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Rupture de 1973
La rupture de 1973 désigne le changement de rythme de la croissance économique survenu dans les années 1970, par la suite des conséquences néfastes des politiques keynésiennes mises en place de façon de plus en plus forte dans la période précédente. Si on utilise généralement comme date clef 1973, la rupture n'est pas liée exclusivement ou essentiellement au choc pétrolier. Ainsi, la situation se dégrade dès 1969 où les premiers signes d'un ralentissement conjoncturel commencent à se manifester.
Présentation
On ne peut comprendre la rupture de 1973 qu'au regard de la période antérieure. Jean Fourastié nomme les Trente Glorieuses cette période de croissance exceptionnelle des économies développées au cours de la période 1946-1973. En effet, ces années sont caractérisées par un taux de croissance moyenne du produit intérieur brut de 5 % par an, une situation de quasi plein emploi et une augmentation permanente des niveaux de vie (la consommation des agents a triplé en francs constants). Cette prospérité s'observe dans tous les pays européens, de sorte qu'expliquer ces résultats par des causes nationales n'est pas pertinent. La croissance a en particulier touché les pays qui avaient souffert de la Seconde Guerre mondiale par un effet de rattrapage. Il convient en outre de signaler le rôle décisif joué par les États-Unis avec le plan Marshall, et les accords du GATT qui permettent une expansion considérable du commerce international et un retour profitable à tous du libre-échange.
Parallèlement le système de Bretton-Woods prévoyait un système monétaire qui reposait sur la convertibilité des monnaies en or et en dollar, faisant ainsi du dollar la devise clé, et ce depuis 1945. Or, la cause de cette rupture de 1973 a été le détachement du dollar par rapport à l'or, qui s'est produit en 1971. Peut-être que la véritable rupture s'est produite en 1971, parce que le détachement du dollar par rapport à l'or a été la cause de production de liquidités, d'une part, et des surendettements des États-Unis, d'abord, puis ensuite des autres États (comme une origine de la Crise financière de 2007-2008), d'autre part. Or, ce surplus de liquidités a entraîné une raréfaction relative du pétrole, et donc une hausse de son prix, puisque indicé en dollar. Ce qui a été une des causes du premier choc pétrolier, précisément, en 1973.
Il faut également remarquer que l'évolution démographique a été particulièrement favorable à une croissance harmonieuse. En effet, le nombre de personnes âgées était limité du fait des progrès encore trop faibles de la science. La surmortalité des deux guerres mondiales s'est ajoutée à ce contexte de disparition de ces personnes âgées. En même temps, les jeunes adultes aptes à produire, et les enfants qui consomment sont exceptionnellement nombreux à cause du phénomène du baby-boom, survenu après 1945.
Les conséquences inéluctables des politiques keynésiennes
Les politiques keynésiennes ont dévoilé progressivement toutes leurs conséquences négatives. Essentielle pour la rupture des années 1970 est l'analyse faite dans les années 1960 par Edmund Phelps et Milton Friedman, deux Prix Nobel d'économie. Les keynésiens ont cru longtemps pouvoir échanger emploi contre inflation avec la courbe de Phillips. Friedman en particulier expliqua pourquoi cet échange pouvait fonctionner temporairement, grâce à l'illusion monétaire : cette illusion monétaire est le comportement par lequel un agent économique confond une variation du niveau général des prix avec une variation des prix relatifs. Un agent est, par exemple, victime d'illusion monétaire s'il pense que seul son salaire a augmenté (variation d'un prix relatif) en cas de hausse générale des prix, c'est-à-dire d'inflation. Par exemple, quand les prix augmentent de 5 % alors que son salaire a augmenté de 3 %.
Quand les individus se rendent compte de cette illusion, ils demandent des hausses supérieures, nourrissant une spirale inflationniste avec une hausse du chômage, comme le montra la stagflation des années 1970.
L'explication en terme de rigidités
Après la Seconde Guerre mondiale, les pays développés décident de mettre en place des systèmes de monopole de Sécurité sociale, comme, en France, le système Laroque (sous le régime de Vichy) et en Grande-Bretagne, le plan Beveridge. Or, ces plans ont de nombreux effets pervers si l'on adopte une analyse en termes de ce qui se voit et ce qui ne se voit pas inaugurée par l'économiste français Frédéric Bastiat. Ainsi, le développement des corps intermédiaires (syndicats, organisations patronales...) a favorisé une allocation inefficace des ressources, en figeant les prix à des niveaux non optimaux. Aujourd'hui, on constate que ce sont principalement les pays ayant choisi la voie de la flexibilité (États-Unis et Grande-Bretagne) qui disposent de la situation économique la plus favorable pour les plus faibles. Parallèlement, en accordant des avantages aux chômeurs, les pouvoirs publics sont accusés de créer un « piège de la dépendance », d'être en quelque sorte à l'origine de la pauvreté. Dans ce sens, l'État crée ou amplifie le problème qu'il veut justement combattre.
Voir aussi
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