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Charles Coquelin

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Charles Coquelin
Économiste

Dates 1802-1852
Charles Coquelin
Tendance libéral classique, école de Paris
Nationalité France France
Articles internes Autres articles sur Charles Coquelin

Citation « Une coalition, qu'elle soit patronale ou ouvrière, est une entrave à "la liberté de l'Industrie", fausse la concurrence, perturbe le fonctionnement "normal" du marché. L'action de la concurrence suppose la liberté de l'homme, au moins dans les relations industrielles. Elle suppose, en effet, d'abord des conventions toujours volontaires et libres entre les parties contractantes, entre le vendeur et l'acheteur d'une marchandise, entre celui qui offre un produit et celui qui l'accepte; car si l'une des parties peut imposer ses conditions à l'autre il n'y a plus de concurrence, il n'y a même plus de contrat »
Interwikis sur Charles Coquelin

Charles Coquelin est un économiste français né à Dunkerque le 25 novembre 1802, et mort à Paris le 12 août 1852. Il est connu pour son plaidoyer en faveur de la banque libre (free banking), une idée selon laquelle les banques devraient être autorisées à émettre des billets de banque sans restrictions excessives. Il a joué un rôle majeur dans la promotion de cette idée au sein de la pensée économique de l'école libérale française. == Il a notamment milité, à l'instar de Frédéric Bastiat, pour un système d'éducation totalement libre. Il s'est aussi opposé à son ami Gustave de Molinari sur sa conception de l'État.

Biographie

Charles Coquelin a suivi des études de droit à la Faculté de droit de Paris, obtenant son diplôme. Bien qu'il ait exercé la profession d'avocat et inscrit au barreau, il s'est rapidement tourné vers l'économie politique. Il venait d'une famille de commerçants, et sa formation en droit a influencé sa vision de l'économie. Il écrit deux livres sur l’industrie du lin dans lesquels, à l’instar de J. B. Say, il a travaillé quelques années, Essai sur la filature mécanique du lin et du chanvre (1840) et Un nouveau traité complet de la filature du lin et du chanvre (1846).

Collaborateur assidu du Journal des Économistes, il donne aussi d’excellents articles économiques à une série de revues telles que Les Annales du Commerce, Le Temps, Le Monde, Le Droit, Le Libre Echange, Jacques Bonhomme, La Revue des Deux Mondes, et publie deux autres ouvrages consacrés aux banques, Des banques en France (1840) et Du crédit et des banques (1848). Puis Gilbert Guillaumin lui confie la tâche difficile de diriger l’édition du Dictionnaire de l’Economie Politique (1854) qui comporte 1800 pages. L'économiste a laissé des traces dans la pensée économique français et il est reconnu en tant que tel[1].

Analyse des idées de Charles Coquelin sur les banques libres

Charles Coquelin analyse également les problèmes liés à la liberté ou au monopole de l'émission de monnaie et conclut très nettement que le système engendrant le plus haut niveau de prospérité et de stabilité, est incontestablement la libre concurrence de plusieurs instituts d'émission.

La relation entre le crédit et le capital selon Coquelin

Charles Coquelin avait des idées bien distinctes concernant la relation entre le crédit et le capital. Pour Coquelin, le crédit jouait un rôle essentiel dans l'amélioration des capacités productives des individus et, par extension, dans le développement économique. Sa perspective reposait sur une théorie du crédit de la monnaie, ce qui signifie qu'il considérait le crédit comme un moyen de retarder le règlement final en promettant de payer en monnaie.

Selon Coquelin, le crédit permet aux producteurs d'accroître leurs activités et leurs capacités productives. Il considérait que le crédit offre une flexibilité essentielle pour soutenir l'expansion économique. En d'autres termes, il voyait le crédit comme un moyen de mobiliser des ressources pour l'investissement et la croissance. Cela différait de la perspective de Jules Dupuit, qui pensait que le crédit ne générait pas de capital supplémentaire.

Le mécanisme d'émission des billets de banque dans la perspective de Coquelin

Charles Coquelin était en faveur de la réserve fractionnaire, ce qui signifie qu'il soutenait l'émission de billets de banque au-delà des réserves métalliques des banques, sous réserve que la confiance du public dans la stabilité de la banque soit maintenue. Pour lui, il n'était pas nécessaire de lier strictement l'émission de billets à la quantité de réserves métalliques détenues par la banque. Il croyait en la loi du reflux, où l'offre de billets de banque s'ajuste à la demande sans affecter les prix, car tout excès de billets retournerait à l'émetteur de monnaie. Le reflux est un concept qui fait référence au retour des billets excédentaires à l'émetteur, soit par le biais de la demande de remboursement des clients, soit par un mécanisme de compensation entre les banques.

Cette position s'inscrivait dans sa vision globale de la banque libre, qui prônait la concurrence entre les banques et la non-intervention de l'État dans le système monétaire. Coquelin pensait que la confiance du public dans les banques était essentielle pour le bon fonctionnement du système et que la régulation par le marché, plutôt que par des contraintes de réserve, permettrait de maintenir cette confiance. Maintenir un système de réserve à 100% pouvait restreindre la concurrence et donc l'entrée de nouvelles banques sur le marché[2]

Le rôle des banques dans les crises économiques d'après Coquelin

Une autre dimension des idées de Coquelin concernait le rôle des banques dans les crises économiques. Contrairement à Jules Dupuit, Coquelin ne voyait pas le crédit ou les banques comme des facteurs majeurs dans le déclenchement des crises économiques. Au contraire, il mettait l'accent sur les banques privilégiées, c'est-à-dire celles qui avaient le droit exclusif d'émettre des billets de banque, comme étant responsables de l'émergence et de la récurrence des crises.

Coquelin considérait que ces banques privilégiées, en tant qu'institutions protégées par l'État, avaient un pouvoir monopolistique qui pouvait entraîner des déséquilibres économiques. Il voyait les crises comme des conséquences de l'intervention étatique dans le système bancaire, plutôt que comme des résultats du crédit ou de l'expansion monétaire en soi.

En résumé, les idées de Charles Coquelin sur les banques libres étaient centrées sur la croyance en la capacité du crédit à stimuler la croissance économique, la promotion de la réserve fractionnaire pour favoriser la flexibilité de l'émission de billets, et la critique de l'intervention de l'État dans le système bancaire comme source potentielle de crises économiques. Ses idées ont eu un impact significatif sur le débat sur les banques libres en France au XIXe siècle.

La critique du monopole bancaire

Charles Coquelin critiqua la loi de 1844 sur la Charte bancaire (connue sous le nom de Loi de Peel) qui accordait un monopole à la Banque d'Angleterre pour l'émission de la monnaie. Il soutenait que la suppression du monopole de la Banque de France accélérerait le développement du système bancaire et stimulerait l'accumulation de capital. Il considérait le monopole de la banque centrale comme une source majeure de dysfonctionnement économique.

Explication du retour périodique des crises économiques

Vingt-quatre ans avant Clément Juglar puisque celui-ci lui succéda au Journal des économistes, Charles Ciquelin explique ainsi l’aspect « récurrent » et « périodique » des crises commerciales. Il a anticipé Clément Juglar dans ses efforts pour identifier le retour périodique des crises économiques. En outre, Coquelin a affirmé que les crises étaient inhérentes au système économique.

Coquelin est l'un des premiers auteurs à avoir élaboré une explication détaillée de la récurrence des crises économiques. Il a défini une crise comme une "perturbation soudaine des affaires qui bouleverse leur progression et suspend en partie leur cours". Il a remis en question les explications de crises données par des économistes tels que Jean-Baptiste Say et John Wilson, qui attribuaient les crises à la surémission de billets de banque et à la spéculation.

Selon Coquelin, la véritable origine des crises résidait dans le monopole bancaire, qui entraînait périodiquement des crises économiques. Les crises modernes, selon lui, étaient caractérisées par leur spontanéité et leur récurrence presque périodique. La principale cause de ces crises était le manque de confiance dans le système bancaire, en particulier en raison du monopole bancaire. Les crises à caractère industriel et périodique ne sont pas inhérentes au système du libre marché, mais au contraire trouvent leur source dans l’intervention de l’État en matière monétaire. En attribuant des privilèges et des monopoles exclusifs à certaines banques, celui-ci perturbe les acteurs économiques par des fluctuations intempestives du crédit bancaire. De là provient le double défaut de la création d’injustices et de l’instabilité conjoncturelle.

Coquelin expliquait que le crédit était essentiel pour l'activité économique, mais il dépendait de la confiance entre les créanciers et les débiteurs. Lorsque cette confiance diminuait, les transactions économiques s'arrêtaient brusquement. Il a soutenu que la première cause de ces crises résidait dans l'existence des banques privilégiées, qui rationnaient le crédit et entraînaient une pénurie de ressources financières.

Coquelin a expliqué le processus qui menait à une crise, en indiquant que les épargnes précédemment gérées par des prêteurs privés et des banques commerciales ne pouvaient plus être investies sur le marché des capitaux. Cette situation provoquait un manque de liquidités, des défauts de paiement et finalement une crise économique.

Ainsi, Charles Coquelin a élaboré une théorie complexe des crises économiques qui mettait l'accent sur le rôle du monopole bancaire, de la confiance dans le système bancaire et des problèmes de crédit. Ses idées ont contribué à la compréhension des causes des crises économiques à l'époque.

Conception du lien entre crédit et capital

Charles Coquelin a examiné également les effets du crédit sur la condition des travailleurs. Il soutenait que la manière la plus efficace d'augmenter les salaires était de stimuler la production, ce qui pouvait être réalisé en élargissant les sources de crédit. Il avait une conception particulière de la relation entre le crédit et le capital, qui s'opposait à la théorie de subsistance des salaires. Selon lui, cette théorie, qui affirmait que le prix des biens de subsistance déterminait le taux de salaires, était erronée. Au lieu de cela, Coquelin soutenait que le facteur décisif pour le taux de salaires était l'abondance relative du capital dans l'économie.

Pour Coquelin, le capital et le travail étaient des facteurs de production complémentaires. Il considérait que l'augmentation de l'offre de capital, favorisée par un accroissement du crédit, aurait pour effet d'augmenter la demande de main-d'œuvre. En d'autres termes, lorsque les entreprises avaient accès à davantage de capital grâce au crédit, elles pouvaient développer leur activité, ce qui se traduirait par une demande accrue de travailleurs. Cette hausse de la demande de main-d'œuvre entraînerait à son tour une augmentation des salaires.

Coquelin soutenait également que l'augmentation des salaires due à l'expansion du crédit ne porterait pas préjudice aux industriels. Au contraire, il affirmait que cela stimulerait le cycle de production en offrant plus d'opportunités de profit aux entreprises. En d'autres termes, les entreprises bénéficieraient de la croissance de la demande induite par l'expansion du crédit, compensant ainsi la hausse des salaires.

En résumé, Coquelin croyait que le crédit pouvait jouer un rôle crucial dans la croissance économique en favorisant une augmentation de la demande de travail et des salaires, tout en stimulant les opportunités de profit pour les entreprises. Cette vision mettait en avant la complémentarité du capital et du travail dans le processus de production.

Informations complémentaires

Citations

  • "Une coalition, qu'elle soit patronale ou ouvrière, est une entrave à "la liberté de l'Industrie", fausse la concurrence, perturbe le fonctionnement "normal" du marché. L'action de la concurrence suppose la liberté de l'homme, au moins dans les relations industrielles. Elle suppose, en effet, d'abord des conventions toujours volontaires et libres entre les parties contractantes, entre le vendeur et l'acheteur d'une marchandise, entre celui qui offre un produit et celui qui l'accepte; car si l'une des parties peut imposer ses conditions à l'autre il n'y a plus de concurrence, il n'y a même plus de contrat"
  • A propos des brevets d'invention : "Quel est le fondement de ce droit ? Jusqu'où doit-il s'étendre, doit-il être limité, absolu, temporaire ou éternel ? D'autre part, à quels signes reconnaîtra-t-on une invention et comment en constatera-t-on l'existence ? Enfin le droit des inventeurs une fois constaté, sous quelle forme les brevets d'inventions leur seront-ils délivrés ? Telles sont les principales questions que ce sujet fait naître."
  • Définition du brevet d'invention dans le Dictionnaire de l'économie politique : "Quand un homme a inventé, dans l'industrie ou dans les arts, un procédé nouveau, qui a pour effet, soit de simplifier le travail, soit d'augmenter la somme des produits, soit enfin de donner à ces mêmes produits un plus haut degré de perfection, il possède, selon l'opinion commune, qui est aussi la nôtre, un droit particulier, un droit exceptionnel quant à l'exploitation de sa découverte. C'est ce droit qu'on a voulu constater et garantir en délivrant à l'inventeur une sorte de titre authentique, qu'on appelle en anglais Patent et en français brevet d'invention."
  • "la possession d'un fond de terre est un monopole, mais ce monopole, c'est la nature qui l'a créé. En est-il de même pour des procédés industriels ? Non, puisqu'on peut s'en servir à 100 lieux différents. En attribuant à celui-ci ou à celui-là la possession exclusive d'un fonds de terre, la loi ne fait que respecter la nature des choses. En réservant à un seul homme l'exploitation d'une invention industrielle, elle viole la nature des choses."

Notes et références

  1. Il existe de nos jours un Institut Charles Coquelin, Cefgec, situé au 75 rue Claude Bernard, 75005 PARIS.
  2. D'autres économistes accordent le même sens d'analyse que Charles Coquelin.
    • 1988, Jack L. Carr, Frank Mathewson, "Unlimited Liability as a Barrier to Entry", Journal of Political Economy, Vol 96, August, pp766–784

Publications

  • 1840, "Essai sur la filature mécanique du Iin et du chanvre", Paris
  • 1842, "Du crédit et des banques dans l’industrie", Revue des deux mondes, Vol 31, July–August, pp776–827
  • 1843, "Des Sociétés commerciales en France et en Angleterre", Revue des Deux-Mondes (N.S.), Vol XIII, n°3, pp397-437
  • 1844, "Des monnaies en France et d'une Réforme de notre régime monétaire", La Revue des Deux Mondes, 15 octobre 1844, pp350-

374

  • 1845, "Commercial associations of France and England", The Merchants' Magazine, May—June, pp403–420, pp499–520
    • Traduit en français, Revue-des-Deux-Mondes, avec des remarques et des notes de Henry Charles Carey
  • 1846, "Nouveau traité complet de la filature mécanique du lin et du chanvre", Paris
  • 1848,
    • a. "Le crédit et les banques"; Paris: Guillaumin
      • 2ème édition en 1859
      • 3ème édition en 1876, Paris: Guillaumin
    • b. "Les Crises commerciales et la liberté des banques", La Revue des Deux Mondes, Vol 1, novembre, pp445-470
  • 1849,
    • "The causes of commercial crises", The Merchants’ Magazine, October, pp371–389
    • Compte-rendu de Les soirées de la rue Saint-Lazare, par M. G. de MOLINARI
  • 1850, "Notice sur les banques de l'Etat de New York", Journal des Economistes, 15 October, pp235-242

Littérature secondaire

  • 1850, Michel Gustave Partounau Du Puynode, "Du crédit et des banques par M. Ch. Coquelin", Journal des économistes, Vol 25, n°106, pp153–160
  • 1907, Georges de Nouvion, "Charles Coquelin, sa vie et ses travaux", Académie des Sciences Morales et Politiques, Séances et travaux, Vol CLXVIII, pp533-552
  • 1908, Georges de Nouvion, "Charles Coquelin: Sa Vie et ses Travaux", Paris: Felix Alcan et Guillaumin réunis.
  • 1931, William Oualid, "Coquelin, Charles (1803-52)", In: Edwin R. A. Seligman, dir., "Encyclopaedia of The Social Sciences", Vol IV, New York: MacMillan
    • Nouvelle impression en 1935, New York: MacMillan
    • Nouvelle édition en 1937, (Volumes III et IV rassemblés), New York: MacMillan
    • 10ème édition en 1953, "Coquelin, Charles (1803-52)", In: Edwin R. A. Seligman, dir., "Encyclopaedia of The Social Sciences", Vol IV, New York: MacMillan, p405
  • 1987, Philippe Nataf, "An Inquiry into the Free Banking Movement in Nineteenth Century France, with Particular Emphasis on Charles Coquelin's Writings", San Diego: William Lyon University
  • 2006, Philippe Nataf, "La vie et l'œuvre de Charles Coquelin, 1802-1852", In: Philippe Nemo, Jean Petitot, dir., "Histoire du libéralisme en Europe", Collection Quadridge, Presses Universitaires de France, pp511–530

Liens externes


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