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Robert Nisbet

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Robert Nisbet
Sociologue

Dates 1913 - 1996
Robert Nisbet
Tendance Conservateur
Nationalité États-Unis États-Unis
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Citation
Interwikis sur Robert Nisbet

Robert Alexander Nisbet (né le 30 septembre 1913 à Los Angeles - décédé le 9 septembre 1996 à Washington, DC) était un sociologue américain, professeur à l'Université de Californie, à Berkeley, vice-chancelier à l'Université de Californie, à Riverside, et professeur à l'Université de Columbia (chaire Albert Schweitzer).

En 1939, il a rejoint la faculté de Berkeley en tant qu'enseignant. Il fonda le département de sociologie à Berkeley dont il resta brièvement le président. Il quitta Berkeley en 1953 pour devenir doyen à l'Université de Californie, à Riverside, puis le vice-chancelier. Il resta à l'Université de Californie jusqu'en 1972, lorsqu'il partît pour l'Université de l'Arizona, à Tucson. Peu de temps après, il fut nommé à l'université de Columbia (Chair Albert Schweitzer). Il prît sa retraite en 1978. Mais, il continua ses travaux de recherche pendant huit ans à "l'American Enterprise Institute" à Washington, DC. Sa notoriété n'a pas cessé de grandir. En 1988, le président Ronald Reagan lui a demandé de préparer une conférence pour la "Jefferson Lecture in Humanities", parrainée par la "National Endowment for the Humanities".

Pensée

Les racines de l'individualisme dans le mouvement des idées conservatrices

Robert Nisbet a effectué des études à l'Université de Californie, à Berkeley pour aboutir à un doctorat. Il présenta une thèse en sociologie en 1939 : "La pensée sociale conservatrice française au début du XIXe siècle". Des penseurs comme Edmund Burke ou Alexis de Tocqueville, étaient alors quasiment inconnus dans le monde universitaire américain. Il s'appuya sur eux pour présenter sa thèse en faveur de ce qu'il dénomma le "pluralisme conservateur".

Durant toute sa carrière, Robert Nisbet porta son intérêt intellectuel sur les relations idéales entre l'État et l'individu. Il lutta à contenir l'augmentation croissante de l'Etat et à préciser le véritable contenu d'un individualisme qui souvent, dans le monde universitaire est présenté soit de façon caricaturale, ou de façon floue plus ou moins volontairement.

L'effet pervers de l'individualisme mal compris

Dans son livre The Quest for Community[1] ("La quête pour la communauté"), Robert Nisbet nous dit que l'atomisation croissante existe dans notre société parce que l'État, sans entraves suffisantes à son pouvoir, a mis en œuvre des programmes de rénovation urbaine qui ont eu tendance à détruire la diversité culturelle et les centres de la vie communautaire.

Il affirme que l'individualisme dans les sciences sociales modernes a nié un mouvement humain important orienté vers la communauté. Il reproche donc à ses amis conservateurs que les individus sont ainsi dépourvus d'outils intellectuels pour démontrer la lutte nécessaire contre la centralisation du pouvoir de l'État-nation. La thèse de Robert Nisbet est de montrer les dangers de l'émancipation de l'individu à l'époque moderne. Cette volonté de se détacher des institutions comme la famille, le clan, l'église, etc. a permis la montée du fascisme et du communisme, car l'absence croissante des formes de solidarité locales et personnelles fait croire aux individus qu'ils sont naturellement attirés par les mouvements de masse, par les cultes de la personnalité, par les fantasmes nationalistes... L'avancée de l'individualisme a finalement produit sa propre antithèse : le conformisme, la soumission et le contrôle par autrui. Les nouvelles formes de communauté donnent l'impression, pour chaque individu, de pouvoir transcender son cadre particulier et local. Mais il existe un prix à payer en échange, en termes de confidentialité abandonnée. Or, comme l'affirme Robert Nisbet, l'individualisme seul ne peut pas répondre à ce phénomène de masse pour réussir à sauvegarder la liberté individuelle.

La thermodynamique sociale

Robert Nisbet semble se concentrer, dans ses livres, sur le changement social et s'interroge sur les processus qui entraînent le désordre plutôt que l'ordre et qui engendrent l'instabilité plutôt que la stabilité. En science, Robert Nisbet fut donc remarqué pour sa sociologie thermodynamique, dans son livre "The Social Bond", dans lequel il spécule sur la façon dont les liens sociaux sont influencés. Il présente le phénomène de l'entropie sociale comme étant la résultante des processus comportementaux humains qui ont une qualité négative suite à leur opposition aux normes, aux rôles et aux autorités, alors que ceux-ci constituent un ordre social.

"Tout comme la chimie moderne se préoccupe de ce qu'elle appelle le lien chimique, en recherchant les forces qui forcent les atomes à rester ensemble en tant que molécules, la sociologie enquête aussi sur les forces qui permettent aux êtres humains, biologiquement dérivés, de rester ensemble dans des 'molécules sociales' dans lesquelles nous les trouvons, en fait tout à fait littéralement, dès le moment de leur conception".[2]

Robert Nisbet fut influencé par les historiens américains Henry Adams et Brooks Adams dans son adoption du principe de l'entropie dans ses théories en sociologie. Il discuta de la deuxième loi de la thermodynamique par rapport à la théorie sociale dès 1968 et il fît référence aux vues entropiques de Henry Adams en 1969. Il nomma son livre, The Degradation of the Academic Dogma, sorti en 1971 en rappel du livre publié par Henry Adams, en 1919, The Degradation of the Democratic Dogma. Sur la première page, Robert Nisbet s'exprime ainsi :

« Lorsque Henry Adams et son frère Brooks ont utilisé le mot 'dégradation' dans leurs écrits, pour l'essentiel, ils avaient à l'esprit un processus de l'histoire humaine comparable à l'entropie dans le monde physique. Les deux frères Adams ont vu dans l'histoire de la civilisation une énergie endémique qui reflétait, pensaient-ils, dans une dissolution croissante de la culture et des valeurs morales de leur propre temps. »

Informations complémentaires

Notes et références

  1. Le chroniqueur du New York Times, Ross Douthat, indique que cette œuvre est sans doute le travail le plus important de la sociologie conservatrice du 20ème siècle. Ross Douthat, 15 mars 2014, "The Age of Individualism", New York Times.
  2. Robert Nisbet, 1970, "The Social Bond: an Introduction to the Study of Society", Alfred A. Knopf, p38.

Publications

  • 1943, "Rousseau and Totalitarianism", Journal of Politics, Vol 1943, pp93-114
  • 1953, "The Quest for Community: A Study in the Ethics of Order and Freedom", Oxford University Press
    • Nouvelle édition en 1960, "The Search for Community", Oxford and New York, Oxford University Press
    • Nouvelle édition en 2010, Wilmington, DE: ISI Books
  • 1967, "The Sociological Tradition", New York: Basic Books
  • 1968,
    • a. "Tradition and Revolt: Historical and Sociological Essays"
    • b. "Comment on Smelser’s Paper", Monograph, American Academy of Political and Social Science
    • c. "Tocqueville, Alexis de", In: D. L. Sills, dir., "International encyclopedia of the social sciences", Vol 16, London: Macmillan and the Free Press, pp90-95
  • 1969, "Social Change and History: Aspects of the Western Theory of Development", Oxford University Press
  • 1970, "The Social Bond: An Introduction to the Study of Society", Alfred A. Knopf
  • 1971, "The Degradation of the Academic Dogma: The University in America, 1945–1970", Transaction Publishers.
  • 1973, "The Social Philosophers: Community and Conflict in Western Thought", New York: Thomas Y. Crowell Company
  • 1974, "The Sociology of Emile Durkheim"
  • 1975, dir., "The Twilight of Authority", New York: Oxford University Press
  • 1976,
    • a. "Sociology as an Art Form"
    • b. "The New Despotism", Commentary, July
  • 1977,
    • a. “Many Tocquevilles", The American Scholar, Vol 46, Winter, pp66–67
    • b. "Hannah Arendt and the American Revolution", Social Research, Spring, Vol 44, n°1, pp63-79
  • 1982, "Gentlemanly Pursuits" commentaire de deux livres, celui de Shirley Letwin, "The Gentleman in Trollope: Individuality and Moral Conduct", et celui de George F. Will, "The Pursuit of Virtue, and Other Tory Notions", Policy Review, Fall, pp177-182
  • 1983, "Prejudices: A Philosophical Dictionary"
  • 1986, "The Making of Modern Society"
  • 1986, "Conservatism: Dream and Reality", University of Minnesota Press
    • Nouvelle édition en 2002, Transaction Books
  • 1992. "Teachers and Scholars: A Memoir of Berkeley in Depression and War"

Littérature secondaire

  • 1999, Robert G. Perrin, "Biographical Memoirs: Robert Alexander Nisbet (1913-1996)", Proceedings of the American Philosophical Society, Vol 143, n°4, Dec., pp695-710
  • 2010, Brad Lowell Stone, "Robert Nisbet and the Conservative Intellectual Tradition", In: Kenneth L. Deutsch, Ethan Fishman, dir., "The dilemmas of American conservatism", University Press of Kentucky, pp77-96

Liens externes


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