Vous pouvez contribuer simplement à Wikibéral. Pour cela, demandez un compte à adminwiki@liberaux.org. N'hésitez pas !
Étatisme
Définition
L'étatisme désigne la doctrine et pratiques politiques par lesquelles l'État intervient (voir interventionnisme) et s’impose, en tant qu'appareil de coercition, dans l'ensemble de la vie économique et sociale d'un territoire donné.
« L'étatisme assigne à l'État le devoir de guider les citoyens et de les tenir en tutelle », a écrit Ludwig von Mises en 1944 dans Omnipotent Government, où il explique la "nouvelle mentalité" qui inspire la subordination complète de l'individu à l'État.
On parle ainsi de « système » étatique pour les pays où ces pratiques deviennent la dominante de l'organisation économique et sociale.
L'anti-étatisme libéral
Les libertariens et les libéraux sont opposés à l'étatisme parce que :
- Le culte de l'État est le culte de la force, souvent source de désastre et déguisement perfide.
- La plupart des actions de l'État ont des effets négatifs (voir vitre cassée, loi de Savas, loi de Bitur-camember, interventionnisme, protectionnisme,...) ;
- Les effets positifs, peuvent être obtenus sans l'action coercitive de l'État par des mécanismes volontaires, ceux de la société civile ;
- même si certains effets positifs ne peuvent être obtenus par des mécanismes volontaires, la fin ne peut justifier les moyens dans ces cas précis.
L'étatisme cherche son auto-justification dans des théories ad hoc, telle que la théorie des biens publics, ou dans des affirmations qui tiennent du sophisme par lesquelles il prétend représenter la société - sophismes dénoncés aussi bien par les libertariens que par les philosophes :
- Les défenseurs de l’État, y compris les philosophes aristotéliciens et thomistes classiques, sont tombés dans cet énorme non sequitur qui consiste à sauter de la nécessité de la société à la nécessité de l’État. Alors qu’en fait, comme nous l’avons montré, l’État est un facteur anti-social qui empêche l’échange volontaire entre les hommes, la créativité individuelle et la division du travail. La "société" est une étiquette commode pour décrire la libre interaction entre les personnes dans les échanges volontaires. Il convient ici de rappeler la distinction éclairante établie par Albert Jay Nock entre le "pouvoir social", fruit de l’échange volontaire qui caractérise l’économie et la civilisation, et le "pouvoir étatique", qui consiste dans l’interférence coercitive et l’exploitation de ces avantages. (Murray Rothbard, L'Éthique de la liberté, chap. 24)
- L'État, c'est le plus froid de tous les monstres froids : il ment froidement et voici le mensonge qui rampe de sa bouche: "Moi, l'État, je suis le Peuple." (Nietzsche)
Liens avec des doctrines plus construites
- Le libéralisme est partiellement incompatible, il conteste l'efficacité d'une telle démarche et se décharge de nombreuses responsabilités inhérentes à l'État-providence » (charities, recherche privée, retraites, ...).
- Le libertarisme est opposé à l'État (anarcho-capitalisme) ou se contente d'un État minimal (minarchisme).
- L'anarchisme est fondamentalement incompatible, rejetant l'existence même d'autorité de type état.
- Les constructivismes, qui proclament que les choix publics doivent être guidés par la volonté de construire un certain type de société définie préalablement.
- L'utilitarisme, qui proclame que le bien-être des individus est la raison d'être de la société, se sert lui aussi en général de l'État. Voir social-démocratie.
- Le mercantilisme pour lequel l'économie, et notamment le commerce extérieur, d'un pays aurait pour but essentiel d'accumuler des moyens financiers assurant sa puissance sur le plan international.
- Le pragmatisme, doctrine de l'instrumentalisation des doctrines aux services des buts poursuivis. Ces buts peuvent être très divers (gain d'une guerre, paix sociale, richesse collective, bien-être du plus mal loti, etc.) mais toujours utilitaires. Le pragmatisme ne rejette donc pas ni n'impose l'étatisme, mais comme celui-ci est un instrument puissant, il est rare qu'il ne soit pas étatiste.
- Le collectivisme, qui subordonne l'individu au groupe en matière de choix et de responsabilités, en prétendant que cela améliore aussi les conditions de vie de l'individu lui-même.
- Le totalitarisme, forme extrême de l'étatisme, contrôle totalement la vie des individus par la fusion de l'État, de la société, et des structures de pouvoir et de contrôle.
Citations
- On a maintenant tâté de toutes les variantes de l’étatisme et elles ont toutes échoué. Partout dans le monde occidental au début du 20è siècle les chefs d’entreprise, les politiciens et intellectuels s’étaient mis à appeler de leurs voeux un "nouveau" système d’économie mixte, de domination étatique, à la place du laissez-faire relatif du siècle précédent. De nouvelles panacées, attrayantes à première vue, comme le socialisme, l’État corporatiste, l’État-Providence-Gendarme du monde, etc. ont été essayées et toutes ont manifestement échoué. Les argumentaires en faveur du socialisme et de la planification étatique apparaissent maintenant comme des plaidoyers pour un système vieilli, épuisé et raté. Que reste-t-il à essayer sinon la liberté ? (Murray Rothbard)
- Croire que les hommes ne sont pas assez intelligents pour s'entendre en société sans l'intervention de l'État relève d'une conception archaïque de la condition humaine. (Alain Dumait)
- Je crois que notre Léviathan Tout Puissant est une infinie source de sagesse, qui apporte la Confiance là où elle serait inimaginable sans Lui, qui fournit des Services Publics qui seraient inimaginables sans Lui. Je crois que la solution ultime à chacun et à tous les problèmes de la vie est que l'État devrait débloquer les fonds nécessaires en insérant les lignes appropriées dans le livre sacré du budget. Alleluïa! (le Credo Citoyen)
- Le socialisme triomphera sous la forme du socialisme d'État. La bourgeoisie, au lieu de s'opposer aux progrès de ce dernier, le favorise autant qu'il est en son pouvoir. Chacun tâche de happer un morceau du budget, les citoyens ne voient dans les administrations de l'État, des provinces et des communes que des instruments pour se dépouiller les uns les autres. Quelqu'un voudrait-il s'en abstenir qu'il ne pourrait pas. Toutes les fois que les citoyens se sont réunis dans le simple but de résister à une spoliation dont ils étaient les victimes, ils ont échoué. Quand, au contraire, ils se réunissent pour obtenir leur part du gâteau, le succès couronne assez généralement leurs efforts. C'est la fable du chien qui portait le dîner de son maître. (...) Tant que subsistera le sentiment qui porte les hommes à s'entre dépouiller au moyen des administrations publiques, les budgets augmenteront, jusqu'à ce qu'enfin, ils produisent la ruine des peuples et qu'un gros dogue prenne la place de cette meute affamée. Il mangera pour quatre, mais il pourra encore y avoir économie, s'il empêche de dévorer ceux qui mangeaient pour huit. (Vilfredo Pareto)
- L’étatiste est un homme qui est en train de devenir socialiste, et s’il meurt sans le devenir, c’est qu’il n’a pas assez vécu pour le devenir. (Émile Faguet)
- Je crois bien qu’il n’y a pas de libéraux en France. On croit qu’il y a plusieurs partis en France ; c’est une erreur. Il n’y en a qu’un : c’est l’Étatisme. Tous les Français sont étatistes. A ce compte là, la fameuse unité morale devrait exister ; seulement, si tous les Français sont étatistes, chacun veut l’État pour lui et au service de ses intérêts et de ses passions ; et cela ne fait qu’un seul parti en théorie, mais en fait beaucoup en pratique. (Émile Faguet, Le libéralisme)
- L’étatisme est la croyance en l'État (c'est-à-dire la coercition par un monopole) comme la solution magique à tous les problèmes ; la superstition selon laquelle il suffit que le gouvernement "débloque" des fonds, pour que n'importe quel problème soit résolu, comme si ces fonds tombaient du ciel, et que le gouvernement était un plombier appelé par Dieu pour réparer la tuyauterie défaillante par laquelle Il nous alimente de sa manne céleste. (Faré)
- Votre système est une guerre civile légale, où les hommes se constituent en groupes antagonistes et se battent entre eux pour s’emparer de la machine à fabriquer les lois, laquelle leur sert à écraser leurs rivaux jusqu’à ce qu’un autre gang s’en empare à son tour pour les évincer, le tout dans une protestation perpétuelle d’attachement au bien non spécifié d’un public non précisé. (Ayn Rand, Atlas Shrugged, Discours de John Galt)
- Le terme "étatisme" s'applique à un système de pouvoir caractérisé par le contrôle et la domination (absolue ou relative) de l'état par rapport à chaque réalité et activité, avec la suppression ou la soumission de chaque corps intermédiaire ou antagoniste. Clairement, il n'y a aucune entité physique appelée "état" mais des bureaucrates de tout genre dans les différents secteurs (politique, administratif, judiciaire, militaire, financier, etc.) qui travaillent en plein accord à l'alimentation des couches parasitaires dont eux-mêmes sont le noyau central. (Gian Piero de Bellis)
Liens externes
- Étatisme par Wikipedia (fr)
- Les libéraux étatistes par Murray Rothbard (fr)
- Comment nos apparatchiks se protègent contre l'étatisme par Martin Masse (fr)
![]() |
Accédez d'un seul coup d’œil au lexique des principaux termes du libéralisme. |
![]() |
Accédez d'un seul coup d’œil au portail consacré au libéralisme politique. |