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Gerald Edelman

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Gerald Maurice Edelman, né le 1er juillet 1929 à Ozone Park, Queens, New York (USA)- décédé le 17 mai 2014 à La Jolla, Californie (USA), était un biologiste américain qui partagea le prix Nobel de médecine en 1972 avec Rodney Robert Porter pour son travail sur le système immunitaire, en particulier sur la découverte de la structure des molécules d'anticorps. Par la suite, il indiqua que la façon dont les composants du système immunitaire évoluent au cours de la vie d'un individu est analogue à la façon dont évolue le cerveau. Il y a une continuité de cette manière entre les travaux de Gerald Edelman sur le système immunitaire, pour lesquels il a remporté le prix Nobel, et ses travaux ultérieurs en neurosciences et en philosophie de l'esprit. En effet, pour Gerald Edelman, le cerveau associe diverses sensations, défie les contradictions et crée de la cohérence. Le cerveau cherche même des explications à son propre comportement insondable.

Le Prix Nobel de médecine

Gerald Edelman est diplômé de l'école secondaire John Adams et a poursuivi ses études à l'université en Pennsylvanie où il a obtenu son diplôme magna cum laude avec un B.S. du Ursinus College en 1950. Après avoir obtenu son diplôme en médecine (MD) de l'Université de Pennsylvanie en 1954, il a travaillé comme médecin pour l'armée des États-Unis en France. En 1960, il a obtenu son doctorat. du Rockefeller Institute (aujourd'hui Rockefeller University), où ses travaux sur l'immunologie lui ont valu le prix Nobel en 1972 (il n'avait que 43 ans !). Le Docteur Edelman a montré comment le corps produit précisément les bons anticorps pour repousser les agressions des cellules malignes. En 1992, il a déménagé en Californie et il est devenu professeur de neurobiologie au Scripps Research Institute.

Après son prix Nobel, Gerald Edelman a commencé des recherches sur la régulation des processus cellulaires primaires, en particulier sur le développement d'organismes multicellulaires, au niveau de la formation embryonnaire précoce dans le système nerveux. Ces études ont conduit à la découverte de molécules d'adhésion cellulaire (CAM). Sa découverte montre que le gène précurseur de la molécule d'adhésion des cellules neurales est à l'origine de l'évolution de l'ensemble du système moléculaire de l'immunité adaptative.

Le Dr Edelman appelle sa théorie "le darwinisme neuronal", le processus biologique qui organise le cerveau et qui est exactement le même que celui qui a conduit à l'organisation de l'œil ou à l'évolution des espèces vivantes. Justement, Gerald Edelman a montré en immunologie que le corps produit l'anticorps précis requis non pas en le fabriquant selon un ensemble de règles spécifiques préalablement déterminées, mais en mettant à la disposition du corps humain une incroyable diversité d'offres de matériaux biologiques à partir desquels l'anticorps approprié est sélectionné.

Dans le premier de ses livres techniques, The Mindful Brain (1978) Gerald Edelman développe sa théorie du darwinisme neuronal, qui est construite autour de l'idée de la plasticité dans le réseau neuronal en réponse à l'environnement. Le deuxième livre, Topobiology (1988), propose une théorie de la façon dont le réseau neuronal du cerveau d'un nouveau-né est établi au cours du développement de l'embryon. The Remembered Present (1990) contient un exposé détaillé de sa théorie de la conscience.

Le système de valeurs dans sa théorie du connexionisme

Gerald Edelman a été inspiré par les idées de Friedrich Hayek sur la sélection neuronale qui sont contenues dans le livre de l'auteur autrichien : "The Sensory Order". Il les a découvertes après l'écriture de son article sur la théorie de la sélection de groupe[1]. Il déclare avoir été profondément impressionné et il recommanda la lecture de ce livre auprès de la communauté scientifique. Le point de connection entre les deux hommes, c'est qu'ils comprennent tous les deux que la clé du problème de la perception est de comprendre la nature de la classification. "Les taxonomistes ont été confrontés à ce problème à plusieurs reprises, mais je pense que Hayek a envisagé ce problème dans un sens plus large" avoue Gerald Edelman enchanté. Il partage avec Friedrich Hayek une théorie du connexionisme de la connaissance. Le cerveau se développe grâce aux connexions entre les groupes de neurones. Certains groupes deviennent les plus efficaces dans leurs réactions à certaines stimulations. Ils se renforcent et réussissent à affecter la perception et le comportement de l'individu. Ces connexions sont modifiées par un "système de valeurs", c'est à dire que les réalités en conflit sont classées selon une hiérarchie de valeurs, lesquelles affectent l'évolution du cerveau. L'esprit ne peut pas être compris indépendamment du corps, car c'est ce dernier qui lui fournit ses premières "valeurs". Gerald Edelman rejoint Friedrich Hayek sur leur réfutation de la table rase de John Locke. Le cerveau humain vient sur terre avec un pré-équipement de câblage neuronal qui fournit les premières valeurs à l'individu.

Il existe une redondance énorme (que Gerald Edelman appelle la "dégénérecie") dans le fonctionnement du cerveau, ce qui lui confère une résilience et des possibilités d'évolution remarquables. Cette redondance semble nécessaire, pour laisser la place au hasard et à la variation, ce qu'un système informatique conçu par l'homme serait impossible à créer et à re-créer à l'infini. Le Prix Nobel ajoute, avec un accent constructionniste, qu'aucun événement cérébral ne se produit deux fois de la même manière[2]. Même la mémoire est toujours une variante, dit-il, c'est une re-création, il ne s'agit jamais d'une répétition à l'identique.

Dans son livre, "Plus vaste que le ciel : le don phénoménal de la conscience", comme le dit le Dr Edelman, il n'existe pas de commandant supérieur ou de surveillant général dans le cerveau établissant des règles et établissant des liens entre les neurones. Le cerveau n'est pas une gigantesque machine ou un super ordinateur. Gerald Edelman rejette catégoriquement cette métaphore fonctionnelle. Son approche assure une continuité entre le sujet biologique et le sujet cognitif en évitant de s'égarer dans des erreurs d'interprétations métaphoriques[3], anthropologiques ou psychosociales.

Informations complémentaires

Notes et références

  1. Gerald Edelman, 1982, "Through a computer darkly: Group selection and higher brain function", Bulletin—The American Academy of Arts and Sciences, Vol XXXVI, n°1, pp20–49
  2. Le philosophe grec Héraclite formulait de la même façon l'idée métaphorique qu'on ne nage jamais deux fois dans la même rivière.
  3. Par exemple, la théorie du cerveau triunique.

Publications

  • 1982, "Through a computer darkly: Group selection and higher brain function", Bulletin—The American Academy of Arts and Sciences, Vol XXXVI, n°1, octobre, pp20–49
  • 1987, "Neural Darwinism: The Theory of Neuronal Group Selection", Basic Books, New York
  • 1988, "Topobiology: An Introduction to Molecular Embryology", Basic Books
    • Nouvelle impression en 1993
  • 1990, "The Remembered Present: A Biological Theory of Consciousness", Basic Books, New York
    • Traduction en français en 1992, "Biologie de la conscience", Paris, Odile Jacob
  • 1992, "Bright Air, Brilliant Fire: On the Matter of the Mind", Basic Books
    • Nouvelle impression en 1993
  • 1999, avec Giulio Tononi, Olaf Sporns, "Measures of Degeneracy and Redundancy in Biological Networks", Proceedings of the National Academy of Sciences, Vol 96, n°6, pp3257–3262
  • 2000,
    • a. avec Jean-Pierre Changeux, dir., "The Brain", Transaction Publishers
    • b. avec Giulio Tononi, "A Universe of Consciousness: How Matter Becomes Imagination", Basic Books
      • Nouvelle impression en 2001
  • 2001, avec Joseph A. Gally, "Degeneracy and Complexity in Biological Systems", Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America 98 24, pp13763–13768
  • 2004, "Plus Vaste que le ciel", Odile Jacob, Paris


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