Vous pouvez contribuer simplement à Wikibéral. Pour cela, demandez un compte à adminwiki@liberaux.org. N'hésitez pas !
La Fayette
La Fayette | |||||
homme politique | |||||
---|---|---|---|---|---|
Dates | 1757-1834 | ||||
Tendance | libéral classique | ||||
Nationalité | France | ||||
Articles internes | Autres articles sur La Fayette | ||||
Citation | « Tout gouvernement a pour unique but le bien commun. Cet intérêt exige que les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires, soient distincts et définis, et que leur organisation assure la représentation libre des citoyens, la responsabilité des agents et l'impartialité des juges. » | ||||
Interwikis sur La Fayette | |||||
Marie Joseph Paul Yves Roch Gilbert du Motier, marquis de La Fayette né le 6 septembre 1757 au château de Chavaniac en Auvergne et décédé à Paris le 20 mai 1834, est un général et homme politique français qui a incarné l'idée de liberté aux États-Unis et en France pendant près d'un demi-siècle.
Le héros des Deux Mondes
Il est issu d'une famille noble et choisit de suivre, comme son père (tué à la bataille de Minden en 1759), une carrière militaire. Orphelin à l'âge de treize ans, il fait ses études au collège Louis le Grand. En 1774, à 16 ans, il épouse Marie Adrienne Francoise de Noailles, fille du duc d'Ayen, futur duc de Noailles.
Les premières nouvelles de l'insurrection américaine parviennent en Europe en 1775. La Fayette, alors capitaine de cavalerie, embrasse avec ardeur une cause qui flatte si vivement son patriotisme et son goût pour la liberté. Le jeune capitaine des dragons a 19 ans lorsque les colonies britanniques d'Amérique déclarent leur indépendance. Déjà sensibilisé à cette cause par Benjamin Franklin, arrivé à Paris le 20 décembre 1776, l'engagement de La Fayette a déjà été accompli avec Silas Deane. C'est le comte de Broglie, ancien chef du cabinet secret du roi Louis XV, qui l'a sensibilisé à la cause américaine, quand il fut, dix huit mois plus tôt, sous ses ordres, à Metz.
Il ne songe plus, selon son expression, qu'à joindre ses drapeaux.[1]
Il se rend à Paris, confie son projet à deux amis, le comte de Ségur et le vicomte de Noailles, qui décident de l'accompagner. Le comte de Broglie, qu'il en instruit également, tente de le détourner de son dessein[2]. Il met pourtant La Fayette en relation avec l'ancien agent [en 1768, soit près de dix ans plus tôt] de Choiseul au Canada, le baron de Kalb, qui deviendra son ami. Celui-ci le présente à Silas Deane, qui, le trouvant trop jeune, tente de le dissuader de mener à bien son projet.
Le 20 avril 1777, le marquis de Lafayette, âgé d'à peine 20 ans, embarque en semi-clandestinité, dans le port espagnol de Pasajes, sur La Victoria pour soutenir la Guerre d'Indépendance des États-Unis contre l'ennemi commun : l'Angleterre, et venir en aide aux insurgés. Gagné à la cause de la jeune nation américaine par son ami Benjamin Franklin, Lafayette s'était pris d'une affection quasi filiale pour le général Washington et il devient membre de son état-major. La franc-maçonnerie lie aussi fraternellement ces trois figures de l'Indépendance. « C'est à l'heure du danger que je souhaite partager votre fortune » lance-t-il alors aux insurgés.
Le 7 juin 1777, il écrit dans une lettre à sa femme :
- « Défenseur de cette liberté que j'idolâtre, libre moi-même plus que personne, en venant comme ami offrir mes services à cette république (des États-Unis) si intéressante, je n'y porte nul intérêt personnel. Le bonheur de l'Amérique est intimement lié au bonheur de toute l'humanité ; elle va devenir le respectable et sûr asile de la vertu, de l'honnêteté, de la tolérance, de l'égalité et d'une tranquille liberté. »
Nommé major général de l'Armée Américaine par résolution spéciale du Congrès, La Fayette participe ainsi à la guerre d'Indépendance, est blessé à Brandywine en septembre 1777 puis combat à la tête des troupes de Virginie et de nouveau en 1778 dans le New-Jersey et en Pennsylvanie. Entre temps, il rentre à Brest à bord de L'Alliance. George Washington le charge de convaincre le roi de France d'envoyer un corps expéditionnaire. La confiance absolue des deux hommes l'un envers l'autre, sera déterminante dans ce choix pour cette mission capitale sur les plans militaire, diplomatique et commercial.
La bataille de Yorktown le 19 octobre 1781, contre les anglais, à laquelle participe activement Lafayette, met fin à la guerre permettant l'accession à l'Indépendance des États-Unis.
A l'issue du combat il déclare: « Humanity has won its battle. Liberty now has a country. »
Le 17 juin 1782, La Fayette rentre en France en héros avec un peu de la terre américaine de Bunker Hill, avec laquelle sa tombe fut recouverte à sa mort le 20 mai 1834. Il est promu maréchal de camp (c'est-à-dire général).
Une figure de la Révolution
Les violences de 1788 ne l’effraient pas : il y voit le signe annonciateur de la diminution de l’autorité royale et il demande à plusieurs reprises la convocation des États Généraux. Porte-parole de l'aristocratie libérale, député de la noblesse d'Auvergne aux États généraux, membre de la Société des amis des Noirs et franc-maçon, il joue un rôle important et controversé dans les premières années de la Révolution française.
Le lendemain de la prise de la Bastille le 14 juillet 1789, il se fait nommer, contre l'avis du Roi, commandant de la Garde nationale chargée d'assurer l'ordre dans Paris. Il donne ordre de détruire la Bastille (15 juillet) et fit accepter la cocarde tricolore au roi (17 juillet) : il semble que La Fayette ait ajouté le blanc royal au bleu et au rouge, couleurs de Paris. Comme défenseur de l'ordre public, il essaye de faire coopérer la Royauté et la Révolution. Au sein de l'Assemblée nationale constituée à la suite du serment du Jeu de Paume, il rédige la première Déclaration des droits de l 'Homme, largement inspirée de la Déclaration américaine.
Le 5 octobre 1789, le peuple de Paris marche sur Versailles. Le lendemain, La Fayette, débordé, laisse envahir le château et massacrer les Gardes du Corps qui défendent l'appartement de la Reine. Intervenant courageusement, il sauve de justesse Marie-Antoinette et paraît avec elle au balcon de la chambre du Roi. Devenu le personnage le plus considérable de France, le « maire du palais », selon Mirabeau ou « Gilles César » selon d'autres connaît son apothéose lors de la fête de la Fédération le 14 juillet 1790. Il critique ceux qui ont choisi d’émigrer et souhaite « remonter le pouvoir exécutif » mais « dans le sens de la Révolution ». Il s’efforce en vain de s’imposer comme le chef du parti de la modération. La brutale répression qu’il organise à Nancy, le 31 août, pour punir une mutinerie, contribue à le déstabiliser.
Homme de peu de caractère, La Fayette subit plus les événements qu’il ne les dirige, essayant en vain de défendre la Révolution à la fois contre les aristocrates et contre les sans-culottes. L’homme a suscité peu d’éloges. « Idole médiocre » de la Révolution selon Michelet, Mirabeau épingle « l’imbécillité de son caractère, la timidité de son âme et les courtes dimensions de sa tête. Quand les Jacobins l’accusent de césarisme, Brissot rétorque que « Cromwell avait du caractère, mais La Fayette n’en a pas ». Madame de Staël la plus indulgente doit reconnaître son « amour de la popularité, la passion favorite de son âme ».
Obstinément attaché à la monarchie constitutionnelle, après la fuite à Varennes en 1791, il fait admettre, avec Barnave, Duport et les Lameth, la fiction de l’enlèvement. Mais après la fusillade du Champ de Mars, le divorce est consommé entre La Fayette et la gauche révolutionnaire. Desmoulins le dénonce comme un nouveau Charles IX. La séparation de la Constituante en septembre et l’abandon du commandement de la Garde nationale en octobre le laissent sans mandat. Marie-Antoinette, qui ne pouvait plus le souffrir, disait de lui : « Je sais bien que M. de La Fayette nous protège. Mais qui nous protègera de M. de La Fayette ? »
Désormais, louvoyant entre les factions révolutionnaires et monarchistes, La Fayette paraît suspect à tous. En décembre 1791, trois armées sont constituées sur le front est pour repousser les Autrichiens, et La Fayette est placé à la tête de l'armée du Centre puis de l'armée du Nord. Mais voyant que la vie du couple royal était, chaque jour, de plus en plus menacée, il s'oppose au parti Jacobin, avec l'intention d'utiliser son armée pour rétablir une monarchie constitutionnelle. Le 19 août 1792, il est déclaré traître à la nation, n’ayant pas été suivi par ses troupes. Obligé de se réfugier à Liège, il est capturé par les Prussiens puis les Autrichiens, en dépit des interventions de sa femme et des États-Unis. « Les Autrichiens lui rendirent le service essentiel de l’arrêter et par là, ils le réhabilitèrent » (Michelet). Sa libération est obtenue par Napoléon au traité de Campo-Formio en 1797. Le Directoire lui interdit cependant de rentrer en France. La Fayette se réfugie alors aux Pays-Bas. Il finit par rentrer en novembre 1799.
Un opposant libéral
A son retour, il est dans l'opposition à Napoléon qui, sans jamais l'avoir rencontré, lui est hostile et lui interdit de s'installer à Paris. Il s'installe à La Grange, en Seine-et-Marne, dans une propriété de sa femme. Finalement les deux hommes se rencontrent, par l'intermédiare de Lebrun, peu après la bataille de Marengo. La Fayette se lie d'amitié avec Joseph Bonaparte et dans un premier temps se voit accorder quelques faveurs. Il est rayé de la liste des émigrés, reçoit une retraite de 6 000 francs tandis que son fils, Georges-Washington devient officier dans un régiment de hussards. Cela n'empêche pas Napoléon de se méfier de celui qui, 10 ans plut tôt, était le véritable héros de la Révolution. Ainsi il interdit que le nom de La Fayette soit cité lors de l'éloge funèbre de George Washington aux Invalides le 8 février 1800. Quand à La Fayette il refuse, à plusieurs reprises, d'entrer au Sénat et ne cache pas son hostilité au régime. La rupture intervient en 1802 car La Fayette s'oppose au titre de consul à vie de Napoléon dans une lettre écrite le 20 mai. En 1804, il vote contre le titre d'Empereur.
Il se rallie aux Bourbons en 1814. Avec Fouché, il participe à la déchéance de l'Empereur. Élu député de Seine-et-Marne lors des Cent-Jours, il demande l'abdication de Napoléon.
Député de la Sarthe en octobre 1818, puis à nouveau de Seine et Marne en septembre 1819, il s'oppose résolument à la Restauration. Membre actif de l’opposition libérale, il entre dans la conspiration groupant des bonapartistes et les républicains de la société des Amis de la vérité qui voulaient s’emparer du pouvoir par un coup de force prévu pour le 19 août 1820 ; il participe également au premier complot de la charbonnerie en décembre 1820. Réélu député en novembre 1822, à Meaux, il est battu aux élections de 1823.
L'Amérique réclamait son jeune général, le compagnon légendaire de Washington. Durant les onze mois de son voyage (1824-1825) il reçoit un triomphe continuel, le peuple entier lui crie sa reconnaissance. Son séjour, qui dure un an et demi et l’amène dans 182 villes, se solde par des dons somptueux en terres (12 000 hectares en Floride!) et en argent -juste retour des choses pour un homme qui avait consacré une partie de sa vie et de sa fortune à la défense de la cause américaine. La cause des États-Unis et la cause de la liberté paraissaient alors indissociables.
Rentré en France, il est réélu député de Meaux en juin 1827 et en juillet 1830.
Le baiser républicain
Lors de la révolution dite des Trois Glorieuses, en 1830, retrouvant sa popularité de l'année 1789, il a ses propres partisans qui le poussent à jouer un rôle de premier plan. Mais, peut-être du fait de ses 73 ans, il se rallie lui-même à la cause orléaniste et soutient Louis-Philippe, à qui il donne la cocarde tricolore. Le baiser républicain donné par le vieux marquis sur le balcon de l'Hôtel de ville consacre la Monarchie de Juillet. Lafayette retrouve le commandement de la Garde nationale pour quelques mois. Louis-Philippe pour se débarrasser de lui, l’amène à démissionner de son commandement à la fin de décembre 1830. Déçu par ce qu’il avait salué comme « la meilleure des républiques » il se retire dans sa propriété de la Grange-Bléneau.
Odilon Barrot lui rend hommage lors de son inhumation en 1834 : « Je n'ai jamais rencontré un homme de plus de grandeur d'âme, unie à plus de bonté et de simplicité, une fois plus entière dans les droits du peuple, unie à un dévouement plus absolu, à un courage plus héroïque pour les faire triompher ; et si même on peut adresser un reproche à cette noble nature, c'est l'exagération de ses qualités. Soupçonnant difficilement dans autrui le mal qui n'était pas en lui, le général de La Fayette accordait trop facilement sa confiance et on en a souvent abusé. Emporté par le besoin de se dévouer, il était trop disposé à préférer les tentatives où il exposait sa vie, aux efforts patients et persévérants de la lutte légale. Lorsqu'il me disait que « le jour le plus heureux de sa vie serait celui où il monterait sur l'échafaud pour y confesser sa foi politique », il ne disait rien de forcé et ne faisait qu'exprimer un sentiment qui lui était naturel ; c'est que la liberté était une religion pour lui et que s'il avait la foi des martyrs, il en avait aussi la sublime résignation. Aucune vie d'homme dans nos temps modernes n'a offert une plus belle et plus parfaite unité. »
La Gloire posthume
La Fayette n’est pas un penseur, il a peu écrit, ses Mémoires sont une compilation sans ordre : sa seule œuvre est sa proposition de déclaration des droits inspirée du texte de Thomas Jefferson pour l’État de Virginie. Héritier d’un nom prestigieux, il a refusé l’avenir que la tradition et son milieu voulaient lui imposer. Parti en Amérique pour acquérir la gloire sur les champs de bataille, ce prestigieux rejeton de la noblesse française est devenu une figure centrale des idées libérales. Ce n'est qu'après sa mort (1834) que l'on prend conscience vraiment de la place éminente qu'il tenait dans la vie du pays. Il a des funérailles nationales et aux États-Unis, le deuil est porté pendant un mois pour honorer « la mort du dernier major général de la guerre d’Indépendance ». Depuis 1891, un square portant son nom à Washington, avec au centre sa statue équestre, devant la Maison Blanche.
Il a été élevé à titre posthume, en 2002, citoyen d'honneur des États-Unis d'Amérique, un privilège rare n'ayant été accordé qu'à quatre reprises dans l'Histoire américaine : l'ancien Premier ministre britannique Winston Churchill (1963); le diplomate suédois Raoul Wallenberg, qui aida à sauver des milliers de juifs de l'extermination par les nazis durant la Deuxième Guerre mondiale (1981); le philosophe quaker anglais William Penn, fondateur de la Pennsylvanie (1984); et enfin, Mère Thérésa, la bienfaitrice albanaise des bidonvilles de Calcutta (1997).
En quoi La Fayette est-il libéral ?
A la différence des volontaires français qui l'ont précédé aux États-Unis (qui s'apparentaient plus à des mercenaires), et de ceux qui l'ont succédé (des militaires qui honoraient une alliance scellée par le Roi), La Fayette et Kalb sont partis combattre dans l'armée américaine par idéalisme. Ils n'étaient mus que par le seul amour de la liberté, et c'est la raison pour laquelle non seulement ils sont partis dans la clandestinité, mais aussi ont financé leur expédition et parfois même les soldes des militaires sur leurs propres fonds.
Informations complémentaires
Citations
- « J’ai pu me tromper mais je n’ai jamais trompé personne. »
- « Aucun obstacle, aucun mécompte, aucun chagrin ne me détourne ou me ralentit dans le but unique de ma vie : le bien-être de tous, et la liberté partout. »
- « Il a fallu plus de quarante années pour qu'on reconnût dans M. de la Fayette des qualités qu'on s'était obstiné à lui refuser. A la tribune il s'expliquait facilement et du ton d'un homme de bonne compagnie. Aucune souillure ne s'est attachée à sa vie ; il était affable, obligeant, généreux. Sous l'Empire, il fut noble et vécut à part (…). Dans les commencements de la Révolution, il ne se mêla point aux égorgeurs ; il les combattit à main armée et voulu sauver Louis XVI. (…) M. de la Fayette sera éternellement la Garde nationale. (…) [Il] n'avait qu'une idée et, heureusement pour lui, elle était celle du siècle. » (Chateaubriand)
- In European history his place, though not among the foremost, is respectable ; in American history he is not only a very picturesque and interesting figure, but his services in our struggle for political independence were of substantial and considerable value. (Appleton's Cyclopedia American Biography).
Littérature secondaire
- 1929,
- Gilbert Chinard, dir., "The Letters of Lafayette and Jefferson", Baltimore: Johns Hopkins Press
- Brand Whitlock, "La Fayette", New York: D. Appleton, 2 vols
- 1969, Louis Cottschalk, Margaret Maddox, "Lafayette in the French Revolution", Chicago: University of Chicago Press
- 1973, Louis Cottschalk, Margaret Maddox, "Lafayette in the French Revolution: From the October Days Through the Federation", Chicago: University of Chicago Press
- 1975, Louis Gottschalk, "Lafayette in America", Arveyres, France: L’Esprit de Lafayette Society, 3 vols
- 1977, Stanley J. Idzerda, dir., "Lafayette in the Age of the American Revolution: Selected Letters and Papers, 1776—1790", Ithaca: Cornell University Press, 5 vols
- 1976, Louis Gottschalk, dir., "The Letters of Lafayette to Washington, 1777—1799", Philadelphia: American Philosophical Society
- 1989, Etienne Taillemite, "La Fayette", Fayard, ISBN 2213023409
- 1996, Lloyd Kramer, "Lafayette in Two Worlds: Public Culmres and Personal Identities in an Age of Revolutions", Chapel Hill: University of North Carolina Press
- 2006,
- René de la Croix, "La Fayette", Tallandier, ISBN 2847343024 préface de Jean-Pierre Bois
- Gonzague Saint-Bris, "La Fayette", SW-Télémaque, ISBN 2753300399
- 2007, Daniel Binaud, "L'épopée américaine de La Fayette : Washington me voici !", La Découvrance éditions, Collection : AMERIQUES, ISBN 284265515X
- 2009, Philippe Bourdin, "La Fayette, entre deux mondes", Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand, Collection Histoires croisées, ISBN 2845164130
La motion La Fayette (11 juillet 1789)
La nature a fait les hommes libres et égaux ; les distinctions nécessaires de l'ordre social ne sont fondées que sur l'utilité générale.
Tout homme naît avec des droits inaliénables et imprescriptibles ; telles sont la liberté de toutes ses opinions, le soin de son honneur et de sa vie ; le droit de propriété, la disposition entière de sa personne, de son industrie, de toutes ses facultés ; la communication de ses pensées par tous les moyens possibles, la recherche du bien-être et la résistance à l'oppression.
L'exercice des droits naturels n'a de bornes que celles qui en assurent la jouissance aux autres membres de la société.
Nul homme ne peut être soumis qu'à des lois consenties par lui ou ses représentants, antérieurement promulguées et appliquées.
Le principe de toute souveraineté réside dans la nation.
Nul corps, nul individu ne peut avoir une autorité qui n'en émane expressément.
Tout gouvernement a pour unique but le bien commun. Cet intérêt exige que les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires, soient distincts et définis, et que leur organisation assure la représentation libre des citoyens, la responsabilité des agents et l'impartialité des juges.
Les lois doivent être claires, précises, uniformes pour tous les citoyens.
Les subsides doivent être librement consentis et proportionnellement répartis.
Et comme l'introduction des abus et le droit des générations qui se succèdent nécessitent la révision de tout établissement humain, il doit être possible à la nation d'avoir, dans certains cas, une convocation extraordinaire de députés, dont le seul objet soit d'examiner et corriger, s'il est nécessaire, les vices de la constitution.
Notes et références
- ↑ Il est en garnison à Metz lorsqu'il est invité à un dîner que son commandant, le comte de Broglie [Variante : le comte Charles de Broglie n'a rien à voir avec un Choiseul. C'est même contre Choiseul alors quasi premier ministre que Louis XV avait monté son Secret du Roi], offre au duc de Gloucester, frère du roi d'Angleterre, de passage dans cette ville. Le dîner de Metz est du 8 août 1775, et, la conversation étant nécessairement tombée sur ce sujet, La Fayette presse le duc de questions pour se mettre au courant des faits, tout nouveaux pour lui, qui se passent en Amérique. Avant la fin du dîner sa résolution est prise et, à dater de ce moment, il n'a plus d'autre pensée que celle de partir pour le nouveau monde.
- ↑ « J'ai vu mourir votre oncle en Italie, lui dit-il, votre père à Minden, et je ne veux pas contribuer à la ruine de votre famille en vous laissant partir. » À cette date, le marquis de Noailles, oncle de La Fayette, est en poste à l'ambassade de France à Londres. Sur ce point voir Henri Doniol, Histoire de la participation de la France à l’établissement des États-Unis d’Amérique, Paris, 1866 – 1899, t. II, pp. 396 –401.
Articles internes
Liens externes
- (fr)La Fayette sur wikipédia
- (fr)La Fayette sur medarus.org
- (en)La Fayette sur virtualogy.com
- (fr)La Fayette au château de Versailles
- (fr)La Fayette sur netmarine
Accédez d'un seul coup d’œil au portail sur l'histoire du libéralisme et de la liberté. |
Accédez d'un seul coup d’œil au portail consacré au libéralisme politique. |