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Odilon Barrot
Odilon Barrot | |||||
homme politique | |||||
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Dates | 1791-1873 | ||||
Tendance | Libéral classique | ||||
Nationalité | France | ||||
Articles internes | Autres articles sur Odilon Barrot | ||||
Citation | |||||
Interwikis sur Odilon Barrot | |||||
Odilon Barrot est un juriste et homme politique français né à Villefort, Lozère, le 19 juillet 1791 et mort à Bougival, le 6 août 1873.
Un opposant libéral sous la Restauration
Son père, avocat toulousain, est un ancien conventionnel régicide. Il songe un moment à une carrière militaire pour son fils, le faisant entrer au Lycée Bonaparte de la ville, avant de se décider, suivant son exemple, pour le barreau. Celui-ci effectue ainsi des études de droit à Paris, qu’il achève en 1811, avant de s’employer auprès de Me Jean Mailhe, autre conventionnel et ami de la famille. Rallié à la Restauration, le jeune magistrat succède à ce dernier dans sa charge au Conseil d'État, puis à la Cour de cassation.
Dans l’entourage du marquis de La Fayette, Odilon Barrot est bientôt gagné aux théories libérales. Il est ainsi favorable à une monarchie constitutionnelle, mais pratiquée dans le respect de la Charte de 1814. Il prononce en 1818, lors de la défense des protestants du midi qui n'avaient pas tapissé leurs maisons pour les processions de la Fête-Dieu, la fameuse phrase : « La loi doit être athée ». En 1820, s'étant opposé à une loi selon laquelle toute personne pouvait être arrêtée et détenue sur un simple mandat signé par trois ministres, il est traduit devant une cour de justice, mais acquitté.
Il adhère ainsi à la société Aide-toi, le Ciel t’aidera, fondée au mois d'août 1827 par François Guizot et destinée à la formation politique des électeurs. Il préside également un banquet organisé afin d'honorer les 221, ces députés qui, le 18 mars 1830, ont publié une Adresse transmise au roi Charles X et dénonçant la pratique autoritaire du pouvoir par son gouvernement. Au cours de ces dernières années, Odilon Barrot est ainsi devenu un des principaux représentants du parti libéral.
Le chef de la gauche dynastique
Pendant les Trois Glorieuses, il rejoint la Garde nationale et prend une part active à la chute des Bourbons. Nommé secrétaire de la commission municipale de l'Hôtel-de-Ville, Odilon Barrot est face aux républicains au cœur des intrigues qui portent bientôt au pouvoir Louis-Philippe d’Orléans, dont il est un des plus fervents partisans. Avec deux de ses collègues, il escorte le roi déchu sur le chemin de son exil, jusqu’à Cherbourg et vers l’Angleterre. A son retour à Paris, le nouveau souverain le nomme conseiller d’État. Pendant quelques mois, Odilon Barrot officie en qualité de préfet de la Seine. sa complaisance envers ceux qui demandaient la mise en accusation des ministres de Charles X lui valent d'être comparé à Pétion par Louis-Philippe, ce qui n'était pas un éloge. Il a alors fort à faire face avec l’opposition républicaine qui se manifeste dans la rue et est destitué après l’émeute anticléricale de Saint-Germain-l'Auxerrois à Paris, le 14 février 1831. Dès lors, Odilon Barrot ne cache plus son hostilité vis à vis de l'évolution conservatrice de la Monarchie de Juillet. Élu député de l’Eure, il siège à la Chambre et dirige l'opposition dynastique, le parti du mouvement, face au parti de la résistance. Ce grand propriétaire et avocat d'affaires est aussi l'un des principaux propriétaires du journal Le Siècle. Lancé le 1er juillet 1836 par Armand Dutacq, ce quotidien d'opinion est le plus gros tirage de la presse de l'époque.
Depuis les Trois Glorieuses, le régime orléaniste s’est sclérosé. Le pouvoir est aux mains de François Guizot et des conservateurs depuis 1840, qui se refusent à tout élargissement de la base électorale. Les manifestations réformistes se multiplient alors tandis que le mécontentement est aiguisé par les crises économiques. L'opposition la plus visible vient de la campagne des banquets. Organisée avec le soutien de la presse, à l’initiative notamment d’Odilon Barrot, celle-ci brave l'interdiction du droit de réunion, car chaque convive en théorie paie son déjeuner, d'où le nom de banquet attribué à ces meeting. Cette campagne prend une ampleur considérable. Soixante-dix banquets sont organisés à travers la France, réunissant plus de 22.000 souscripteurs issus notamment de la bourgeoisie libérale. Après la première réunion, qui a lieu à Paris le 18 juillet 1847, des tensions apparaissent rapidement entre les différents leaders présents. Le discours se radicalise et bientôt les réformistes modérés, Odilon Barrot et Prosper Duvergier de Hauranne en particulier, sont dépassés par les représentants de la gauche républicaine, François Arago ou Ledru-Rollin.
L’année suivante, l'interdiction par le gouvernement d’un nouveau banquet organisé dans le XIIème arrondissement de la capitale est le point de départ d’une insurrection, le 19 février 1848. Le lendemain en effet, après une fusillade, Boulevard des Capucines, le soulèvement dans la capitale est général. La Garde nationale fait défection ; le pouvoir est maintenant dans la rue. Le même jour, François Guizot annonce sa démission et le roi Louis-Philippe fait appel à Odilon Barrot pour lui succéder. Cette main tendue vers les libéraux arrivent trop tard, la troupe n'est plus maître des événements. Place de la Bastille en effet, au pied de la colonne de Juillet, les manifestants brûlent à présent le trône, tandis qu'un Gouvernement provisoire se forme. Celui-ci, mené par Alphonse de Lamartine, se déclare favorable à la République, scellant ainsi le sort de la monarchie.
Le chef du gouvernement
Réélu à l'Assemblée constituante au mois d’avril suivant, Odilon Barrot redevient président du Conseil général de l'Aisne. Il adhère bientôt au parti de l'Ordre, qui se retrouve à la réunion de la rue de Poitiers. Ce cercle influent de royalistes, qui compte dans ses rangs Alexis de Tocqueville ou le comte de Falloux, se prononce alors en faveur de la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence de la République. Ces conservateurs pensent ainsi manœuvrer sans grande difficulté celui que l’on assimile à " un crétin qu’on mènera ", suivant le mot de Thiers. Celui-ci est élu triomphalement le 10 décembre 1848. Il confie à Odilon Barrot la présidence du Conseil des ministres, ainsi que le portefeuille de la Justice, des fonctions qu’il occupera jusqu’au 30 octobre 1849. Ses convictions libérales, alors que le prince-président s’orientait déjà vers un pouvoir autoritaire, lui valent d’être renvoyé en octobre 1849. Élu peu de temps après son éviction à l'Assemblée législative, il siège parmi les monarchistes.
Le président du conseil d'État
Odilon Barrot est hostile au coup d'État du 2 décembre 1851, organisé par le Prince-président et ses partisans. Il fait ainsi partie des deux cent vingt députés, sur les 750 que comptent l'Assemblée, qui sont chassés du Palais-Bourbon manu militari par la troupe. Ceux-ci se réunissent alors dans la mairie du 10ème arrondissement et décident de mesures légalement justifiées avant que la réunion ne soit interrompue par la police. Arrêté et placé pendant quelques jours en détention, Odilon Barrot est bientôt remis en liberté, alors que l’Empire est rétabli. Il choisit de se retirer d'abord de la vie politique, avant d’être élu membre de l’Institut en 1855. Plus tard, après la proclamation de la République en 1871, Adolphe Thiers, nommé " chef du Pouvoir Exécutif de la République française ", le place à la tête de la présidence du Conseil d'État. Il avait été avocat aux conseils du roi de 1814 à 1830 et conseiller d’Etat en service extraordinaire pendant quelques mois, en 1830 et 1831, en qualité de préfet de la Seine. Il avait déjà présidé le Conseil d’Etat de 1848 à 1849, en tant que ministre de la Justice.
Parallèlement à son activité politique, il s'est consacré à la rédaction d’ouvrages de réflexion juridique (Examen du traité de droit pénal de Rossi, De la centralisation et de ses effets et De l’organisation judiciaire en France). Il y affirme son hostilité à la centralisation, y défend la primauté de la justice morale sur la justice sociale et s’y montre soucieux d’associer les citoyens à l’exercice de la justice par la généralisation du jury.
Ses Mémoires seront publiées quelques années après sa mort, à partir de 1875, par les soins de son ami Duvergier de Hauranne.
L'Académie des Sciences Morales et Politiques délivre un prix Odilon Barrot. Ce prix triennal, décerné au meilleur ouvrage sur le jury et sur la procédure, tant civile que criminelle, et au travail le plus libéral et le plus pratique sur l'émancipation de nos administrations municipales et départementales et sur une vraie décentralisation. En 2005, le prix a été remis à Pierre de Montalivet, pour Les objectifs de valeur constitutionnelle, thèse de doctorat soutenue le 9 décembre 2004 à l’Université Paris II (Panthéon-Assas). En 2008, le prix a été décerné à Lionel Miniato pour Le principe du contradictoire en droit processuel (LGDJ, 2008).
Citations
- Paul Thureau-Dangin le décrivait ainsi : « Le plus solennel des indécis, le plus méditatif des irréfléchis, le plus heureux des ambitieux, le plus austère des courtisans de la foule ».
- Sa parole, d'abord lente, s'anime peu à peu de même que sa pensée ; mais en s'animant sa parole s'enroue et sa pensée s'obscurcit ; de là une certaine hésitation dans l'auditoire, les uns entendant mal, les autres ne comprenant pas. Tout à coup du nuage il sort un éclair et l'on est ébloui. (Victor Hugo, Choses vues, 1848)
- « Il avait de Guizot la gravité et la mesure, mais avec bien moins de distinction et moins de netteté dans les idées, et il était encore plus vague, mais plus animé. » (Charles de Rémusat)
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