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Monnaie-fiat

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Définition de monnaie-fiat

Une monnaie-fiat est une monnaie décrétée par l’État : un État confie à une banque centrale la gestion d'un monopole monétaire sur une zone géographique. La monnaie-fiat est émise par une banque centrale et l’État impose le cours forcé de cette monnaie-fiat. Le mot fiat est un mot latin qui signifie "qu'il en soit ainsi", c'est-à-dire décrété par l’État.

Une monnaie contemporaine est une monnaie-fiat, c'est-à-dire une monnaie décrétée par l’État.

Ni l'État, ni la Banque Centrale, ne définit directement la nature de la monnaie. La monnaie étatique est ainsi un "Objet Juridique Non Identifié", un "OJNI". L’État promet que sa monnaie conservera son pouvoir d'achat. En d'autres termes, l’État promet que l'indice des prix sera stable. Cette promesse de l’État a moins de valeur qu'une promesse commerciale : en effet, aucun texte législatif ne confirme cette apparente obligation de l’État, et aucun tribunal reconnu ne jugera les défaillances de cette promesse.

La valeur de cette monnaie étatique provient de l'obligation légale d'utiliser cette monnaie-fiat, et non d'une valeur intrinsèque (comme une monnaie basée sur l'or). L’État assume son obligation de maintenir la valeur de la monnaie en forçant l'utilisation de sa monnaie et en interdisant l'utilisation d'autres monnaies.

Autre définition

Certains économistes préfèrent définir la monnaie-fiat à partir de son absence de valeur intrinsèque. Elle est simplement émise de façon artificielle, ce n'est pas une monnaie-marchandise :

La meilleure définition de la monnaie-fiat est celle d'une monnaie dont la valeur monétaire n'a pas de relation avec sa valeur en tant que marchandise, qui la plupart du temps est négligeable en comparaison. (Money, Banking and Finance, Jeffrey Rogers Hummel & Warren C. Gibson, 2009)

Cette absence de valeur explique pourquoi cette monnaie doit avoir un cours forcé pour être utilisée. Les économistes les plus critiques parlent de "néant habillé en monnaie", selon le mot de Jacques Rueff ; les Anglo-saxons parlent de "money borrowed into existence", car la contrepartie de cette monnaie n'est pas matérielle mais est généralement constituée par des dettes.

Cependant, les monnaies numériques telles que Bitcoin pourront être qualifiées, ou non, de monnaies-fiat : ce ne sont pas des monnaies-marchandises, mais elles ne sont pas non plus imposées par une entité centrale. Bien que non matérielles, elles ont une valeur uniquement parce que leurs utilisateurs estiment qu'elles ont une valeur (subjectivité de la valeur).

Monopole de la monnaie-fiat

Les agents économiques échangent des devises étrangères pour leurs activités économiques quotidiennes. Un monopole strict asphyxierait les échanges avec l'étranger. Le cours forcé de la monnaie-fiat est nécessaire à son monopole monétaire. L'État accepte la présence d'une devise étrangère. L'État rend l'utilisation d'une devise étrangère légèrement plus coûteuse que l'usage de la monnaie-fiat. Chaque État prend des dispositions différentes pour rendre plus coûteuse l'utilisation d'une devise étrangère. Ce coût supplémentaire suffit à établir un monopole monétaire.

Lorsque l'État considère une monnaie comme une marchandise taxable, le coût de cette taxe dissuade de l'utiliser comme monnaie. Ainsi, en France, une transaction sur l'or est taxée de 8%. Le paiement par une autre devise que la monnaie-fiat peut être contestée devant les tribunaux. Ce qui ajoute une incertitude juridique donc un coût. Une transaction commerciale qui utilise une devise étrangère sur le sol national est ainsi légèrement plus coûteuse qu'une transaction semblable qui utiliserait la monnaie-fiat.

Obligation de la Banque Centrale

La Banque Centrale a reçu un mandat de l'État pour créer de la monnaie. La Banque Centrale est un monnayeur, c'est à dire un créateur de monnaie. La Banque Centrale, mandataire de l'État, est responsable du bon fonctionnement de la monnaie-fiat. Une bonne monnaie-fiat contemporaine a une valeur suffisamment stable par rapport à un indice des prix. La Banque Centrale a l'obligation que chaque support monétaire conserve sa valeur. La Banque Centrale agit en sorte que cette valeur reste suffisamment stable. En d'autres termes, une bonne monnaie-fiat permet la stabilité du pouvoir d'achat de la monnaie.

La valeur de chaque support monétaire provient de l'obligation de la Banque Centrale. Cette obligation de la Banque Centrale est de nature politique et non pas contractuelle. Une violation de cette obligation n'a pas de conséquences juridiques. Une monnaie-fiat est une forme dégradée de monnaie-promesse. La promesse commerciale, inviolable, est remplacée par une obligation politique juridiquement irresponsable.

Supports monétaires d'une monnaie-fiat

Un billet de banque de la Banque Centrale, une pièce métallique, ou un nombre sur un compte bancaire informatique sont diverses formes différentes de supports monétaires de la même monnaie-fiat.

Chaque support monétaire est une obligation de la Banque Centrale.

La monnaie fiduciaire est les billets et les pièces. La monnaie scripturale est la monnaie inscrite sur le compte bancaire informatique. La monnaie fiduciaire et la monnaie scripturale sont deux formes de support monétaire. Ces deux supports monétaires correspondent à une même monnaie-fiat, à une même obligation de la Banque Centrale.

Quelle que soit la forme du support monétaire, l'obligation de la banque est la même. La nature de l'obligation de la banque caractérise chaque monnaie.

Buts du monopole monétaire

Le but du législateur en nationalisant la monnaie est multiple:

1. L'État, monnayeur, c'est-à-dire créateur de la monnaie, peut s'endetter facilement pour financer sa politique.

2. Le monopole monétaire réduit l'immobilisation financière stérile d'un stock d'or.

3. Une seule monnaie-fiat simplifie la vie quotidienne des agents économiques, lesquels n'ont pas à effectuer de conversion entre diverses monnaies.

4. Une seule monnaie simplifie la comptabilité des entreprises.

5. Une seule monnaie simplifie les taxes et les contrôles fiscaux.

6. Une unité monétaire est un symbole d'une unité nationale.

7. Chaque support monétaire véhicule une image positive de l'État.

8. Une monnaie-fiat rend réel l'espoir d'une mesure absolue de la valeur des choses.

9. L'État, créateur de la monnaie, apparaît comme la cause originelle de la richesse créée.

10. L'État est l'agent économique le plus solide pour garantir la valeur de la monnaie.

11. Une variation de la valeur de la monnaie n'apparait pas comme une taxe dans l'opinion publique. Une telle variation de la monnaie permet donc à l'État de prélever un impôt invisible lorsqu'il estime que c'est nécessaire.

Critiques du monopole monétaire

1. Le monopole monétaire conduit à un endettement excessif de l’État, à une augmentation des impôts ou de la dette publique.

2. Si deux monnaies ont le même valorimètre, leur échange nominal est possible. Si le valorimètre de deux monnaies est l'or, l'échange nominal des monnaies est possible. La compensation entre plusieurs monnaies est possible sans Banque Centrale.

3. Un échec d'une banque libre crée un dommage à ses clients. Un échec de la Banque Centrale crée un dommage à tous les agents économiques d'un pays.

4. Le taux d'intérêt de la monnaie serait moindre avec des banques libres.

5. La monnaie d'une banque libre est un contrat commercial ordinaire. Elle n'a nul besoin d'un privilège étatique pour exister. Le monopole monétaire n'est pas nécessaire à l'existence d'une monnaie.

6. Un marché de monnaies concurrentes fonctionnerait mieux qu'un "système monétaire" administré par les États.

7. Internet permet de convertir instantanément la valeur de chaque monnaie. La pluralité des monnaies induit alors un coût d'utilisation faible, et parfois nul.

8. Le montant total des capitaux dans le monde est mille fois plus grand que les masses monétaires. Une faible partie de cette masse de capitaux est suffisante pour garantir la valeur des masses monétaires en circulation. Les capitaux offrent de meilleurs garanties économiques que l'obligation politique d'un État. La valeur d'une monnaie est mieux garantie par des capitaux que par la promesse d'un État.

9. Une monnaie-fiat est une obligation de la Banque Centrale, c'est-à-dire, in fine, une promesse de l'État. Or une promesse politique est plus aléatoire qu'une promesse commerciale.

10. Une monnaie-fiat est créée par une Banque Centrale mandatée par l'État. Elle est créée lorsqu'une banque de second rang demande un prêt de "monnaie de Banque Centrale". La reconnaissance de dette a une valeur qui garantie la valeur de la monnaie ainsi émise. La valeur d'une dette sur un État est fiable tant que cet État n'est pas en situation de faillite. Dans ce seul cas, une création monétaire est alors une "création ex nihilo".

Monnaie-fiat et monnaie-indice

Le droit de propriété détenu par l'utilisateur d'une monnaie-fiat provient de l'obligation politique de la Banque Centrale. Le droit de propriété d'un support monétaire émis par une banque libre provient de l'obligation contractuelle de la banque libre. La nature de ces deux obligations est différente.

Une monnaie-indice émise par une banque libre sans or est comparable à une monnaie-fiat. La valeur de chacune des deux monnaies provient de l'obligation de la banque qui l'a émise. Chacune des deux types de banque a l'obligation que leur monnaie reste stable par rapport à un indice des prix.

Banque de second rang

Voir article détaillé banque de second rang

Une banque de second rang, ou banque secondaire est une banque commerciale ayant convenu certains accords avec la Banque Centrale. Cette banque commerciale dispose d'un mandat, d'une autorisation, pour émettre de la monnaie équivalent à celle de la Banque Centrale. Cette création monétaire est attentivement contrôlée par le mandant, la Banque Centrale. La banque de second rang est un mandataire de la Banque Centrale. D'autres mandataires sont certains salariés de la Banque Centrale qui ont reçu le mandat d'émettre de la monnaie au nom de leur employeur. Une banque de second rang émet de la monnaie secondaire.

Taux directeur

voir article détaillé taux directeur

La Banque Centrale prête aux banques de second rang au taux directeur. Les banques de second rang prêtent la monnaie de la banque Centrale aux agents économiques. La banque Centrale modifie son taux directeur pour influer sur l'évolution de l'indice des prix.

Si le taux directeur est faible, la demande de prêt bancaire augmentera, et la demande de marchandises augmentera. Cette demande provoquera une tendance à la hausse des prix.

Si le taux directeur est plus grand, la demande de prêts bancaires diminuera. La demande de marchandises sera moindre. Les prix auront tendance à baisser.

La Banque Centrale utilise ce mécanisme des prix dans l'autre sens. Si les prix sont élevés, elle augmente son taux directeur. Si les prix baissent ou bien s'ils sont stables, elle baisse son taux directeur. Le but de la Banque Centrale est d'obtenir un indice des prix suffisamment stable.

Marché interbancaire

Searchtool-80%.png Article détaillé : Marché interbancaire.

L'ensemble des prêts entre les banques de second rang d'une même Banque Centrale est un marché interbancaire monétaire. Les banques de second rang se prêtent à très court terme de la monnaie à un taux proche du taux directeur de refinancement par la Banque Centrale. La monnaie prêtée ici est uniquement de la monnaie de Banque Centrale. Ces contrats de prêts sont convenus de gré à gré, c'est à dire par un contrat spécifique entre deux banques. Les prêts interbancaires ne créent pas de monnaie, n'accroissent pas la masse monétaire de la Banque Centrale.

Le taux de l'emprunt sur le marché interbancaire monétaire est proche du taux directeur de refinancement auprès de la Banque Centrale. Certaines procédures administratives expliquent les fluctuations entre les deux taux. Cet article est destiné à un éclairage sur des mécanismes d'économie générale. Le vocabulaire de la finance n'est pas toujours nécessaire pour la compréhension des mécanismes économiques.

Citations

  • Une monnaie papier, basée sur la seule confiance dans le gouvernement qui l’imprime, finit toujours par retourner à sa valeur intrinsèque, c’est-à-dire zéro. (Voltaire)
  • Le papier monnaie aura toujours pour effet de ruiner le commerce, d’opprimer les honnêtes gens et d’ouvrir la porte à toutes les fraudes et les injustices. (George Washington)
  • Ce n’est qu’une question de temps. L’Amérique du nord et l’Europe atteindront un point de non-retour, car leurs économies reposent sur une monnaie forcée. Ce jour-là, il n’y aura plus personne pour poursuivre le triste jeu alternant endettement et inflation. L’économie occidentale sera complètement sous l’emprise de l’Etat, comme cela fut le cas sous le national-socialisme, soit ce sera l’hyper-inflation. Ce moment-là n’est peut être éloigné que de quelques années, peut-être de quelques décennies. Il peut être repoussé dans le temps par une union monétaire entre le dollar et l’euro (et le yen ?). Mais cela ne change rien, à la fin du parcours, c’est soit le socialisme, soit l’hyper-inflation. (Jörg Guido Hülsmann)
  • Le papier monnaie sans ancrage s’est régulièrement avéré une malédiction pour le pays qui l’a employé. (Irving Fisher, 1921)
  • Les rois condamnaient aux peines les plus atroces les misérables qui altéraient les monnaies ; et eux-mêmes, par un abus de leur puissance, faisaient de la fausse monnaie et prétendaient l’imposer pour bonne au public. (Frédéric Passy]
  • Les monnaies, ce sont des promesses empilées, pas des richesses produites. Et des promesses, il n’y a pas de limites, on peut en faire tant que l’on veut, du moment que les gens les croient. Le lien entre les richesses, les vraies, qu’elles soient tangibles ou sociales, immatérielles, ce lien a été rompu. (Bruno Bertez, L'Agefi, 03/02/2015)
  • Le dollar, c’est notre monnaie, et votre problème. (John Connally, secrétaire au Trésor sous Nixon)
  • Le créditisme est ce système monétaire dans lequel l'argent n'est que dette. Mais ce n'est pas de la dette adossée à quelque chose qui existe déjà. C'est de la dette adossée à de l'argent qui sera gagné plus tard. Pour que le créditisme fonctionne, il faut que la dette grossisse toujours. (Simone Wapler, 26/08/2016)
  • Partout dans le monde, les États ont découvert un moyen encore plus simple de s'enrichir au détriment des personnes productives : en monopolisant la production de monnaie et en remplaçant la monnaie marchandise et le crédit marchand par de la monnaie-fiat et du crédit fiduciaire ou fiat. Sur son territoire, de par la législation, seul l'État est autorisé à produire de la monnaie. Mais cela ne suffit pas. Tant que la monnaie est un bien réel, c'est-à-dire une marchandise coûteuse à produire, l'État n'y trouve aucun avantage, que des coûts. Mais en fait, l'État utilise sa position de monopole pour abaisser au maximum le coût de production et la qualité de la monnaie. Au lieu d'une monnaie coûteuse et de qualité comme l'or ou l'argent, l'État doit veiller à ce que des morceaux de papier sans valeur, qui peuvent être produits à un coût pratiquement nul, deviennent de la monnaie. (Hans-Hermann Hoppe, La Grande Fiction)

Voir aussi

Bibliographie

  • 1994, Hans-Hermann Hoppe, « How is Fiat Money Possible? — or, The Devolution of Money and Credit ». The Review of Austrian Economics 7, n° 2 : 49-74. [lire en ligne] (en)

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