrimination repose aussi bien sur la haine de soi-même d'une partie de la population que sur le racisme ordinaire de prétendus "opprimés" qui cherchent ainsi à prendre une revanche sur les autres. Nietzsche explique que, par une sorte de loi du plus faible, ceux qui s'estiment opprimés transforment leur ressentiment en une volonté de puissance qui peut mener à une forme de racisme inversé :
- Les déshérités, les décadents de toute espèce sont en révolte contre leur condition et ont besoin de victimes pour ne pas éteindre, sur eux-mêmes, leur soif de destruction (ce qui en soi, pourrait paraître raisonnable). Mais il leur faut une apparence de droit, c'est-à-dire une théorie qui leur permette de se décharger du poids de leur existence, du fait qu'ils sont conformés de telle sorte, sur un bouc émissaire quelconque. Ce bouc émissaire peut être Dieu — il ne manque pas en Russie de pareils athées par ressentiment —, ou l'ordre social, ou l'éducation et l'instruction, ou les Juifs, ou les gens nobles, ou bien, en général, tous ceux qui ont réussi de quelque façon que ce soit. « C'est un crime d'être né sous des conditions favorables : car de la sorte on a déshérité les autres, on les a mis à l'écart, condamnés au vice et même au travail. »
Le racisme d'autoculpabilité, comme le racisme "classique", relève du collectivisme : on endosse volontairement les présumées "fautes" de ses ancêtres ou de ceux qui appartiennent à la même "race" que nous.
Bibliographie
- 1981, Anne Wortham, The Other Side of Racism: A Philosophical Study of Black Race Consciousness, Ohio State University Press
- 1982, George Reisman, Capitalism: The Cure for Racism, The Intellectual Activist, Vol. 2, n°20, September 8
- 1987, Mark D. Hughes, Racial Discrimination vs. the Free Market, The Free Market, Juillet, pp8, 6
- 1989, Jennifer Roback, Racism and Rent Seeking, Economic Inquiry, Vol 27, n°4
- 2008, Clint Bolick, "Racism", In: Ronald Hamowy, dir., "The Encyclopedia of Libertarianism", Cato Institute - Sage Publications, pp411-412
Citations
« Les vices ne sont pas des crimes : comme toutes sortes d'autres raisons d'en commettre, le vice peut inspirer le crime, mais il ne le constitue pas : il n'y a crime que s'il y a violation du Droit légitime de quelqu'un. »
— François Guillaumat
« Lorsqu'un crime ou un délit raciste est commis, ce n'est pas son racisme qui en fait un crime ou un délit. C'est le crime qui fait le crime et non le motif du crime, ni la race de la victime, et pas davantage l'arme du crime. »
— François Guillaumat
« Il faut supprimer le délit de racisme, tout simplement parce qu'on ne peut pas punir quelqu'un pour ce qu'il a dans la tête. Chacun d'entre nous doit avoir le droit de penser du mal de son voisin – donc de ceux qui sont plus éloignés – et de le dire, les seules limites étant données par les convenances sociales. Toute attitude raciste me paraît insupportable et stupide, mais je ne me reconnais pas le droit de la punir. Plus généralement, toute attitude qui consiste à évaluer une personne humaine à partir de son appartenance à une catégorie arbitrairement définie me paraît insupportable et stupide, mais je ne me reconnais pas d'autre droit que celui de faire des efforts de persuasion. »
— Pascal Salin, Libéralisme, 2000
« Ceux en particulier qui depuis des décennies, ont admis l'incitation à la haine de classe et à la discrimination contre les riches n'auront pas à s'étonner si l'origine ethnique devient à son tour un prétexte à des politiques de discrimination. Il n'y a pas de différence, en morale ni en Droit, entre la discrimination politique contre les riches et celle qui frappait les juifs. Le nazisme est d'abord un socialisme. »
— François Guillaumat
« Les vices sont les actes par lesquels un homme nuit à sa propre personne ou à ses biens. Les crimes sont les actes par lesquels un homme nuit à la personne ou aux biens d’autrui. Les vices sont simplement les erreurs que commet un homme dans la recherche de son bonheur personnel. Contrairement aux crimes, ils n’impliquent aucune intention criminelle envers autrui, ni aucune atteinte à sa personne ou à ses biens. »
— Lysander Spooner
« Le racisme est la forme la plus abjecte et la plus brutalement primitive du collectivisme. Le racisme reconnaît un groupe et attribue ses vertus ou ses défauts, sa supériorité ou son infériorité à son origine raciale. Or il n'y a que des esprits individuels et des réalisations individuelles. [...] Le racisme est porté par le collectivisme et son corollaire l'étatisme. Son seul antidote est la philosophie individualiste et son corollaire le capitalisme de laissez-faire. »
— Ayn Rand
« Le racisme n'est pas un problème légal mais un problème moral et ne peut être combattu que par des moyens privés, tels que le boycott économique ou l'ostracisme social. »
— Ayn Rand
« Le racisme n'est qu'une forme détestable de collectivisme, une mentalité qui ne voit les êtres humains que comme les membres d'un groupe plutôt que comme des individus. Les racistes croient que sont semblables tous les individus qui partagent de superficielles caractéristiques physiques ; en tant que collectivistes, ils ne pensent qu'en termes de groupes. »
— Ron Paul
« Les classes et les races trop faibles pour maîtriser les nouvelles conditions de vie doivent laisser le champ libre. (...) [Elles doivent] périr dans l’holocauste révolutionnaire. »
— Karl Marx, Journal
« Je vous défie de soutenir jusqu'au bout votre thèse qui repose sur l'égalité, la liberté, l'indépendance des races inférieures. Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis à vis des races inférieures. »
— Jules Ferry, Débats parlementaires du 28 juillet 1885
« La notion de race a un immense avantage pour les nations subalternes ou décadentes qui trouvent en elle un remède grossier mais efficace au sentiment d’infériorité qui les ronge. La supériorité d’une race ne se mesure pas, en effet, aux services rendus, elle est indépendante du jugement motivé de l’histoire. Pour l’établir, il suffit de prouver qu’elle s’est conservée intacte, fût-ce dans la médiocrité, qu’importe ? Eût-elle vécu des siècles sous la plus humiliante sujétion, on se contentera de dire qu’elle a été opprimée injustement, que des peuples artificieux, qui ne la valaient pas, ont abusé de sa robuste simplicité, de sa vigoureuse innocence, comme Ulysse fit de Polyphème ou Dalila de Samson. Car les mystiques de la race ont toujours marqué un grand dédain pour l’Esprit. La mystique complémentaire de la mystique de la Race est celle de l’Instinct. »
— Georges Bernanos, Race contre nation
« Il y a beaucoup de travail pour les antiracistes, s'ils veulent bien enlever leurs lunettes idéologiques pour regarder la réalité en face, et cesser de travailler au profit des racistes (...). Veulent-ils intégrer les immigrés en maîtrisant l'immigration, ou bien (ce qui est sûrement le rêve des adeptes du "fusionnement" léniniste) ouvrir les frontières au tiers-monde, c'est-à-dire démolir notre civilisation "bourgeoise"? Elle est déjà menacée. Trois composants forment un mélange explosif. D'abord, le comportement incivique ou criminel de certains immigrés. Puis le comportement démagogique des antiracistes-idéologues qui ne grondent pas les coupables, mais injurient les victimes, calomnient et gênent l'action nécessaire de la police, empêchent la solution démocratique des problèmes, engendrés par l'immigration massive du tiers-monde. Ensuite, c'est le désespoir de la population devant la surdité, la lâcheté des pouvoirs, terrorisés par les idéologues et incapables de neutraliser les bourreaux de la cité. »
— Jacob Sher, Comment stopper les racistes, réflexions d'un ex-immigré, 1997
« "Les races supérieures ont sur les races inférieures un droit qu'elles exercent, ce droit, par une transformation particulière, est en même temps un devoir de civilisation". Voilà en propres termes la thèse de M. Ferry, et l'on voit le gouvernement français exerçant son droit sur les races inférieures en allant guerroyer contre elles et les convertissant de force aux bienfaits de la civilisation. Races supérieures ? races inférieures, c'est bientôt dit ! Pour ma part, j'en rabats singulièrement depuis que j'ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande parce que le Français est d'une race inférieure à l'Allemand. Depuis ce temps, je l'avoue, j'y regarde à deux fois avant de me retourner vers un homme et vers une civilisation, et de prononcer : homme ou civilisation inférieurs. »
— Georges Clemenceau, La colonisation est-elle un devoir de civilisation ?, Discours à la Chambre des députés, 31 juillet 1885
Notes et références
- ↑ Voir ici une parodie qui caricature cette pratique : Modern Educayshun.
Voir aussi
- Antisémitisme
- Génocide
- Eugénisme
- Darwinisme social
- Immigration
- Victimologie
- Ostracisme
- Discrimination positive
- Brutalisme
- Islamophobie
Liens externes
- (fr)Le racisme comme leurre de la démocratie sociale par François Guillaumat
- (fr)Peut-on être raciste et libéral ?
- (fr)La fabrique européenne de la race, dossier de la revue d'histoire critique Cahiers d'histoire.
- (fr)
[pdf]Le Mythe aryen : Essai sur les sources du racisme et des nationalismes, Léon Poliakov
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