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James McGill Buchanan

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James McGill Buchanan
Économiste

Dates 1919 - 2013
Buchanan Photo.jpg
Tendance École du Public Choice, libéral classique
Nationalité États-Unis États-Unis
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James Buchanan, de son nom complet, James McGill Buchanan Jr., né à Murfreesboro (Tennessee) le 3 octobre 1919 et mort à Blacksburg (Virginie) le 9 janvier 2013, est un économiste américain. Il reçut le Prix Nobel d'Économie en 1986 pour le développement de l'école du Choix Public. Il a été le président de la Société du Mont-Pèlerin de 1984 à 1986 succédant à Ralph Harris et laissant sa place à Herbert Giersch.

Biographie de James McGill Buchanan

Né à Murfreesboro, Tennessee aux États-Unis, il fait ses études universitaires à l'université de Chicago. Il y suit les cours de Frank Knight (fondateur de l'école de Chicago) qui le font évoluer des idées socialistes à la défense du laissez-faire.

En 1962, il publie conjointement avec Gordon Tullock Le Calcul du consentement. Fondations logiques de la démocratie constitutionnelle (The Calculus of consent. Logical Foundations of constitutionnal democracy) qui sera l'ouvrage de référence d'un nouveau champ d'analyse, le choix public. Selon ces auteurs, les individus se comportent de la même façon sur les marchés et dans la vie politique. Les hommes politiques, les électeurs et les administrations agissent en fonction de leur propre intérêt et non de l'intérêt public. Buchanan résumait la théorie des choix publics comme « la politique sans romantisme ».

En 1971, l'arrivée d'un jeune économiste mathématicien, Winston Bush (1941-1973) va accélérer le sens de ses recherches. En deux ans, il va apporter à James Buchanan et à Gordon Tullock, la pièce manquante de leur réflexion, l'économie politique constitutionnelle de l'anarchie. James Buchanan lui dédicacera en 1975 son ouvrage, The Limits of Liberty - Between Anarchy and Leviathan, en hommage à son apport intellectuel et honorera ainsi sa courte vie pour l'éternité aux yeux de l'humanité.

James Mc Buchanan est l'auteur de nombreuses analyses dont la théorie du Léviathan fiscal. En compagnie de son collègue Geoffrey Brennan en 1980, ils considèrent que l'État recherche à maximiser ses recettes fiscales. Dans l'hypothèse où les individus et les entreprises sont mobiles géographiquement (modèle de Tiébout), alors la décentralisation fiscale oblige les gouvernements à une concurrence fiscale. Le Léviathan fiscal perd son monopole et les dépenses publiques sont ramenées peu à peu vers les préférences des citoyens. Dans ses travaux sur la théorie fiscale, il est influencé dès 1960 par les économistes italiens[1] : Antonio De Viti De Marco, Domenico Da Empoli, Ugo Mazzola, Giovanni Montemartini, Maffeo Pantaleoni. Il est à l'origine de l'expression du dilemme du samaritain qui fait référence à la parabole biblique du bon samaritain.

Les auteurs qui ont influencé James Buchanan

Influence de Knut Wicksell sur la pensée de James Buchanan

L'impact des idées de Knut Wicksell sur la pensée économique et politique de James Buchanan est indéniable. En tant qu'économiste suédois du début du XXe siècle, Wicksell a développé des concepts novateurs qui ont profondément influencé la façon dont Buchanan a abordé la gouvernance et les politiques publiques. Parmi les principes fondamentaux de Wicksell qui ont marqué Buchanan, deux se distinguent particulièrement : la théorie de l'unanimité et le principe de la liaison entre les dépenses publiques et le financement.

  • . Théorie de l'unanimité. La théorie de l'unanimité de Wicksell postule que l'efficacité maximale est atteinte lorsque toutes les décisions gouvernementales sont approuvées à l'unanimité. Cette approche reflète une profonde préoccupation pour la légitimité des décisions politiques, en mettant en avant l'idée que chaque individu devrait consentir à une politique ou une décision gouvernementale pour qu'elle soit considérée comme légitime. Cette critique des décisions majoritaires, qui risquent d'ignorer les préférences des minorités, a façonné la vision de Buchanan sur la gouvernance démocratique.
  • . Liaison entre les dépenses publiques et le financement. Un autre concept clé de Wicksell est celui de la liaison entre les dépenses publiques et le financement. Il soutient que les décisions sur les dépenses gouvernementales doivent être directement liées aux décisions sur les impôts pour financer ces dépenses. Cette théorie met en lumière l'importance de la responsabilité fiscale et de la transparence dans la gestion des finances publiques, soulignant les conséquences économiques à long terme d'une déconnexion entre les dépenses et leur financement.

James Buchanan a intégré ces principes de Wicksell dans sa propre théorie du choix public et de l'économie constitutionnelle. Il a reconnu l'importance de rechercher des mécanismes de décision gouvernementale qui tiennent compte des préférences de toutes les parties concernées, tout en soulignant la nécessité de lier les décisions de dépenses publiques à leur financement. En adoptant et en adaptant les concepts de l'unanimité et de la liaison entre dépenses et financement, Buchanan a contribué à élaborer des modèles théoriques et pratiques visant à améliorer l'efficacité et la légitimité des gouvernements.

Influence d'Antonio de Viti de Marco sur la pensée de James Buchanan

L'influence d'Antonio de Viti de Marco sur les idées de James Buchanan a été significative, notamment dans le domaine de la finance publique et de la critique de l'intervention étatique excessive.

  • . La théorie de la finance publique de Viti de Marco se concentre sur l'analyse des effets des décisions fiscales sur les comportements individuels. Il met en avant l'idée que les choix fiscaux ont un impact direct sur les incitations individuelles, influençant ainsi les décisions économiques et sociales. Cette approche met en lumière l'importance des motivations individuelles dans les décisions fiscales, soulignant que les politiques fiscales doivent être conçues de manière à encourager des comportements économiquement bénéfiques.
  • . Critique de l'intervention étatique excessive. Viti de Marco critique également l'intervention étatique excessive, plaidant pour une limitation du rôle de l'État à la fourniture de biens publics strictement nécessaires. Cette perspective souligne les dangers d'une expansion démesurée de l'État, mettant en garde contre les effets néfastes de la bureaucratie et de la réglementation excessive sur l'économie et la société.
  • . Impact sur Buchanan. James Buchanan a intégré ces principes de Viti de Marco dans sa propre théorie du choix public et de l'économie constitutionnelle. Il a reconnu l'importance des motivations individuelles dans les décisions fiscales et la nécessité de limiter l'intervention étatique pour préserver la liberté individuelle et promouvoir la prospérité économique. En adoptant la critique de Viti de Marco sur l'intervention étatique excessive, Buchanan a contribué à élaborer des modèles théoriques et pratiques visant à promouvoir un rôle limité de l'État et à renforcer les mécanismes de marché.

Principes fondamentaux du libéralisme de James Buchanan

James Buchanan a développé une vision unique du libéralisme qui repose sur plusieurs principes clés. Ces principes sont marqués par une critique profonde de l'économie néoclassique et de l'économie du bien-être, une emphase sur l'analyse comparative et positive, et une approche méthodologique centrée sur l'individualisme.

  • . Critique de l'économie néoclassique et de l'économie du bien-être. James Buchanan critique la tendance à traiter l'État comme une entité monolithique et bienveillante qui agit pour le bien commun. Il rejette cette vision collectiviste, soulignant que l'État n'est pas un acteur homogène mais un ensemble d'individus poursuivant leurs propres intérêts. En remettant en question la notion d'une fonction de bien-être social globale, Buchanan affirme que cette approche néglige les motivations et les comportements individuels. Il soutient que les politiques basées sur cette perspective peuvent mener à des inefficacités et à une gouvernance suboptimale.
  • . Importance de l'analyse comparative et positive. Plutôt que de se concentrer uniquement sur des prescriptions normatives, James Buchanan insiste sur la nécessité de comprendre les implications pratiques et réelles des différentes politiques. Cette approche comparative permet d'évaluer comment différents systèmes de gouvernance et structures institutionnelles performent dans des contextes variés, en tenant compte des préférences et des comportements des individus concernés. Buchanan soutient que seule une analyse rigoureuse et empirique peut guider vers des politiques efficaces et justes.
  • . Jugement de la "bonne" gouvernance par l'efficacité. Pour James Buchanan, la "bonne" gouvernance se juge par la mesure dans laquelle elle parvient à satisfaire les préférences des individus de manière optimale et avec un coût minimal. L'efficacité gouvernementale est donc définie par la capacité à répondre aux besoins et aux demandes des citoyens sans gaspillage de ressources. Il soutient que l'efficacité peut être évaluée uniquement par les individus qui sont affectés par les actions du gouvernement, et non par des critères abstraits ou imposés de manière externe. Cette perspective implique un respect profond des préférences individuelles et de leur expression dans le processus politique.
  • . Individualisme méthodologique. James Buchanan affirme que toutes les actions économiques et sociales doivent être comprises comme le résultat des décisions et des interactions individuelles. Les agrégats économiques, comme le PIB ou le taux de chômage, ne sont pas des entités autonomes mais des résultats des comportements individuels. Selon lui, les institutions et les structures politiques doivent être conçues pour refléter et respecter cette primauté de l'individu. Les politiques publiques doivent être évaluées en termes de leur impact sur les choix et les libertés individuelles, plutôt que sur des mesures globales ou collectives.
  • . Rôle central des individus dans les décisions économiques. James Buchanan soutient que le développement économique et social est conduit par les choix quotidiens des individus, qu'ils soient travailleurs, consommateurs, entrepreneurs ou investisseurs. Ce principe signifie que les politiques économiques doivent se concentrer sur la création de conditions qui permettent aux individus de poursuivre librement leurs objectifs personnels. Cela inclut la protection des droits de propriété, la garantie de la liberté contractuelle et la minimisation des interventions étatiques qui peuvent distordre les incitations et les comportements individuels.
  • . Impact des institutions sur les décisions collectives. James Buchanan souligne que les décisions collectives et les résultats économiques dépendent largement des institutions dans lesquelles elles sont prises. Il souligne que les différentes constitutions, systèmes électoraux, et structures fédérales peuvent créer des incitations variées qui influencent les comportements individuels et collectifs. Par exemple, un système électoral proportionnel peut encourager la formation de coalitions et la représentation diversifiée, tandis qu'un système majoritaire peut favoriser des décisions plus centrées mais potentiellement moins représentatives. Buchanan insiste sur l'importance de concevoir des institutions qui alignent les incitations individuelles avec les objectifs sociaux désirés, minimisant ainsi les conflits et maximisant l'efficacité collective.

Travaux

Origines et principes de la théorie du choix public

La théorie du choix public, dont James Buchanan est un des principaux architectes, émerge comme une réaction aux insuffisances perçues dans l'analyse économique traditionnelle des décisions publiques. Elle se situe à l'intersection de l'économie et de la science politique et vise à appliquer les outils de l'économie aux processus de décision politique. Cette théorie repose sur plusieurs principes clés qui sont fondamentaux pour comprendre son approche et ses implications.

  • . Origines de la théorie du choix public. Les travaux de James Buchanan cherchent à comprendre comment les individus et les groupes prennent des décisions dans le cadre politique, en utilisant les mêmes hypothèses de rationalité qui s'appliquent aux décisions économiques. Buchanan s'inspire notamment des travaux de précurseurs comme Knut Wicksell, qui mettait en avant l'idée de l'unanimité pour les décisions publiques, et de l'approche individualiste de l'économie, où l'accent est mis sur les motivations et les actions des individus plutôt que sur des entités collectives abstraites. L'un des principaux objectifs de la théorie du choix public est de déconstruire l'idée de l'État bienveillant qui agit toujours dans l'intérêt public. Au lieu de cela, la théorie propose que les acteurs politiques (politiciens, bureaucrates, électeurs) poursuivent leurs propres intérêts, tout comme les acteurs économiques. En analysant les comportements des acteurs politiques à travers le prisme de l'intérêt personnel, la théorie du choix public cherche à expliquer pourquoi certaines politiques publiques échouent ou produisent des résultats inefficaces.
  • . Analyse des processus décisionnels collectifs. La théorie du choix public part du principe que les individus, y compris les politiciens et les bureaucrates, sont rationnels et cherchent à maximiser leur utilité. Cela signifie qu'ils prennent des décisions basées sur leur propre intérêt, qu'il s'agisse de gagner des élections, d'accroître leur pouvoir ou d'augmenter leur budget. Cette perspective contraste avec l'idée que les décisions politiques sont prises dans un esprit de service public désintéressé. La théorie du choix public de James Buchanan examine comment les règles et les institutions influencent les résultats politiques. Par exemple, les systèmes électoraux, les règles de vote, et les structures bureaucratiques sont étudiés pour comprendre comment ils affectent les comportements et les résultats politiques. Buchanan et Gordon Tullock, dans "The Calculus of Consent," développent des modèles pour montrer comment différentes règles de décision (comme la majorité simple versus l'unanimité) impactent les résultats des politiques publiques.

Analyse économique de la constitution et de ses effets

Cette approche de l'économie constitutionnelle par James Buchanan vise à comprendre comment les constitutions et les structures institutionnelles façonnent les incitations et les comportements des individus et des acteurs politiques au sein d'une société.

  • . Importance de la constitution. La constitution d'un pays est le cadre institutionnel fondamental qui définit les pouvoirs, les responsabilités et les limites du gouvernement. Elle établit les règles du jeu pour les acteurs politiques et économiques, et influence ainsi les décisions politiques, les politiques publiques et les comportements individuels. Buchanan soutient que la conception de la constitution est essentielle pour garantir un gouvernement efficace et responsable. Une constitution bien conçue doit protéger les droits individuels, limiter le pouvoir discrétionnaire du gouvernement et fournir des incitations pour la coopération et la prospérité économique.
  • . Structures fédérales et gouvernement local comme moyens d'améliorer l'efficacité. Buchanan met en avant les structures fédérales et le gouvernement local comme des moyens d'améliorer l'efficacité gouvernementale. Il soutient que la décentralisation du pouvoir politique permet une meilleure adaptation aux préférences locales et une plus grande responsabilité des gouvernants envers les gouvernés. Les structures fédérales permettent également une concurrence institutionnelle entre les juridictions, favorisant l'innovation politique et la recherche de solutions aux problèmes sociaux. Les individus ont ainsi plus de choix quant à leur lieu de résidence et peuvent voter avec leurs pieds s'ils sont mécontents des politiques locales.
  • . Le rôle des constitutions dans la limitation des comportements opportunistes. Une fonction clé des constitutions est de limiter les comportements opportunistes des gouvernants et des acteurs politiques. Les contraintes constitutionnelles, telles que la séparation des pouvoirs, les mécanismes de contrôle et les garanties des droits individuels, sont conçues pour protéger les citoyens contre les abus de pouvoir. Buchanan insiste sur l'importance de concevoir des constitutions avec des mécanismes de limitation du gouvernement, tels que des procédures d'amendement difficiles, des périodes de mandat limitées et des mécanismes de responsabilité et de reddition de comptes des gouvernants.
  • . Effets des constitutions sur la stabilité et la prospérité. Les constitutions bien conçues contribuent à la stabilité politique et à la prospérité économique en fournissant un cadre institutionnel prévisible et fiable pour les acteurs économiques et politiques. Elles réduisent l'incertitude et le risque, favorisant ainsi l'investissement, l'innovation et la croissance économique. De plus, les constitutions qui garantissent les droits de propriété et la primauté du droit sont associées à des niveaux plus élevés de liberté économique et de développement économique durable.

En conclusion, pour James Buchanan, l'analyse de la constitution et de ses effets est cruciale pour comprendre le fonctionnement des institutions politiques et économiques. Il met en avant l'importance de concevoir des constitutions qui limitent le pouvoir du gouvernement, favorisent la décentralisation et protègent les droits individuels. Ces institutions bien conçues sont essentielles pour promouvoir l'efficacité gouvernementale, la stabilité politique et la prospérité économique à long terme.

Fédéralisme et provision des biens publics

James Buchanan plaide fortement pour le fédéralisme et l'autogouvernance locale comme des moyens d'améliorer l'efficacité de la provision des biens publics. En décentralisant le pouvoir et en permettant aux organisations privées de jouer un rôle significatif, il propose des solutions alternatives aux systèmes centralisés de fourniture de biens publics.

  • . Avantages des structures fédérales et de l'autogouvernance locale. Les structures fédérales permettent aux gouvernements locaux de mieux répondre aux besoins spécifiques de leurs communautés. La proximité entre les décideurs et les citoyens facilite une meilleure compréhension des préférences locales et des conditions spécifiques, ce qui permet une allocation plus efficace des ressources. Les gouvernements locaux sont plus accessibles aux citoyens, ce qui améliore la responsabilité et la transparence. Les électeurs peuvent plus facilement influencer les décisions locales et demander des comptes à leurs représentants. Le fédéralisme encourage la concurrence entre les différentes juridictions. Chaque gouvernement local peut expérimenter des politiques différentes et les meilleures pratiques peuvent être adoptées par d'autres régions. Cette dynamique de concurrence incite à l'innovation et à l'amélioration continue des politiques publiques. La possibilité pour les citoyens de "voter avec leurs pieds" en choisissant de vivre dans des juridictions qui correspondent mieux à leurs préférences crée une pression supplémentaire pour que les gouvernements locaux soient efficaces et réactifs.
  • . Efficacité accrue par la décentralisation. La décentralisation permet de réduire les coûts de transaction associés à la fourniture des biens publics. Les gouvernements locaux peuvent mieux adapter leurs services aux besoins de leurs citoyens, ce qui réduit le gaspillage et améliore l'efficacité de la distribution des ressources. Les administrations locales ont également une meilleure capacité à surveiller et à évaluer les résultats des politiques publiques, permettant des ajustements rapides et efficaces. La décentralisation offre une plus grande flexibilité dans la gestion des services publics. Les gouvernements locaux peuvent adapter rapidement leurs politiques et leurs pratiques en réponse aux changements dans les conditions locales et aux nouvelles informations. Les gouvernements locaux peuvent expérimenter et ajuster leurs approches sans nécessiter des réformes à grande échelle au niveau national, ce qui est souvent long et complexe.
  • . Rôle des organisations privées (clubs) dans la fourniture des biens publics. James Buchanan soutient que de nombreux biens publics peuvent être fournis plus efficacement par des organisations privées, appelées "clubs". Ces clubs sont des associations volontaires où les membres s'unissent pour financer et gérer des biens ou services communs, comme des installations sportives, des réseaux de voisinage, ou des services de sécurité. Les clubs permettent de surmonter les problèmes de financement et de gestion associés aux biens publics. Les membres ont un intérêt direct à assurer une gestion efficace et sont plus susceptibles de surveiller l'utilisation des ressources et de minimiser les comportements opportunistes. Dans les clubs, les incitations des membres sont mieux alignées avec les objectifs de l'organisation. Les membres contribuent directement aux coûts et bénéficient directement des services, ce qui crée un environnement propice à la coopération et à l'efficacité. Les clubs peuvent également être plus flexibles et innovants dans la fourniture des biens publics, car ils sont moins contraints par les réglementations bureaucratiques et les processus politiques complexes.

Critique des théories redistributives

James Buchanan offre une critique rigoureuse des théories redistributives, en particulier en contraste avec les idées de John Rawls. Buchanan soutient que la redistribution systématique des ressources par le biais des politiques publiques est non seulement inefficace mais peut aussi engendrer des comportements opportunistes nuisibles et conduire à la croissance d'un état Léviathan.

  • . Critique du "Voile d'ignorance" de John Rawls. Dans "Théorie de la justice", John Rawls introduit le concept du "voile d'ignorance" comme un outil pour concevoir des principes de justice équitables. Sous ce voile, les individus ne connaissent pas leur position future dans la société et, selon Rawls, ils choisiraient des principes garantissant une justice équitable pour tous, y compris le "principe de différence" qui permet les inégalités uniquement si elles bénéficient aux plus désavantagés. James Buchanan accepte l'idée du voile d'ignorance comme un outil conceptuel utile, mais il en tire des conclusions différentes. Pour Buchanan, les individus sous le voile d'ignorance choisiraient des institutions qui maximisent l'efficacité et la liberté individuelle plutôt que des principes redistributifs. Il croit que les individus privilégieraient des règles constitutionnelles qui protègent les droits de propriété et limitent l'intervention de l'État, car cela garantirait une société où chacun peut poursuivre ses intérêts dans un cadre de liberté et de responsabilité.
  • . Divergence sur les implications des choix constitutionnels. La principale divergence entre Rawls et Buchanan réside dans l'importance accordée à l'égalité versus l'efficacité. Rawls considère la redistribution comme essentielle pour corriger les inégalités et promouvoir la justice sociale. En revanche, Buchanan voit la redistribution comme une source potentielle d'inefficacité et de conflits, arguant que les choix constitutionnels devraient plutôt se concentrer sur la création d'un cadre où les individus peuvent librement interagir et échanger. Buchanan critique l'idée d'introduire des principes redistributifs dans la constitution, car cela peut conduire à des comportements de recherche de rentes où les individus et les groupes utilisent le pouvoir politique pour obtenir des avantages économiques au détriment des autres. Il soutient que les constitutions devraient établir des règles qui limitent le pouvoir de l'État et empêchent l'exploitation des processus politiques pour des gains personnels.
  • . Opposition à la redistribution comme principe constitutionnel. Pour Buchanan, la redistribution systématique des ressources est incompatible avec les principes de liberté individuelle et de responsabilité. Il souligne que les individus devraient être libres de jouir des fruits de leur travail et de leurs talents sans ingérence excessive de l'État. Il soutient également que la redistribution compromet l'efficacité économique en créant des incitations perverses. Par exemple, des politiques redistributives peuvent décourager l'effort et l'innovation en réduisant les récompenses pour le succès économique.
  • . Impact négatif du rent-seeking. La recherche de rentes, ou "rent-seeking", décrit les efforts des individus et des groupes pour obtenir des avantages économiques par des moyens politiques plutôt que par la création de valeur économique. Buchanan montre que la redistribution encourage ce comportement, car les individus cherchent à influencer les décideurs politiques pour obtenir des subventions, des protections tarifaires, ou d'autres avantages. Ce comportement a des coûts économiques importants, car il détourne les ressources de l'activité productive vers l'activité politique. Il peut également conduire à des politiques inefficaces qui favorisent les intérêts particuliers au détriment du bien commun.
  • . Défauts des marchés politiques et la croissance d'un état Léviathan. Buchanan critique également les marchés politiques pour leur tendance à produire des résultats inefficaces et injustes. Les processus politiques sont souvent capturés par des intérêts particuliers qui utilisent leur influence pour obtenir des politiques favorables, ce qui peut conduire à des résultats suboptimaux pour la société dans son ensemble. Cette dynamique contribue à la croissance d'un état Léviathan, où le gouvernement devient de plus en plus impliqué dans la redistribution et la régulation, au détriment de la liberté individuelle et de l'efficacité économique. Buchanan soutient que cette expansion de l'État est autoperpétuée par les incitations des acteurs politiques à augmenter leur pouvoir et leur influence.
  • . Besoin de dispositions constitutionnelles pour limiter les récompenses politiques. Pour contrer ces tendances, Buchanan plaide pour des dispositions constitutionnelles qui limitent le pouvoir discrétionnaire des politiciens et des bureaucrates. Cela peut inclure des règles strictes sur la fiscalité et les dépenses, des procédures de vote qui exigent de larges majorités pour adopter des politiques de redistribution, et des protections robustes des droits de propriété. En instituant des mécanismes de responsabilité et de transparence, les constitutions peuvent aider à aligner les incitations des acteurs politiques avec les intérêts du public. Buchanan voit ces réformes comme essentielles pour créer un cadre institutionnel qui minimise les comportements opportunistes et favorise une gouvernance efficace et juste.

En résumé, James Buchanan offre une critique profonde des théories redistributives, soulignant que la redistribution systématique par le biais de l'État conduit à des inefficacités, des comportements opportunistes et une expansion indésirable du pouvoir gouvernemental. Il propose à la place des institutions constitutionnelles qui protègent les droits individuels, limitent le pouvoir de l'État et encouragent une gouvernance responsable et efficace.

Le subjectivisme procédural de James Buchanan

En 1969, James M. Buchanan introduit la notion de 'Choice influencing' montrant que le coût et les choix sont étroitement liés. Il n'existe pas de coût sans choix et inversement.

"1) Le coût doit être exclusivement supporté par le décideur. Il n'est pas possible que le coût soit déplacé ou imposé à d'autres.
2) Le coût est subjectif. Il existe dans l'esprit du décideur et nulle part ailleurs.
3) Le coût est basé sur les anticipations. C'est nécessairement un concept ex-ante.
4) Le coût ne peut jamais être réalisé du fait du choix lui-même. Ce qui est abandonné ne peut être apprécié.
5) Le coût ne peut pas être mesuré par quelqu'un d'autre que le décideur parce qu'il n'existe aucune façon pour que l'expérience subjective puisse être observée directement.
6) Finalement, le coût peut être daté au moment du choix."

L'approche subjectiviste de Buchanan, comme base méthodologique de la théorie politique, dérive de la conception autrichienne de « coût d'opportunité ». En insistant sur la dimension de l'échange par l'interaction humaine et du rôle institutionnel du marché, James Buchanan étudie le processus qui amène les règles de la conduite humaine à émerger dans le domaine économique comme dans le domaine politique. L'approche contractualiste de James Buchanan tente de concilier la notion subjectiviste de la valeur avec la théorie de l'ordre social. Il explique la formation de l'État dans une version d'accord unanime constitutionnel. Le succès des échanges politiques complexes présente certaines similitudes avec leur équivalent sur le marché économique. Cela exige que les individus soient placés sous un « voile d'incertitude » concernant leur position future, ou de la pré-existence d'un « ordre moral ». Son approche d'une émergence spontanée des règles de comportement dispose des analogies avec celle de Friedrich Hayek. Puisque James Buchanan fait référence à un ensemble de valeurs et d'attitudes éthiques qui englobent et promeuvent des règles de juste conduite grâce à une procédure juste et équitable.

Informations complémentaires

Notes et références

  1. ("La scienza delle finanze: The Italian Tradition in Fiscal theory", In: James M. Buchanan, dir., "Fiscal Theory and political economy, Selected essays", Chapel Hill, The University of North Carolina Press, pp24-74

Publications

Pour une liste détaillée des œuvres de James M. Buchanan, voir James M. Buchanan (Bibliographie)

Littérature secondaire

Pour voir les publications qui ont un lien d'étude, d'analyse ou de recherche avec les travaux et la pensée de James Buchanan : James Buchanan (Littérature secondaire)

Liens externes

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Textes

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