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Charles de Gaulle
Charles de Gaulle | |||||
Homme politique | |||||
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Dates | 1890 - 1970 | ||||
Tendance | |||||
Nationalité | France | ||||
Articles internes | Autres articles sur Charles de Gaulle | ||||
Citation | « Rien de grand en France ne s'est fait sans l’État ». « Nous voulons donc la mise en commun de tout ce que nous possédons sur cette terre, et pour y réussir il n’y a pas d’autre moyen que ce que l’on appelle l’économie dirigée. » | ||||
Interwikis sur Charles de Gaulle | |||||
Charles André Joseph Marie de Gaulle ou Charles de Gaulle, né à Lille le 22 novembre 1890 et mort à Colombey-les-Deux-Églises le 9 novembre 1970), est un militaire de carrière et homme d'État français du XXe siècle.
Influencé dans sa jeunesse par la tradition familiale « catholique libérale », considéré comme maurrassien avant la Seconde Guerre mondiale, c'est un homme d’État habile et opportuniste, qui n'hésite pas à renier ses promesses (abandon de l'Algérie), et qui se taille en 1958 une constitution sur mesure et exerce un pouvoir personnel empreint d'un certain nationalisme conservateur, ce qu'il appelle "une certaine idée de la France", mais qui est en fait un bonapartisme adapté au XXe siècle. Le militaire gardera un mépris avéré pour l'économie en général, même s'il eut le mérite de s'entourer de personnalités compétentes, comme Jacques Rueff ou Antoine Pinay, puis Georges Pompidou.
Critique de Charles de Gaulle
Le gaullisme est une suite ininterrompue et infinie de faux semblants[1]. En voici pêle-mêle quelques-uns, parmi les plus symptomatiques.
De Gaulle avait prédit dès le début des années 1940 la décolonisation, il l'avait voulue, et l'a menée à bien.
En réalité de Gaulle est un parfait pragmatique : en 1945, en effet, l'inéluctable ascension des colonies à l'indépendance ne semble plus guère faire de doutes, pour l'ensemble de la classe politique et non pour de Gaulle en particulier. D'ailleurs, c'est le principal lieutenant du général, Jacques Soustelle, qui sera le plus farouche opposant à l'effilochement de l'Empire. Mais de Gaulle, fin stratège, se montre pour le moins discret sur ce sujet dans ses déclarations des années de guerre : ainsi, en 1945, il n'est guère question d'indépendance, et l'insurrection du Constantinois est écrasée cette année-là, sans que l'événement suscite dans l'opinion une très vive émotion. De Gaulle attribue d'ailleurs dans ses Mémoires la responsabilité de la répression au gouverneur Chataigneau. Toujours dans les mémoires, de Gaulle se définit aisément comme un prophète de la décolonisation, alors que dans les textes de 1944 à 1946 il n'est question que de la France de 110 millions de Français...
Durant sa "traversée du désert" (1946-1958), de Gaulle reçoit de nombreuses visites. Les partisans de l'Algérie française quittent le général convaincus qu'il est inébranlablement attaché à l'Algérie française. Les partisans d'une paix négociée quittent le général, convaincus qu'il est partisan d'une paix négociée. Une seule chose est certaine : il prend dans les années 1950 nettement position contre la thèse de Raymond Aron — le désengagement pour cause de non-rentabilité — thèse qu'il reprendra à son compte à partir de 1960. En tout cas, il ne fait aucun doute que le général a été ramené au pouvoir, le 13 mai 1958, par les partisans les plus ardents de l'Algérie française. Il n'a alors rien fait ni rien dit qui puisse le moins du monde les désavouer. Il faut tout de même rappeler à ce propos qu'après janvier 1946, lorsqu'il a été dans l'opposition, il a accueilli avec réserve (en 1947) le statut de l'Algérie, et il n'a pas cessé de répéter qu'il fallait en Indochine faire la guerre et la gagner. Le 6 juin 1958, à Mostaganem, il termine ainsi son discours en criant : "Vive l'Algérie française !", trompant la communauté pied-noir. Autre exemple, s'il était besoin, l'article 1 de la charte de l'UNR est "le maintien de l'Algérie dans la souveraineté de la France". Facile dans ces conditions de donner au discours de Brazzaville de janvier 1944 une portée qu'il n'avait nullement.
De Gaulle est donc tout à tour pour le colonialisme et pour la décolonisation, en fonction de l'état d'esprit des populations et de l'évolution de la situation militaire et stratégique. Son splendide isolement lui fait méconnaître la réalité du terrain : après avoir préconisé l'autodétermination de l'Algérie, il est surpris par l'exode des pieds-noirs et la violation des accords d'Évian par l'Algérie devenue indépendante.
De Gaulle était au-dessus des partis.
Ah bon, et le RPF ? En réalité, il y avait chez cet homme un mélange étonnant de maurrassisme (il avait déclaré un jour que par tradition familiale, il ne pourrait jamais être que monarchiste), de nietzschéisme diffus (son culte du chef est, disons, et sans polémique aucune, pré-fasciste ; aux hommes des temps faciles, il oppose les hommes de caractère ; il distingue les faibles et les forts, les petits et les grands), de rousseauisme (il détestait les corps intermédiaires, qu'il appelait les féodaux), de nationalisme (celui de Péguy, ou Barrès, mais pas celui de Maurras), et surtout surtout, là encore, de pragmatisme.
En 1947, le surhomme au-dessus des partis décide d'en créer un et de le diriger étroitement. Comme le dit Jean Touchard, dans Le Gaullisme : "Le doute ne me paraît plus possible : le général de Gaulle a voulu le RPF ; il l'a dirigé d'extrêmement près, au moins jusqu'en 1951 ; il l'a organisé sur le modèle de la constitution de Bayeux : une autorité strictement concentrée entre les mains de son président. Le RPF a été sa chose, sa chose et son échec."
De Gaulle a toujours été opposé à l'interventionnisme étatique.
Faux ! Le programme du RPF le prouve : alors qu'existait déjà un parti favorable à un libéralisme économique certain, le MRP, le parti de de Gaulle ne s'en démarque pas. Il importe de stabiliser la monnaie, de réduire les dépenses et les activités de l'État, d'encourager la production, de favoriser l'esprit d'entreprendre, l'initiative, l'émulation, la liberté. Deux ans plus tôt, le même de Gaulle nationalisait tout et n'importe quoi : électricité et gaz, houillères, banques et organismes de crédit, sans parler de Renault, Air France, les comités d'entreprises, etc. Était-ce le programme du CNR ? Que nenni ! Ce dernier ne parle même pas de la planification, pas plus d'ailleurs que le Rassemblement populaire de 1936. Ce sera pourtant l'étape peut-être la plus importante dans la collectivisation de la France.
Le 12 novembre 1947, il se prononce contre l'hyper-fiscalité et les dépenses excessives de l'État, pour des économies, toujours des économies, en faveur d'une réforme des nationalisations et de la Sécurité sociale. Le 8 octobre 1952, à l'inverse, le général parle de deux ennemis : "L'argent (...) qui fait la loi dans nos affaires du dedans, tandis que c'est l'étranger qui domine celles du dehors".
On ne saurait suspecter de Gaulle de collusion avec le communisme
S'il est vrai que la présence de ministres communistes dans le gouvernement provisoire de 1945 peut s'expliquer par la volonté du général de ne pas se couper d'une frange importante de la population et que les communistes étaient probablement moins dangereux au gouvernement que dans la rue, s'il est vrai également que le RPF était un parti anticommuniste, il n'empêche que le de Gaulle président a largement badiné avec ses convictions, une fois encore. La France reconnaît ainsi en janvier 1964 le gouvernement de la Chine populaire, et surtout à Pnom Penh le 1er septembre 1966 il approuve la neutralité du Cambodge et condamne sans réserve l'intervention des États-Unis qui apparaissent pour lui comme les seuls responsables de la guerre du Vietnam. On se souvient également des sarcasmes anti-américains au début des années 1950, au moment de la guerre de Corée, où s'opposaient, faut-il le rappeler, les forces stalino-coréennes au monde libre. C'est que son anti-américanisme primaire lui a souvent fait choisir des camps peu fréquentables par ailleurs (ainsi son comportement pendant la Guerre des six jours en 1967).
Son plus grand défaut aura été de laisser s'instaurer en 1945 une sécurité sociale d'inspiration communiste, inspirée de la pratique du "grand frère" soviétique, qui instaure le collectivisme dans le domaine de la santé, au prix d'une gabegie sans nom et de déficits renouvelés, et surtout d'une coercition qui transforme l'assuré social en bien nommé "assujetti".
De Gaulle fut un démocrate, car, loin d'être un dictateur, il a institué l'élection du président de la République au suffrage universel.
En réalité, si de Gaulle décide de proposer l'élection du président au suffrage universel, c'est au nom de raisons moins glorieuses : après la guerre d'Algérie, les partis politiques ont repris une guerre de harcèlement contre le gouvernement ; c'était un excellent moyen de les faire céder. D'autre part, à l'époque, nombreux étaient ceux qui pariaient sur une candidature Pinay à la présidence de la République : ce dernier aurait eu beaucoup plus de chances de succès devant un collège de notables et beaucoup moins devant le suffrage universel. Rien ne permet de dire que de Gaulle était un partisan exacerbé du suffrage universel ; d'ailleurs parmi ses proches, Michel Debré fustigeait une telle volonté, qui aurait transformé la France en régime présidentiel (l'histoire a montré qu'il s'est trompé).
Enfin il est difficile de considérer quelqu'un qui ne supporte pas l'opposition comme un grand démocrate. Jamais il ne souligne le rôle utile que peut avoir une opposition dans une démocratie ; il l'accuse sans cesse, le plus souvent à tort, de tous les maux et ne recule devant rien, ni la diatribe, ni le quolibet, ni le mépris.
Citations
- « Le gouvernement n'a pas de substance en dehors de moi. Il n'existe que par mon fait. Il ne peut se réunir que si je le convoque, et en ma présence. (...) Le Premier ministre n'est que le premier des ministres, primus inter pares, il coordonne leur action, mais il le fait sous la responsabilité du président de la République, qui dirige l'exécutif sans partage. » (de Gaulle, rapporté par Alain Peyrefitte dans C'était de Gaulle, 1994).
- « Toute notre histoire, c’est l’alternance des immenses douleurs d’un peuple dispersé et des fécondes grandeurs d’une Nation libre groupée sous l’égide d’un État fort. » (Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, Discours de Bayeux, 16 juin 1946)
- « Il y a toutes sortes de corps d’inspection, dont je me demande bien ce qu’ils inspectent. Si on faisait le recensement de tous les fonctionnaires, service par service, je suis persuadé qu’on en trouverait beaucoup dont personne ne pourrait dire à quoi ils servent. Il y a dans la fonction publique trop d’avantages, trop d’honneurs, trop d’effectifs. »
- « [En France] les rapports sociaux demeurent empreints de méfiance et d’aigreur (...) chacun ressent ce qui lui manque plutôt qu’il n’apprécie ce qu’il a. » (Charles de Gaulle, Mémoires d’espoir, 1970)
- « La rigueur s'impose à nous. Ce n'est pas seulement un problème d'équilibre des dépenses et des recettes, mais il faut que la part de l'État dans l'économie soit contenue. Sinon, on va non seulement vers une inflation proprement dite qui emporte la monnaie, mais vers une inflation du rôle de l'État au sein de la société. Nous avons atteint une limite qu'il ne faut pas dépasser. L'État doit veiller aux équilibres ; à plus forte raison il ne doit pas lui-même mettre en danger l'équilibre par sa propre masse. » (1965, rapporté par Alain Peyrefitte)
- « On peut intégrer des individus ; et encore, dans une certaine mesure seulement. On n’intègre pas des peuples, avec leur passé, leurs traditions, leurs souvenirs communs de batailles gagnées ou perdues, leurs héros. »
- « Le capitalisme n’est pas acceptable dans ses conséquences sociales. Il écrase les plus humbles. Il transforme l’homme en un loup pour l’homme. Le collectivisme n’est pas davantage acceptable : il ôte aux gens le goût de se battre ; il en fait des moutons. Il faut trouver une troisième voie, entre les loups et les moutons. » (11 juillet 1962)
- « Parfois, les militaires, s’exagérant l’impuissance relative de l'intelligence, négligent de s’en servir. La tendance au moindre effort trouve là son compte. » (Le fil de l'épée, 1944)
- « Avec le Plan, on sait où on va. Faute de Plan, c'est l'anarchie. » (à Alain Peyreffite, le 23 janvier 1963)
- « Il y a la France. Il y a l'État. Et puis, derrière les impératifs supérieurs, en troisième lieu seulement et autant qu'on peut le respecter, il y a le Droit. » (au garde des Sceaux Jean Foyer, cité dans Le monde selon de Gaulle, Jean Kersaudy)
Citations sur de Gaulle
- « Monarchie personnelle ? Consulat à vie ? Et qui est-il, lui, de Gaulle ? duce, führer, caudillo, conducator, guide ? À quoi bon poser ces questions ? Les spécialistes du droit constitutionnel eux-mêmes ont perdu pied et ne se livrent que par habitude au petit jeu des définitions. J’appelle le régime gaulliste dictature parce que, tout compte fait, c’est à cela qu’il ressemble le plus, parce que c’est vers un renforcement continu du pouvoir personnel qu’inéluctablement il tend, parce qu’il ne dépend plus de lui de changer de cap. Je veux bien que cette dictature s’instaure en dépit de De Gaulle. Je veux bien, par complaisance, appeler ce dictateur d’un nom plus aimable : consul, podestat, roi sans couronne, sans chrême et sans ancêtres. Alors, elle m’apparaît plus redoutable encore. » (François Mitterrand, Le Coup d’État permanent, 1964)
- « L'admirable indépendance politique de de Gaulle s'est accompagnée d'une saine indépendance économique, mieux exprimée par son refus ferme, face à l'énorme pression politique des Etats-Unis, de suivre les politiques anglo-saxonnes d'argent facile et d'inflation. Guidé par l'économiste libéral et expert monétaire Jacques Rueff, de Gaulle a mené le bon combat, pratiquement seul, en faveur d'une monnaie saine et d'un retour à un véritable étalon-or fixé à un taux réaliste (par exemple, 70 $ l'once au lieu du taux absurde actuel de 35 $). De Gaulle, à lui tout seul, s'est dressé entre nous tous et une inflation mondiale désastreuse alimentée par la Grande-Bretagne et les États-Unis. Ce sont quelques-unes des raisons qui font que l'establishment, de droite comme de gauche, déteste de Gaulle, tandis que le reste d'entre nous n'a aucune raison pour cela. » (Murray Rothbard, Never a dull moment, chap. 27, Why Do They All Hate De Gaulle, edited by Justin Raimondo)
- « Son pays a abandonné la lutte, lui-même n'est qu'un réfugié, et si nous lui retirons notre appui, c'est un homme fini. Eh bien, regardez-le ! non mais, regardez-le ! On croirait Staline avec deux cents divisions derrière lui. » (Winston Churchill en janvier 1943)
- « J'ai pris soin de de Gaulle un peu comme on élève un jeune chien, mais il mord maintenant la main qui l'a nourri. » (Winston Churchill)
- « Le communisme de 1945 ne pouvait se maintenir sans un Etat fort. Ce fut l’œuvre du général de Gaulle, qui n’avait pourtant nullement l’intention de servir le collectivisme, mais qui le fit en mettant au service de celui-ci une armée de technocrates résolus à installer leur pouvoir absolu. » (Claude Reichman, 14/01/2018)
- « En décidant, dès 1941, de s’allier avec Staline, et donc avec ses épigones français, de Gaulle a livré notre pays à l’idéologie marxiste. » (Éric Brunet, 6 janvier 2017)
Littérature secondaire
- 1996, Daniel J. Mahoney, "De Gaulle: Statesmanship, Grandeur, and Modern Democracy", Praeger
- Edition révisée paperback en 2001, Transaction Publishers
- 2012, Jean-Philippe Feldman, "Gaullisme", In: Mathieu Laine, dir., "Dictionnaire du libéralisme", Paris: Larousse, pp280-281
Notes et références
- ↑ Le faux-semblant le moins connu est peut-être son titre de "général". Il avait une retraite de colonel, et n'a jamais été confirmé général par la République. Il n'avait ainsi aucun droit de défiler avec l'uniforme de général deux étoiles.
Liens externes
- (fr)L’obsession gaulliste Nicolas Lecaussin à propos de l'essai intitulé « L’obsession gaulliste » du journaliste Eric Brunet. Publié le 12 janvier 2017 sur Contrepoints
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