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Anticapitalisme

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L'anti-capitalisme désigne l'ensemble des idéologies qui rejettent le capitalisme et plus particulièrement le capitalisme libéral. Plus spécifiquement, elles peuvent rejeter le profit, le salariat, la spéculation, la concurrence, les inégalités.

Il regroupe donc des courants divers comme le marxisme ou l'anarchisme, certains courants fascistes ou national-socialistes, une partie de l'extrême-droite et une frange du christianisme.

Les idées anticapitalistes se sont développées de pair avec l'essor du système capitaliste. Il est donc difficile de donner une date de naissance précise au mouvement.

Courants anticapitalistes

Marxisme

Karl Marx consacre plusieurs décennies à étudier et expliquer le fonctionnement, l'histoire et le développement du capitalisme. Son plus célèbre ouvrage sur ce sujet est Le Capital. Il rejète viscéralement le système capitalisme, le jugeant inégalitaire et dénonçant ce qu'il nomme aliénation, qui ne peut être aboli que par le communisme. On a vu les conséquences de telles idées...

Comme force organisée, l'anticapitalisme socialiste naît dans les années 1840. Porté par une classe ouvrière de plus en plus nombreuse, il se développe au sein de l'Association internationale des travailleurs (AIT), dont il est le principal courant.

Au lendemain de la défaite de la Commune de Paris en 1871, marxistes et anarchistes se divisent autour de la méthode pour éliminer la propriété privée des moyens de production, caractéristique du capitalisme : les marxistes estiment nécessaire la prise du pouvoir d'État, suivie d'une collectivisation des moyens de production, sous le contrôle d'un État « socialiste » (dictature du prolétariat) devant dépérir progressivement; alors que les anarchistes prônent une abolition directe de la propriété, et l'organisation économique fédérée des moyens de production et de consommation.

Les marxistes participent à la fondation et au développement des partis socialistes qu'ils regroupent en 1889 au sein de la IIe Internationale. Cette dernière explose à l'éclatement de la Première Guerre mondiale en 1914. Seule une minorité s'oppose à la guerre et maintient des liens internationaux au cours des conférences de Kiental et Zimmerwald en Suisse. C'est notamment sur la question de la guerre qu'éclate la Révolution russe en 1917, qui aboutit, après un processus de révolution permanente long de huit mois, à la prise du pouvoir par les Soviets (conseils) d'ouvriers et de soldats en octobre, majoritairement représentés par les bolcheviks. L’attitude des bolcheviks au pouvoir est une des causes du fractionnement du marxisme en de nombreux courants, aux orientations très différentes : réformisme, léninisme, luxembourgisme, conseillisme, etc.

Anarchisme

Les anarchistes, après l'insurrection de la Commune de Paris de 1871 dans laquelle ils furent nombreux, s'investissent pour une partie dans l'anarcho-syndicalisme, et une autre dans l'anarcho-communisme[1]. Ils sont au premier plan de la création de la CGT en France et de celle des Industrial Workers of the World dans les années 1910 et 1920 aux États-Unis. Ils jouent un rôle de premier plan avec la Confederación nacional del trabajo en Catalogne aux côtés du POUM (communistes antistaliniens) et du Parti communiste d'Espagne (sous la tutelle de Staline) lors de la révolution espagnole de 1936. Ils furent aussi actifs pendant la Révolution russe de 1917.

Par la suite, l'anarchisme en tant que mouvement organisé a perdu une grande partie de son influence.

Chrétiens

Si les mouvements chrétiens sont généralement réfractaires à l'idée de révolution, et si la lutte contre les idéologies leur a paru plus urgente au cours des derniers siècles, il n'en reste pas moins que certaines traditions chrétiennes s'opposent au capitalisme.

Il s'est développé en Amérique latine un courant de chrétiens « communistes » ayant élaboré ce qui est appelé théologie de la libération. Ce courant a été condamné par le Vatican sous Jean-Paul II considérant qu'elle est incompatible avec le dogme de l'Église catholique romaine.

Les premières communautés chrétiennes ont été en outre souvent interprétées comme des ébauches de communautés communistes.

Fascisme et nazisme

Pour les mouvements d'extrême droite il n'est jamais question d'abolir la propriété privée des moyens de production, néanmoins certains montrent une forte aversion pour le capitalisme et le système de la grande entreprise[2],[3]. Selon Stanley Payne, spécialiste du fascisme et du franquisme, l'opposition au capitalisme fait partie de l'essence du mouvement fasciste. Les grandes entreprises doivent ainsi passer sous le contrôle du pays où disparaitre complètement, au profit d'un modèle corporatiste[4]. Le fascisme italien avec le manifeste de Vérone adopte ainsi une politique de « socialisation ». Les nazis étaient quant à eux particulièrement critique du « capitalisme financier », en particulier en raison de leur antisémitisme et de l'opposition à la « finance juive »[5]. Nazisme et fascisme ont tous deux prétendu être une troisième voie entre capitalisme et communisme[6], défendant souvent un modèle corporatiste.

Le caractère anticapitaliste des régimes fascistes et nazis a également été démontré par l'économiste autrichien Ludwig von Mises, qui écrivait en 1947 dans Le Chaos du planisme : « Il est important de comprendre que le fascisme et le nazisme étaient des dictatures socialistes ». L'historien Gaetano Salvemini analysa également le fascisme comme un socialisme dès les années 1930[7].

Conservatisme

Searchtool-80%.png Article connexe : conservatisme.

Une société fondée sur le capitalisme libéral est l'inverse d'une société figée et les hiérarchies sont perpetuellement remises en question. Certains conservateurs s'opposent à ce titre au capitalisme.

Notamment sous l'influence des traditions religieuses, certains conservateurs peuvent voir l'argent comme malsain, sale, corrupteur des vraies valeurs (travail, famille, patrie, ...). Pour Édouard Drumont, cette rhétorique s'accompagnait également d'un discours antisémite.[8]

Dans une logique nationaliste, certains rejettent l'idée que des étrangers puissent avoir une influence, ou que des citoyens fassent passer leur intérêt financier avant les intérêts nationaux en faisant des affaires avec des étrangers ; par conséquent certains réclament un contrôle fort sur les financiers et les acteurs du commerce international, collectivement flétris comme « apatride », et sur les sociétés de capitaux caractéristiques du capitalisme, a fortiori lorsqu'il s'agit de multinationales. Leur idéal est plutôt la société de personnes, ou mieux encore le petit entrepreneur individuel tels que l'artisan, l'agriculteur ou le professionnel libéral (médecin, avocat...).

Les masques de l'anticapitalisme contemporain

Searchtool-80%.png Article connexe : Altermondialisme.

L'anticapitalisme n'est guère plus revendiqué ouvertement depuis que les différentes expérimentations anticapitalistes se sont effondrées les unes après les autres. L'idéologie se retrouve malgré tout dans certains courants. Ainsi, l'économiste Jagdish Bhagwati, professeur à l'université Columbia, de souligner la dimension anticapitaliste des mouvements antimondialisation. Si les anticapitalistes se retrouvent dans les mouvements altermondialistes, c'est parce que la mondialisation est perçue comme l'extension internationale du capitalisme[9]. Ce lien n'est pas nouveau, il avait été abordé par Lénine (Impérialisme, stade suprême du capitalisme) ou Immanuel Wallerstein plus récemment[10]. Suzanne Berger, s'intéressant au cas français reconnaît l'importance de l'anticapitalisme mais tend à la minore. Selon elle, il y aussi une crainte de voir les spécificités de la démocratie française diluées, avec en particulier une diminution du rôle du politique. Mais pourrait-on répondre à Suzanne Berger, affirmer ainsi la primauté du politique, n'est-ce pas justement de l'anticapitalisme (au sens de capitalisme libéral) Erreur de référence : Balise fermante </ref> manquante pour la balise <ref>.

D'autres penseurs voient une composante anticapitaliste dans l'écologisme actuel, nouveau paravent de ceux qui voudraient voir l'État disposer de toujours plus de pouvoirs. En témoignent les appels du pied de Nicolas Hulot en direction d'Olivier Besancenot.

Les intellectuels et l'anticapitalisme

Pour Joseph Schumpeter, prenant le contre-pieds de Marx, le capitalisme disparaitra bien un jour mais pas en raison de lois historiques ou de la révolte des prolétaires. Dans Capitalisme, socialisme et démocratie (1942), livre dans lequel il fait l'éloge du capitalisme comme moyen d'apporter la prospérité aux masses, il développe l'idée que le capitalisme permet l'existence d'une large classe d'intellectuels, qui s'estime néanmoins insuffisamment récompensée et abat en fin de compte le capitalisme.

Friedrich Hayek pense également que les intellectuels défendront plus facilement les idées anticapitalistes[11]. Selon le philosophe libertarien Robert Nozick, l'aversion des intellectuels pour le capitalisme s'explique par le sentiment que leurs années d'études ne sont pas récompensées à leur « juste » valeur. Le système capitaliste valorisant toutes les formes de réussite, y compris par exemple dans les affaires, le prestige des intellectuels en est relativement diminué. Selon cet auteur, il y a dès lors un comportement « quasi schizophrène » des intellectuels, qui préfèrent des systèmes dans lesquels ils seraient moins bien traités, mais dans lequel ils jouiraient d'un prestige plus grand[12].

Le libéralisme est-il l'ennemi du capitalisme ?

Searchtool-80%.png Articles connexes : libéralisme, capitalisme et capitalisme libéral.

Alors que le discours ambiant assimile libéralisme et capitalisme assimilent faussement libéralisme et capitalisme, les liens entre ces deux notions sont complexes. Certains auteurs vont jusqu'à considérer le capitalisme, dans certaines de ses formes, comme l'ennemi du libéralisme.

Erreurs courantes

L'anticapitalisme est une doctrine uniquement de gauche

Citations

  • « The great threat to liberty is the corporate state, otherwise known as corporatism, state capitalism, and political capitalism. [..] In terms of educating people about the virtues of the free market, nothing has been more damaging than the identification of free markets with particular business interests, particularly Big Business. » (Sheldon Richman, What is the enemy ?)

Notes et références

  1. Nicolas Inghels, « Approche épistémologique de l'anarchisme. Petite contribution à l'étude du mouvement anarchiste », [lire en ligne]
  2. Zeev Sternhell, La droite révolutionnaire: 1885-1914 : les origines françaises du fascisme, Éditions du Seuil, 1978
  3. Michel Winock, Nationalisme, antisémitisme et fascisme en France, Seuil, 1990
  4. Payne, Stanley (1996). A History of Fascism. Routledge. ISBN 1857285956 p.10
  5. Frank Bealey & others, Elements of Political Science, Edinburgh University Press, 1999, p. 202
  6. Peter Davies and Dereck Lynch. Routledge Companion to Fascism and the Far Right. Routledge 2003, p. 101
  7. Gaetano Salvemini, Under the Axe of Fascism, 1936
  8. Édouard Drumont stigmatisait les « marchands juifs ambulants » (cf. Zeev Sternhell, La droite révolutionnaire: 1885-1914 : les origines françaises du fascisme, Éditions du Seuil, 1978, p.235
  9. Jagdish Bhagwati, Coping With Antiglobalization: A Trilogy of Discontents, 2002, p.4
  10. Jagdish Bhagwati, op. cit., p.19
  11. Friedrich Hayek, Les intellectuels et le socialisme, [lire en ligne]
  12. Why do Intellectuals oppose capitalism ?, Robert Nozick

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes


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