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Joseph Schumpeter

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Joseph Schumpeter
Économiste

Dates 1883 - 1950
Joseph Schumpeter
Tendance
Nationalité Autriche Autriche
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Citation
Interwikis sur Joseph A. Schumpeter

Joseph Alois Schumpeter (8 février 1883 - 8 janvier 1950) est un des économistes les plus connus du XXè siècle.

Biographie

Né en 1883 en Moravie austro-hongroise (maintenant en République Tchèque) d’un père industriel, il est orphelin à 4 ans. Il entre en 1901 à la Faculté de droit de Vienne et s’intéresse successivement à la sociologie puis à l’économie en suivant notamment les cours de Friedrich von Wieser et Eugen von Böhm-Bawerk. Docteur en 1906, il voyage, se marie en 1908 en Angleterre.

Avocat au Caire, il publie son premier ouvrage devenu très vite un classique de la statistique économique, Nature et contenu principal de la théorie économique. Il obtient à 26 ans une chaire de professeur d’université en économie politique. Avec les sociologues Werner Sombart et Max Weber, il dirige les Archives pour les sciences sociales et entre 1911 et 1919, il enseigne à Graz en Autriche. L’année suivante paraît sa Théorie de l’évolution économique, ouvrage qui s’affranchit du cadre néo-classique et témoigne de son intérêt pour la dynamique et les lois du changement économique. Après la guerre, il est brièvement ministre des Finances d’un gouvernement socialiste alors que l’Empire austro-hongrois s’effondre. Il dit, en substance, qu'il veut éviter que les socialistes ne mènent des politiques économiques qui soient un remède pire que le mal. Puis il dirige pendant quatre ans une banque privée qui fait faillite.

Il reprend sa carrière universitaire à Harvard suite à la montée du nazisme en Europe centrale puis s’installe définitivement aux États-Unis en 1932. De 1937 à 1941, sa réputation internationale lui vaut de présider la Société d’économétrie dont il est l’un des fondateurs. En publiant en 1939 Les Cycles des affaires, il revient sur l’analyse de la croissance.

En 1942, Capitalisme, socialisme et démocratie lui vaut une renommée d’économiste « hérétique ». Dans cet ouvrage, il se montre pessimiste sur l'avenir du capitalisme et estime inéluctable l'avènement du socialisme, ce qui le place à l'opposé de ses compatriotes de l'école autrichienne. Il caractérise le capitalisme comme un processus de destruction créatrice :

« L'ouverture de nouveaux marchés nationaux ou extérieurs et le développement des organisations productives, depuis l'atelier artisanal et la manufacture jusqu'aux entreprises amalgamées telles que l’U.S. Steel, constituent d'autres exemples du même processus de mutation industrielle - si l'on me passe cette expression biologique - qui révolutionne incessamment de l'intérieur la structure économique, en détruisant continuellement ses éléments vieillis et en créant continuellement des éléments neufs. Ce processus de destruction créatrice constitue la donnée fondamentale du capitalisme : c'est en elle que consiste, en dernière analyse, le capitalisme et toute entreprise capitaliste doit, bon gré mal gré, s'y adapter. »

Ce terme de destruction créatrice ne peut donc être compris, plus positivement, que dans la conception du phénomène de l'innovation (non seulement, des méthodes financières, des produits, mais aussi des process de production) qui conditionne, ainsi la vie de l'entreprise, dans le but d'être plus efficace, plus rentable et plus compétitive .

En 1950, alors qu’il devient président de l’Association internationale d’économie, il s’éteint à 67 ans. Son épouse édite en 1954 la monumentale Histoire de l'analyse économique à laquelle il a consacré ses dernières années.

Schumpeter et l'école autrichienne d'économie

Joseph Schumpeter fut un élève brillant de Böhm-Bawerk. Il le considérait d'ailleurs comme le plus remarquable représentant de la troisième génération des économistes autrichiens. Mais, précise Joseph Salerno, sa théorie des prix n'était pas autrichienne. L'épouse de Schumpeter, confirmait dans la préface d'un livre de son feu époux que Joseph Schumpeter fut formé par l'école autrichienne mais qu'il était beaucoup plus influencé par une autre théorie de l'utilité marginale, l'école de Lausanne.

Joseph Schumpeter (1939) base sa théorie sur l'interprétation des cycles de trois économistes inductivistes : Joseph Kitchin, Nikolai D. Kondratieff et Clément Juglar (1819-1905). Kitchin identifiait un cycle de 3 à 5 ans, Kondratieff utilisait un cycle long de 50 ans et Juglar s'appuyait sur un cycle industriel de 7 à 11 ans. Schumpeter developpa, donc, une théorie basée sur 3 Kitchins par Juglar et de 6 Juglars pour un cycle de Kondratieff.

La thèse des deux Schumpeter

La littérature économique sur l'évolution technologique présente Joseph Schumpeter avec une affirmation standard que les progrès vont finir par être « mécanisés ». L'argument dans les premiers écrits de Schumpeter (la traduction anglaise de 1934 de "La Théorie du développement économique") est vraiment très différent de celui de son autre ouvrage "Capitalisme, Socialisme et Démocratie". Il y a, en effet, deux Schumpeter, un Schumpeter des premiers jours et un Schumpeter plus tardif.

Le premier Joseph Schumpeter croyait dans l'importance des entrepreneurs audacieux, alors que le Schumpeter plus tardif envisageait leur disparition et leur remplacement par un mode d'organisation économique bureaucratisé. La raison de ce changement de point de vue est largement avancée dans la littérature économique par l'analyse de l'évolution historique du capitalisme tel qu'il le voyait se dérouler autour de lui. Avec la disparition des entreprises dirigées par leur propriétaire au début du XXe siècle en Europe et dans le monde des grandes entreprises américaines dans les années 1930 et 1940, ses opinions ont changé de façon appropriée.

Richard Langlois s'est opposé à cette analyse sur Joseph Schumpeter. Il remarque, comme point de doctrine, que la thèse des « deux Schumpeter » telle qu'elle est comprise dans la littérature anglo-américaine sur le changement technologique, est manifestement erronée. Il estime également fausse l'idée que les fondements de la pensée de Schumpeter sur l'entrepreneuriat ont été influencés surtout par une observation des grandes entreprises aux États-Unis après 1931. Les idées de Schumpeter ont été remarquablement constantes depuis 1926 (soit cinq années avant son arrivée aux États-Unis) et jusqu'à sa mort.

Bibliographie sélective

Pour une liste plus détaillée des œuvres de Joseph Schumpeter, voir Joseph Schumpeter (Bibliographie)

Synthétiquement, Joseph Schumpeter s'est attaché à l'étude cinq domaines : l'analyse de l'économie statique et dynamique (1908, 1911), les cycles économiques (1928, 1939), la politique économique (1920, 1942), l'histoire de la pensée économique (1914, 1953) et l'entrepreneur (1947).

  • 1908, Nature et contenu principal de la théorie économique (Das Wesen und der Hauptinhalt der theoretischen Nationalökonomie),
  • 1911, Théorie de l’évolution économique (Theorie der wirtschaftlichen Entwicklung) ; deuxième édition, 1926 [lire en ligne]
  • 1928, Das deutsche Finanzproblem
  • 1939, Les cycles des affaires (Business Cycles: a Theoretical, Historical and Statistical Analysis of the Capitalist Process)
  • 1942, Capitalisme, socialisme et démocratie (Capitalism, Socialism, and Democracy), [lire en ligne]
  • 1954, Histoire de l'analyse économique (History of Economic Analysis), publié après sa mort

Littérature secondaire sélective

Pour une liste plus détaillée des écrits sur Schumpeter, voir Joseph Schumpeter (Littérature secondaire)
  • 1935, François Perroux, La penséé économique de Joseph Schumpeter: Les dynamiques du capitalisme, Genève: Droz
    • Nouvelle édition en 1965
  • 1950, Gottfried Haberler, Joseph Alois Schumpeter 1883–1950, Quarterly Journal of Economics, 64, pp333–372
    • Repris en 1951, In: Seymour E. Harris, dir., Schumpeter: Social Scientist, Cambridge, Mass.: Harvard University Press, pp24-47
  • 1951, Gottfried Haberler, Schumpeter's Theory of Interest, Review of Economics and Statistics, vol.33, mai, pp122-128
  • 1951, Fritz Machlup, Schumpeter’s Economic Methodology, Review of Economics and Statistics, 33(2), mai, pp145-51
    • Repris en 1951, In: Seymour E. Harris, dir., Schumpeter: Social Scientist, Cambridge, Mass.: Harvard University Press, pp95-101
  • 1981, Erich Streissler, Schumpeter’s Vienna and the role of credit in innovation, In: H. Frisch, Dir., Schumpeterian Economics. New York: Praeger, pp60–83
  • 1982, Bruno S. Frey, Schumpeter, Political Economist, In: H. Frisch, dir., Schumpeterian Economics, New York: Praeger, pp126-142
  • 1982, Herbert Giersch, Schumpeter and the Current and Future Development if te World Economy, In: H. Frisch, dir., Schumpeterian Economics, New York: Praeger, pp49-59
  • 1983, Erich Streissler, Schumpeter and Hayek: on some similarities in their thought, In: Fritz Machlup, G. Fels et H. Müller-Groeling, Dir., Reflections on a Troubled World Economy, London: Macmillan, pp356–364
  • 1986, B. Schefold, Schumpeter as a Walrasian Austrian and Keynes as a Classical Marshallian, In: J. W. Drukker et H. J. Wagener, dir., The Economic Law of Motion of Modern Society: A Marx-Keynes-Scbumpeter Centennial. Cambridge: Cambridge University Press
  • 1987, Murray Rothbard, Breaking Out of the Walrasian Box: The Cases of Schumpeter and Hansen, Review of Austrian Economics, Vol. 1, pp97-108
  • 1990, Stephan Boehm, The Austrian tradition: Schumpeter and Mises, In: Klaus H. Hennings et Warren Samuels, dir., Neoclassical Economic Theory 1870 to 1930, Boston, MA: Kluwer, pp201-241
  • 1994, Erich Streissler, The Influence of German and Austrian Economics on Joseph A. Schumpeter, In: Yuichi Shionoya et Mark Perlman, Dir., Schumpeter in the History of Ideas, Ann Arbor, MI: University of Michigan Press, pp. 13–38
  • 1995, Ulrich Witt, Schumpeter vs. Hayek: two approaches to evolutionary economics, In: Gerrit Meijer, Dir., New Perspectives on Austrian Economics London: Routledge, pp81-101
  • 1998, M. W. Frank, Schumpeter on Entrepreneurs and Innovation: A Reappraisal, Journal of the History of Economic Thought, Vol. 20, n°4 (décembre), pp505-16
  • 1999, Horst Hanusch, dir., The Legacy of Joseph A. Schumpeter, volumes 1 & 2 (Intellectual Legacies in Modern Economics Series). Cheltenham, UK: Edward Elgar, ISBN 1858985056
  • 2002, Ulrich Witt, How Evolutionary is Schumpeter's Theory of Economic development ?, Industry and Innovation, Vol 9, N°1/2, April/August, pp27–22
  • 2007, Thomas K. McCraw, Prophet of Innovation: Joseph Schumpeter and Creative Destruction, Cambridge, Mass.: Harvard University Press

Voir aussi

Liens internes

Liens externes


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