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Abstention
Lors d'une élection, d'un référendum ou plus généralement d'une délibération, l’abstention est le fait de ne pas participer au vote : les personnes qui s'abstiennent sont qualifiées d'« abstentionnistes ».
L'abstention électorale peut résulter d'un comportement d'indifférence à l'égard de la politique, ou d'un parti pris anti-politique.
Point de vue libertarien
Pour les libertariens, l'abstention relève d'un comportement de contestation à l'égard de la politique, lié à différentes motivations :
- posture anti-politique des libertariens, désobéissance civile : voter revient à approuver le statu quo politique et le principe de cleptocratie et de violence qui donne carte blanche aux politiciens pour appliquer (ou non) leur programme ;
- refus de supporter des candidats de droite comme de gauche gagnés aux idées collectivistes de la social-démocratie, qui nient la spécificité de l'individu ;
- immoralité du vote, qui permet à une majorité d'opprimer impunément une minorité, et qui donne égale voix au chapitre aux projets les plus liberticides et les plus cleptocratiques ;
- voter est un renoncement à ses droits individuels, puisqu'on accepte implicitement que la communauté ou ses « représentants » puissent avoir des droits sur nous ;
- imposture du vote, par lequel on fait croire aux gens que leurs choix sont pris en compte, alors que l'élection est toujours faite par le seul électeur médian ;
- illégitimité du suffrage universel tout autant que de l'intérêt général (la prise de décision par vote majoritaire devrait reposer sur le consentement de tous, et donc sur une unanimité, ce qui n'est pas le cas[1]);
- coût d'opportunité prohibitif du vote tout autant que de la prise de connaissance des programmes et des candidats ;
- passivisme, avec la conviction qu'un vote individuel n'a aucune influence sur les résultats ; si tout le monde s'abstenait également, le vote n'aurait plus de valeur, et on en viendrait à des solutions non-violentes respectant la liberté et la propriété de chacun.
L'abstention libertarienne n'est donc pas une indifférence à la politique, elle peut même être considérée comme une attitude révolutionnaire :
- La proposition de cesser de voter est fondamentalement révolutionnaire ; elle équivaut à un transfert de pouvoir d’un groupe à un autre, ce qui est l’essence de la révolution. Dès que le mouvement des non-électeurs prendra de l’ampleur, les politiciens commenceront assurément une contre-révolution. Des mesures pour imposer le vote seront instituées, des amendes seront infligées pour violations, et des peines de prison seront infligées aux récidivistes. (Frank Chodorov)
Dans beaucoup de pays « démocratiques », le parti majoritaire n'est autre que... celui des abstentionnistes ! Cela devrait inciter les politiciens et les électeurs actifs à faire de preuve de modération et à commencer à douter de leur légitimité.
Citations
- [L’électeur] se trouve, sans l’avoir voulu, dans une situation telle que s’il utilise le vote, il sera peut-être un maître ; s’il ne l’utilise pas, il sera nécessairement un esclave. (Lysander Spooner)
- Le vote n'est pas un acte de liberté politique. C'est un acte de conformité politique. Ceux qui refusent de voter n'expriment pas leur silence, mais crient dans l'oreille des politiciens : "vous ne me représentez pas ! Ma voix n'est pas prise en compte dans ce système. Je ne vous fais pas confiance !" (Wendy McElroy)
- Voter n’est pas dialoguer, c’est au contraire mettre fin au dialogue. C’est adopter le mode de résolution des conflits qui, comme la guerre, soumet les perdants à la volonté des vainqueurs. (Christian Michel)
- Convaincus comme nous le sommes et comme l’expérience et la succession des temps nous ont forcé de l’être, que la politique, théologie nouvelle, est une basse intrigue, un art de roués, une stratégie de caverne, une école de vol et d’assassinat ; persuadés que tout homme qui fait métier de politique, à titre offensif ou défensif, c’est-à-dire comme gouvernant ou opposant, en qualité de directeur ou de critique, n’a pour objet que de s’emparer du bien d’autrui par l’impôt ou la confiscation et se trouve prêt à descendre dans la rue, d’une part avec ses soldats, de l’autre avec ses fanatiques, pour assassiner quiconque voudra lui disputer le butin ; parvenus à savoir, par conséquent, que tout homme politique est, à son insu, sans doute, mais effectivement, un voleur et un assassin ; sûrs comme du jour qui nous éclaire que toute question politique est une question abstraite, tout aussi insoluble et, partant, non moins oiseuse et non moins stupide qu’une question de théologie, nous nous séparons de la politique avec le même empressement que nous mettrions à nous affranchir de la solidarité d’un méfait. (Anselme Bellegarrigue, L’Anarchie – Journal de l’Ordre, numéro 2, automne 1849)
- Si vous votez, vous n'avez pas le droit de chialer. Certains aiment dire le contraire. Ils prétendent que pour avoir le droit de chialer, il faut voter. Où est leur logique ? Si vous votez et élisez des politiciens incompétents et corrompus qui vont semer le bordel, alors vous en êtes responsable. Vous n'avez pas le droit de chialer. (George Carlin)
- Le vote est l'illusion de l'influence donnée en échange de la perte de liberté. (Frank Karsten)
- L’homme élégant respecte trop la démocratie pour risquer de la dérégler en votant. (Roland Topor)
- Tout gouvernement étant nécessairement une cause d'antagonisme, de discorde, d'égorgement et de ruine, celui qui, par son vote, concourt à la formation d'un gouvernement, est un artisan de guerre civile, un promoteur de crises et, par conséquent, un mauvais citoyen. (Anselme Bellegarrigue)
- Séparez-vous de la politique qui mange les peuples et appliquez votre activité aux affaires qui les nourrissent et les enrichissent. Souvenez-vous que la richesse et la liberté sont solidaires comme sont solidaires la servitude et l’indigence. Tournez le dos au gouvernement, le dédain tue les gouvernements, car la lutte seule les fait vivre. (Anselme Bellegarrigue)
- L'abstention est une forme d’expression comme une autre. Elle traduit un mélange d’indifférence et de résignation ainsi que, peut-être, le refus du dogme de la primauté du politique. (Robert Nef)
- Si on veut rester un homme libre, toute compromission avec les oppresseurs que sont les hommes de l'Etat finit toujours dans un processus de collaboration. Etre supplétif des oppresseurs n'est pas chose enviable si l'on veut vivre debout. (Serge Schweitzer)
- Je n'ai jamais voté, et ce n'est pas aujourd'hui que je commencerai. Tout ce remue-ménage me semble vain ! Je ne vois aucun rapport entre la liberté et une chambre des députés. (Jacques Chardonne, lettre à Paul Morand, 18 octobre 1962)
- Cocu pour cocu, je préfère ne pas être consentant. Alors, je ne vote pas. (attribué à Michel Audiard)
- La concurrence n’est pas une bonne chose quand il s’agit de produire quelque chose que les propriétaires jugent mauvais. Ce ne serait pas une bonne chose qu'il y ait une concurrence pour trouver qui dirige le meilleur camp de concentration, quel est le meilleur agresseur de rue - et c'est précisément ce type de concurrence que nous avons en démocratie. (Hans-Hermann Hoppe)
Notes et références
- ↑ « Une loi qui détermine que c'est la majorité qui décide en dernière instance du bien de tous ne peut pas être édifiée sur une base acquise précisément par cette loi ; il faut nécessairement une base plus large et cette base c'est l'unanimité de tous les suffrages. Le suffrage universel ne peut pas être seulement l'expression de la volonté d'une majorité : il faut que le pays tout entier le désire. C'est pourquoi la contradiction d'une petite minorité suffit déjà à le rendre impraticable : et la non-participation à un vote est précisément une de ces contradictions qui renverse tout le système électoral.» (Friedrich Nietzsche, "Humain, trop humain", III, Le voyageur et son ombre, §276 : Le droit de suffrage universel)
Bibliographie
- 2002, Roger L. Faith, "Does Abstention Matter?", In: Geoffrey Brennan, Hartmut Kliemt, Robert D. Tollison, dir. "Method and Morals in Constitutional Economics. Essays in Honor of James M. Buchanan", Berlin: Springer-Verlag, pp267-274
Voir aussi
Liens externes
- (fr) [audio]La dépolitisation: et si c'était une bonne nouvelle? Benjamin Constant nous propose d'y voir le signe d'une émancipation. (Adrien Faure, RTS, 26/07/2016)
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