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Connexionnisme
La théorie du connexionnisme ou du connectionnisme est issue des travaux de Donald Hebb (1949) et de Friedrich Hayek (1952). Bien avant la publication du livre The Sensory Order, le jeune Friedrich Hayek, partagé entre sa passion pour l'économie et la psychologie dans les années 1920, avait déjà exposé ses idées innovantes dans un court essai, intitulé « Contributions à la théorie de la façon dont se développe la Conscience ». Cet essai n'a jamais été publié. Dans l'Ordre sensoriel, ses intuitions seront reprises et enrichies, en conformité avec ses contributions à la théorie cybernétique[1] et à la théorie des systèmes complexes.
Les liens entre les réseaux de neurones
La théorie du connexionnisme s'attache aux réseaux neuronaux. A l'intérieur du cerveau humain, chaque cellule neuronale est décrite comme une fonction à seuil possédant une sortie et dont les entrées sont reliées à d'autres neurones par un nœud (synapse). La répartition de l'information sur l'ensemble du réseau neurologique n'est pas stricto sensu localisée dans des cellules particulières, même si les neuro-sciences peuvent observer des points de concentration localisés dans certaines parties du cerveau. Mais, le connectionnisme nous apprend que la mémoire est une information provenant de l'excitation ou de l'inhibition[2] de nos sens perceptifs et, également, de l'apprentissage que chaque corps humain enrichit par le renforcement des connexions (synapses).
Le connexionnisme s'oppose donc au behaviorisme. Pour les behavioristes, l'esprit humain n'existe pas. Le comportement d'un homme ou d'une femme n'est que la réaction conditionnée par un stimulus. Pour ainsi dire, l'action humaine est réductible à un réflexe. Les behavioristes considèrent que le développement mental et l'apprentissage d'un enfant ne sont rien d'autre qu'une accumulation de réflexes conditionnés. Pour les connexionnistes, il existe des procédures qui propagent l’activation psychique et motrice des individus à travers leurs connexions neuronales, et il existe aussi des processus pour modifier ces connexions (l'apprentissage). Le comportement humain ne peut pas s'analyser autrement.
Le connexionnisme de Friedrich Hayek
Dans son ouvrage, The Sensory Order (L'ordre sensoriel),Friedrich Hayek édite en 1952 des travaux qu'il avait entrepris dans sa prime jeunesse avant ses études en économie. Il y développe une approche "connectionniste". Le cerveau humain est un système de classification des informations qui proviennent du monde physique. Au fur et à mesure où les informations sont "mémorisées" et classées, elles permettent au cerveau de se structurer. Mais, à l'inverse de la pensée de John Locke, le cerveau à la naissance n'est pas une "tabula rasa"[3]. Il est préparé à recevoir des informations. De même, le cerveau n'est pas une forme amorphe ou un "amoncellement" de connaissances. Le cerveau est évolutif et, sauf accident, ne peut être formaté comme pourrait l'être un disque dur d'un ordinateur. Par conséquent, l'histoire de chaque être humain prépare ses sensations et comportements futurs sans qu'il y ait déterminisme. Puisque, d'une part, même si les individus ont des systèmes de classification similaires, ils ont des sensations différentes. Les milliards de milliards de sensations perceptives rendent chaque individu différent neurologiquement. De plus, à chaque nouvelle ou réitération de perception, le cerveau effectue un apprentissage de sa classification, dépendant de sa propre histoire cognitive. Donc, même s'il existe des similarités physiologiques ou de comportement social ou économique, l'être humain n'en est pas moins différent l'un de l'autre.
Au cours du processus de perception, l'esprit de l'entrepreneur, révèle Friedrich Hayek, classe les événements en provenance du monde extérieur. Si les événements se répètent, il enregistre un modèle dans son esprit, ce qui lui sert de règle de conduite pour sa prise de décision. Si sa carte mentale ne réussit pas à lui donner un bon état de la situation, l'entrepreneur est alors dans un contexte de conflit d'expérience. Sa réussite dépend de son succès à reclasser progressivement les événements. De nouvelles règles d'équilibre (homéostasie) sont rétablies par les agents économiques, eux-mêmes, lorsqu'ils tentent de résoudre avec succès ces problèmes de coordination.
Annexes
Notes et références
- ↑ Les premiers théoriciens de la cybernétique furent N. Wierner et Ross Ashby, entre autres : Avec l'école cybernétique-systémique, l'organisation fait partie du cosmos dans son ensemble, et n'est pas seulement conçue de collectivités sociales. Les formes vivantes et la matière non vivante sont considérées comme étant organisées, et la suggestion des chercheurs cybernéticiens-systémistes est qu'il y a beaucoup à apprendre sur l'organisation sociale en regardant l'organisation du monde non social.
- ↑ Le défaut d’inhibition chez certains sujets explique des difficultés d’apprentissage et d’adaptation tant cognitives que sociales. En effet, l'inhibition joue un rôle clé dans la fonction exécutive du cerveau au moment où un individu sélectionne une stratégie adaptée à la situation. Il doit exclure toutes les autres solutions concurrentes. En neuropédagogie, l'inhibition permet aux enfants de résister aux mauvaises habitudes, aux automatismes, aux tentations de déconcentration, aux distractions de l'extérieur ou aux inférences naïves. Par un processus de flexibilité et d'agilité mentales, l'inhibition facilite l'apprentissage de la tolérance à l'ambiguïté et à l'adaptation aux situations complexes.
- 2011, L. M. Brault Foisy, S. Masson, "Apprendre les sciences, c’est apprendre à inhiber ses conceptions antérieures ?" Spectre, 40(2), pp30-33
- ↑ Cette conception a été approuvée par le Prix Nobel d'économie de 1972, Gerald Edelman.
- Gerald Edelman, 1987, "Neural Darwinism: The Theory of Neuronal Group Selection", New York: Basic Books
Bibliographie
- 1949, Donald O. Hebb, "The Organization of the Behavior", New York: Wiley
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- W. Schneider, "Connectionism: Is it a paradigm shift for psychology?", Behavior Research Methods, Instruments and Computers, Vol 19, pp73-83
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- S. Pinker et A. Prince, "On language and connectionism: Analysis of parallel distributed processing model of language acquisition", Cognition, Vol 28, pp73-193
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- 1992, Csaba Pléh, The Computer as an Inspiring and a Limiting Factor in the Conceptual Development of Psychology, Polanyiana, Vol 2, n°2, pp116-141
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- Repris en 1995, Cahiers de Recherche DMSP n°240, Novembre
- Joaquin Fuster, Memory in the cerebral cortex: An empirical approach to neural networks in the human and nonhuman primate, Cambridge, MA: MIT Press
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- 1997, Barry Smith, The Connectionist Mind: A Study of Hayekian Psychology, In: S. F. Frowen, Dir., Hayek: Economist and Social Philosopher: A Critical Retrospect, London: Macmillan, pp9-29
- Traduit en français en 1999, L'esprit connexionniste : une étude de la psychologie de Hayek, Intellectica, Vol 28, n°1, pp93-114
- 2002, Maurizio Mistri, "Consumer Learning, Connectionism and Hayek's Theoretical Legacy", Eastern Economic Journal, Vol 28, n°3, Summer, pp301-317
- 2011,
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- Joshua Rust, Hayek, Connectionism, and Scientific Naturalism, In: Leslie Marsh, dir., "Hayek in Mind: Hayek's Philosophical Psychology", Advances in Austrian Economics, Volume 15, Emerald Group Publishing Limited, pp29–50
Articles connexes
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