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Margaret Thatcher
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"La très honorable" Margaret Thatcher (née Margaret Hilda Roberts le 13 octobre 1925 à Grantham), baronne Thatcher, Ordre de la Jarretière, Ordre du Mérite (Royaume-Uni), PC, FRS, est une femme politique britannique. Leader du Parti conservateur de 1975 à 1979. Elle est, à ce jour, la seule femme à avoir été Premier ministre du Royaume-Uni de 1979 à 1990 et c'est elle qui détient le record du plus long mandat de premier ministre au Royaume-Uni au XXéme Siècle. Assurément l'un des politiciens britanniques les plus significatifs dans l'histoire politique récente, et l'une des plus admirées comme l'une des plus détestées.
Face aux grévistes de la faim irlandais en 1981, aux mineurs en grève pendant un an en 1984 et 1985, elle se montre inflexible. D’où son surnom de « Dame de fer » ou de « tigresse entourée de hamsters ».
Viscéralement attachée à la souveraineté britannique, comme elle l’a prouvé lors de la crise des Malouines en 1982, elle n’a cessé de guerroyer avec Bruxelles quand elle était au pouvoir, répétant aussi bien à ses pairs qu’elle a toujours eu du mal à considérer comme des partenaires, qu’au président de la Commission européenne « I want my money back ! ». (« Donnant, donnant, avec l’Europe, je veux récupérer mon argent ».).
Biographie
Margaret Thatcher est née le 13 octobre 1925 à Grantham en Angleterre.
Issue de la petite bourgeoisie, son père (membre du parti conservateur local) était un petit épicier de quartier. Elle a suivi des études scientifiques de chimie à l'université d'Oxford. De 1947 à 1951, elle travailla dans le secteur de la recherche en chimie avant de se tourner vers une carrière juridique en 1953. Elle se spécialisa alors en droit fiscal. Elle épousa Denis Thatcher en 1951 en eu deux jumeaux en 1953, Mark et Carol, et travailla pour un grand fabriquant de crème glacée. Elle mit au point des techniques permettant de mélanger un maximum d'air aux glaces, afin de diminuer la teneur en crème et en sucre, matières premières plus coûteuses que l'air, des produits finis.
Son entrée dans la politique
Devenue membre du parti conservateur, elle fut élue à la Chambre des communes en 1959. De 1964 à 1970, elle occupe la fonction de porte-parole de son parti à la Chambre des communes. Ministre de l'Éducation de 1970 à 1974 dans le gouvernement d'Edward Heath, elle suscita une vague de protestations lorsqu'elle mit fin à la distribution gratuite du lait dans les écoles. Après la défaite des conservateurs aux élections de 1974, elle prit la direction du parti.
Sa victoire face aux travaillistes
Devenue chef du parti conservateur en février 1975, elle a dirigé le Shadow Cabinet (« cabinet fantôme » traditionnel maintenu par l'opposition) jusqu'à sa victoire aux élections législatives du 3 mai 1979, date à laquelle elle fut nommée premier ministre par la reine Élisabeth II. C'est grâce notamment à son programme de libéralisme économique radical qu'elle mena les conservateurs à la victoire.
Devenue la Dame de Fer
Elle s'est faite le chantre du libéralisme de l’anti-welfare State. Ses positions libérales ont relancé la productivité anglaise, aux dépens des privilèges des syndicats. La relance de l'économie britannique qui s'en est suivie a ramené le taux de chômage en Angleterre à des niveaux historiquement bas. Sa politique internationale fut marquée par un atlantisme certain, récusant l'idée d'une coopération européenne approfondie. Elle affirma d'ailleurs, en 1979, à propos de la CEE : « We are simply asking to have our own money back. »
Son premier mandat fut marqué par la guerre des Malouines (Falklands War), conflit qui opposa, de mars à juin 1982, l'Argentine au Royaume-Uni, et qui se solda par la défaite de la flotte argentine et la chute de la dictature militaire. L'inflexibilité de Margaret Thatcher dans ce conflit favorisa sa réélection.
Elle infléchit parfois sa ligne de conduite mais pas ses principes, ni face à la grève de la faim des militants de l'IRA en 1981, ni lors de la grève du syndicat des mineurs, qui dura presque un an (1984-1985). Cette attitude ainsi que pour celle des Malouines, conforta son surnom de Dame de fer (The Iron Lady) donné par un journal soviétique. En octobre 1984, l'explosion d'une bombe à retardement de l'IRA au Grand Hôtel de Brighton, où se tient le congrès annuel du parti conservateur, manque de provoquer la mort de Margaret Thatcher et de plusieurs membres de son gouvernement.
Sa chute
En 1990, sa politique fiscale agressive, l'instauration d'un nouvel impôt local, la poll tax et sa réserve face à l'intégration du Royaume-Uni dans les Communautés européennes la mirent en minorité dans son propre parti. Elle accepta cependant l'entrée du Royaume-Uni dans le SME en 1990. Elle démissionna en novembre 1990 et fut remplacée par son ancien protégé, John Major.
La reconnaissance
Après avoir démissionné, en novembre 1990, du 10, Downing Street, elle a été sans surprise sacrée paire du Royaume-Uni comme « baronne Thatcher of Kesteven », sur proposition de son successeur John Major, et siège depuis lors à la Chambre des lords.
Elle détient le record de longévité à la tête du Royaume-Uni pour un Premier ministre britannique au XXe siècle avec 11 ans et demi.
Bilan du thatchérisme
L'inspiration et l'application
Margaret Thatcher est bien à l'origine d'un courant, qu'on appelle le thatchérisme. Le thatchérisme est avec le Reaganisme, son pendant américain à la même époque, l'un des deux principaux avatars et fers de lance, de la "révolution conservatrice" que le monde a connu en réaction à la phase dépressionnaire qui s'ouvre à la suite des deux chocs pétroliers.
Sur le point de vue strictement économique, le thatchérisme puise son inspiration dans les théories de l'École de Chicago, incarnée par Milton Friedman et Arthur Laffer, et de l'École autrichienne, dont le maître à penser fut autrefois Friedrich August von Hayek. Ronald Reagan et Margaret Thatcher ont mis en application ces théories en pratiquant des coupes drastiques dans les dépenses publiques (rupture avec le keynésianisme), des réductions massives d'impôts en direction des classes aisées pour favoriser l'investissement (application de la courbe de Laffer), démantèlement d'une grande partie du Welfare State, ou Etat providence, dans le pays qui l'a inventé après la guerre en application du rapport Beveridge, 1942, NB : un libéral, politique agressive de hausse des taux d'intérêt (ceux-ci étaient souvent à deux chiffres au début de la législature Thatcher), et enfin ouverture économique aux capitaux étrangers, en corollaire d'une pratique de Darwinisme industriel, qui tranche avec le volontarisme des voisins européens pour tenter de sauver une industrie en plein marasme au cours des années 1980 (politique des "canards boîteux" en France ou en Allemagne).
Critique sociale du thatcherisme
Le bilan du thatchérisme est très discutable et discuté. Il a induit une transformation en profondeur des structures économiques du pays, qui est passé du statut de puissance industrielle qu'il était depuis trois siècles à celui de géant dans le domaine des services. Le secteur tertiaire tend à devenir macrocéphale au Royaume-Uni, même si au prix de restructurations considérables et douloureuses, une production industrielle sur le sol national fut maintenue, mais elle est aujourd'hui aux mains de firmes japonaises, américaines ou allemandes. Le Royaume-Uni a donc connu une forte croissance, basée sur l'explosion des services et de l'affirmation de la City comme première place financière d'Europe. Cette croissance fut également à l'origine de nombreuses créations d'emplois, qui ont progressivement amené le Royaume-Uni à des taux de chômage faibles.
Néanmoins, de nombreuses critiques sont formulées au thatchérisme, principalement sur le plan social : insensible aux drames sociaux provoqués par les innombrables restructurations industrielles, peu regardante sur la nature et la viabilité des emplois créés par la croissance du secteur des services (bien souvent des emplois précaires comme les "mac jobs" et mal rémunérés, facilités par une réglementation du travail largement flexibilisée), et enfin peu soucieuse de l'état du système de protection sociale, Margaret Thatcher a, d'après ses détracteurs, plongé le pays dans un marasme social dont les fiascos de la privatisation du rail et la déroute du système national de santé sont autant d'illustrations. Tout comme la segmentation du pays en trois catégories sociales : les exclus, les précaires, et les riches, qui représentent 30, 40 et 30% de la population (on parle de société des 30-30-40) : le Royaume-Uni est aujourd'hui un des pays européens où les inégalités sociales sont les plus marquées.
Le thatchérisme a également été critiqué pour son positionnement international : très atlantiste (Ronald Reagan et Margaret Thatcher affichaient une complicité réélle), méfiant et isolationniste vis-à-vis de la CEE, méfiance qui se manifesta au moment de l'obtention du "chèque britannique", et qui accentua largement la vision du Royaume-Uni comme un "cheval de Troie" des États-Unis au sein de l'Europe.
Prolongements actuels
Le blairisme du Premier ministre Tony Blair, qui prend la suite du thatcherien John Major en 1997, marque un prolongement du thatcherisme pour sa trame libérale, mais avec des infléchissements qui passent par une reconsidération de la question des inégalités, la renationalisation d'entreprises d'intérêt général en déroute, ou encore une attitude moins isolée vis-à-vis de l'Union européenne, sans pour autant remettre fondamentalement en cause l'atlantisme traditionnel dans le pays.
Héritage et retrait de la vie publique
Après plusieurs petites attaques cérébrales et sur avis de ses médecins, elle se retire de la vie publique tout en restant très impliquée dans la politique.
Très affaiblie après le décès de son époux en 2003, Margaret Thatcher tient à assister personnellement aux funérailles de son grand ami l'ancien président américain Ronald Reagan qui ont lieu le 11 juin 2004 en la cathédrale nationale de Washington en présence de dirigeants du monde entier.
Le mercredi 7 décembre 2005, l'ancien Premier ministre, âgée de 80 ans, a été hospitalisée à Londres après s'être sentie faible en fin d'après-midi. Selon la porte-parole du parti conservateur, Mme Thatcher s'est sentie mal alors qu'elle se trouvait vers 17 heures chez son coiffeur, elle a été tout de suite emmenée par ses gardes du corps dans le service des accidents et urgences du Chelsea and Westminster Hospital. Par mesure de précaution, la "Dame de fer" comme on la surnomme y a passée la nuit après avoir subi une série d'examens. Les médecins l'autorisèrent à sortir dès le lendemain matin. Madame Thatcher a depuis plusieurs mois une santé très fragile et elle souffre de fréquentes pertes de mémoire.
L'ancienne Premier ministre conservateur Margaret Thatcher a été le 24 janvier 2006, le premier chef de gouvernement britannique dont une statue a été montrée de son vivant dans la Chambre des communes.
Un moulage à l'échelle 1/2 représentant Mme Thatcher a été exhibé à titre d'essai, le temps d'une photo, sur le dernier socle vacant du grand hall de la chambre basse du parlement. L'oeuvre a pris place aux côtés des effigies de Winston Churchill, Lloyd George et Clement Attlee, trois de ses prédécesseurs. Ceux-ci n'avaient été honorés par une statue aux Communes que cinq ans après leur mort.
La Dame de fer fêtée
Le 5 mai 2004 et durant les jours qui suivirent, les conservateurs britanniques ont cultivé la nostalgie, célébrant comme il se doit l'arrivée au pouvoir, le 4 mai 1979, de Margaret Thatcher, la première femme à occuper le 10, Downing Street, et qui allait bien vite devenir pour tous la "Dame de fer", référence à sa volonté de fer mais aussi à son intransigeance.
Voilà vingt ans, la Grande-Bretagne offrait un visage bien différent, que Margaret Thatcher a largement contribué à modifier. L'Angleterre de 1979, c'était un pays dont l'économie allait à vau-l'eau, où les syndicats étaient tout-puissants, où l'emprise de l'Etat sur le tissu industriel était considérable.
Forte de sa victoire lors des élections législatives du 4 mai 1979 et d'une majorité de 44 sièges à la Chambre des communes, Margaret Thatcher a rapidement appliqué un véritable électrochoc à la Grande-Bretagne. La "Dame de fer" a ainsi privatisé de larges pans de l'économie britannique, comme la compagnie aérienne British Airways ou le géant de la sidérurgie British Steel, deux gouffres financiers. Elle s'est aussi attaqué aux tout-puissants syndicats, dont la puissance était extrême, notamment grâce à leur influence au sein même du Parti travailliste, qui était alors très à gauche. Et là, elle marqua des points auprès de l'opinion publique britannique, lassée par les grèves sans fin décrétées par les syndicats. Ce sera particulièrement vrai lors de l'hiver 1984-1985, lors d'une interminable grève des mineurs. Mais sa thérapie de choc ne s'est pas faite sans casse : le nombre de chômeurs explosa, dépassant les 3 millions de personnes. Des dissensions virent également le jour au sein de son cabinet. Mais il a en fallu plus pour faire changer la ligne politique de Margaret Thatcher d'un iota. Elle a fait d'ailleurs école, nombre de dirigeants étrangers s'inspirant de sa politique de privatisation (transports ferroviaires, compagnies d'électricité et pétrolières, télécommunications, industrie automobile).
Les impôts des entreprises ont été sensiblement réduits et les budgets sociaux ont été mis au régime des vaches maigres. Le tour de vis ne s'est pas fait dans la dentelle. A trop vouloir en faire, Margaret Thatcher s'est cassé les dents en 1989 en s'attaquant au système de taxes locales : l'opinion publique s'enflamme. La question européenne est devenue aussi un sujet de discorde au sein du gouvernement. Risquant d'être battue pour le leadership du Parti conservateur, elle préfère démissionner en novembre 1990.
Elle reste néanmoins, à ce jour, le Premier ministre à avoir tenu le plus longtemps les rênes du pouvoir (11 ans et six mois). Pour espérer le battre, le travailliste Tony Blair doit encore tenir jusqu'à décembre 2008.
Ses citations
- « En politique, si vous voulez des discours, demandez à un homme. Si vous voulez des actes, demandez à une femme. » Extrait d'une interview en 1975.
- « C'est le coq qui chante, mais c'est la poule qui pond les oeufs. »
- « Vous pouvez avoir à livrer la même bataille plus d'une fois pour la gagner. »
- « Un jour où l’on est très satisfait de soi est un jour où l’on n’a pas été paresseux. »
Divers
- En 1985, le chanteur français Renaud fait figurer dans l'album Mistral gagnant une chanson, Miss Maggie, d'abord écrite pour stigmatiser la catastrophe du Heysel (provoquée par les supporters de Liverpool) mais qui est finalement devenue un hymne pour les femmes et une charge féroce contre Margaret Thatcher.
- Le film Billy Elliot évoque les grèves des mineurs au temps du thatchérisme.
Source
Cet article provient pour tout ou partie de l'article éponyme de Wikipedia (voir l'historique).
Liens externes
- Madame Thatcher par Philippe Chassaigne.
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