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Capitalisme
Le mot capitalisme est inventé par Karl Marx au milieu du XIXe siècle et utilisé par lui avec une connotation péjorative. C'est plus d'un siècle plus tard seulement que le mot sera revendiqué positivement, notamment par Ayn Rand.
Il désigne au sens strict un système économique fondé sur la primauté du droit de propriété individuelle et en particulier de la propriété privée des moyens de production. Est considéré comme capital tout bien qui n'a pas été consommé immédiatement par son détenteur, mais réservé à un usage futur, directement (simple stockage) ou indirectement (conversion en un bien de production, capable par combinaison avec plus ou moins de travail de générer des biens nouveaux). Selon les cas (social-démocratie, démocratie libérale...) le capitalisme est plus ou moins dépendant du système politique et législatif en place, voire pas du tout dans le modèle anarcho-capitaliste.
Mécanisme
Le capitalisme est basé sur le principe d'accumulation continue du capital, sachant que celui-ci se déprécie au cours du temps. L'investissement permet l'augmentation et le renouvellement du capital. L'entreprise est le lieu central de cette accumulation.
Pour démarrer une entreprise, un investisseur (le capitaliste) fournit un capital initial sous forme d'argent, d'apports physiques, matériel ou immatériel. Cela va servir dans un premier temps à acheter ou louer les moyens de production (machines, locaux, terrains, bureaux) ou rétribuer des employés. La production de l'entreprise est propriété du capitaliste, de même que le résultat des ventes réalisées par l'entreprise. Le chiffre d'affaires doit servir à couvrir les coûts de production et à procurer un profit au capitaliste ou à ses associés (dividendes). Des « parts » de l'entreprise (actions) peuvent être vendues sur le marché, les nouveaux propriétaires deviennent actionnaires de l'entreprise et peuvent participer aux décisions ou recevoir leur part des dividendes.
On appelle capitalisme d'État un régime où la propriété n'est pas individuelle, mais collective : la richesse étant concentrée entre les mains de responsables politiques censés (officiellement!) ne pas s'en servir pour eux, mais pour le compte de tous.
Les deux capitalismes sont parfaitement compatibles, conduisant à un régime mixte (exemple : France).
Sont souvent considérées aussi comme « capital » des ressources immatérielles, notamment éducation, réseau social, propriété intellectuelle, etc. On parle parfois alors de capitalisme cognitif.
Le capitalisme est un régime économique et social dans lequel les capitaux, source de revenus, n'appartiennent pas, en règle générale, à celles et ceux qui les mettent en valeur par leur travail.
Trois positions
Utilitarisme
Les utilitaristes de gauche et de droite, qui jugent le système à ses résultats sociaux, auront deux points de vue plus ou moins compatibles.
- Pour les uns, le capitalisme produit des rapports entre riches et pauvres toujours plus déséquilibrés en terme de pouvoir et d'inégalités économiques, et une sclérose sociale. Il appartient alors au pouvoir politique de rétablir l'équilibre ;
- Pour les autres (et parfois les mêmes), il résulte du capitalisme une coopération générale qui inclut les générations passées et futures, et un accroissement de production général qui bénéficie à tous. Une interférence du pouvoir politique ne peut que perturber le système économique et provoquer des pertes.
- Selon leur sensibilité à l'un ou l'autre aspect, les utilitaristes préconiseront un arbitrage politique variable.
Libéralisme
Pour les libéraux, le système ne doit pas être jugé (seulement) en terme d'utilitarisme, mais (surtout) d'un point de vue moral : il appartient à chacun de déterminer ce qu'il fait de son capital de départ, et l'important est surtout d'assurer un bon départ. Les libéraux ne nient pas les rapports de forces économiques, mais ils nient que l'on puisse les équilibrer ou les résoudre : on peut seulement les déplacer avec une perte due à la prise en compte de critères moins pertinents du point de vue de l'allocation optimum des ressources, et sans garantir plus de « justice sociale ». Toute notion d'arbitrage est alors considérée comme un leurre.
Pour les libertariens, le capitalisme est un système économique qui est libéral dans la mesure où il respecte les droits individuels (droit naturel pour les jusnaturalistes). « En quoi la liberté d’entreprendre peut-elle gêner, en quoi la création de richesses et le service des besoins exprimés lèsent-ils qui que ce soit ? » (Xavier Prégentil)
Marxisme
L'analyse marxiste, développée par Marx à travers plusieurs ouvrages dont le plus connu, Le Capital, est que dans une société capitaliste, les prolétaires sont obligés de vendre leur force de travail pour subvenir à leurs besoins contre un salaire. Cette dépendance les placerait dans une situation d'exploitation (domination) par les capitalistes, propriétaires du capital, nécessaire à la valorisation de la force de travail des prolétaires. La force de travail seule ne produit pas de valeur, elle nécessite l'usage de capital, détenu par les capitalistes.
Erreurs courantes
- Le libéralisme et le capitalisme, c'est la même chose
Parmi les idées reçues les plus tenaces, on trouve celle qui consiste à assimiler le libéralisme au capitalisme. Pourtant, s'il est vrai que le capitalisme ne prospère jamais mieux que dans une société de liberté, la France montre l’exemple d’un capitalisme d'Etat dans une société collectiviste, qui prend en charge des secteurs entiers de la vie économique et sociale (santé, éducation, transports, production électrique, une partie des services financiers, etc.). Le capitalisme est en réalité "politiquement neutre", c'est un système économique qui peut être mis en oeuvre dans différents types de sociétés. Le capitalisme d'état n'a rien de libéral, l'arbitraire du Prince en matière économique n'étant pas du libéralisme. Il faut aussi noter que le patronat dans une société social-démocrate n'est pas spécialement libéral : il ne recherche que son intérêt, et il ne se prive pas d'utiliser la contrainte étatique et ses accointances avec la haute fonction publique pour sauvegarder ses privilèges ou ses monopoles à l'encontre de ses concurrents.
Soulignons également que le libéralisme va bien au delà du simple domaine économique, son domaine étant en réalité celui du droit, et non de l'économie.
L'amalgame libéralisme/capitalisme représente l'argument incontournable dont se servent ceux qui veulent présenter le libéralisme comme une idéologie destinée à favoriser les "riches" et à paupériser le reste de la population. Mais remplaçons le mot "riches" par le mot "privilégiés" et le libéralisme devient le procureur et non l'accusé. Car ce sont les privilèges de toutes sortes qui empêchent les êtres humains d'exprimer tout leur potentiel et d'accomplir leur vie. Et le premier des privilèges est celui de l'État, qui réduit le champ de la liberté, supprime la compétition et la diversité et instaure des privilèges, des monopoles, des interdictions, des réglementations dans le but de gêner certains individus pour en favoriser d'autres, amis du pouvoir ou faisant partie de la "clientèle" politique ou électorale. Le résultat est sans appel : chômage, violence, assistanat, pauvreté, corruption. Si certains sont privilégiés par l'Etat et les politiciens, il faut bien qu'il y en ait d'autres qui payent pour ces privilèges.
Quant à l'affirmation selon laquelle un riche est un "privilégié", comme le précise Jean-François Revel : "un privilégié est quelqu'un qui bénéficie d'un avantage payé par quelqu'un d'autre". Tout dépend donc de l'origine de cette richesse : légitime (travail, héritage, épargne...) ou illégitime (vol, détournement, privilège d'origine étatique ou politique, subvention publique, etc.).
Ayn Rand adopte une définition du capitalisme qui lui est propre, et qui ne se distingue pas de la définition du libéralisme, puisque selon elle le capitalisme est "un système social fondé sur la reconnaissance des droits individuels, droits de propriété inclus, dans lequel toute propriété est privée". Une telle définition ne pouvant s'appliquer au capitalisme d'état, il conviendrait de parler plutôt de "capitalisme libéral", voire d'anarcho-capitalisme.
Citations
Voir Citations sur le capitalisme.
Voir aussi
- Capital
- Mercantilisme - Fascisme - Socialisme - Capitalisme d'Etat - Sociétalisme
- Libéralisme économique - Idéologie - Objectivisme
- Mouvement des enclosures
- Émergence du capitalisme selon Max Weber
- Mutualité - Association - Répartition - Nationalisation
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