Vous pouvez contribuer simplement à Wikibéral. Pour cela, demandez un compte à adminwiki@liberaux.org. N'hésitez pas !


Carrière entrepreneuriale

De Wikiberal
Aller à la navigation Aller à la recherche

Le concept de carrière entrepreneuriale est né avec les travaux de J. D. House[1] en adoptant une définition de l'entrepreneur assez proche de celle de l'école autrichienne, à savoir que l’entrepreneur est celui (ou celle) qui a la capacité de percevoir une opportunité et de créer du profit en faisant fructifier un ensemble de ressources. L'entrepreneur perçoit également sa propre image comme une ressource et la développe au cours de sa carrière professionnelle, ce qui à la fois le guide et le contraint dans ses décisions de carrière. Les entrepreneurs sont un groupe hétérogène d'individus qui diffèrent en termes de caractéristiques et de motivations professionnelles. Aussi, ils recherchent différents types d'événements entrepreneuriaux et de situations d'apprentissage entrepreneurial, qui à leur tour influencent leur mode prédominant de transformer une expérience en connaissance.

Les motivations de la carrière entrepreneuriale résident dans la recherche de la création de valeur, selon une logique de résultat où d’autres finalités peuvent sans doute jouer, notamment la recherche de l’autonomie ou l’accomplissement personnel. Ce type de carrière se rencontre parmi les dirigeants de start-up, de PME ou de business units.

L'esprit entrepreneurial est à la base du choix individuel d'une orientation de carrière entrepreneuriale

Certains auteurs[2] ont hélas une vision trop schumpétérienne de la carrière entrepreneuriale avec une définition "fonctionnaliste" de l'entrepreneur, comme étant celui qui a pour fonction de développer de nouvelles combinaisons des moyens de production et donc d'innover et de croître par la destruction créatrice. Ils excluent ainsi tous les entrepreneurs individuels, les travailleurs indépendants, les chefs de projet et les intrapreneurs. Heureusement, d'autres auteurs comme Ross Kanter[3] estiment qu’une carrière entrepreneuriale concerne aussi ceux qui, tout en restant en place dans la même organisation, accroissent leur esprit d'entreprise (entrepreneurship) et leur leadership. Ceci implique que leur développement de carrière n'est pas marqué forcément par un changement de titre, de poste ou de position hiérarchique au sein de l'organisation.

L'entrepreneur ne focalise pas obligatoirement sa vie sur un développement de sa carrière dans une perspective hiérarchique, puisqu'il s'exclut de cette perspective en étant à l'initiative de la création. C'est grâce au développement de leur marché (leur business) que les individus accroissent leur leadership, leur rémunération et leurs responsabilités. Ils reçoivent en contrepartie des récompenses extrinsèques qui sont liées en partie par les bénéfices qu'ils ont contribué à créer et des récompenses intrinsèques par la satisfaction personnelle (sentiment du devoir accompli, reconnaissance, autonomie, fierté de la réussite, statut social, appartenance à un réseau social, etc.). L'entrepreneur tient compte des variables de satisfaction au travail et des critères familiaux dans l'évaluation de son succès entrepreneurial ou non[4].

Le chercheur, John Holland (1997), soutient que le choix de carrière est une expression de la personnalité. Par conséquent, les gens sont attirés par des métiers dont les caractéristiques perçues et les exigences correspondent à leur personnalité. Ils développent des préférences de carrière et peuvent rechercher des vocations sur la base de leur aptitude perçue. Cependant, leur performance au travail sera largement déterminée par l'adéquation réelle, c'est-à-dire s'ils ont les intérêts et les capacités qui sont récompensés dans cet environnement. Selon la théorie sur l'adéquation personne-environnement (P-E) (Kristof, 1996), les gens sont attirés par des environnements de travail qui présentent des cultures de travail, des exigences et des exigences qui correspondent à leurs propres personnalités, besoins et compétences.

Les quatre concepts de carrière entrepreneuriale : linéaire, expert, en spirale et transitoire

Brousseau, Driver, Eneroth et Larsson (1996)[5] ont développé un modèle qui différencie quatre concepts de carrière des individus en termes d'orientation (de mouvement ou de changement de carrière) et de fréquence de mouvement au sein et entre différents types de travail au fil du temps (durabilité dans un domaine de travail donné). Leur modèle identifie quatre concepts de carrière distincts : linéaire, expert, en spirale et transitoire. Les quatre concepts de carrière entrepreneuriale ne sont pas nécessairement de nature pure mais peuvent également être combinés de diverses manières pour former des concepts hybrides.

La carrière linéaire idéale consiste en une série progressive d'étapes vers le haut dans une hiérarchie (comme dans une hiérarchie managériale) avec des changements peu fréquents hors du domaine principal de la carrière. Les promotions vers des postes d'autorité et de responsabilité croissantes sont souhaitées aussi souvent que possible dans ce type de carrière. Les entrepreneurs avec une orientation de carrière linéaire sont donc motivés par des opportunités de faire des choses importantes, ce qui implique que le pouvoir et la réussite deviennent les motifs clés de leur choix de carrière. C'est donc la perspective de la satisfaction des résultats, et non la richesse personnelle, qui motive l'entrepreneur, bien que la richesse et le statut soient une mesure importante de la satisfaction de ce type d'entrepreneur.

La carrière d'expert idéale est, de son côté, caractérisée par un engagement à vie dans une profession spécifique, dans laquelle un individu s'efforce de poursuivre le développement et la référence de ses connaissances dans cette spécialité. Cette orientation professionnelle développe la pratique en termes de connaissances authentiques (souvent des connaissances tacites) au sein d'une profession spécifique.

Les entrepreneurs qui favorisent des orientations de carrière linéaires et expertes sont moins enclins à explorer de nouvelles opportunités et de nouveaux domaines, car cela peut les détourner de la réalisation, du prestige ou des connaissances spécialisées qu'ils recherchent si fortement. A l'inverse, ces types d’entrepreneurs sont susceptibles d’avoir un degré d’exploitation plus élevé des connaissances préexistantes, car ils s’efforcent principalement d’affiner leurs connaissances préexistantes pour devenir des experts au sein de leur profession spécifique.

Les individus avec une orientation de carrière en spirale préfèrent explorer de nouvelles activités liées aux précédentes dans lesquelles la créativité et le développement personnel deviennent des critères de motivations clés. Les entrepreneurs privilégiant ce type de carrière font des déplacements majeurs périodiques dans des domaines professionnels, des spécialités ou des disciplines étroitement liés aux précédents. Cela signifie que le nouveau domaine s'appuie sur les connaissances développées dans le domaine précédent et offre en même temps la possibilité de développer un ensemble de connaissances entièrement nouveau.

Enfin, les individus ayant un profil de carrière transitoire changent fréquemment de domaine, d'organisations et d'emplois dans lesquels la variété et l'indépendance sont les principaux moteurs de leurs choix de carrière. Les individus qui poursuivent intentionnellement une carrière transitoire se considèrent rarement comme ayant réellement une carrière. Ils constituent un portefeuille fascinant d'expériences de travail, recherchant la variété et l'indépendance.

Les entrepreneurs qui ont une orientation de carrière transitoire ou en spirale favorisent de nouveaux projets entrepreneuriaux afin de rechercher de nouveaux défis et d'apprendre quelque chose de nouveau. Ils sont davantage orienté vers des projets impliquant la diversité des compétences, le réseautage, la rapidité d'exécution et l'adaptation. Par conséquent, ces types d'entrepreneurs sont susceptibles d'avoir un degré plus élevé d'exploration de nouvelles opportunités par rapport à l'accent qu'ils mettent sur l'exploitation des connaissances préexistantes.

Annexes

Notes et références

  1. * 1974, J. D. House, “Entrepreneurial career patterns of residential real estate agents in Montreal”, Revue Canadienne de Sociologie et d’Anthropologie/Canadian Review of Sociology and Anthropology, vol 11, n°2, pp110-124
  2. 1984, J. C. Carland, J. W. Carland, F. Hoy, W. R. Boulton, “Differentiating entrepreneurs from small business owners: a conceptualization”, Academy of Management Review, vol 9, n°2, pp354-359
  3. * 1989, Ross M. Kanter, "Careers and the wealth of nations: a macro-perspective on the structure and implications of career forms”, In: M. B. Arthur, D. T. Hall, B. S. Lawrence, dir., "Handbook of career theory", Cambridge University Press, pp506-521
  4. N. J. Beutell, S. Parasuraman, Y. S. Purohit, V. M. Godshalk, 1996, "Work and Family Variables, Entrepreneurial Career Success, and Psychological Well-Being", Journal of Vocational Behavior, 48(3), pp275–300
  5. K. R. Brousseau, M. J. Driver, K. Eneroth, R. Larsson, 1996, "Career pandemonium: Realigning organizations and individuals", Academy of Management Executive, 10(4), pp52–66

Bibliographie sur la carrière entrepreneuriale

  • 1974, J. D. House, “Entrepreneurial career patterns of residential real estate agents in Montreal”, Revue Canadienne de Sociologie et d’Anthropologie/Canadian Review of Sociology and Anthropology, vol 11, n°2, pp110-124
  • 1989, J. Adams, S. Carley, R. Scherer, F. Wiebe, "Role model performance effects on development of entrepreneurial career performance", Entrepreneurship Theory and Practice, Vol 13, n°3, pp53-81
  • 1994,
    • W. G. Dyer, "Toward a theory of entrepreneurial careers", Entrepreneurship Theory and Practice, Vol 19, n°2, pp7–21
    • J. A. Katz, "Modeling entrepreneurial career progressions: Concepts and considerations", Entrepreneurship Theory and Practice, 19(2), pp23–39
  • 1996,
    • N. J. Beutell, S. Parasuraman, Y. S. Purohit, V. M. Godshalk, "Work and Family Variables, Entrepreneurial Career Success, and Psychological Well-Being", Journal of Vocational Behavior, 48(3), pp275–300
    • V. M. Gidshalk, S. Parasuraman, Y. Purohit, "Work and family variables, Entrepreneurial career success and Psychological well-being", Journal of Vocational Behaviour, pp275-300
    • L. Kolvereid, "Organisational employment versus self–employment: Reasons for career choice intentions", Entrepreneurship Theory and Practice, Spring, pp23–31
  • 2002, Diamanto Politis, H. Lanstrom, “Informal investors as entrepreneurs ; the development of an entrepreneurial career", Venture Capital, vol 4, n°2, pp78-101
  • 2003, Nancy M. Carter, William B. Gartner, K. G. Shaver, E. J. Gatewood, "The career reasons of nascent entrepreneurs", Journal of Business Venturing, 18(1), pp13–39
  • 2007,
    • A. Kevin, V. P. Lau, M. A. Shaffer, "Entrepreneurial career success from a Chineese Perspetive: Conceptualization", Journal of International Business Studies, pp126-146
    • J. R. Kickul, D. Marlino, F. Wilson, "Gender, Entrepreneurial Self-Efficacy, and Entrepreneurial Career Intentions: Implications for Entrepreneurship Education”, Entrepreneurship Theory and Practice, vol 31, n°3, pp387-407
  • 2011, Holger Patzelt, Dean A. Shepherd, "Negative emotions of an entrepreneurial career: Self-employment and regulatory coping behaviors", Journal of Business Venturing, Vol 26, n°2, March, pp226-238
  • 2012, Michael A. Abebe, "Social and institutional predictors of entrepreneurial career intention: Evidence from hispanic adults in the U.S.", Journal of Enterprising Culture, Vol 20, n°1, March, pp1–23
  • 2016, M. D. Burton, J. B. Sørensen, S. D. Dobrev, "A careers perspective on entrepreneurship", Entrepreneurship: Theory and Practice, 40(2), pp237–247

Articles connexes