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École du Public Choice
La théorie du choix public (ou "des choix publics"), née en Virgine, au Center for Study of Public Choice (Université Georges Mason), est une branche de l'économie expliquant le rôle de l'État et le comportement des électeurs, hommes politiques et fonctionnaires. Cette école critique fortement l'inefficacité publique et montre que le développement des interventions publiques s'explique non par un hypothétique intérêt général, mais par le profit qu'en tirent certains groupes sociaux d'une part, et élus et fonctionnaires d'autre part. Demande et offre tendent ainsi dans l'Etat-providence à se conjuguer et à s'appuyer réciproquement pour aboutir à un interventionnisme excessif. Par ailleurs, les biais cognitifs et émotionnels propres à l'économie comportementale, que l'on constate au niveau du marché, se retrouvent aussi au niveau des décisions publiques, mais sont moins soumis à des mécanismes auto-correcteurs naturels qui en limitent l'inflation.
Les groupes sociaux tout d'abord, poussent à l'intervention de l'Etat pour maximiser leurs intérêts privés : ils réclament de l'Etat des services et des programmes dont ils tireront personnellement profit, tout en cherchant à les faire payer par l'ensemble des contribuables. Parallèlement les bureaucrates chercheront à tirer l'offre publique vers le haut et à surévaluer son coût réel pour s'assurer divers avantages, matériels ou symboliques. Ce faisant, les services publics et leurs dirigeants étendent leur emprise sociale. La conjonction de cette demande et de cette offre ne peut dès lors conduire qu'à des interventions excessives, d'autant que la logique du marché politique renforce encore l'effet de ces pressions. Pour lutter contre cette pesanteur, l'Ecole du Public Choice suggère un ensemble de mesures, telles que l'évaluation systématique des coûts/bénéfices de toute intervention publique, la mise en place de structures plus souples et plus décentralisées de satisfaction des besoins collectifs ainsi que l'introduction de certains correctifs aux procédures démocratiques.
La politique est expliquée à l'aide des outils développés par la microéconomie. Les hommes politiques et fonctionnaires se comportent de la même façon que les consommateurs et producteurs de la théorie économique, tout en sachant que l'argent en jeu n'est pas le leur (problème principal-agent). La motivation principale d'une partie du personnel politique est ainsi de maximiser son propre intérêt plutôt que de rechercher l'intérêt collectif. Ainsi, les décideurs ne sont pas libres de leurs choix mais ils sont en fait tributaires de groupes d’intérêt, ces derniers cherchant à bénéficier de la tendance redistributive de l'Etat qui justifie la fonction et l'existence même des premiers.
Si on ne se souciait que des objectifs politiques affichés et des opinions à leur égard, on passerait à côté d'un facteur essentiel, qui est l'implication personnelle dans les décisions de personnes dont la carrière en dépend étroitement. La théorie des choix publics explique des faits qui seraient incompréhensibles autrement, car non conformes au paradigme politique conventionnel : pourquoi les minorités l'emportent sur les majorités (il est plus facile et moins coûteux de satisfaire une minorité visible aux dépens d'une majorité indifférenciée) ; pourquoi une politique nocive pour la population peut perdurer très longtemps sans être corrigée (par le commerce des influences politiques) ; pourquoi le gaspillage politique a toujours tendance à s'accroître (l'irresponsabilité induite par la procédure politique amène les personnes, collectivement, à dépenser davantage qu'elles ne le feraient individuellement) ; pourquoi le pouvoir est confisqué par la bureaucratie (le consommateur usager n'a pas le droit à la parole) ; pourquoi les secteurs publics sont en sureffectif (il n'y a pas d'incitation à une utilisation rationnelle de la main-d'œuvre et tout le monde a intérêt à avoir un personnel plus nombreux), etc.
Bibliographie
Au XIXe siècle Charles Dunoyer et Francesco Ferrara peuvent être considérés comme des précurseurs de cette école de pensée.
- James M. Buchanan et Gordon Tullock, The Calculus of Consent (1962)
- Gordon Tullock, "Le Marché politique. Analyse économique des processus politiques", Economica, 1978.
- W.A. Niskanen, Bureaucracy and Representative Government, Chicago, 1971. (Voir aussi F. Fourquet, Recherches, n°46, 1982.)
Voir aussi
Liens
- Pierre Lemieux, « The Public Choice Revolution », Regulation, vol. 27, no 3 (automne 2004), p. 24-29.
- Une bibliographie disponible sur un site universitaire suisse.
- Mickaël Mithra, « Le théorème d'Arrow ou la démocratie contre la raison », Le Québécois libre, n°124, mai 2003
- Anthony de Jasay, « Nationalisme et rationalité », The Independent Review, Vol III, n°I, 1998 (traduction française: Hervé de Quengo)
- Wikipédia
- L'Ecole du Choix Public (série de six textes) sur Catallaxia
- L'Ecole du « Public Choice » par Henri Lepage
- La Micropolitique par Madsen Pirie
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