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Heidegger désigne par nihilisme ce qu'il appelle "oubli de l’Être", le fait de "se coller" à l'étant en laissant de côté l’Être, qui, lui, par définition, "n'est rien d'étant" ("un néant", comme le dit aussi Nietzsche). Heidegger y voit le mouvement de fond de l'histoire de l'[[Occident]], qui commence avec [[Socrate]] et [[Platon]], et qui culmine dans le "règne de la technique" et les sciences positives. | Heidegger désigne par nihilisme ce qu'il appelle "oubli de l’Être", le fait de "se coller" à l'étant en laissant de côté l’Être, qui, lui, par définition, "n'est rien d'étant" ("un néant", comme le dit aussi Nietzsche). Heidegger y voit le mouvement de fond de l'histoire de l'[[Occident]], qui commence avec [[Socrate]] et [[Platon]], et qui culmine dans le "règne de la technique" et les sciences positives. | ||
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A mi-chemin entre philosophie et littérature, le nihilisme littéraire développe le thème de l'absence de sens de la vie. Inspirés par des philosophes comme Schopenhauer, Nietzsche, Wittgenstein, de nombreux auteurs s'illustrent dans ce genre : Guy de Maupassant, Albert Camus, Emil Cioran, Thomas Bernhard, Roland Jaccard, etc. | |||
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Version du 1 octobre 2014 à 11:38
Le terme de nihilisme a de nombreux sens dans le domaine politique, philosophique, moral, littéraire, etc.
Dans l'optique libérale, il désigne la négation totale de toute hiérarchie de valeurs, par exemple, le fait de nier qu'il y ait un bien et un mal (sans que ces termes soient pris dans un sens religieux). Son expression moderne est le relativisme.
Dans un autre sens, celui d'un individualisme dévoyé, c'est la négation de toutes les obligations imposées à l'individu, qui conduit à l'anomie, voire au terrorisme : on pourrait parler de "nihilisme actif". Un bon exemple en est le nihiliste russe Serge Netchaïev (1847-1882), et sa théorie terroriste exposée dans son "catéchisme du révolutionnaire".
Nihilisme philosophique
En philosophie, le nihilisme désigne d'abord le rationalisme athée : c'est un adversaire de Kant, F. H. Jacobi, qui invente ce terme.
Le terme est ensuite popularisé par le romancier Ivan Tourgueniev pour décrire les vues politiques de l'intelligentsia radicale russe, puis développé dans un sens plus religieux par Fedor Dostoïevski ("si Dieu n'existe pas, tout est permis").
Friedrich Nietzsche emploie ce terme dans un sens très particulier, qui n'est pas le sens courant : il désigne par "nihilisme" la tendance à dévaloriser l'ici-bas en faveur d'un "au-delà", quel qu'il soit (religieux, politique, etc.), tandis que le "nihilisme des forts" résulte d'un dépassement des croyances, d'un rejet de tout idéalisme et de la morale des "faibles".
Outre ce sens propre à Nietzsche, Roger-Pol Droit[1] distingue deux autres sens :
- le nihilisme ontologique ou métaphysique, qui ne distingue pas entre être et néant, affirmant que derrière les apparences soit il n'y ait que néant, soit il n'y ait que l'être pur[2] ;
- le nihilisme pessimiste (tel celui d'Arthur Schopenhauer), caractérisé par un refus de l'existence, proclamant la supériorité du néant sur l'être.
Heidegger désigne par nihilisme ce qu'il appelle "oubli de l’Être", le fait de "se coller" à l'étant en laissant de côté l’Être, qui, lui, par définition, "n'est rien d'étant" ("un néant", comme le dit aussi Nietzsche). Heidegger y voit le mouvement de fond de l'histoire de l'Occident, qui commence avec Socrate et Platon, et qui culmine dans le "règne de la technique" et les sciences positives.
Nihilisme littéraire
A mi-chemin entre philosophie et littérature, le nihilisme littéraire développe le thème de l'absence de sens de la vie. Inspirés par des philosophes comme Schopenhauer, Nietzsche, Wittgenstein, de nombreux auteurs s'illustrent dans ce genre : Guy de Maupassant, Albert Camus, Emil Cioran, Thomas Bernhard, Roland Jaccard, etc.
Références
- ↑ Le Culte du Néant, Seuil, 1997
- ↑ Les philosophies non-duales, telles que le bouddhisme, le Vedanta ou le taoïsme, ne rentrent pas exactement dans cette catégorie, puisqu'elles n'acceptent pas la dualité être-néant, distinction qu'elles rejettent comme issue d'une ignorance propre à l'esprit.
Citations
- Si nos principes n'ont d'autres fondements que notre préférence aveugle, rien n'est défendu de ce que l'audace de l'homme le poussera à faire. L'abandon actuel du droit naturel conduit au nihilisme ; bien plus, il s'identifie au nihilisme. (Leo Strauss)
- Le révolutionnaire méprise tout doctrinalisme, il a renoncé à la science pacifique qu'il abandonne aux générations futures. Il ne connaît qu'une science — celle de la destruction. (Serge Netchaïev)
- Le nihiliste est un homme qui connaît les principes de la civilisation, ne serait-ce que d'une manière superficielle. Un homme simplement non-civilisé, un sauvage, n'est pas un nihiliste. (Leo Strauss, Nihilisme et politique)
- La vie même est pour moi instinct de croissance, de durée, d'accumulation de forces, de puissance : là où fait défaut la volonté de puissance, il y a déclin. Ce que j'affirme, c'est que cette volonté fait défaut dans toutes les valeurs suprêmes de l'humanité - que les valeurs de déclin, les valeurs nihilistes, règnent sous les noms les plus sacrés. (Friedrich Nietzsche, L'Antéchrist, §6, 1888)
- Pensons cette pensée sous sa plus terrible forme : l'existence, telle qu'elle est, privée de sens et de but mais se répétant inéluctablement, sans final dans le néant : « l'éternel retour ». C'est la forme la plus extrême du nihilisme : le néant (l' « absence de sens ») éternel ! (...) Nous nions les buts derniers : si l'existence en avait un, il devrait être atteint. (Friedrich Nietzsche, Fragments)
- Le nihilisme commence là où cesse la volonté de se tromper soi-même. (...) À l'opposé du romantique toujours pénétré du sentiment que le monde est un tissu de sens cachés, de symboles à déchiffrer et d'indicibles mystères, le nihiliste considère que la vie est courte, brutale, insipide. (Roland Jaccard, La Tentation nihiliste, 1989)
Liens externes
- Nihilism : étude logique du nihilisme philosophique (pdf) (en)
- Netchaïev - Le catéchisme du révolutionnaire
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