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Épistémologie
L’épistémologie est l'étude de la connaissance (du grec épistémê («connaissance », «science ») et logos (« discours »)). Le terme anglais "epistemology" est attesté la première fois en 1856, et apparaît en 1906 dans un dictionnaire français comme « critique des sciences »; c'est-à dire en tant que discipline de remise en question de la connaissance et des méthodologies scientifiques.
La notion d'épistémologie est généralement comprise de deux manières différentes. L'épistémologie est peu ou prou synonyme de théorie de la connaissance, sans que cette connaissance soit réduite à la connaissance scientifique ou l'épistémologie est considérée comme une branche de la philosophie des sciences.
L'épistémologie constitue un socle important des différences qui existent entre les différents auteurs libéraux. C'est pourquoi, l'école autrichienne est très attachée à la méthodologie utilisée en sciences sociales et que de nombreux auteurs de cette école ont réalisé des travaux pour mieux faire comprendre l'approche scientifique des sciences sociales. parmi eux et historiquement parlant, on compte Carl Menger, puis Ludwig von Mises et Friedrich Hayek. Des différences existent dans cette école entre ceux qui suivent une ligne qui va de Carl Menger, à Max Weber, Alfred Schutz, Ludwig Lachmann, Don Lavoie, Richard Ebeling et David L. Prychitko, Courant A. Une autre ligne suit le parcours de Ludwig von Mises, de Murray Rothbard et de Gérard Bramoullé, courant B. Enfin, un troisième courant choisit la ligne de Friedrich Hayek et de Karl Popper, courant C.
Le positionnement de l'école autrichienne
Le rejet de certaines méthodes
Les trois courants de l'école autrichienne se se sont construits sur le refus de l'induction en sciences sociales. L'induction consiste à généraliser des faits à partir de l'observation d'évènements concrets qui ont une apparition historique. Carl Menger, dès 1883, s'oppose à cette méthodologie, car la théorie économique doit être universelle. Or, l'inductivisme ne peut pas empêcher l'émergence d'exceptions. Le courant B renforce cette position avec Ludwig von Mises. Dans son ouvrage, L'action humaine, il propose une théorie générale fondée sur la praxéologie et l'apriorisme :
- "Ses affirmations et ses propositions ne sont pas déduites de l'expérience. Elles sont, comme celles des mathématiques et de la logique, a priori. Elles ne sont pas susceptibles d'être vérifiées ou confrontées sur la base d'expériences ou de faits. Elles sont à la fois logiquement et chronologiquement antécédentes à toute compréhension de faits historiques."
Carl Menger, dans sa célèbre querelle des méthodes (Methodenstreit), fait reposer l'analyse économique sur des lois exactes et universelles en opposition à Gustav Schmoller et de l'école historique allemande qui tient compte uniquement de l'interprêtation des évènements situés dans un contexte historique. Les défauts de l'historicisme sont identiques à ceux de l'inductivisme. L'historicisme prétend que l'homme est déterminé et modelé par des forces extérieures de l'histoire qui façonnent ses pensées, ses actions et sa destinée, avec une très faible latitude accordée à l'individu pour choisir et guider son propre futur et son destin.
- Le déterminisme
L'être humain n'est pas une victime sans espoir ou un prisonnier du passé. Il fabrique sa propre histoire en réflechissant sur ce qui s'est passé en se projetant mentalement dans le futur. Il réfléchit sur ce qui a été conforme à ses attentes jusqu'alors et il décide ce qu'il doit changer pour améliorer son futur.
- Le positivisme
Les deux courants A et B sont très opposés au positivisme car celui-ci essaie de réduire l'homme et son esprit à des grandeurs mesurables afin d'être étudiées et manipulées comme des sujets inanimés, telles que peuvent le faire les sciences naturelles.
- Le formalisme
Les économistes néo-classiques traitent l'homme et la femme comme si leur comportement était une fonction mathématique. Ils sont supposés avoir donné, par avance à l'observateur, ses goûts et ses préférences. L'homo-oeconomicus réagit de façon prévisible en fonction de diverses contraintes et hypothèses que le formaliste insère dans son modèle. Le courant A et B sont opposés à cette approche de l'humanité. Une partie du courant C est plus tolérante. Ludwig von Mises insiste pour montrer que l'homme est un être intentionnel qui suit ses propres objectifs. Il n'est pas en situation passive, comme le présente trop souvent les économistes néo-classiques. L'individu agit, planifie et agit. Son esprit ne peut pas être réduit à une vie de marionnette sans vie. Il dispose de sa propre conscience, ce qui lui donne la capacité d'imaginer, de créer et d'initier, renforce le courant A. Il réféchit en fonction des circonstances dans lesquelles il se situe et il modifie les aspects physiques et sociaux qui l'entourent lorsqu'il ne les trouve pas satisfaisants. Les "fins" et les "moyens" qu'utilisent les économistes néo-classiques sont considérés comme des données dans l'analyse des logiques de choix. Friedrich Hayek, précise en 1937 qu'il n'y a pas de données figées. Les fins er les moyens sont créees et comparées dans le cerveau de l'acteur économique. Elles changent dès que l'individu expérimente des succès ou des échecs. Ces données ne sont donc pas statiques ou constantes. La formulation abondante des économistes néo-classiques "ceteris paribus" ne sert que les économistes de laboratoire, pas les économistes du réel.
Les points saillants des 3 courants
- L'idéal type du courant A
- L'herméneutique du courant A
- L'apriorisme du courant B
Comme le signale Gérard Bramoullé, l'apriorisme du courant B est un apriorisme méthodologique et épistémologique. Le chercheur n'a pas à tester les résultats de l'apriorisme dans la mesure où il a suivi un processus de raisonnement logique. Seul le processus logique peut être mis en question, non pas les résultats. Sur le plan épistémologique, l'apriorisme ne peut pas être testé sur sa base. C'est pourquoi ce courant est dénommé apriorisme extrême car il fait reposer son approche sur des catégories kantiennes, apodictement vraies, et donc non vérifiables par l'esprit humain. Il s'agit d'une loi de l'esprit. L'approche de Murray Rothbard est aristotelico-thomiste. Il fonde son épistémologie sur un apriorisme du réalisme fondée "sur l'expérience intérieure universelle de la réflexion aussi bien que sur la perception extérieure des objets". Il partage avec Ludwig von Mises que l'expérience est antérieure aux événements historiques complexes, donc, elle ne peut pas être testée mais elle est renforcée par le fait qu'elle soit partagée universellement. Il se différencie de lui, en montrant que l'expérience est aussi confortation de la perception que l'expérience est conforme aux règles universelles.
- Le rationalisme du courant B
La rationalité des agents économiques est un critère important dans l'épistémologie de Ludwig von Mises, de Hans-Hermann Hoppe et de Murray Rothbard. Cependant, à la différence de la rationalité du courant dominant néo-classique, la rationalité des autrichiens ne fusionne pas la raison avec l'intelligence. Est rationnel celui qui met en place certains moyens pour atteindre certaines fins. L'économiste néo-classique va juger, du haut de sa position, de l'adéquation entre les moyens utilisés et les fins atteintes. Les économistes autrichiens estiment qu'un individu stupide ou un individu intelligent sont rationnels dans la mesure où il agit. L'homo-oeconomicus est nécessairement un être supérieur et intelligent, disposant de toute la connaissance. L'homo-agens est ignorant. il est plus intelligent que la moyenne dans certaines situations, ou plus stupide que d'autres dans d'autres circonstances, ce qui ne l'empêche pas d'être toujours rationnel.
- Le faillibilisme du courant C
- Le subjectivisme du courant A, B et C
Bibliography
- Richard Ebeling, 2006, Austrian Economics and the Political Economy of Freedom, Congreso Internacional: “La Escuela Austriaca en el Siglo XXI”
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