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Faire payer les riches

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Taxer les riches ou Faire payer les riches est une antienne récurrente en politique, en particulier à l'extrême gauche. Si cela est souvent présenté comme la solution, ou financière ou morale, à la situation actuelle du budget de l’État français, force est de constater que c'est une mesure à l'efficacité contestable, et à la moralité discutable.

Les riches paient-ils moins d'impôts ?

Inégalités avant et après redistribution.png

L'idée s'est imposée dans le débat public que les plus riches paieraient moins d'impôts que la moyenne. C'est en particulier sur les travaux de Thomas Piketty et autres économistes marqués à l'extrême gauche que sont basées ces affirmations. Celles-ci sont pourtant fondées sur des hypothèses hautement orientées et critiquées :

  • Ces économistes comparent la fiscalité effective à des revenus théoriques, en prenant des gains latents et des revenus fictifs[1]. De la même manière que la plus-value de la vente d'un bien immobilier n'est taxée qu'à la fin, les plus-values sur les actions ne sont taxées qu'à la vente, mais Piketty et alii les prennent même en l'absence de vente, sans prendre en compte la fiscalité associée.
  • Les économistes concernés ne prennent en compte que la fiscalité et ignorent complètement les prestations sociales versées, ce qui change massivement les chiffres (voir graph à droite) et réduit les inégalités par près de 50 %

On notera à l'inverse que 75 % de l'impôt sur le revenu est payé par 10 % des ménages, et que plus d'un ménage sur deux n'en paie pas[2]. 3 % des ménages paient 45 % de l'impôt sur le revenu[3].

Faire payer les riches revient donc, non pas à passer d'une hypothétique fiscalité inférieure à la moyenne à une fiscalité normale, mais à passer d'une fiscalité déjà élevée, à une fiscalité très élevée.

Taxer les riches appauvrit les pauvres

La baisse de la fiscalité des revenus du capital en 2017 a permis d'inverser l'exil fiscal, au bénéfice des finances publiques

Croire que l'on peut magiquement trouver des dizaines de milliards d'euros en « taxant les riches » est largement illusoire. Pire, la fiscalité sur le patrimoine a des effets lourdement négatifs pour les finances publiques et la prospérité du pays. Elle nourrit un exil fiscal important, qui s'est cependant largement atténué voire inversé depuis 2017, la fin de l'impôt sur la fortune et la mise en œuvre de la flat tax à 30 % sur les revenus du patrimoine. À titre de comparaison, les plus-values ne sont pas imposées en Belgique.

En 2015, les capitaux cumulés perdus par la France sur 33 ans en raison de l'exil fiscal ont été estimés entre 143 et 200 milliards d'euros (constants)[4], réduisant la croissance économique, l'emploi et les recettes des impôts. En comparaison, l'impôt sur la fortune n'a jamais rapporté plus de 5 milliards d'euros par an. Ces chiffres s'appuient sur les seuls chiffres de Bercy, qui recense les redevables de l'ISF qui quittent la France ou la rejoignent. Ils n'incluent pas les départs de ceux qui vont créer leur entreprise sous des cieux plus cléments fiscalement et font fortune à l'étranger. Comme l'analyse l'économiste Sylvain Catherine (Wharton) en juin 2024, il y a 46 « licornes » (start-ups valorisées à plus d'un milliard de dollars) américaines fondées par des entrepreneurs formés en France. C'est plus que le nombre total de licornes françaises[5].

Faute de pouvoir montrer que davantage taxer rapporte davantage, c'est sur le terrain de la morale que se situent les économistes très marqués à gauche. Ainsi, résume l'économiste Antoine Lévy (Berkeley) : « Dans Le Triomphe de l'injustice (Seuil, 2020), Emmanuel Saez et Gabriel Zucman ont, par exemple, écrit noir sur blanc que les taxes sur les riches sont justifiées, même lorsqu'elles entraînent une diminution des recettes fiscales. Pour eux, taxer les riches est une question de principe, même si ça augmente les déficits, entraîne une limitation des dépenses publiques et donc des transferts aux plus modestes » [6].

Qu'est-ce qu'un impôt juste

Les tenants de la taxation des riches partent généralement d'un présupposé moral qu'il serait juste de taxer davantage les riches que les pauvres. Les libéraux ont une perspective différente et prônent généralement une flat tax, un impôt à taux unique, avec la base la plus large possible, identique pour tous.

Pour les libertariens, c'est l'existence de tout impôt qui est illégitime.

Citation

  • « Quand les riches maigrissent, les pauvres meurent de faim » (proverbe chinois)

Notes et références

  1. Fiscalité : l'erreur de M. Piketty
  2. 75 % de l'impôt sur le revenu payé par 10 % des ménages, iFRAP
  3. Impôt sur le revenu : combien paient les plus riches ?, Moneyvox]
  4. Corentin Droz-Georget, « Ce que l’ISF a fait perdre à la France », iFRAP, 2019 Coe-Rexecode, « Les conséquences économiques des expatriations dues aux écarts de fiscalité entre la France et les autres pays », 2017, p. 53-60.
  5. Sylvain Catherine sur X
  6. « Sur le plan économique, on a le choix entre un bloc limité, un bloc absurde et un bloc délirant », Le Point, 27 juin 2024

Voir aussi

Liens externes


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