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Henry David Thoreau

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Henry David Thoreau
Philosophe

Dates 1817 - 1862
Henry David Thoreau
Tendance
Nationalité États-Unis États-Unis
Articles internes Autres articles sur Henry David Thoreau

Citation
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Librairal

Henry David Thoreau, né le 12 juillet 1817 à Concord, Massachusetts, États-Unis et mort le 6 mai 1862 dans la même ville, est un essayiste, mémorialiste et poète américain.

Biographie

À l’écoute de la nature, et éprouvant le besoin de s’éloigner du monde, il se retranche tel un ermite et rédige Walden ou la vie dans les bois. Pendant son isolement, il n’avait pas cru bon de s’acquitter de ses impôts, prétextant qu’un gouvernement admettant l’esclavage et faisant la guerre au Mexique était indigne de son soutien. De retour à la vie « civilisée », il est écroué. En 1849,il rédige à sa sortie de prison La Désobéissance civile, aujourd'hui considéré comme le bréviaire de la résistance non-violente. Pour Thoreau, l’État ne saurait être qu’un expédient devant disparaître partout où l’initiative individuelle est susceptible de s’exprimer. Mais il se garde d’appeler à la violence. Il préconise une « désobéissance civile », c'est-à-dire un refus de payer ses impôts. Comme il l’écrit : « si un millier d’hommes refusaient de payer leurs impôts cette année, ce ne serait pas une mesure violente et sanguinaire, comme le fait de les payer et permettre par là à l'État de commettre la violence et de verser le sang innocent. Telle est, en fait, la définition d’une révolution paisible, si semblable chose est possible  ».

L’État réclame de la part de ses sujets un consentement absolu (un droit absolu sur ma personne et ma propriété) ; Thoreau, au contraire, se « plaît à imaginer un État qui (…) traite l’individu avec respect comme un voisin ; qui ne jugerait pas sa propre quiétude menacée si quelques-uns s’installaient à l’écart, ne s’y mêlant pas, en refusant l’étreinte ». Il prône une sorte de généralisation du droit de résistance lockéen, confinant ainsi à l’anarchisme.

Thoreau est surtout connu pour son essai La Désobéissance civile, publié en 1849, après un séjour en prison pour avoir refusé de payer une taxe destinée à financer la guerre avec le Mexique.

Regardé par certains comme le premier environnementaliste, Thoreau était un philosophe de la condition humaine. Son essai La Désobéissance civile a inspiré Tolstoï, Martin Luther King et Gandhi.

Le 16 janvier 1848, il donne la conférence "Les droits et les devoirs de l'individu en face du gouvernement" au Lyceum de Concord. Son audience est limitée mais le texte sera publié l'année suivante et sera repris dans La Désobéissance civile.

Walden, publié en 1854, raconte deux ans et deux mois passés dans la forêt aux alentours des berges du magnifique Walden Pond, non loin de ses amis et de sa famille à Concord. Thoreau a commencé son expérience de deux ans d'une vie simple le 4 juillet 1845.

A plusieurs reprises, Thoreau a gagné sa vie comme enseignant ou comme agriculteur, et en travaillant à la fabrique de crayons de sa famille. Il inventa aussi une machine pour simplifier la production tout en réduisant les coûts de fabrication.

Transcendantaliste, Thoreau a été un disciple de son ami Ralph Waldo Emerson[1]. Nathaniel Hawthorne et sa femme Sophia Peabody ont été ses voisins pendant quelques années à Concord.

En France

Léon Bazalgette, spécialiste de Walt Whitman, présente le libelle de Thoreau dans le Magazine international en 1894, puis en publiera une traduction en 1921, que lira Romain Rolland et qu'il utilisera dans sa Vie de Vivekananda. Elle marquera aussi Jean Giono, qui dans les années 1930, s’inspirera pour son livre de dénonciation de la guerre, Refus d’obéissance. Ce sont les littérateurs puis les militants libertaires et libertariens qui s’imprègnent de la pensée de Thoreau. Puis via Gandhi et l’Inde mystique, les disciples de Lanza del Vasto.

L'expression désobéissance civile en découle directement.

Walden

L'éloge du commerce dans Walden

Ce qui me recommande le commerce, c'est sa hardiesse et sa bravoure. Il ne joint pas ses mains pour prier Jupiter. Je vois ces gens chaque jour aller à leur affaire avec plus ou moins de courage et de contentement, faisant plus même qu'ils en soupçonnent, et peut-être mieux employés qu'ils ne pouvaient sciemment imaginer. (…) En ce matin de la Grande Neige, peut-être, encore en plein courroux et qui glace le sang des hommes, j'entends l'accent assourdi de leur cloche de locomotive sortir du banc de brouillard que forme leur haleine refroidie, pour annoncer que les wagons arrivent, sans plus de délai, nonobstant le veto d'une tempête de neige nord-est de la Nouvelle-Angleterre, et j'aperçois les laboureurs couverts de neige et de frimas (…). Le commerce est contre toute attente confiant et serein, alerte, aventureux et inlassable. Il est très naturel en ses méthodes, d'ailleurs, beaucoup plus que maintes entreprises fantastiques et sentimentales expériences, d'où son singulier succès. Je me sens tout ragaillardi lorsque le train de marchandises me dépassant avec fracas, je flaire les denrées qui vont dispensant leurs parfums tout le long de la route depuis le Long Embarcadère jusqu'au lac Champlain, et me parlant de pays étrangers, de récifs de corail, et d'océans indiens, et de ciels des tropiques, et de l'étendue du globe. Je me sens davantage un citoyen du monde à la vue de la feuille de palmier qui couvrira tant de têtes blondes de la Nouvelle-Angleterre, l'été prochain, du chanvre de Manille et des enveloppes de noix de coco, du vieux cordage, des balles de café, de la ferraille et des clous rouillés.

Cet éloge du commerce est complété par une critique de l'interventionnisme étatique :

Le commerce et les affaires, s'ils n'avaient pas de ressort propre, n'arriveraient jamais à rebondir par-dessus les embûches que les législateurs leur suscitent perpétuellement et, s'il fallait juger ces derniers en bloc sur les conséquences de leurs actes, et non sur leurs intentions, ils mériteraient d'être classés et punis au rang des malfaiteurs qui sèment des obstacles sur les voies ferrées.

Autres citations de Walden

  • Les nations sont possédées de la démente ambition de perpétuer leur mémoire par l’amas de pierre travaillée qu’elles laissent. Que serait-ce si d’égales peines étaient prises pour adoucir et polir les moeurs ?
  • Il se peut que celui qui consacre la plus large somme de temps et d’argent aux nécessiteux contribue le plus par sa manière de vivre à produire cette misère qu’il tâche en vain de soulager.
  • Le philanthrope entoure trop souvent l’humanité du souvenir de ses chagrins de rebut comme d’une atmosphère, et appelle cela sympathie.
  • Mon excuse pour ne pas faire de conférence contre l’usage du tabac est…que je n’en ai jamais chiqué ; c’est une pénalité que les chiqueurs de tabac corrigés ont à subir ; quoiqu’il y ait assez de choses que j’aie chiquées et contre lesquelles je pourrais faire des conférences.
  • Si au lieu de fabriquer des traverses, et de forger des rails, et de consacrer jours et nuits au travail, nous employons notre temps à battre sur l’enclume nos existences pour les rendre meilleures, qui donc construira des chemins de fer ?
  • Lorsque j’entends le cheval de fer éveiller de son ébrouement comme d’un tonnerre les échos de la montagne, de ses pieds ébranler la terre, et souffler feu et fumée par les narines… c’est comme si la terre avait enfin une race digne aujourd’hui de l’habiter.
  • Cet inquiet, nerveux, remuant, vulgaire XIXe siècle.
  • Pendant que la civilisation perfectionnait nos maisons, elle n'a pas rendu meilleurs les hommes qui doivent les habiter. Elle a créé des palais, mais il n'est pas si facile de créer des nobles et des rois.

Citations

  • « Chaque génération se moque des vieilles modes, mais suit religieusement les nouvelles. »
  • « Il me plaît d'imaginer un État qui [...] traite l’individu avec respect comme un voisin ; qui ne jugerait pas sa propre quiétude menacée si quelques-uns s’installaient à l’écart, ne s’y mêlant pas, en refusant l’étreinte. »
  • « Je crois que l’esprit peut être sans cesse profané par le fait d’assister régulièrement à des choses triviales »
  • « Le commerce et les affaires s'ils n'avaient pas de ressort propre, n'arriveraient jamais à rebondir par-dessus les embûches que les législateurs leur suscitent perpétuellement et, s'il fallait juger ces derniers en bloc sur les conséquences de leurs actes, et non sur leurs intentions, ils mériteraient d'être classés et punis au rang des malfaiteurs qui sèment des obstacles sur les voies ferrées. »
  • « Le gouvernement le meilleur est celui qui gouverne le moins. »
  • « Le seul gouvernement que je reconnaisse — peu importe le petit nombre de ses dirigeants, la taille réduite de son armée — est le pouvoir qui fait régner la justice dans le pays, jamais celui qui établit l’injustice. »
  • « Si un millier d’hommes refusaient de payer leurs impôts cette année, ce ne serait pas une mesure violente et sanguinaire, comme le fait de les payer et permettre par là à l’État de commettre la violence et de verser le sang innocent. Telle est, en fait, la définition d’une révolution paisible, si semblable chose est possible. »

Notes et références

  1. Le conférencier et essayiste Ralph Waldo Emerson (1803-1882) a attiré l'attention du public pour la première fois lors de son discours de 1837 (Phi Beta Kappa) à l'université de Harvard. Son texte intitulé "The American Scholar" met les gens au défi de devenir « un être humain pensant » en utilisant la nature, l'histoire et l'expérience pour découvrir la vérité au lieu de s'appuyer sur les interprétations des autres. Il a mis l'accent sur la valeur et le potentiel illimités de l'individu. Le monde, écrivait-il, n'est rien, l'homme est tout. Il déclare que la nature humaine est dotée de la raison ; "en soi sommeille toute la Raison" et c'est en exhortant chacun de nous qu'il nous pousse à acquérir la connaissance ; "c'est à vous de tout savoir, c'est à vous de tout oser". Il développe ainsi sa conviction d'un être humain qui dispose d'une forme intellectuelle individuelle et robuste en s'appuyant sur sa capacité à faire confiance dans ses propres qualités (self-reliance).

Publications

  • 1854,
    • a. Slavery in Massachusetts ["L'esclavage dans le Massachusetts"]
    • b. "Walden; or, Life in the woods" ["Walden, ou, La vie dans les bois"]
      • Nouvelle édition en 1910, "Walden", New York
  • Plaidoyer pour John Brown (A Plea for Captain John Brown) (1860)
  • De la marche (publié sous le titre « Balades » aux éditions de la Table Ronde) (Excursions) (écrit en 1851, édité en 1863)
  • La vie sans principe (1863)
  • 1864, "The Maine Woods", ("Les forêts du Maine")
  • Cap Cod (Cape Cod) (1865)
  • Early Spring in Massachusetts (1881)
  • Summer (1884)
  • Winter (1888)
  • Couleurs d'automne (Autumn) (1892)
  • Miscellanies (1894)
  • The First and Last Journeys of Thoreau, découvert tadivement parmi ses journaux et manuscrits non publiés (1905)
  • Thoreau, journal, 1837-1861 (traduction de Régis Michaud et Simone David). – Paris : Éditions Boivin et Cie, 1930. – Réédition, sous le titre Journal, 1837-1861 / Thoreau (illustré par Willy Cabourdin & Anne Sol). – Paris : Terrail, 2005. – 233 p., 24 cm. – ISBN 2-87939-292-6.

Littérature secondaire

  • 1890, H. S. Salt, "The Life of Henry David Thoreau", Richard Bentley and Son, London
  • 1925, Robert Louis Stevenson, "Henry David Thoreau: His Character and Opinions", In: "Familiar Studies of Men and Books", New York: Charles Scribner’s Sons
  • 1930, Vernon Louis Parrington, "Henry Thoreau: Transcendental Economist", In: "Main Currents in American Thought", New York: Harcourt, Brace
  • 1932, Fred DeArmond, "Thoreau and Schopenhauer: An Imaginary Conversation", The New England Quarterly, Vol 5, n°1, Jan., pp55-64
  • 1948, Joseph Wood Krutch, "Henry David Thoreau", William Sloane Associates
    • Nouvelle édition en 1965, "Henry David Thoreau", New York: Dell Publishing Company, Inc.,
  • 1950, Brooks Atkinson, "Walden and Other Writings of Henry David Thoreau.", New York: Modern Library
  • 1954,
    • Ralph Waldo Emerson, "Thoreau", In: Walter Harding, dir., "Thoreau: A Century of Criticism", SMU, Dallas, p26
    • Walter Harding, dir., "Thoreau: A Century of Criticism", SMU, Dallas
  • 1960, Perry Miller, "Afterword, Walden - The Secret Center", In: Henry David Thoreau, "Walden", New York: New American Library
  • 1965, Henry Seidel Canby, "Thoreau", Gloucester, Mass.: Peter Smith
  • 1967, Edward Dahlberg, "Thoreau and Walden", In: Paul Carroll, dir., "The Edward Dahlberg Reader", New York: New Directions
  • 1976, Walter Harding, "A Thoreau Handbook", New York: New York University Press
  • 1982, Walter Harding, "The Days of Henry Thoreau: A Biography", Princeton, N.J.: Princeton University Press
  • 1992, Brooks Atkinson, dir., "Walden and Other Writings of Henry David Thoreau", New York: Modern Library
  • 1996, Nancy L. Rosenblum, dir., "Thoreau, Henry David: Political Writings", Cambridge: Cambridge University Press
  • 2003, Bryan-Paul Frost, "Religion, Nature, and Disobedience in the Thought of Ralph Waldo Emerson and Henry David Thoreau", In: Bryan-Paul Frost, Jeffrey Sikkenga, dir., "History of American Political Thought", Lanham, MD: Lexington Press, pp355–375

Liens externes

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