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Profit
Dans les différents manuels économiques d'inspiration néo-classique, dans la lignée de Léon Walras, le profit est une aberration qui s'élimine par un processus d'ajustement automatique qui équilibre la quantité offerte et la quantité demandée. Dans d'autres ouvrages scolaires, le profit est le gain réalisé (quand il existe) lors de la cession d'un bien ou d'un service quand on calcule la différence entre le prix retiré de l'échange et l'ensemble des coûts entrepris pour l'élaboration de ce bien ou de ce service. Le profit, lorsqu'il est réalisé, bénéficie alors au(x) propriétaire(s) du capital qui ont porté le risque du projet.
Une définition large du profit considère celui-ci comme étant composé des revenus de l'entreprise, qui vont permettre de rémunérer ses propriétaires (bénéfices distribués) ou qui vont constituer de nouveaux moyens de financement pour l'entreprise (bénéfices non distribués et amortissement). Le défaut de cette définition, est qu'elle n'explique en rien les origines de ce que l'on nomme "profit". Elle ne nous permet pas de comprendre les phénomènes qui l'engendrent. Réfléchir sur le concept de profit, c'est se plonger dans la catallaxie et la praxéologie pour expliquer le profit comme une récompense nécessaire pour les personnes qui trouvent et corrigent les "erreurs" précédentes.
Fruit de l'activité de l'être humain
Le profit est tout d'abord le fruit de l'activité de l'homme, de son travail, de son imagination. Le profit est donc une "création sociale". C'est dans ce sens qu'Adam Smith souligne dans le livre premier chapitre deux de la "Richesse des nations" ("Du principe qui donne lieu à la division du travail") que ce qui différencie les hommes des animaux c'est leur penchant naturel "qui les porte à trafiquer, à faire des trocs et des échanges d'une chose pour une autre". Ainsi, l'homme primitif ne possédait pas encore ce penchant, ou cet "esprit du capitalisme" (Max Weber) puisqu'il produisait principalement dans le but d'une consommation personnelle. De la même manière que les animaux, il travaillait pour lui-même et non pour les autres. Pour Émile Durkheim ("De la division du travail social"), c'est principalement par le gonflement démographique, car celui-ci stipule une croissance des besoins à satisfaire et donc une augmentation de la demande, que l'homme a commencé à collaborer, à améliorer sa capacité de production. Ainsi une division du travail de plus en plus performante s'est développée.
Cette division du travail, de plus en plus poussée, engendre, pour l'activité humaine, deux conséquences majeures : tout d'abord l'homme ne produit plus seulement dans le but de satisfaire ses besoins propres car les gains de productivité issus de la division du travail permettent de dégager des "surplus", ces surplus pouvant être échangés sur un marché contre d'autres marchandises ayant elles-mêmes ce pouvoir d'être échangées contre d'autres produits. Le profit est donc intimement lié à la monnaie car au fur et à mesure que les échanges se multiplient, se complexifient, l'homme a besoin d'une unité de mesure unique, reconnue et acceptée par tous les membres de la catallaxie, ayant comme propriété principale de pouvoir comparer l'utilité des biens hétérogènes entre eux. La monnaie, comme unité de mesure de l'utilité, devient donc le moyen principal de mesurer le profit. Le profit est donc une mesure de l'utilité de l'activité de l'homme, de la capacité que cette action possède pour satisfaire les membres de la catallaxie. En effet, comme le montre Ludwig von Mises dans L'action humaine, dans une économie libre l'entrepreneur est le capitaine, mais ce sont les consommateurs qui choisissent, qui jugent. Ainsi, ce sont les consommateurs qui décident quelles actions sont profitables pour la communauté et celles qui ne le sont pas : le libre choix est donc le guide du profit. Dans cette vision des choses, valeur d'usage et valeur d'échange sont étroitement liées...
L'éthique du profit
La deuxième conséquence de l'accumulation de richesses, accumulation elle-même issue de la division du travail, réside dans l'émergence de ce que Max Weber nomme "l'esprit du capitalisme". En effet, dans "L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme", Max Weber montre que le catholicisme était une religion qui verrouillait les tentatives de "profit" car il stipulait que le salut de l'homme passait par la fidélité à l’Église. En quelque sorte la richesse était considérée comme étant fondamentalement néfaste. C'est un peu l'opinion que défendait Hume puisque pour lui le désir d'enrichissement est "directement destructeur". Pour Max Weber, il faut attendre le protestantisme développé par Calvin pour qu'un comportement économique tourné vers l'épargne et donc vers le profit émerge, car le protestantisme de Calvin stipule que la réussite terrestre dans une activité professionnelle est d'abord un moyen de glorifier Dieu. Dès lors le profit se justifie.
Adam Smith s'oppose également à la pensée de David Hume puisque pour lui lorsque les hommes suivent leurs intérêts égoïstes, ils sont conduits par une "main invisible" à satisfaire en même temps l'intérêt collectif. Pour lui, la société capitaliste est une société, et il le regrette, où chaque homme tend à devenir un marchand...
Liens externes
Citations
- Le profit (...) est fondamentalement incertain : sa nature est en effet résiduelle, c'est-à-dire que le profit est constitué par ce qui reste disponible dans l'entreprise une fois tous les engagements contractuels honorés (vis-à-vis des salariés, des prêteurs, mais aussi des fournisseurs et des clients). (Pascal Salin)
- Le profit est la force motrice de l'économie de marché. Plus grands sont les profits, et mieux les besoins des consommateurs sont satisfaits. (Ludwig von Mises)
- Dans une société capitaliste, le profit n'est pas un but ni une motivation. C'est une discipline : chacun doit apporter à la société davantage que ce qu'il en retire. (François-René Rideau)
- Si je travaille, c’est pour gagner de l’argent. Si je fais des bénéfices, c’est parce que je vends un produit à des gens qui en ont besoin, qui acceptent de l’acheter et de le payer à sa juste valeur. Ce produit, je ne le fabrique pas à mes dépens pour leur seul bénéfice. Et eux ne l’achètent pas à perte pour me faire gagner de l’argent. Je ne sacrifie pas plus mes intérêts aux leurs qu’ils ne sacrifient les leurs aux miens. Nous traitons d’égal à égal, d’un commun accord et à notre avantage mutuel, et je suis fier de chaque centime ainsi gagné. J’ai gagné de l’argent grâce à mon travail, en vertu d’un libre échange et avec le consentement de ceux avec qui j’ai fait affaire – le consentement de mes employeurs à mes débuts, le consentement de mes employés aujourd’hui, et le consentement de ceux qui achètent mon produit. (Hank Rearden dans La Grève, d'Ayn Rand)
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