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Jacques Pierre Brissot

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Jacques Pierre Brissot de Warville né à Ouarville le 15 janvier 1754 et mort à Paris le 31 octobre 1793 a été une des figures des Girondins pendant la Révolution française.

Pour Madame Roland, il était le « meilleur des hommes : bon époux, tendre père, fidèle ami » tandis que Barnave décrit en lui un bigot de la philosophie à « l’esprit froid et calculateur ». Détestable dans la vie publique, il était cependant doué de grandes vertus privées. Si ces principes sont antérieurs à 1789 et s’il y est demeuré fidèle, il s’est montré un homme politique médiocre, se perdant dans les contradictions, à l’image de son parti, la Gironde.

Le pamphlétaire

Ce fils d’un traiteur avait espéré faire carrière dans les lettres : il survit comme pamphlétaire, condamné à « écrire souvent, pour vivre tous les jours », se trouve emprisonné à Londres pour dettes et fait même un bref séjour à la Bastille en 1784 pour des libelles diffamant la reine. Protégé par le financier Étienne Clavière, l’ami des jours difficiles, mais aussi par le duc d’Orléans, dont il devient secrétaire, il connaît une certaine notoriété en menant campagne en faveur de la république américaine et de la lutte pour l’abolition de la traite des esclaves. La Société des Amis des Noirs en 1788 rassemble de nombreux membres du futur parti Girondin. Il noue alors des liens avec Condorcet, les Roland et même La Fayette que les événements ultérieurs ne devaient pas rompre. Il se trouve aux États-Unis quand il apprend la convocation des États généraux. Dans le Plan de conduite qu’il publie pour se faire élire, il dénie à l’assemblée tout pouvoir constituant mais il se trouve rejeté par les électeurs. Il crée un journal, Le Patriote français qui paraît à compter du 28 juillet 1789, où il défend les ambitions ministérielles de Clavière.

Le républicain

Il met en garde les républicains trop pressés en septembre 1790 : « j’adore le gouvernement républicain mais je crois pas les Français encore dignes de ce saint régime. Conquérir la liberté n’est rien ; la savoir conserver est tout : or, on ne peut la conserver sans mœurs, et nous n’avons point celles qui font soutenir le poids de la liberté républicaine ». A ses yeux, la création d’un exécutif fédéral de forme monarchique aux États-Unis confirmait les prédictions pessimistes sur l’impossibilité des grandes républiques. Il accusait l’esprit de commerce et l’usage du papier-monnaie d’avoir créé des besoins factices et creusé les inégalités sociales. Seuls l’agriculture et le troc permettaient de maintenir l’esprit républicain pour cet admirateur des communautés puritaines de Pennsylvanie.

Néanmoins après la tentative de fuite du roi, il se lance avec Condorcet, Thomas Paine et aux côtés du club des Cordeliers pour susciter un mouvement en faveur de la république. Il rédige la pétition du Champ de Mars (juillet 1791). Il devient dès lors une des figures du club des Jacobins et le décret qui exclut les Constituants des élections favorise son entrée à la Législative comme député de Paris aux côtés de Condorcet. Il devait largement contribuer à la fatale déclaration de guerre par ses discours bellicistes : il désirait en fait seulement menacer l’Europe pour mieux révéler la duplicité de Louis XVI dont il pensait, à tort, qu’il ne consentirait jamais à la guerre. En imposant un ministère à sa dévotion, il lie son sort à celui du roi. Il est néanmoins élu à la Convention par le département d’Eure et Loir en 1792. Il est exclu du club des Jacobins le 12 octobre 1792 et son histoire se confond dès lors avec celle de la Gironde. Mis en arrestation le 2 juin 1793, il s’enfuit, est arrêté à Moulins et guillotiné le 31 octobre 1793.

Le républicanisme de Brissot

Il a publié le 5 juillet 1791 un exposé de ses principes :

« J’entends par république, un gouvernement où tous les pouvoirs sont : 1. délégués ou représentatifs ; 2. électifs dans et par le peuple ; 3. temporaires ou amovibles. »

Hostile à la démocratie directe, Brissot refuse d’identifier la nation et la représentation. La loi est définie comme une « vérité déduite par la raison des principes du droit naturel » selon la vision de Condorcet. Aussi est-il étranger à la « superstition » de la loi si caractéristique de la Révolution. Le problème de la légitimité ne peut épuiser celui de la liberté. Il se défie de la notion de volonté générale. Un pouvoir légitime, régulièrement élu, peut aussi bien se tromper ou se laisser corrompre. Pour le républicanisme girondin, la liberté consiste moins à instituer un pouvoir populaire, réputé par cela même positif, qu’à protéger le peuple contre le pouvoir, fût-il populaire. Aussi « chez un peuple libre, il n’y a jamais de terme au débat ».

Partisan intransigeant du droit de pétition comme de celui d’association, il croit à la nécessité du dialogue entre la représentation et le corps social. Pour éviter la confrontation directe, la presse pouvait devenir l’intermédiaire privilégié entre gouvernés et gouvernants, donnant la parole au peuple et non à la multitude. A ses yeux, l’opinion « jaillissant de tous les côtés, de tous les partis à la fois, s’élabore, se purifie par une opposition franche et ouverte, et par une comparaison qui précipite le limon, pour ne laisser à la surface qu’une liqueur limpide », la raison. L’utopie girondine réside dans cette croyance d’une unité faite à la base par l’alliance générale des volontés.

Source

  • Patrice Gueniffey « Brissot » in François Furet, Mona Ozouf (dir.), Dictionnaire critique de la Révolution française volume Acteurs, Champs Flammarion 1992, p. 77-99

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