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Roy A. Childs Jr.

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Roy A. Childs Jr.
Essayiste

Dates 1949 - 1992
Roy A. Childs, Jr.
Tendance Anarcho-capitaliste
Nationalité États-Unis États-Unis
Articles internes Autres articles sur Roy A. Childs Jr.

Citation
Interwikis sur Roy A. Childs Jr.

Roy A. Childs, Jr., né le 4 janvier 1949 à Buffalo, dans l’État de New York et décédé le 22 mai 1992[1], était un conférencier et auteur libertarien américain.

Biographie

Roy Childs devint libertarien à l’adolescence grâce à la lecture d'ouvrages d'Ayn Rand[2], de Ludwig von Mises[3], de Rose Wilder Lane[4] et de la campagne politique de Barry Goldwater en 1964. Il obtient son diplôme universitaire en 1966. Il désire continuer ses études mais hésite entre le SUNY à Buffalo et l'enseignement prodigué par Robert LeFevre avec son concept de Freedom School. En 1967, son choix fut fait en obtenant une bourse complète pour les cours de Robert LeFevre.

Il fut une des figures marquantes du mouvement libertarien américain dès les années soixante et jusqu’à sa mort en 1992, ainsi qu'un ami personnel de la plupart de ses représentants les plus connus (Murray Rothbard, Nathaniel Branden, etc.). Au printemps de 1969, il est devenu le membre fondateur et secrétaire du Radical Libertarian Alliance, la première organisation libertarienne du territoire américain dont le coordinateur national n'était autre que Karl Hess et le trésorier, Walter Block. Il prononce un discours très remarqué lors de la convention de la Society for Individual Liberty qui s'est tenue le 15 et 16 novembre 1969 à l'université de Pennsylvanie. Son allocution intitulée « Big Business and the rise of American Statism » fut publiée et republiée plusieurs fois, tant elle marque une rupture entre le mouvement libertarien et le mouvement conservateur. Au printemps de 1970, il déménagea à Silver Spring, dans le Maryland, pour devenir rédacteur en chef associé de la revue The Individualist. Puis de 1972 à 1974, Robert Kephart l'engage pour devenir le rédacteur en chef de la newletter Books for Libertarians. Après avoir été rédacteur en chef du Libertarian Review, il a travaillé comme chercheur pour le Cato Institute et ensuite pour le Laissez Faire Books en qualité de critique.

En 1974, il obtient un prix de la Société du Mont-Pèlerin suite à la présentation de son article : « The Defense of Capitalism in our time » (la défense du capitalisme à notre époque) et récompensé par le jury composé de Arthur Shenfield, Benjamin Rogge et Henry Manne.

Roy Childs fut membre et candidat du Libertarian Party aux élections au Congrès de 1980.

Malheureusement, s’il a été un conférencier très actif, cet essayiste pénétrant a assez peu écrit. Il annonça la sortie de son livre en 1975 mais celui-ci ne fut jamais écrit. Ses articles les plus connus sont « An Open Letter to Ayn Rand » (1969), une critique anarchiste[5] de l'objectivisme d'Ayn Rand. Ce courrier qu'il envoya le 4 juillet 1969, jour symbolique de la fête nationale aux États-Unis, avec en copie Nathaniel Branden, Leonard Peikoff, Robert Hessen et Murray Rothbard. En rassemblant ses écrits pour en faire un ouvrage posthume, Joan Kennedy Taylor a retrouvé parmi les affaires de Roy Childs un fragment de document de trois pages qui n'avait jamais été publié auparavant, et dont nul ne sait la date précise où il a été écrit. La directrice de collection de ce livre prit l'initiative d'insérer ces feuillets, intitulés « illusions anarchistes » sans être certaine que Roy Childs estimait que son texte était abouti, définitif et devait être publié. Quoiqu'il en soit, si Roy Childs prend plus de distance avec l’anarchisme à la fin de sa vie, c'est moins pour des raisons philosophiques que pour des questions d'application politique. En 1977, il se fait remarquer aussi par une réfutation des thèses de Anarchie, État et Utopie du philosophe américain Robert Nozick, dans un article, « The Invisible Hand Strikes Back » paru dans la revue The Journal of Libertarian Studies.

La quête d’un fondement philosophique pour le libertarianisme

Roy Childs voit dans les idéologies d’Ayn Rand et de Murray Rothbard l’aboutissement de la philosophie des Lumières, celle qui avait nourri l’esprit de la Révolution américaine. Pour lui, l’Objectivisme présenté par Nathaniel Branden[6] constitue un cadre nécessaire, bien que non suffisant, au développement du libertarianisme. Autrement dit, il ne s’agit pas d’une adhésion inconditionnelle, mais de la reconnaissance d’une base rationnelle et morale sur laquelle fonder la défense du capitalisme et de la liberté individuelle.

Cette insistance sur la dimension morale est centrale. Childs reproche aux grands économistes libéraux comme Ludwig von Mises et Milton Friedman de défendre le capitalisme avant tout pour son efficacité, sans le présenter comme un système juste. Or, à ses yeux, il ne suffit pas de vanter la supériorité économique du marché : il faut montrer en quoi il repose sur des principes de justice. Sur ce point, il rejoint Ayn Rand, qui faisait de la rationalité et de la justice les véritables piliers du capitalisme.

Childs insiste également sur la force de l’éthique objectiviste, qui ne s’appuie ni sur la religion ni sur le relativisme nihiliste. Elle place la vie humaine comme valeur suprême : tout ce qui favorise la vie et le bonheur de l’individu est bon, tout ce qui les détruit est mauvais. On retrouve là une convergence profonde entre le libertarianisme, centré sur la liberté individuelle et le refus de la coercition, et l’Objectivisme, centré sur la rationalité, l’intérêt personnel bien compris et le rejet du sacrifice imposé.

Concernant le rôle de l’État, Childs note que Branden défend une conception objectiviste du gouvernement limité, inspirée du constitutionnalisme classique. Mais il juge cette position insuffisante, car elle ne prend pas en compte les critiques avancées par les anarchistes libertariens, auxquels il porte une grande attention. Cela laisse entendre qu’en dépit de son intérêt marqué pour l’Objectivisme, Roy Childs reste plus radical, penché vers une vision proche de l’anarcho-capitalisme.

Enfin, Childs perçoit dans l’Objectivisme une arme philosophique contre la crise de valeurs qui menace la civilisation occidentale. C’est, selon lui, un antidote au nihilisme, une défense morale du capitalisme, et une réponse à l’approche strictement technique et dénuée de sens moral des économistes « sans valeurs ». Pour le libertarianisme, un tel socle philosophique est indispensable s’il veut s’imposer culturellement et politiquement.

En conclusion, Roy Childs révèle que le libertarianisme ne peut se contenter d’une justification économique ou pragmatique. Il a besoin d’un fondement philosophique solide, que l’Objectivisme de Rand et Branden fournit en grande partie. Toutefois, Childs conserve une distance critique : conscient de ses limites, il se situe lui-même dans une perspective plus radicale, tendant vers l’anarcho-capitalisme.

La preuve de la charge est du côté des étatistes

Pour Roy Childs, l’anarchisme est d’abord une proposition méthodologiquement négative : il n’a rien de “positif” à prouver ; la charge de la preuve « est toujours du côté de l’avocat de l’État ». Autrement dit, on part par défaut de l'anarchisme et l’on exige des étatistes qu’ils démontrent la nécessité ou la légitimité d’un État ; si leurs raisons échouent, l’anarchisme est établi, comme l’athéisme qui n’a pas à démontrer l’inexistence d’un dieu mais seulement à montrer l’insuffisance des arguments en sa faveur. Childs formule explicitement ce principe dans Anarchism & Justice (1971), souvent cité ainsi : « the burden of proof is always on the advocate of a State » et « we must start out as anarchists, and have the advocates of the State make out their case »[7].

Cette thèse s’inscrit dans l’itinéraire intellectuel où Childs soutient que l’Objectivisme cohérent mène à l’anarchisme, position développée dès sa lettre ouverte à Ayn Rand, « Objectivism and the State » (1969), et reconnue par les synthèses académiques sur le libertarianisme.

Informations complémentaires

Notes et références

  1. Roy Childs est décédé à Miami à l’âge de 43 ans, après avoir souffert de nombreuses années de problèmes de santé liés à son obésité.
  2. Il fut déçu par la lecture de The Fountainhead en 1965, qu'il déclara, de façon violente et provocante, avoir brûlé. Mais il apprécia par la suite Anthem et Atlas Shrugged.
  3. Il déclara avoir été séduit par L'action Humaine de Ludwig von Mises, le jour de Noël de ses 17 ans.
  4. L'ouvrage, Discovery of Freedom de Rose Wilder Lane, lui fit comprendre qu'il était libertarien.
  5. Roy Childs se considérait comme un anarchiste de libre marché tentant de convaincre les objectivistes par l'intermédiaire de leur leader intellectuel, Ayn Rand.
  6. Roy Childs, 1974, commentaire des enregistrements audios, "Basic Principles of Objectivism" de Nathaniel Branden, Books for Libertarians, Vol III, n°8, August
  7. "Introducing Anarchism & Justice, by Roy A. Childs, Jr., Part 5", le 16 octobre 2012, George H. Smith conclut la série en examinant l'évolution des opinions de Roy Childs sur l'anarchisme.

Publications

Pour une liste détaillée des œuvres de Roy Childs, voir Roy Childs (bibliographie)

Littérature secondaire

  • 1994,
    • Joan Kennedy Taylor, dir., « Liberty Against Power, Essays by Roy A. Childs, Jr. », Fox & Wilkes, San Francisco
    • Joan Kennedy Taylor, "Roy A. Childs: A biographical Sketch", In: Joan Kennedy Taylor, dir., « Liberty Against Power, Essays by Roy A. Childs, Jr. », Fox & Wilkes, San Francisco, ppxi-xviii
    • Thomas Szasz, Remembering Roy, In: Joan Kennedy Taylor, dir., « Liberty Against Power, Essays by Roy A. Childs, Jr. », Fox & Wilkes, San Francisco, ppix-x

Liens externes

Audios

Texte

Vidéos


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