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Liberté de la presse

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Démocratie et liberté de la presse

Tous les auteurs libéraux s'accordent pour que l'Etat n'ait pas à intervenir dans le contenu rédactionnel de la presse, sinon il porterait atteinte aux Droits individuels (Emile Faguet, Benjamin Constant). Dans ce cas, la liberté de la presse est assimilable à la liberté d'expression. Certains socio-démocrates partagent aussi cet avis. Cependant les libéraux et les socio-démocrates sont assez partagés sur l'intervention de l'Etat dans la presse. Lorsqu'on relie démocratie, pouvoir économique et liberté de la presse, les socio-démocrates ont un positionnement d'emblée interventionniste à la différence des minarchistes et des libertariens anarcho-capitalistes.

Les socio-démocrates considèrent que l'Etat est la garantie de la démocratie. Ce serait une de ses missions essentielles. Et il n'existe pas de démocratie sans liberté de la presse. Par un faux syllogisme, on arrive à ce que la liberté de la presse soit défendue par l'Etat. On aboutit alors à des aberrations qui rappellent l'Union soviétique : des journaux que presque plus personne ne lit sont tenus à bout de bras par des subventions étatiques.

Pierre-Joseph Proudhon a dit qu' il n'y a pas de véritable démocratie sans pédagogie. Comme la presse est censée être diversifiée et formatrice, la multiplicité des supports de presse est considérée comme une forme de campagne électorale permanente. Les socio-démocrates considèrent qu'il faut soutenir cette diversité de l'offre en subventionnant la production et la distribution de la presse. Puisqu'ils considèrent que le pluralisme n'est pas respecté, ils sont prêts à intervenir pour équilibrer les différentes tendances. Ils parviennent donc à intervenir sur le contenu rédactionnel, ce qui était contraire à leur initiative. Les libertariens considèrent que le socle de la liberté n'est pas la démocratie en elle-même mais les Droits que chaque individu dispose sur lui-même. La démocratie est une forme de défense de ses droits, elle peut être dévoyée et dénaturée de son objectif et impliquer une mise en danger des Droits des individus. En agissant, ainsi, l'Etat ne garantit pas la liberté des citoyens, il la menace.

Concentration et liberté de la presse

Aujourd'hui, les points de vente traditionnels sont de plus en plus nombreux à souffrir d'une baisse de fréquentation au bénéfice des grandes surfaces et des galeries marchandes. Et, on s'aperçoit que les ventes de quotidiens diminuent. Certains interventionnistes considèrent aussi que les grandes puissances économiques évincent la presse indépendante et freine, voire occulte la circulation des faits. Donc, l'Etat doit aider financièrement la production et la circulation de la presse. L'école autrichienne, par l'intermédiaire de la théorie de la concurrence (Friedrich Hayek), de la théorie du monopole (Dominick Armentano) ou de la théorie des cartels (Pascal Salin), montre que le phénomène de concentration d'un secteur d'activité s'accélère ou se pérennise à cause de l'intervention de l'Etat et de ses réglementations.

Le marché de la distribution de la presse est régie en France par la Loi Bichet du 2 avril 1947 à l'allure marxisante. Il s'agit encore d'un rare secteur où on se réfère au plan quinquennal. L'organisation en coopérative mène à une production totalement déconnectée de la demande. Il n'y a pas d'écoute de la part des intervenants dans la chaîne de distribution, ce qui conduit à une économie de gaspillage. 44% de la production de la presse, vendue au numéro, repart en invendus. Soit, presque la moitié de la richesse qui est créée s'en va en fumée à cause d'une organisation désuète.

La Loi Bichet a organisé le marché de façon structurée, hiérarchique et rigide. Elle établit un marché de duopole (niveau 1) entre les éditeurs et les messageries de presse (Nouvelle Messagerie de Presse Parisienne, NMPP et Messagerie Lyonnaise de Presse, MLP) et un marché de monopole (niveau 2) entre les dépositaires de presse et les détaillants (diffuseurs de presse). La volonté de ces organisateurs est d'imposer une capillarité absolue de la France avec plus de 30000 points de vente. Le commerce de la vente de la presse est administré tant par les quantités que par les rémunérations des agents de la vente. Les règles sont imposées de haut en bas.

Celui qui est en contact avec les acheteurs de presse (niveau 3), communément appelé kiosquier ou marchand de journaux, n'a aucune possibilité de mettre en concurrence les acteurs de la production et de la distribution de la presse.

Demander encore plus d'interventions renforce la concentration et nuit à la liberté de la presse.

Pourquoi l'offre ne correspond t-elle pas à la demande ? Cette réponse appartient aux entrepreneurs en place aujourd'hui ou à ceux qui emergeront demain (éditeurs, dépositaires, diffuseurs, lecteurs, annonceurs publicitaires). La liberté de la presse sous la forme de magazine et de journaux n'est qu'une forme d'informations. En fait, les lecteurs et les annonceurs, qui sont apporteurs de recettes, pour le circuit de la presse, cherchent des substituts d'informations qui correspondent à leur attente (télévision, radio, internet, wap etc).

Pour les libertariens, il n'existe pas de liberté de la presse sans entrepreneur libre qui utilise les données, les capte, les interprète et les découvre par lui-même. Le meilleur soutien que l'Etat puisse faire à l'individu c'est qu'il s'abstienne d'enfreindre ses droits fondamentaux.

Les aides directes de l'Etat

Depuis 2001, l'Etat intervient en faveur de la presse dans quatre domaines (39 millions d'Euros en 2002):

  • L'aide à la diffusion afin de diversifier le circuit de distribution (portage) et de le moderniser (subvention à l'aménagement des magasins)
  • L'aide à la presse à faibles ressources publcitaires (comme La Croix ou L'Humanité)
  • Les fonds de modernisation de la presse quotidienne et assimilée, destiné aux entreprises éditant au moins un quotidien ou un hebdomadaire régional d'information politique et générale. Cette subvention est financée par un compte d'affectation spéciale au budget (taxe sur hors média)
  • Fonds spécial destiné à aider la presse dans sa diversification multimédia sous forme d'avances remboursables ou de subventions plafonnées.

Citations

  • Le despotisme étouffe la liberté de la presse; l'usurpation la parodie. Or, quand la liberté de la presse est tout à fait comprimée, l'opinion sommeille, mais rien ne l'égare. Quand, au contraire, des écrivains soudoyés s'en saisissent, ils discutent comme s'il était question de convaincre; ils s'emportent comme s'il y avait de l'opposition; ils insultent comme si l'on avait la possibilité de répondre. (Benjamin Constant)

Voici l'analyse d'un homme politique français, habituellement considéré comme un libéral. Certains pourraient lui retirer cette étiquette et la remplacer par libéral-social ou libéral-syncrétiste, du fait de son positionnement pré-électoral face à un syndicat professionnel acquis à la nécessité de l'intervention étatique. Les résultats électoraux ne lui ont pas permis de renier ses promesses.

L'aide de l'Etat à la presse écrite pourrait être appelée aide à la liberté de l'information et de la communication. Et cette liberté n'est pas négociable. Elle renvoie à l'un des droits naturels de l'homme, tel que les libéraux du XVIIe siècle et du XVIIIe siècle, à la suite de John Locke, puis de Montesquieu, Hume, Voltaire ou des hommes des lumières l'ont défini. Tel que les libéraux de 1789 l'ont inscrit dans la déclaration de Droits de l'Homme et du Citoyen, tel qu'ils l'ont toujours défendu au cours de notre histoire, dans les périodes les plus sombres au risque de leur vie ou tel qu'ils l'ont toujours propulsé dans les Républiques successives, au gouvernement ou dans l'opposition. La vie libre de la presse écrite est une condition majeure de la liberté de conscience mais aussi de la démocratie, de son pluralisme...
...Et je regrette que l'Etat n'ait pas assuré son rôle pour permettre à des journaux comme Combat, pour ne citer qu'un de ces journaux qui ont disparu, de poursuivre, sur leur ligne éditoriale, leur diffusion. Il est donc nécessaire que l'Etat assure cette vie, qu'il aide la presse écrite. C'est l'une de ses missions essentielles." (Alain Madelin, La Tribune de la vente, n°316, mai 2002, p.14)


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