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Dignité

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La dignité (du latin dignitas) est considérée comme une valeur ou un principe de respect et reconnaissance dont jouissent les personnes. Le concept de dignité est resté longtemps confiné en philosophie, lié aux notions de l'excellence, l'honneur ou le mérite, également dans le terrain de la théologie et religion et plus récemment en droit. La référence à la dignité humaine s'exprime comme une qualité en rapport intime avec l'essence même de l'homme, en tant qu'individu dans son rapport à soi et aux autres individus. La notion de dignité se rattache à la valeur intrinsèque de l'être humain et dépasse toute relativité de valeurs, c'est exister et agir par soi quelles que soient les imperfections ou défauts qui subsistent au regard des autres.

Pour Kant, la dignité humaine réside dans le fait qu'une vie humaine est sans prix : on ne peut lui donner une valeur comme on donnerait une valeur à une marchandise, car elle n'est pas remplaçable. Pour le philosophe Paul Ricœur, cette notion renvoie à l’idée que « quelque chose est dû à l'être humain du fait qu'il est humain ».

Le principe de dignité, n'étant pas un principe technique et n'offrant pas de consensus absolu d'un point de vue formel et juridique, est souvent évoqué dans le contexte de l'esclavage, l'oppression, la guerre ou les régimes totalitaires. Ce principe est comparé à un étalon d'humanité, signe de reconnaissance de la vulnérabilité de toute vie humaine.

La notion de dignité humaine peut relever du droit naturel, mais elle est souvent traduite dans le droit positif, qui l'invoque pour reconnaître à l’être humain des droits inviolables et inaliénables. Ainsi, l'article 1 de la « Loi fondamentale pour la République fédérale d’Allemagne » du 23 mai 1949 (constitution de l’Allemagne depuis 1949) affirme :

La dignité de l’être humain est intangible. Tous les pouvoirs publics ont l’obligation de la respecter et de la protéger.

Le concept de dignité humaine est bien intégré au sein de la théorie libérale tout d'abord dans sa considération pour l'autonomie de la personne, c'est à dire que la dignité de chaque individu ne doit être bafouée au nom d'impératifs arbitraires et autoritaires. La tendance de l'étatisme, qu'il soit de droite ou de gauche, est d'introduire dans le concept de dignité une moralité paternaliste et arbitraire à seule fin de restreindre les libertés ou d'augmenter la coercition. Le conservateur use ordinairement de cet argument pour imposer une morale particulière.

Les libertariens renvoient à la propriété de soi-même, à la règle du consentement, à l'éthique minimale libérale, à l'inaliénabilité de la volonté humaine.

Bibliographie

  • 2022, Tom Palmer, Matt Warner, "Development with Dignity. Self-determination, Localization, and the End to Poverty", Routledge

Citations

  • Il se pourrait que l'argument de la "nécessité de protéger la dignité humaine" soit plus politique que conceptuel ou éthique. Ce serait un de ces mots pompeux qu'on jette à la face du public pour l'impressionner, sans souci de cohérence ou de justification. (Ruwen Ogien, L'éthique aujourd'hui, chap. 10)
  • L'homme, et en général tout être raisonnable, existe comme fin en soi, et non pas simplement comme moyen dont telle ou telle volonté puisse user à son gré ; dans toutes ses actions, aussi bien dans celles qui le concernent lui-même que dans celles qui concernent d'autres êtres raisonnables, il doit toujours être considéré en même temps comme fin. (...) Toutes les personnes humaines, possédant une dignité qui leur est propre, sont également des fins en soi. Ainsi, ni les inégalités naturelles ni les hiérarchies sociales indispensables ne doivent aboutir à subordonner un être humain aux autres comme un simple moyen l'est à une fin, ni l'empêcher de réaliser dans la mesure de ses moyens intellectuels et moraux, le plein épanouissement de ses facultés. (Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs)
  • Le signe le plus universel des temps modernes : l'homme a incroyablement perdu en dignité à ses propres yeux. Longtemps point central et héros de la tragédie de l'existence en général ; ensuite s'efforçant au moins de prouver sa parenté avec l'aspect décisif et valable en soi de l'existence comme le font tous les métaphysiciens qui veulent maintenir la dignité de l'homme, avec leur croyance que les valeurs morales sont des valeurs cardinales. Celui qui a laissé tomber Dieu se raccroche avec d'autant plus de rigueur à la croyance en la morale. (Friedrich Nietzsche, Fragments posthumes)
  • Le premier paradoxe de la dignité, c'est bien d'être plus facile à défendre qu'à expliquer. Ce qui la bafoue et la menace est clair, facile à exprimer. Ce qui la constitue, en elle-même, demeure en revanche malaisé à formuler, même à concevoir. On se trouve donc face à une notion fondatrice qui est finalement plus intuitive que conceptuelle. Son évidence est partout ressentie, ce qui la met en péril est immédiatement visible, sinon il n'y aurait pas d'homme révolté, personne ne se lèverait contre l'humiliation, l'inhumain et l'injuste. Pourtant, elle n'est jamais exprimée en termes positifs. (Roger Pol-Droit)
  • Une société qui ne reconnaît pas que chaque individu à des valeurs qui lui sont propres qu'il est autorisé à suivre, ne peut pas avoir de respect pour la dignité de l'individu et ne peut réellement connaître la liberté. (Friedrich Hayek)

Liens externes


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