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Carl Watner
| Carl Watner | |||||
| Auteur et historien | |||||
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| Dates | 1948-2020 | ||||
| Tendance | Libertarien volontariste | ||||
| Nationalité | |||||
| Articles internes | Autres articles sur Carl Watner | ||||
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| Interwikis sur Carl Watner | |||||
Carl Watner, né le 27 juin 1948, décédé le 8 décembre 2020, était un auteur américain et historien qui a collaboré avec le Journal of Libertarian Studies et qui fut cofondateur de la newsletter The Voluntaryist promouvant les idées du voluntaryisme avec George H. Smith et Wendy McElroy. Plusieurs de ses articles ont été publiés dans Reason, Journal of Libertarian Studies, The Dandelion et Libertarian Forum. Carl Watner a fait beaucoup de recherches sur la vie et l'œuvre de Lysander Spooner.
Enfance, milieu et premières influences (1948–1963)
Carl Watner naît dans une famille juive réformée de Baltimore, au sein d’un milieu d’affaires prospère. L’univers domestique dans lequel il grandit est marqué par la stabilité matérielle, mais aussi par une certaine familiarité avec les réalités économiques, son père étant un lecteur assidu du Wall Street Journal.
C’est justement à travers ce journal que Carl rencontre pour la première fois les idées qui orienteront toute sa vie. Adolescent curieux, il s’intéresse aux éditoriaux et, un jour de juin 1963, tombe sur un article rendant hommage à Ludwig von Mises, alors âgé de 81 ans. L’éloge vibrant du philosophe de l’économie libre agit comme un déclic. Carl perçoit pour la première fois que la pensée économique peut être à la fois une défense de la liberté et une arme intellectuelle contre les systèmes de contrainte.
Désireux d’en savoir plus, il se rend à la bibliothèque Enoch Pratt de Baltimore. Là, il découvre les ouvrages de Mises et entre en contact avec la Foundation for Economic Education (FEE). Bettina Bien, qui travaillait à la FEE et deviendra plus tard la bibliographe de Mises, l’accueille avec bienveillance et lui envoie des documents. À travers elle et son mari, Percy Greaves, autre figure marquante de l’école autrichienne, Carl est introduit dans un univers intellectuel dont il ne se détournera jamais, celui du libre marché et de la responsabilité individuelle.
La formation intellectuelle (1963–1966)
L’été 1963 marque un tournant dans la vie de Carl Watner. Sur les conseils de sa mère, il plonge dans Atlas Shrugged d’Ayn Rand. L’ouvrage le fascine : il y découvre une exaltation de l’héroïsme individuel, une défense sans compromis du marché libre et une éthique de la responsabilité personnelle. Plus qu’un roman, c’est une initiation à la cohérence : vivre selon ce que l’on juge vrai et juste, sans céder aux pressions collectives.
Au lycée, Carl met en pratique ce goût pour l’indépendance intellectuelle. En classe de onzième (équivalent de la première), il profite d’un programme d’étude autonome pour se lancer dans un projet ambitieux : la lecture systématique de Human Action de Ludwig von Mises. L’ouvrage, dense et ardu, dépasse parfois ses capacités d’adolescent, mais il en retient l’essentiel : l’économie est la science de l’action humaine et le marché libre en constitue le cadre naturel. Cette expérience nourrit aussi sa critique de l’école publique : pour lui, l’institution n’est qu’un instrument de conformisme, reflet d’un collectivisme qui bride l’esprit d’initiative.
Déterminé à avancer plus vite, Carl choisit de sauter sa dernière année de lycée pour entrer directement à l’université. À l’automne 1965, il rejoint le Raymond College (Université du Pacifique). Mais l’expérience se révèle décevante : il retrouve dans l’enseignement supérieur le même horizon idéologique qu’il fuyait au lycée.
Après une année, Carl quitte le Raymond College et s’inscrit à New York University à l’automne 1966. Il suit quelques cours de lettres mais, surtout, assiste au célèbre séminaire de Ludwig von Mises à Washington Square. Ce moment est décisif : il peut enfin confronter directement ses idées à celles de l’économiste qui l’a mis sur la voie du libéralisme radical. Pourtant, l’écart entre cette expérience stimulante et le reste de sa scolarité est trop grand. Dès la fin du semestre, Carl décide de quitter l’université pour de bon. Il choisit de poursuivre son éducation hors des cadres officiels, fidèle à son exigence d’intégrité et à sa conviction que la véritable connaissance se construit en dehors des structures imposées.
Entreprise familiale, travail et tournant libertarien (1966–1976)
À la fin des années 1960, Carl Watner revient à Baltimore et se met au travail dans l’entreprise familiale de transport, American Transfer, ainsi que dans Rentaw Warehouses. Le décès de son père en 1970 l’oblige à reprendre les rênes plus vite qu’il ne l’aurait souhaité. Il gère, négocie, tranche et découvre de l’intérieur la pesanteur réglementaire qui encadre chaque décision. Le conflit avec les Teamsters agit comme un révélateur : grèves, procédures, arbitrages obligatoires. Carl voit là non pas la coopération volontaire des parties, mais l’imposition d’un rapport de force, soutenu par l’appareil légal. Convaincu que l’entreprise ne pourra prospérer dans ces conditions, il conduit finalement à la vente d’American Transfer en 1973.
Ce choc du réel n’éteint pas sa quête intellectuelle ; il l’aiguise. En 1970, la lecture de The Market for Liberty de Linda et Morris Tannehill opère une bascule : l’idée d’un marché libre sans État cesse d’être une hypothèse marginale pour devenir, à ses yeux, la seule perspective cohérente. L’année suivante, il achète les Collected Works de Lysander Spooner (1971), dont la critique du contrat social et la défense contractuelle du droit nourrissent sa propre réflexion. De ces lectures naît un premier jalon public : « Lysander Spooner: Libertarian Pioneer » (Reason, 1973). D’autres suivront, notamment un article sur Gustave de Molinari et « California Gold », avant la publication, en 1976, de sa monographie Towards a Proprietary Theory of Justice, où il esquisse une justice fondée sur des titres de propriété clairement établis et librement échangés.
Peu à peu, des principes cardinaux se cristallisent. D’abord, la propriété de soi et l’appropriation initiale (Murray Rothbard) comme socle de tout droit légitime. Ensuite, l’exigence de « freedom as self-control » (Rose Wilder Lane, Bob LeFevre) : la liberté n’est pas l’absence de contraintes extérieures, mais la maîtrise de soi face à elles. Enfin, une tenue stoïcienne : il est des actes que l’on ne commet pas, même sous menace. Cette triade, propriété, maîtrise de soi, intégrité, donne à sa pensée sa forme définitive : un anarchisme de marché où la coopération volontaire remplace la contrainte, et où la cohérence personnelle vaut programme.
Rupture symbolique avec l’État (1978)
Le 6 mai 1978, Carl adresse à l’Administration du systàme de retraite (appelé Sécurité sociale aux Etats-Unis), à Woodlawn (Maryland), une lettre d’une clarté implacable : il renonce formellement à tout droit présent ou futur à des prestations. Le geste est moins tactique que moral. Aux yeux de Carl, un système de retraite et d’assistance financé par la contrainte fiscale contrevient à la justice ; en bénéficier, ce serait l’avaliser. Il demande donc que son nom soit retiré des fichiers. L’administration ne répondra jamais, il ne recevra qu’un accusé de réception postal, mais l’essentiel est ailleurs : cette rupture, publique et argumentée, inscrit dans les faits ce qui, jusque-là, relevait du principe. Ne pas prendre, ne pas profiter, ne pas cautionner : la cohérence prime, quelles qu’en soient les conséquences.
La restauration de la tombe de Lysander Spooner : la résurrection de la dignité
Ronn Neff raconte[1] dans ses mémoires, l'histoire de la tombe de Lysander Spooner qui fut marquée par l'initiative et l'engagement de Carl Watner. Dans les années 1970, Carl Watner, alors actif dans le secteur des pompes funèbres, découvrit que la tombe de Lysander Spooner, un éminent penseur libertarien du XIXe siècle, était délabrée. Spooner, connu pour ses idées individualistes, anarchistes, et son opposition à la coercition gouvernementale, avait été enterré sommairement.
Cette découverte a suscité une réaction immédiate de la part de Carl Watner, qui a vu l'importance de préserver la sépulture d'une figure aussi influente du mouvement libertarien. Avec son engagement envers les idéaux libertariens, Watner entreprit de restaurer la tombe de Spooner. Grâce à ses connexions dans le secteur des pompes funèbres, il a pu mobiliser les ressources nécessaires pour redonner sa dignité à la sépulture de Lysander Spooner. La restauration de la tombe est devenue un acte symbolique, illustrant l'attachement de Watner à la préservation des monuments historiques liés à la pensée libertarienne.
Cette action ne se limite pas à une simple rénovation matérielle, elle incarne également la volonté de Carl Watner de perpétuer l'héritage intellectuel de Lysander Spooner. En rétablissant la dignité de la dernière demeure de Spooner, Carl Watner a contribué à maintenir vivante la mémoire de ce penseur libertarien, soulignant l'importance de préserver les traces matérielles de la pensée libertarienne pour les générations futures.
Le rôle Carl Watner dans l'histoire de l'essai de Lysander Spooner, Vices Are Not Crimes
L'essai de Lysander Spooner Vices Are Not Crimes est une œuvre majeure qui fait la distinction cruciale entre les vices personnels et les crimes légaux. L'histoire de cet essai remonte au XIXe siècle, lorsque Spooner publia cette analyse percutante de la législation et de la moralité.
Il argumente que la loi ne devrait pas intervenir dans des comportements considérés comme des vices personnels, c'est-à-dire des actions qui ne portent pas atteinte directe aux droits d'autrui. Il différencie ces vices des crimes, qui impliquent une violation des droits d'autrui. Spooner critique sévèrement les lois qui criminalisent des actions considérées comme immorales, mais qui ne causent pas de préjudice direct ou de violence envers autrui.
L'importance historique de cet essai réside dans son engagement en faveur des principes libertariens, mettant en lumière la question fondamentale de la liberté individuelle face à l'intervention de l'État. Spooner remet en question la légitimité de criminaliser des comportements qui ne nuisent pas directement à autrui, plaidant en faveur d'une société où la sphère personnelle est préservée de l'intrusion gouvernementale injustifiée.
L'histoire de Vices Are Not Crimes s'étend au-delà de son époque, influençant les débats sur la légitimité du pouvoir gouvernemental et la protection des droits individuels. Cet essai demeure une contribution significative à la philosophie libertarienne, continuant d'inspirer la réflexion sur les limites du pouvoir étatique et la préservation des libertés individuelles.
Carl Watner fut impliqué dans l'histoire de cet essai en tant que chercheur et archiviste du mouvement libertarien. Dans les années 1970, il a joué un rôle essentiel en le localisant et l'identifiant, car il avait été omis dans les Collected Works de Spooner, publiés quelques années auparavant. Il a utilisé ses compétences de chercheur pour le retrouver, ce qui avait été négligé lors de la compilation des travaux complets de Lysander Spooner. Sa détermination à exhumer des écrits oubliés a permis de restaurer une pièce essentielle du puzzle intellectuel de Spooner, élargissant ainsi la compréhension de son œuvre.
Carl Watner n'a pas simplement localisé l'essai, mais il a également joué un rôle central en identifiant avec précision l'auteur de l'œuvre manquante. Cette identification précise a contribué à rectifier une lacune importante dans la documentation historique, rétablissant ainsi la place légitime de Vices Are Not Crimes parmi les écrits de Lysander Spooner.
L'implication de Watner dans la redécouverte de cet essai va au-delà de la simple correction d'une omission. Elle témoigne de son dévouement pour la préservation de la pensée libertarienne, de son engagement en faveur de l'exactitude historique, et de sa volonté de faire revivre des idées essentielles qui avaient été oubliées.
Ainsi, l'histoire de Vices Are Not Crimes ne serait pas complète sans le rôle significatif de Carl Watner en tant qu'archiviste passionné, veillant à ce que les contributions importantes à la philosophie libertarienne ne soient pas perdues dans les méandres de l'histoire intellectuelle.
Informations complémentires
Notes et références
- ↑ * "To hold an unchanging youth. Carl Watner (June 27, 1948 – December 8, 2020)", texte de Ronn Neff, manager de The Last Ditch, publié le 21 mars 2021 sur le site du thornwalker
Publications
- Pour une liste détaillée des œuvres de Carl Watner, voir Carl Watner (bibliographie)
Littérature secondaire
- 1989, K. E. Grubbs Jr., commentaire du livre de Carl Watner, "Robert LeFevre: Truth Is Not a Half-way Place", The Freeman, June, Vol 39, n°6
- 2012, Karen Palasek, Commentaire du livre de Carl Watner, "Homeschooling: A Hope for America", The Freeman, March, vol 62, n°2, pp43-44 [lire en ligne]
Textes Externes
- "Freedom to Choose Your Own Money", texte de Carl Watner écrit en 2013 publié sur le site de panarchy.org (en)
- "Voluntaryism" Texte de Carl Watner déposé sur wikipedia.org en mars 2008, comme texte originel sur l'entrée "Voluntaryism" de l'encyclopédie Wikipedia en anglais.
- On the History of the Word "Voluntaryism", texte de Cart Watner déposé sur le site de panarchy.org
- Carl Watner Literature Archive archives des publications au Journal of Libertarian Studies (en)
- "To hold an unchanging youth. Carl Watner (June 27, 1948 – December 8, 2020)", texte de Ronn Neff, manager de The Last Ditch, publié le 21 mars 2021 sur le site du thornwalker
- "The Carl Watner Story", texte biographique de Carl Watner, publié le 30 août 2021 sous la direction de [[Wendy McElroy] sur le site d'agoris nexus
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