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Willi Münzenberg
Willi Münzenberg | |||||
Propagandiste | |||||
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Dates | 1889 - 1940 | ||||
Tendance | Communiste | ||||
Nationalité | Allemagne | ||||
Articles internes | Autres articles sur Willi Münzenberg | ||||
Citation | |||||
Interwikis sur Willy Münzenberg | |||||
Willy Münzenberg ou Willi Münzenberg, né le 14 août 1889 et mort le 21 octobre 1940, est un militant communiste allemand, importante figure de l'ombre de la propagande de l'URSS puisqu'il a été entre les deux guerres le chef de la propagande du Komintern en Occident[1].
Présentation
Il naît à Erfurt dans une famille modeste et commence comme travailleur manuel. Il adhère alors au Sozialdemokratische Partei Deutschlands (Parti social-démocrate allemand, SPD), se rangeant dans son aile la plus radicale. Personnage brillant, il devient rapidement dirigeant du mouvement de jeunesse du parti. Quand le parti se scinde entre radicaux et modérés en 1914, il rejoint les plus radicaux à l'USPD.
S'opposant à la Première Guerre mondiale et refusant de s'engager dans l'armée allemande, il fuit à Zurich, où il restera pendant la majeure partie de la guerre. Il y rencontre Lénine, de qui il devient proche. Ce dernier repère en lui ses qualités de propagandiste.
Expulsé par la Suisse en 1917[2], il rejoint l'extrême gauche marxiste en Allemagne avec le mouvement spartakiste. Il cofonde ensuite le Kommunistische Partei Deutschlands (Parti communiste allemand, KPD) en 1919. Il en deviendra député au Reichstag en 1924.
Il quitte l'Allemagne pour Moscou en 1921 quand Lénine, qui a pris le pouvoir en Russie, l'appelle pour organiser la propagande communiste. En 1921, il fait son premier coup d'éclat avec les opérations de secours aux victimes de la famine dans le pays. Ruinée par le communisme de guerre, l'économie nationale n'existe plus. Entre 1917 et 1921, Petrograd et Moscou ont vu leur population divisée par deux et la production agricole s'effondre à la suite de l'exploitation toujours plus dure par le gouvernement des paysans. En conséquence, quand une sécheresse vient aggraver cette situation catastrophique, c'est rapidement la famine qui fait rage, avec environ 5 millions de morts. Cela n'affecte pour autant pas la foi communiste de Münzenberg. Il se révèle un fidèle organisateur des secours étrangers qui permettent au régime de survivre.
À la même époque, il collabore avec les services secrets soviétiques (Tchéka puis Guépéou) ou le Komintern (Troisième Internationale). Son action y continue comme propagandiste, avec de nombreuses actions visant à masquer la faillite pratique du régime communiste pour « magnifier l'expérience soviétique »[2]. Il développe ce qui sera vite appelé le « trust Münzenberg », un réseau d'organisations visant à présenter une vision idéale du « paradis socialiste », par la presse (Arbeiter Illustrierte Zeitung (AIZ) lancé en 1921), production du Cuirassé Potemkine, multiples organisations paravent, etc.)
Il a sous son contrôle des dizaines d'intellectuels, disciples ou sympathisants de la cause communiste, qu'il convainc de soutenir telle ou telle initiative qu'il mène. Pour l'historien François Furet, c'était « le grand chef d'orchestre du "compagnon de route", cette figure typique de l'univers communiste ». Et Furet de citer à l'appui de cette description le portrait fait par Manès Sperber de Münzenberg[2] :
“ | [Münzenberg] poussait des écrivains, des philosophes, des artistes de tout genre à témoigner, par leur signature, qu'ils se plaçaient au premier rang de combattants radicaux... [Il] constituait ainsi des caravanes d'intellectuels qui n'attendaient qu'un signe de lui pour se mettre en route,il choisissait aussi la direction. | ” |
Il continue son action de publicitaire de l'URSS dans les années 1930, avec notamment l'organisation en août 1932 d'un Congrès mondial contre la guerre impérialiste à La Haye. Il y applique là encore une de ses stratégies usuelles, reprise massivement par l'URSS : officiellement, ce sont les écrivains français Romain Rolland et Henri Barbusse qui sont à l'origine du congrès, alors que c'est Münzenberg et les communistes qui en sous-main contrôlent tout. L'influence de Münzenberg est alors très importante, puisqu'il arrive à faire intervenir, sans qu'ils connaissent les vrais organisateurs du Congrès, Heinrich Mann ou Albert Einstein. Les communistes s'assurent que l'on présente l'URSS comme la seule puissance pacifiste puisque la seule débarrassée du capitalisme et en particulier que l'on critique le « pacifisme genevois » de la SDN, forcément hypocrite puisque non anticapitaliste[3].
Il continua à organiser jusqu'en 1937 de nombreux événements similaires pour propager la doxa de Moscou, avec des livres bruns présentant la version officielle soviétique comme la seule véridique. L'arrivée au pouvoir des nazis le force à s'exiler en France, à partir de 1934. Il est alors fidèlement secondé par Arthur Koestler, qui écrira plus tard qu'il se considérait comme un sous-officier de Münzenberg dans ce qui était une guerre de propagande entre communistes et nazis. Münzenberg organise en 1935 un Congrès des écrivains pour la défense de la culture, « parade antifasciste [qu'il] met en scène »[4]. Il y réunit le gratin des intellectuels de gauche, embrigadés, sans forcément le savoir, au service de l'URSS (Julien Benda, André Gide, André Malraux, Aldous Huxley, Heinrich Mann, Boris Pasternak, Bertolt Brecht, etc.).
Cependant, ses relations avec Moscou se tendent à partir de la fin 1936. Après avoir été jusqu'en 1937 un « fidèle exécutant » des ordres de Moscou au nom du communisme, il doit s'en éloigner. Quand il est rappelé en URSS en 1937, alors que c'est un climat de terreur politique qui règne, il hésite puis choisit de ne pas s'y rendre. Il est alors exclu du parti communiste allemand, puis du Komintern en 1938.
En mai 1940, il est emprisonné par les Allemands de même que de nombreux Allemands ou Autrichiens. Il s'échappe cependant, mais pour peu de temps : il est probablement assassiné par le NKVD, la police secrète soviétique, en 1940, et son corps n'est retrouvé que plusieurs mois plus tard.
Les communismes et la lutte anti-fasciste, anti-impérialiste, etc.
Münzenberg fut l'un des premiers artisans d'une technique qui allait être appelée à un grand succès dans le mouvement communiste, à savoir le présenter comme le seul opposant légitime au fascisme, à l'impérialisme, au colonialisme, etc. Cette rhétorique continue aujourd'hui à être très présente, par exemple dans le discours « antifasciste », tout en visant à nier le rôle majeur d'autres courants politiques, dans l'opposition à ces mouvements. Pour le fascisme, parmi les très nombreux opposants libéraux, on notera Luigi Einaudi, Piero Gobetti, Benedetto Croce, Gaetano Salvemini, etc. Pour le colonialisme, ce furent historiquement les libéraux qui en furent les opposants, là où le courant socialiste chercha au contraire majoritairement à développer le colonialisme[5]. Pour une présentation plus détaillée de ce point, on pourra se référer à l'article antifascisme.
Citation
- « [Münzenberg] organisait des comités, des congrès et des mouvements internationaux comme un prestidigitateur sort des lapins de son chapeau: Comité pour l'Aide aux Victimes du Fascisme, Comité de Vigilance, Congrès de la Jeunesse, que sais-je encore? Chacune de ces organisations s'abritaient derrière un paravent de personnalités hautement respectables, depuis des duchesses anglaises jusqu'à des éditorialistes américains et des savants français, qui n'avaient jamais entendu prononcer le nom de Münzenberg et croyaient que le Komintern était une invention de Goebbels. » (Arthur Koestler, Hiéroglyphes 1[6])
Notes et références
- ↑ Arthur Koestler, La corde raide, 1952, édition Pluriel, 1978, p.77
- ↑ 2,0 2,1 et 2,2 François Furet, Le Passé d'une illusion, Robert Laffont et Calmann-Lévy, 1995, p.255
- ↑ Furet, ibid, p.256
- ↑ Furet, ibid, p.329
- ↑ « Les libéraux et le colonialisme », Guy Millière, [lire en ligne]
- ↑ Arthur Koestler, Hiéroglyphes 1, 1952, édition française Pluriel 1953, p.331
Œuvres
- Die dritte Front. Aufzeichnungen aus 15 Jahren proletarischer Jugendbewegung. Berlin, Neuer Deutscher Verlag 1930
- Propaganda als Waffe. Paris, Carrefour 1937
Bibliographie
- 1952, Arthur Koestler, La Corde raide
- 1954, Arthur Koestler, Hiéroglyphes 1
- 1995, François Furet, Le Passé d'une illusion, pp.254 et suivantes
- 1990, Christopher Andrew, Oleg Gordievsky, KGB: The inside story of its foreign operations from Lenin to Gorbachev, London, Hodder & Stoughton. ISBN 0060166053
- 1997, Annie Kriegel et Stéphane Courtois, Eugen Fried, Le Seuil
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