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Pouvoir des riches et anarcho-capitalisme

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"Dans une société anarcho-capitaliste, ce seront les riches qui auront le pouvoir" (ploutocratie)

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Le pouvoir dont il s'agit n'est évidemment pas le pouvoir politique, puisqu'un tel pouvoir n'existe plus dans une société anarcho-capitaliste. Il s'agit plutôt du pouvoir de l'argent, supposé coercitif.

La seule question est de savoir, non pas si la richesse est illégitime (on suppose ici qu'elle a été acquise légitimement), mais de quelle façon elle pourrait aider son possesseur à léser les autres en toute impunité. En effet, si la police et la justice sont privées, ne vont-elles pas favoriser ceux qui peuvent payer le plus ? Cette objection est soulevée très fréquemment (particulièrement par les Randiens qui se montrent soudain très préoccupés par le sort des pauvres).

Mais dans quel système les riches ont-ils le plus de pouvoir ? Dans le système actuel, ou en anarchie ? Dans une société étatisée, les riches sont ceux qui disposent le plus de temps et d'argent pour influencer le gouvernement en leur faveur et aux dépens des moins riches qu'eux, et ce d'autant plus que le gouvernement a plus de pouvoir.

Celui qui est riche est dans une meilleure position pour corrompre les gens. Mais dans le système actuel, le pouvoir du riche est accru. Supposez que je sois un riche malhonnête et que je veuille que le gouvernement fasse quelque chose en ma faveur qui représente une somme d'un million d'euros (par exemple me confier un marché lors d'un appel d'offres). Dois-je donner un pot de vin d'un million d'euros à un bureaucrate quelconque pour arriver à mes fins ? Non, parce que ce n'est pas son propre argent qui est en jeu. Si c'était le cas, je serais obligé de le corrompre à hauteur d'au moins un million, ce qui ferait perdre tout intérêt à la manœuvre. Mais les fonds que les bureaucrates contrôlent ne sont pas les leurs. En fait, quelques milliers d'euros suffiront pour le persuader d'allouer l'argent du contribuable dans le projet qui me tient à cœur, ce qui multiplie le pouvoir corrupteur de mon pot de vin. Le pouvoir des riches est directement proportionnel au degré d'étatisme de la société.

En revanche, si vous étiez le directeur d'une agence de protection privée et que j'essaye de vous faire faire quelque chose qui représente une somme d'un million d'euros, je dois vous corrompre à hauteur de cette somme (et davantage). Ainsi le pouvoir du riche est moindre dans ce cas de figure.

Évidemment, tout tribunal privé qui aurait la réputation de discriminer en faveur des millionnaires plutôt que des pauvres aurait aussi, on peut le penser, la réputation de discriminer en faveur des milliardaires plutôt que des millionnaires. Par conséquent, les millionnaires ne feraient appel à ses services que pour leurs affaires avec des gens plus pauvres. Le résultat serait qu'un tel tribunal aurait une réputation exécrable, et donc perdrait ses clients (contrairement à la justice étatique qui a un monopole légal). La concurrence éliminerait rapidement les mauvais prestataires.

Quant aux victimes qui seraient trop pauvres pour se payer des services juridiques, le marché mettrait en application ce qui se passait déjà au Moyen-Age en Islande : si quelqu'un a lésé une victime trop pauvre pour aller en justice, cette victime, comme toute victime, a un droit à obtenir réparation de cette personne, et un tel droit peut être vendu, partiellement ou en totalité, à quelqu'un d'autre, qui le fera valoir auprès du tribunal (on appelle cela "commerce de verdict"). Cela revient au même que de prendre un avocat qui sera payé au pourcentage de ses résultats. Le droit à réparation sera vendu à quelqu'un qui est en bonne position pour faire valoir les droits de la victime.

Certains affirment que les plus riches seraient à même d'asservir la population s'ils le voulaient, et donnent l'État islamique (Daesh) comme exemple d'un anarcho-capitalisme appliqué sur un territoire. Or cet "État" est financé par des puissances étatiques étrangères, et non par des entreprises privées. Une entreprise recherche d'abord le profit, et l'esclavage n'est pas une source de profit très fiable, pas plus que la guerre ou la dictature.

Au final, les riches n'auront pas davantage de pouvoir dans une société anarcho-capitaliste, grâce au principe libéral de séparation des pouvoirs qui est poussé à son extrême dans une telle société. Le pouvoir du riche ne déborde pas celui dont il jouit au travers de sa propriété légitime, alors que le pouvoir des politiciens ou des fonctionnaires dans une société étatisée est presque sans limite, car il découle de la loi du plus fort (dictature de la majorité, ou dictature d'un seul homme ou d'un groupe d'hommes).

Un bon exemple de l'évolution des sociétés étatisées vers une sorte de ploutocratie est fourni par la crise financière de 2007-2008 : les États ont renfloué les banques sous prétexte de too big to fail, ce que les libéraux ont condamné. Dans une société vraiment libérale, où l'on ne peut échapper à sa responsabilité, la seule possibilité aurait été la faillite.

Voir aussi : corruption, Renard libre dans le poulailler libre, Vers une société sans État, Ploutocratie.

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