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Prison

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La prison est un lieu d'enfermement par contrainte légale (application du droit pénal). Au sens large, la prison peut désigner des limites virtuelles s'appliquant à l'esprit et empêchant ainsi la personne prisonnière de réaliser ce qu'elle veut.

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Rôle de la prison

La prison peut avoir deux rôles différents :

  • infliger une punition physique et morale au coupable d'un crime ;
  • isoler une personne dangereuse pour protéger le reste de la société.

Ces deux rôles vont souvent ensemble dans un système où la justice implique une notion de morale et de vengeance. Certaines théories anarchistes prônent la fin des systèmes de justice appliquant la vengeance, en prétextant que celle-ci ne sert à rien d'autre que perpétuer le cycle de la violence. Le but de la justice devrait être de rendre à la victime ou à ses représentants l'équivalent de ce qu'elle a perdue. Selon cette vision, la prison devrait être réservée à la seule nécessité d'isolement pour protéger le reste de la société contre une personne très dangereuse.

Prisons privées

Des prisons privées existent dans divers pays (États-Unis, Canada, Grande-Bretagne). Les États y ont en général recours pour remédier au problème de la surpopulation carcérale.

Dans une société anarcho-capitaliste, où les services d'utilité générale sont tous privés et fournis par le marché, la prison est une entreprise comme une autre, qui a partie liée avec les tribunaux privés et les polices privées. Elle peut être rémunérée par des compagnies d'assurances, des sociétés de protection ou par les pénalités imposées à ses "usagers".

Inefficacité de la prison

On reproche souvent à la prison son inefficacité dans plusieurs domaines :

  • Les remises de peines permettent de relâcher des prisonniers sans être sûr que ceux-ci ne sont plus dangereux. Ainsi plusieurs personnes innocentes ont été tuées par des prisonniers relâchés avant la fin de leur peine.
  • La prison ne permet pas de réinsérer efficacement les prisonniers en sortie de prison. La prison étant par définition un lieu limité, les possibilités pour le prisonnier de trouver une activité l'aidant à reprendre pied honnêtement dans la société sont, elles aussi, limitées. Ainsi le prisonnier a de grandes chances de sortir de prison dans la même situation sociale voire pire qu'au moment de son entrée.
  • Paradoxalement, alors que la prison devrait servir de lieu d'isolement, les prisonniers sont isolés ensemble. Ils sont donc regroupés. Les criminels y sont quotidiennement en contact avec d'autres criminels et partagent leur expérience du crime. C'est pourquoi la prison est souvent appelée "l'école du crime".
  • Si le but de la justice était de rendre à la victime ou à ses représentants l'équivalent de ce qu'elle a perdu, le fait d'enfermer quelqu'un en prison ne permettra pas à la victime de récupérer quoi que ce soit. Au contraire, par l'intermédiaire de ses impôts, elle va payer pour entretenir le prisonnier qui de son côté, puisqu'il est enfermé en prison, n'aura aucun moyen de rembourser les dégâts causés.
  • La récidive des anciens condamnés est plus élevée pour les personnes qui ne peuvent pas trouver d'emploi après leur sortie de prison. Cela impose un coût élevé à la société qui doit encore prendre en charge ces personnes en dehors de la prison car les possibilités d'emploi sont particulièrement limitées pour les ex-détenus.

Par conséquent, il y a lieu pour les responsables de la société actuelle de s'interroger sur la place de l'individu dans cette société et du rôle de la prison en dehors de la protection des faibles contre les personnes dangereuses et/ou de sa fonction de pénitence. Ainsi, le concept du détenu entrepreneur[1] a émergé aux États-Unis à partir des années 1980 suite à la montée croissante des détenus et de la folie de l'administration Reagan, dans la guerre contre la drogue, d'emprisonner tous ceux qui avaient de près ou de loin une relation avec le trafic de drogue y compris les faibles consommateurs. Il y a cependant un seuil où il faut maintenant réfléchir comment diminuer le nombre des détenus à l'intérieur des prisons plutôt que de développer des bâtiments pénitenciers pour y entasser le surplus d'individus indésirables dans la société. L'être humain est naturellement un entrepreneur, c'est à dire une personne qui agit en vue d'obtenir quelque chose qui lui est profitable. Aussi, l'entrepreneuriat, quelle que soit ses formes juridiques, même si le statut de travailleur indépendant semblerait cependant le plus approprié, serait une alternative viable pour les ex-détenus. Certains experts de l'idée du détenu entrepreneur vont beaucoup plus loin en intégrant naturellement et organiquement son activité à la vie même de l'enceinte carcérale.

La Norvège, par son système de réhabilitation, a le taux le plus bas de récidive au monde.[2].

Citations

  • « Quoi d'étonnant si la prison ressemble aux usines, aux écoles, aux casernes, aux hôpitaux, qui tous ressemblent aux prisons ? » (Michel Foucault, 1975)

Informations complémentaires

Bibliographie

  • 1978, Sandra E. Gleason, "Hustling: The 'Inside Economy' of a Prison", Federal Probation, Vol 42, June, pp32-40
  • 1980, David B. Kalinich, "The Inmate Economy", Lexington, Mass.: D. C. Heath and Co.
  • 1982, Warren E. Burger, "More Warehouses, or Factories With Fences?", New England Journal of Prison Law, Vol 8, n°1, Winter, pp111-120
  • 1985,
    • Warren E. Burger, "Prison Industries: Turning Warehouses into Factories with Fences", Public Administration Review, Vol 45, pp754-757
    • J. Roger Lee, Laurin A. Wollan, "The Libertarian Prison: Principles of Laissez-Faire Incarceration", The Prison Journal, October, Vol 65, n°2
  • 1986, Warren I. Cikins, "Privatization of the American Prison System: An Idea Whose Time Has Come?"", Notre Dame Journal of Law, Ethics, and Public Policy, Vol 2, n°2, pp445-464
  • 1991, Malcolm M. Feeley, "The Privatization of Prisons in Historical Perspective", Criminal Justice Research Bulletin, Vol 6, n°2, p109
  • 1998, Richard L. Lippke, "Prison Labor: Its Control, Facilitation, and Terms", Law and Philosophy, Vol 17, n°5-6, Nov., pp533-557
  • 2009, Stephen Cox, "The Big House: Image and Reality of the American Prison", Yale University Press

Voir aussi

Liens externes


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  1. Selon certaines estimations statistiques approximatives, les ex-détenus sans emploi sont trois à cinq fois plus susceptibles de commettre un autre délit que ceux qui ont un emploi. Car, il est particulièrement difficile pour les anciens condamnés d'obtenir un emploi puisque leur casier judiciaire est considéré comme négatif par la plupart des employeurs. La réaction sans doute un peu simple est d'encourager les détenus à créer leur propre emploi. Aussi, afin d'encourager les détenus à entreprendre au sein de l'organisation carcérale, les experts imaginent développer leur concept sur l'idée d'organisation entrepreneuriale et intrapreneuriale afin de créer de nouvelles entreprises au sein de la prison. Cependant, même si l'intention est louable, une prison n'a pas une orientation entrepreneuriale à sa base. Son fonctionnement est très différent de la firme entrepreneuriale. L'entrepreneuriat pourrait réussir à réhabiliter les prisonniers, mais pour l'instant, les autorités ont des difficultés à gérer ce changement d'orientation de gestion des prisons (Jeffrey Shedd, 1982, "Making Good(s) Behind Bars. Entrepreneurship threatened to rehabilitate Maine's prisoners but the authorities couldn't handle it", Reason Magazine, March) Au lieu d'adopter une vision universaliste de l'entrepreneur à la façon de l'école autrichienne d'économie dans la lignée de Ludwig von Mises, les spécialistes du détenu entrepreneur se sont pour l'instant engouffrés dans une fausse voie psychologique de l'entrepreneur où les détenus qui seraient autorisés à devenir entrepreneur seraient ceux qui répondraient favorablement à des tests de structure de personnalité soi-disant adéquats avec leur future activité entrepreneuriale. Ces travaux reposent sur l'aptitude entrepreneuriale supérieure à la moyenne de certains détenus qui anticiperaient leur succès futur dans le monde des affaires. Bien que les compétences entrepreneuriales puissent être enseignées, l'aptitude entrepreneuriale peut être plus intrinsèque et ne pas dépendre des attributs spécifiques du détenu ou de son expérience entrepreneuriale précédente (par exemple son exposition à une petite entreprise ou à une formation à un travail indépendant).
    • 1982, Sharon Goodman, "Prisoners as Enterpreneurs: Developing a Model for Prisoner-Run Industry", Boston University Law Review, Vol 62, n°5, November, pp1163-1195
    • 1984, J. Roger Lee, "Inmate Entrepreneurship as an Ideal in Penal Institutions", Proceedings of the 29th Annual Southern Conference on Corrections, Tallahassee: Florida State Univ.
    • 1994, Robert J. Barbato, Matthew C. Sonfield, "Testing Prison Inmates for Entrepreneurial Aptitude", Journal of Small Business Strategy, Vol 5, n°2
    • 2001, Robert J. Barbato, R. Lussier, Matthew C. Sonfield, "The entrepreneurial aptitude of prison inmates and the potential benefit of self-employment training programs", Academy of Entrepreneurship Journal, Vol 7, n°2, pp85-94
  2. What We Can Learn From Norway’s Prison System: Rehabilitation & Recidivism