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Démocrature
| Démocrature | ||
| Définition de Démocrature : Régime qui combine une démocratie de façade et des traits de l'autoritarisme voire de la dictature. | ||
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Abdelmadjid Tebboune, président depuis 2019 de l'Algérie, exemple classique d'une démocrature | ||
| Penseurs | ||
| Courants | Socialisme (Venezuela, Algérie, etc.), nationalisme (Russie, etc.), etc. | |
| Exemples | Venezuela, Russie, Algérie, etc/ | |
| Étymologie | De démocratie et de dictature | |
| Synonymes | Démocratie totalitaire | |
| Antonymes | Démocratie libérale | |
| Citation | ||
| Articles internes | Autres articles sur Démocrature | |
La démocrature est un concept politique utilisé pour caractériser un régime qui combine une démocratie de façade et des traits de l'autoritarisme voire de la dictature. Il décrit une forme de gouvernement où les institutions démocratiques existent en théorie, mais sont souvent manipulées ou contournées pour maintenir le pouvoir par une élite politique ou militaire. Il s'agit d'une forme de gouvernement qui présente un vernis de démocratie mais qui, en réalité, fonctionne de manière autoritaire.
Étymologie de démocrature
Le mot démocrature est un mot-valise construit en réunissant les mots démocratie et dictature. On peut aussi parler de démocratie totalitaire, terme proche.
Le terme est utilisé dans de nombreuses autres langues où il est possible de réunir ainsi les terme en un mot-valise. En italien on parle ainsi usuellement de democratura (democrazia et dittatura).
En anglais, on parle de Potemkin Democracies ou démocraties Potemkine, en référence au fameux village russe de propagande aux façades en trompe-l'œil. La démocratie n'est que de façade. De manière très rare, on peut voir aussi le terme de democraship qui réunit democracy et dictatorship.
Exemples de démocratures
Au vu de l'usage polémique du terme, la classification d'un régime comme démocrature est toujours sujet à interprétation. Néanmoins, on range classiquement des pays actuels comme la Russie de Vladimir Poutine, ou de nombreux pays d'Afrique comme l'Algérie, l’Égypte ou la Turquie. On parle dans chacun de ces cas de démocraties sur le papier, mais pas en pratique, avec des régimes autoritaires.
L'Amérique latine est une autre zone géographique aux nombreuses démocratures dans l'histoire. Aujourd'hui, on peut notoirement penser au cas du Venezuela[1].
L'Iran, théocratie et démocratie de façade, peut aussi être considéré comme une démocrature[2].
Définition de la démocrature
La démocrature est souvent caractérisée par une utilisation sélective des principes démocratiques pour maintenir le pouvoir politique. Bien que les pays puissent organiser des élections et avoir des institutions démocratiques en place, ces systèmes peuvent être entravés par la corruption, le népotisme et la manipulation des élections. En conséquence, la participation citoyenne est généralement très limitée en pratique (e.g. 59% d'abstention en Iran[3], 52% en Algérie en 2024[4] et la responsabilité des élus devant leurs électeurs proche de zéro, compromettant ainsi la qualité de la gouvernance. Dans une démocrature, les élections peuvent avoir lieu, mais elles sont souvent biaisées en faveur du parti au pouvoir, et les droits civils et politiques des citoyens sont généralement fortement restreints.
Les dirigeants des démocratures peuvent recourir à diverses stratégies antidémocratiques pour maintenir leur emprise sur le pouvoir. Cela peut inclure la répression de l'opposition politique, la manipulation des médias et de l'information, ainsi que des réformes constitutionnelles opportunistes visant à étendre les mandats présidentiels ou à affaiblir les contrepoids institutionnels. Ces tactiques sapent les fondements de la démocratie en empêchant la concurrence politique équitable et en limitant la participation citoyenne. On peut identifier fréquemment la division de la population (diviser pour mieux régner) et la construction d'ennemis plus ou moins fictifs pour souder la population (les États-Unis, Israël ou les Juifs, etc.).
L'état de droit, composante essentielle d'une démocratie libérale, n'est pas respecté dans une démocrature.
Les démocratures ne subsistent généralement que par la présence de rentes (pétrole et autres ressources naturelles comme en Russie, en Algérie ou au Venezuela), et/ou l'appauvrissement généralisé.
Émergence et histoire des démocratures dans le monde
L'émergence des démocratures dans le monde est souvent liée à des contextes politiques, sociaux et économiques spécifiques dans différents pays. On peut mentionner un certain nombre de facteurs ; Après la Seconde Guerre mondiale, de nombreux pays anciennement colonisés ont accédé à l'indépendance. Dans de nombreux cas, cela a conduit à l'établissement de régimes démocratiques, mais certains pays ont rapidement basculé vers des régimes autoritaires, souvent dirigés par des leaders militaires ou des partis politiques autoritaires.
Pendant la Guerre froide, les superpuissances, notamment les États-Unis et l'Union soviétique, ont souvent soutenu des régimes autoritaires dans le cadre de leur rivalité géopolitique. Cela a entraîné le maintien au pouvoir de dirigeants autoritaires dans de nombreux pays, sous prétexte de défense du communisme (Cuba, Algérie, etc.) ou à l'inverse de lutte contre le communisme.
Dans de nombreuses régions du monde, l'instabilité politique, les conflits internes et les coups d'État[5] ont été des facteurs majeurs favorisant l'émergence de démocratures. Les putschistes prennent souvent le contrôle de l'État en promettant de restaurer l'ordre et la stabilité, mais ils finissent par maintenir leur emprise sur le pouvoir de manière autoritaire.
Exemples de dérives vers la démocrature
Alpha Condé, président de la Guinée, a suscité une controverse majeure en 2020 en modifiant la constitution pour lui permettre de briguer un troisième mandat présidentiel. Cette modification constitutionnelle a été largement critiquée comme étant antidémocratique, car elle lui permettait de prolonger son règne au mépris des limites de mandat établies. De plus, les élections qui ont suivi ont été entachées d'irrégularités et de violence, compromettant ainsi leur légitimité. En outre, le régime d'Alpha Condé a été accusé de réprimer violemment l'opposition politique et les manifestants qui s'opposaient à sa réélection, mettant en péril les libertés civiles et politiques dans le pays.
Ibrahim Boubacar Keïta, président du Mali, a été confronté à une crise politique majeure en 2020 suite à des accusations de fraude électorale lors des élections législatives. Les manifestations de masse qui ont suivi ont conduit à une intensification des tensions politiques et sociales, mettant en péril la stabilité du pays. La gestion de la crise par le gouvernement de Keïta a été critiquée pour son manque de transparence et son recours excessif à la force contre les manifestants. En conséquence, Keïta a finalement été renversé lors d'un coup d'État militaire en août 2020, illustrant la perte de légitimité de son gouvernement et les défis persistants de la démocratie au Mali.
Au Soudan, malgré une transition démocratique fragile après le renversement du président Omar al-Bashir en 2019, le pays a été confronté à une répression militaire continue. En octobre 2021, un coup d'État militaire a renversé le gouvernement de transition civil et a rétabli un régime militaire au pouvoir. Cette action a été largement condamnée par la communauté internationale et a entraîné des manifestations de masse à travers le pays. Malgré les promesses de retour à la démocratie, le régime militaire a continué à réprimer violemment les protestations et à restreindre les libertés civiles, illustrant les défis persistants de la gouvernance démocratique au Soudan.
Les limites de la démocrature sur le développement : le contre-exemple du Rwanda
Les limites de la démocrature sont évidentes dans plusieurs contextes, notamment en ce qui concerne le respect des libertés civiles, la participation politique équitable et la reddition de comptes des élus à leurs électeurs. Cependant, le contre-exemple du Rwanda offre une perspective intéressante sur la manière dont une gouvernance autoritaire peut parfois conduire à des résultats économiques et sociaux positifs, bien que cela soit souvent au détriment des libertés individuelles.
Le Rwanda, dirigé par le président Paul Kagame depuis la fin du génocide en 1994, est souvent cité comme un exemple de développement économique rapide et de stabilité politique sous un régime autoritaire. Kagame et son parti, le Front patriotique rwandais (FPR), ont réussi à consolider leur pouvoir et à maintenir une stabilité relative dans le pays après une période de chaos et de violence.
Sur le plan économique, le Rwanda a enregistré une croissance économique soutenue au cours des dernières décennies. Le gouvernement a mis en œuvre des politiques favorables aux investissements, encouragé le développement des secteurs technologiques et de l'industrie, et attiré des partenariats internationaux pour stimuler la croissance économique. Cette approche a permis au Rwanda de devenir l'une des économies à la croissance la plus rapide en Afrique.
De plus, le gouvernement de Kagame a mis en œuvre des programmes de développement social ambitieux, notamment dans les domaines de l'éducation, de la santé et de l'infrastructure. Ces initiatives ont permis d'améliorer les indicateurs sociaux et de réduire la pauvreté dans une certaine mesure.
Cependant, malgré ces réalisations économiques et sociales, le Rwanda sous Kagame a été critiqué pour son manque de liberté politique et de respect des droits de l'homme. Les opposants politiques sont souvent réprimés, la liberté d'expression est limitée et les médias sont largement contrôlés par le gouvernement. De plus, les élections au Rwanda sont souvent considérées comme peu compétitives, avec des allégations de fraude électorale et d'intimidation.
Notes et références
- ↑ Venezuela: une dictature camouflée sous une démocratie.
- ↑ L’illusion de la démocratie en Iran : Démasquer l’emprise autoritaire du régime
- ↑ Présidentielle iranienne: «Tout ce qui constitue une démocratie n'existe pas en Iran»
- ↑ En Algérie, des résultats contestés et une abstention record mettent à mal la réélection d’Abdelmadjid Tebboune, Le Monde
- ↑ "Démocratie en Afrique : la multiplication des coups d'État ne signifie pas la fin de la démocratie", texte publié le 12 février 2022 sur le site de la BBC, consulté le 2 mars 2024
Voir aussi
- Démocratie, le dieu qui a échoué, ouvrage de Hans-Hermann Hoppe
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