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Différences entre les versions de « Rupture de 1973 »

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On ne peut comprendre la [[rupture de 1973]] qu'au regard de la période antérieure. Jean Fourastié nomme "les Trente glorieuses" cette période de croissance exceptionnelle qu'ont connues les économies "développées" au cours de la période [[1946]]-[[1973]]. En effet, ces années sont caracterisées par un taux de croissance moyenne du PIB de 5% par an, par une situation de quasi plein emploi et par une augmentation permanente des niveaux de vie (la consommation des agents a triplé en francs constants ce qui a permis de réduire les écarts entre les niveaux de vie). Cette prospérité s'observe dans tous les pays européens de sorte que d'expliquer ces résultats par des causes nationales n'est pas pertinent. Ainsi, que les politiques menées aient été plutôt [[libéralisme|libérales]] ou [[dirigisme|dirigistes]] ne semble n'avoir eu qu'un faible impact sur les données économiques. Il faut donc rechercher les causes de ces chiffres, qui font rêver tous les dirigeants, dans des phénomènes exogènes, dans des causes qui échappent aux choix de la classe politique nationale.
La '''rupture de 1973''' désigne le changement de rythme de la [[croissance économique]] survenu dans les années 1970, par la suite des conséquences néfastes des politiques keynésiennes mises en place de façon de plus en plus forte dans la période précédente. Si on utilise généralement comme date clef 1973, la rupture n'est pas liée exclusivement ou essentiellement au choc pétrolier. Ainsi, la situation se dégrade dès [[1969]] où les premiers signes d'un ralentissement conjoncturel commencent à se manifester.  


Tout d'abord il convient de signaler le rôle décisif joué par les États-Unis. En effet, les Américains ont compris qu'ils ne pouvaient pas revenir à l'isolationnisme qui caractérisait leur doctrine politique au cours des années 20. Ils avaient compris que leur prospérité dependait de la situation des pays européens car toute économie de marché subit la contrainte des débouchés. C'est dans ce sens que les Américains mettent en place le plan Marshall, et les accords du GATT qui permettent une expansion considérable du commerce international. Parallèlement le système de Bretton-Woods prévoit un système monétaire qui repose sur la convertibilité des [[monnaie|monnaies]] en [[or]] et en dollar faisant ainsi du dollar la devise clé. Il faut également remarquer que l'évolution démographique a été particulièrement favorable à une croissance harmonieuse. En effet, le nombre de personnes agées était limitée du fait de la surmortalité des deux guerres mondiales. En même temps le nombre de jeunes adultes aptes à produire et le nombre d'enfants qui consomment sont exceptionnellement nombreux à cause du phénomène du Baby-boom.
== Présentation ==
On ne peut comprendre la [[rupture de 1973]] qu'au regard de la période antérieure. [[Jean Fourastié]] nomme les Trente Glorieuses cette période de croissance exceptionnelle des économies développées au cours de la période [[1946]]-[[1973]]. En effet, ces années sont caractérisées par un taux de croissance moyenne du [[produit intérieur brut]] de 5 % par an, une situation de quasi plein [[emploi]] et une augmentation permanente des niveaux de vie (la consommation des agents a triplé en francs constants). Cette prospérité s'observe dans tous les pays européens, de sorte qu'expliquer ces résultats par des causes nationales n'est pas pertinent. La croissance a en particulier touché les pays qui avaient souffert de la Seconde Guerre mondiale par un effet de rattrapage. Il convient en outre de signaler le rôle décisif joué par les [[États-Unis]] avec le plan Marshall, et les accords du GATT qui permettent une expansion considérable du [[commerce international]] et un retour profitable à tous du [[libre-échange]].  


Néanmoins la situation se dégrade dés [[1969]] où les premiers signes d'un ralentissement conjoncturel commencent à se manifester. Ainsi, l'année 1973 marque une rupture dans le rythme de l'accumulation. Quelles sont les explications évoquées par les penseurs pour expliquer ce retournement? Elles sont nombreuses et certaines assez contradictoires.
Parallèlement le système de Bretton-Woods prévoyait un système monétaire qui reposait sur la convertibilité des [[monnaie|monnaies]] en [[or]] et en dollar, faisant ainsi du dollar la devise clé, et ce depuis 1945. Or, la cause de cette rupture de 1973 a été le détachement du dollar par rapport à l'[[or]], qui s'est produit en 1971. Peut-être que la véritable rupture s'est produite en 1971, parce que le détachement du dollar par rapport à l'[[or]] a été la cause de production de liquidités, d'une part, et des surendettements des États-Unis, d'abord, puis ensuite des autres États (comme une origine de la [[Crise financière de 2007-2008]]), d'autre part. Or, ce surplus de liquidités a entraîné une raréfaction relative du pétrole, et donc une hausse de son prix, puisque indicé en dollar. Ce qui a été une des causes du premier choc pétrolier, précisément, en 1973.


==L'explication de l'école de la régulation==
Il faut également remarquer que l'évolution démographique a été particulièrement favorable à une croissance harmonieuse. En effet, le nombre de personnes âgées était limité du fait des progrès encore trop faibles de la science. La surmortalité des deux guerres mondiales s'est ajoutée à ce contexte de disparition de ces personnes âgées. En même temps, les jeunes adultes aptes à produire, et les enfants qui consomment sont exceptionnellement nombreux à cause du phénomène du baby-boom, survenu après 1945.


Selon cette école, les "Trente glorieuses" sont une période marquée par un type d'accumulation particulier : Celui de type fordiste caractérisé par des gains de productivité élevés liés à des investissements nombreux. Etant donnée que le taux de croissance de la productivité est inférieur au taux de croissance de la production, l'emploi est abondant (ce phénomene est amplifié par le mouvement de baisse du temps de travail). Néanmoins, pour maintenir cet état de croissance élevé de la productivité les entreprises se trouvent dans l'obligation de réaliser des investissements de plus en plus nombreux et coûteux ce qui entraîne une pression à la baisse des profits qui s'amorce dés 1969. En quelque sorte, en utilisant des termes techniques, la [[productivité]] apparente du [[capital]] (rapport entre la production réalisée et le capital nécessaire pour la réaliser) tend à diminuer. Ainsi, à cause de la baisse des profits, les entreprises se retrouvent dans l'obligation de recourir à l'endettement pour financer leurs activités. Or un endettement massif indique, selon les enseignements d'[[Hayek]], qu'une économie vie au-dessus de ses moyens (ce qui est vraiment le cas de la [[France]] aujourd'hui).
== Les conséquences inéluctables des politiques keynésiennes ==
{{article connexe|Multiplicateur keynésien|plan de relance|Équivalence ricardienne|John Maynard Keynes|revenu permanent|taux de chômage naturel}}
Les politiques [[John Maynard Keynes|keynésiennes]] ont dévoilé progressivement toutes leurs conséquences négatives. Essentielle pour la rupture des années 1970 est l'analyse faite dans les années 1960 par [[Edmund Phelps]] et [[Milton Friedman]], deux [[Prix Nobel d'économie]]. Les keynésiens ont cru longtemps pouvoir échanger [[chômage|emploi]] contre [[inflation]] avec la [[courbe de Phillips]]. Friedman en particulier expliqua pourquoi cet échange pouvait fonctionner temporairement, grâce à l'illusion monétaire : cette [[illusion monétaire]] est le comportement par lequel un agent économique confond une variation du niveau général des prix avec une variation des prix relatifs. Un agent est, par exemple, victime d'illusion monétaire s'il pense que seul son [[salaire]] a augmenté (variation d'un prix relatif) en cas de hausse générale des [[prix]], c'est-à-dire d'inflation. Par exemple, quand les prix augmentent de 5 % alors que son salaire a augmenté de 3 %.


En résumé, selon l'école de la régulation, à partir des années 70 l'autofinancement des entreprises est devenu insuffisant. Cette situation étant amplifiée par le choc pétrolier de 1973, les pays de l'OPEP imposant, à la suite de la guerre de Kippour, une hausse de 70% de ses prix et une baisse de ses exportations. L'[[inflation]]  galopante  exerce également une pression à la hausse des salaires puisque  ceux-ci sont indexés sur les [[prix]] (En France, c'est le [[socialisme|socialiste]] Jacques Delors qui impose la désindexation en [[1983]]). En somme, la rentabilité n'est plus au rendez-vous...
Quand les individus se rendent compte de cette illusion, ils demandent des hausses supérieures, nourrissant une spirale inflationniste avec une hausse du chômage, comme le montra la stagflation des années 1970.


==L'explication en terme de rigidités==
== L'explication en terme de rigidités ==
Après la [[Seconde Guerre mondiale]], les pays développés décident de mettre en place des systèmes de monopole de [[Sécurité sociale]], comme, en [[France]], le système Laroque (sous le [[régime de Vichy]]) et en Grande-Bretagne, le plan Beveridge. Or, ces plans ont de nombreux effets pervers si l'on adopte une analyse en termes de ''ce qui se voit et ce qui ne se voit pas'' inaugurée par l'économiste français [[Frédéric Bastiat]]. Ainsi, le développement des corps intermédiaires (syndicats, organisations patronales...) a favorisé une allocation inefficace des ressources, en figeant les [[prix]] à des niveaux non optimaux. Aujourd'hui, on constate que ce sont principalement les pays ayant choisi la voie de la flexibilité (États-Unis et [[Grande-Bretagne]]) qui disposent de la situation économique la plus favorable pour les plus faibles. Parallèlement, en accordant des avantages aux chômeurs, les pouvoirs publics sont accusés de créer un « piège de la dépendance », d'être en quelque sorte à l'origine de la pauvreté. Dans ce sens, l'[[État]] crée ou amplifie le problème qu'il veut justement combattre.


Après la [[deuxième guerre mondiale]], les pays développés décident de mettre en place des systèmes de protection sociale. En [[France]], le système Laroque et en Grande-Bretagne, le plan Beveridge. Or, si ces plans ont effectivement contribué à améliorer le bien-être de la population, ils ont leur côté pervers si l'on adopte une analyse en termes de "ce qui se voit et ce qui ne se voit pas" inaugurée par l'économiste français [[Frédéric Bastiat]]. Ainsi, le développement des corps intermédiaires (syndicats, organisations patronales, ...) a favorisé une allocation inefficace des ressources, en figeant les [[prix]] à des niveaux non optimaux. Aujourd'hui, on constate que c'est principalement les pays qui ont choisi la voie de la flexibilité (États-Unis et Grande Bretagne) qui disposent de la situation économique la plus favorable. Parallèlement, en accordant des avantages aux chômeurs les pouvoirs publics sont accusés de créer un "piège de la dépendance", d'être en quelque sorte à l'origine de la pauvreté des gens. Dans ce sens, l'[[État]] créé, ou amplifie, le problème qu'il veut justement combattre.
== Voir aussi ==
* [[John Maynard Keynes]]
* [[État-providence]]


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La rupture de 1973 désigne le changement de rythme de la croissance économique survenu dans les années 1970, par la suite des conséquences néfastes des politiques keynésiennes mises en place de façon de plus en plus forte dans la période précédente. Si on utilise généralement comme date clef 1973, la rupture n'est pas liée exclusivement ou essentiellement au choc pétrolier. Ainsi, la situation se dégrade dès 1969 où les premiers signes d'un ralentissement conjoncturel commencent à se manifester.

Présentation

On ne peut comprendre la rupture de 1973 qu'au regard de la période antérieure. Jean Fourastié nomme les Trente Glorieuses cette période de croissance exceptionnelle des économies développées au cours de la période 1946-1973. En effet, ces années sont caractérisées par un taux de croissance moyenne du produit intérieur brut de 5 % par an, une situation de quasi plein emploi et une augmentation permanente des niveaux de vie (la consommation des agents a triplé en francs constants). Cette prospérité s'observe dans tous les pays européens, de sorte qu'expliquer ces résultats par des causes nationales n'est pas pertinent. La croissance a en particulier touché les pays qui avaient souffert de la Seconde Guerre mondiale par un effet de rattrapage. Il convient en outre de signaler le rôle décisif joué par les États-Unis avec le plan Marshall, et les accords du GATT qui permettent une expansion considérable du commerce international et un retour profitable à tous du libre-échange.

Parallèlement le système de Bretton-Woods prévoyait un système monétaire qui reposait sur la convertibilité des monnaies en or et en dollar, faisant ainsi du dollar la devise clé, et ce depuis 1945. Or, la cause de cette rupture de 1973 a été le détachement du dollar par rapport à l'or, qui s'est produit en 1971. Peut-être que la véritable rupture s'est produite en 1971, parce que le détachement du dollar par rapport à l'or a été la cause de production de liquidités, d'une part, et des surendettements des États-Unis, d'abord, puis ensuite des autres États (comme une origine de la Crise financière de 2007-2008), d'autre part. Or, ce surplus de liquidités a entraîné une raréfaction relative du pétrole, et donc une hausse de son prix, puisque indicé en dollar. Ce qui a été une des causes du premier choc pétrolier, précisément, en 1973.

Il faut également remarquer que l'évolution démographique a été particulièrement favorable à une croissance harmonieuse. En effet, le nombre de personnes âgées était limité du fait des progrès encore trop faibles de la science. La surmortalité des deux guerres mondiales s'est ajoutée à ce contexte de disparition de ces personnes âgées. En même temps, les jeunes adultes aptes à produire, et les enfants qui consomment sont exceptionnellement nombreux à cause du phénomène du baby-boom, survenu après 1945.

Les conséquences inéluctables des politiques keynésiennes

Les politiques keynésiennes ont dévoilé progressivement toutes leurs conséquences négatives. Essentielle pour la rupture des années 1970 est l'analyse faite dans les années 1960 par Edmund Phelps et Milton Friedman, deux Prix Nobel d'économie. Les keynésiens ont cru longtemps pouvoir échanger emploi contre inflation avec la courbe de Phillips. Friedman en particulier expliqua pourquoi cet échange pouvait fonctionner temporairement, grâce à l'illusion monétaire : cette illusion monétaire est le comportement par lequel un agent économique confond une variation du niveau général des prix avec une variation des prix relatifs. Un agent est, par exemple, victime d'illusion monétaire s'il pense que seul son salaire a augmenté (variation d'un prix relatif) en cas de hausse générale des prix, c'est-à-dire d'inflation. Par exemple, quand les prix augmentent de 5 % alors que son salaire a augmenté de 3 %.

Quand les individus se rendent compte de cette illusion, ils demandent des hausses supérieures, nourrissant une spirale inflationniste avec une hausse du chômage, comme le montra la stagflation des années 1970.

L'explication en terme de rigidités

Après la Seconde Guerre mondiale, les pays développés décident de mettre en place des systèmes de monopole de Sécurité sociale, comme, en France, le système Laroque (sous le régime de Vichy) et en Grande-Bretagne, le plan Beveridge. Or, ces plans ont de nombreux effets pervers si l'on adopte une analyse en termes de ce qui se voit et ce qui ne se voit pas inaugurée par l'économiste français Frédéric Bastiat. Ainsi, le développement des corps intermédiaires (syndicats, organisations patronales...) a favorisé une allocation inefficace des ressources, en figeant les prix à des niveaux non optimaux. Aujourd'hui, on constate que ce sont principalement les pays ayant choisi la voie de la flexibilité (États-Unis et Grande-Bretagne) qui disposent de la situation économique la plus favorable pour les plus faibles. Parallèlement, en accordant des avantages aux chômeurs, les pouvoirs publics sont accusés de créer un « piège de la dépendance », d'être en quelque sorte à l'origine de la pauvreté. Dans ce sens, l'État crée ou amplifie le problème qu'il veut justement combattre.

Voir aussi


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