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Privilège

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Le mot privilège, du latin privata-lex (« loi particulière »), est à l'origine une disposition juridique conférant un statut particulier.

Un principe du droit romain, formulé dans les douze Tables (source et l'origine de tout le droit civil à Rome), était l'interdiction des privilegia, c'est-à-dire des lois visant un individu particulier. La loi devait avoir un caractère universel (isonomie, égalité juridique).

Sous l'Ancien Régime, le mot désignait les droits et obligations dont bénéficiaient la noblesse, le clergé ou tel ou tel corps constitué ; le terme, au départ juridique, acquiert un sens social et politique, et en particulier une connotation négative.

Privilege-public-prive.jpg

Privilèges modernes

De nos jours, le privilège est un avantage possédé par telle ou telle catégorie professionnelle, présenté par ses membres comme des acquis sociaux et par les adversaires de ce système comme des dispositions inégalitaires. Les fonctionnaires, parce qu'ils disposent de la garantie de l'emploi (sauf dans certains pays) et d'une quasi-impossibilité d'être licenciés, sont les premiers privilégiés. Toutes les catégories sociales bénéficiant d'avantages divers, établis par la loi, sont des privilégiés : des journalistes exonérés d'impôt sur le revenu aux professions libérales bénéficiant d'un numerus clausus (notaires, pharmaciens, taxis), en passant par le régime des employés de banques, les retraites des régimes spéciaux, il existe de nos jours de très nombreux privilèges, qui sont rarement considérés comme tels par le grand public, tellement ils font partie du paysage.

La « propriété intellectuelle » relève également du privilège, cela transparaît historiquement dans le brevet, qui succède au privilège royal (par exemple Blaise Pascal, inventeur de la pascaline, obtient du roi en 1649 un privilège qui interdit à quiconque de fabriquer une machine arithmétique).

De façon générale, d'un point de vue libertarien, tout avantage qui ne résulte pas d'un accord tel qu'un contrat de droit privé ou qui, à défaut, ne bénéficie pas du consentement unanime de la population, peut être considéré comme un privilège. Ainsi, la démocratie n'a pas entraîné l'abolition des privilèges, au contraire :

« Il n’existe pas de privilèges personnels en démocratie. Cela dit, il y a bel et bien des privilèges fonctionnels. Le « droit public » s’applique aux élus et hauts fonctionnaires et les protège, leur offrant de fait une position privilégiée par rapport à tous ceux qui sont simplement gouvernés par le « droit privé ». Les fonctionnaires ont ainsi le droit de financer leurs propres activités par le biais de l’impôt. En clair, il leur est permis de vivre en toute légalité de ce qui est considéré, dans le droit privé entre sujets privés, comme du vol pur et simple. Il est donc bien évident que les privilèges et la discrimination devant la loi – ainsi que la distinction entre souverains et sujets – n’ont pas disparu avec la démocratie. »
    — Hans-Hermann Hoppe

Le privilège, inscrit dans le droit positif, est destructeur du droit naturel des personnes, car chaque privilège arraché à d'autres ouvre la voie d'un privilège contre soi-même.

Le concept de privilège transformé en arme politique

Affiche "Check your privilege" dans une université canadienne.

Les conceptions gauchisantes ont une définition beaucoup plus lâche et subjective du privilège : un privilège serait « un bénéfice ou un avantage réservé à certaines personnes ou groupes de personnes ».

Un concept aussi vague s'applique à un grand nombre de personnes, indépendamment de leurs mérites ou de leur situation. Ainsi être riche, être blanc, être mâle, être Occidental, être cultivé, ne pas être handicapé, etc. serait un « privilège ». Cela permet à la gauche de qualifier arbitrairement de « privilégiée » une partie de la population, et de réclamer des mesures coercitives en vue d'un égalitarisme totalitaire. Elle tente de biaiser le droit positif pour diviser la population et établir artificiellement ce qui n'est rien d'autre qu'un ensemble de nouveaux privilèges aussi injustifiés les uns que les autres. C'est une forme de racisme, qui cherche à pénaliser et culpabiliser les personnes en fonction de ce qu'elles sont (apparence physique, situation sociale) sous prétexte qu'elles appartiendraient à des groupes "dominants".

Citations

  • « Privilège suppose quelqu’un pour en jouir et quelqu’un pour le payer. » (Frédéric Bastiat[1])
  • « On dit, pour parler des gens qui ont un revenu élevé : les privilégiés. Or, la notion de privilège, ce n'est pas ça. Un privilégié est quelqu'un qui bénéficie d'un avantage payé par quelqu'un d'autre. » (Jean-François Revel)
  • « Nous ne devrions pas parler d'inégalités mais de différences ; différence est un terme neutre et inégalité un terme connoté. Les inégalités sont généralement confondues avec les injustices. Cela conduit à l'idée que les pauvres sont pauvres car les riches sont riches, c'est-à-dire que les riches ont tiré leur fortune des pauvres, ce qui est faux. » (Peter Thomas Bauer[2])
  • « Le collectivisme a certainement perdu depuis longtemps sa base morale et il ne se nourrit plus que des intérêts particuliers de groupes privilégiés. Cependant bien des erreurs intellectuelles sont encore couramment partagées, même par des hommes qui se croient sincèrement anti-collectivistes : par exemple, le fait de croire que certaines activités appartiennent « par nature » à l'État ; que l'échange de votes contre des faveurs peut être mis sur un pied d'égalité avec l'échange de valeurs contre d'autres valeurs sur un marché libre ; que la participation à un processus démocratique implique nécessairement l'acceptation de ce qui en résulte, comme s'il existait une demande collective de « biens publics » facilement déterminable ; ou encore qu'il existe quelque chose que l'on peut appeler le « bien-être général » auquel les droits des individus pourraient être sacrifiés. Aussi longtemps que les arguments en faveur de la liberté individuelle n'auront pas conquis les esprits, la démocratie restera un moyen très efficace d'étendre indéfiniment les activités de l'État. » (Pascal Salin, Libéralisme, 2000)
  • « La polémique contre le privilège est un des traits caractéristiques du libéralisme ; il excommunie le « privilège » par dévotion pour le « Droit » ; mais il doit s'en tenir à cette excommunication platonique, car les privilèges, n'étant que des aspects particuliers du droit, ne tomberont pas avant le droit lui-même. Le Droit n'entrera dans son néant que lorsqu'il aura été absorbé par la Force, c'est-à-dire quand on aura compris que « la force prime le droit ». Alors, tout droit se révélera privilège, et le privilège lui-même apparaîtra sous son vrai jour comme puissance — puissance prépondérante. » (Max Stirner[3])
  • « Plutôt que d'être limités aux princes et aux nobles, en démocratie, les privilèges tombent à la portée de tous : chacun peut participer au vol et vivre du butin volé, il suffit juste de devenir fonctionnaire. » (Hans-Hermann Hoppe[4])

Informations complémentaires

Notes et références

  1. Chapitre IV des Harmonies Économiques
  2. Entretien avec Peter Thomas Bauer, John Blundell
  3. Ma puissance
  4. Hans-Hermann Hoppe, De l’aristocratie à la monarchie à la démocratie : un conte de folie et de déclin moraux et économiques

Bibliographie

  • 2012, Matthew Mitchell, "The Pathology of Privilege: The Economic Consequences of Government Favoritism", Mercatus Center: Arlington, Virginia

Voir aussi

Liens externes


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