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Pierre Waldeck-Rousseau

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Pierre Waldeck-Rousseau
Homme politique

Dates 1846-1904
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Tendance libéral de gauche
Nationalité France France
Articles internes Autres articles sur Pierre Waldeck-Rousseau

Citation « On ne transforme pas une société, elle se modifie lentement, graduellement. »
Interwikis sur Pierre Waldeck-Rousseau

Pierre Marie René Ernest Waldeck-Rousseau, habituellement désigné sous le nom de Pierre Waldeck-Rousseau, né le 2 décembre 1846 à Nantes (Loire-Atlantique), mort le 10 août 1904, était un homme politique français. Il a été une des figures du progressisme républicain, héritier de l'opportunisme gambettiste.

Entre le barreau et la politique

Né dans une famille bourgeoise, il devient un très grand avocat d'affaires avant de se lancer dans la politique. Élu député de Rennes en 1879, comme républicain modéré, il devait conserver ce mandat dix années. Il entre dans le cabinet Gambetta en novembre 1881 au poste de ministre de l'Intérieur, fonction qu'il remplit de nouveau dans le cabinet Ferry (février 1883) et à ce titre fait voter la loi du 21 mars 1884 dite Loi Waldeck-Rousseau qui légalise les syndicats et il fait adopter le scrutin de liste. Son biographe Pierre Sorlin note :

« Au Parlement, il est un des rares opportunistes à admettre qu'il existe un problème social et à considérer que les travailleurs ne sont pas de toute éternité voués à la misère. »

Mais la vie politique paraît ne plus tenter cet homme froid et distant après les élections de 1889 où il ne s'était pas représenté. Il reprend son métier d'avocat au barreau de Paris et plaide dans les grands procès financiers comme le procès de Panama où il défend Gustave Eiffel.

Cédant aux sollicitations de ses amis modérés, il se fait élire sénateur de la Loire en octobre 1894 mais échoue à l'élection présidentielle face à Félix Faure en janvier 1895. Il gagne vite la réputation d'être non seulement intelligent et sérieux mais aussi intègre, qualité rare dans le monde parlementaire du temps.Il parait détaché de toute ambition ce qui lui donne du prestige.

Le plus long gouvernement de la Troisième République

« Républicain modéré mais non modérément républicain », c'est au cœur de l'Affaire Dreyfus, qu'il est amené à constituer le gouvernement : il occupe les fonctions de président du Conseil des ministres du 22 juin 1899 au 3 juin 1902, succédant à Charles Dupuy, et étant à son tour remplacé par Émile Combes. Raymond Poincaré n'ayant pas réussi à constituer un gouvernement avait conseillé au président de la République de faire appel à lui.

Ce ministère de « Défense républicaine » devait être le plus long de la Troisième République. Après avoir envisagé de constituer un cabinet homogène de républicains modérés, il a choisi l'union de tous les républicains. Ce cabinet de coalition voit se côtoyer le général de Galliffet « le fusilleur de la Commune » et Alexandre Millerand, premier socialiste à participer à un gouvernement. Il s'efforce ainsi d'entraîner les socialistes dans cette république « bourgeoise » qu'ils avaient longtemps condamné. Galliffet était un ami personnel de Waldeck-Rousseau, qui s'était opposé au boulangisme et montrait des sympathies pour la cause de Dreyfus. Les autres ministres sont loin d'être négligeables tels Caillaux aux Finances et Delcassé aux Affaires étrangères. Mais dans ce gouvernement note son biographe Pierre Sorlin « la tête domine et absorbe tout le reste ». L'annonce de la composition du gouvernement provoque les hurlements d'indignation à la fois des nationalistes et d'une partie de la gauche.

Convaincu du dépérissement inéluctable de la religion dans le monde moderne, Waldeck-Rousseau n'est pas anticlérical mais il est convaincu que l'Eglise doit être soumise au pouvoir républicain : dans le régime concordataire, le prêtre est un fonctionnaire comme les autres.En quelques mois il met le clergé au pas. Plus aucune voix n'ose s'élever contre le gouvernement républicain.Mais il considère surtout les Assomptionnistes, non sans raison, comme les ennemis forcenés de la République. Des poursuites judiciaires aboutissent en 1900 à la dissolution de la congrégation. Pour la première fois depuis longtemps, une autorité républicaine s'exerce avec rigueur. Dreyfusard de raison, ami de l'avocat Demange, le premier défenseur de Dreyfus, il souhaite néanmoins l'apaisement, soucieux de l'unité nationale.

Mais il est cruellement déçu par l'attitude de l'Etat-Major qui fait corps pour obtenir une seconde condamnation de Dreyfus « avec les circonstances atténuantes » lors du procès de Rennes. Il met fin à l'Affaire Dreyfus par la grâce du capitaine suivi d'une amnistie générale au nom de « l'intérêt public ». En revanche, il traduit en Haute Cour Déroulède et les chefs nationalistes. Pour mettre fin aux grèves qui se succèdent de l'été 1899 à l'été 1901, il tente d'imposer un arbitrage qui n'est pas accepté par le patronat. Il fait voter la grande réforme de l'enseignement secondaire.

Il est également l'inspirateur de la loi du 1er juillet 1901 sur les associations, dont il convient de nuancer le caractère libéral. En effet, si elle a permis aux citoyens "ordinaires" de s'associer plus librement qu'auparavant, elle a considérablement restreint la liberté des congrégations religieuses, dont l'existence dépendait désormais du bon vouloir du législateur. En effet, les congrégations étaient considérées comme hostiles à la république mais le Parlement avait voté un texte plus sévère que ne le souhaitait le président du conseil. Il souhaitait néanmoins une application libérale de la loi et devait regretter que son successeur Émile Combes ait transformé une « loi de contrôle en loi d'exclusion ».

Si les élections de 1902 sont favorables au Bloc des Gauches, Waldeck-Rousseau, malade, qui s'inquiète du trop grand nombre de radicaux et des excès de l'anticléricalisme, préfère démissionner. Il est déjà atteint de la maladie qui va l'emporter : un cancer du pancréas qui le force à s'aliter en décembre 1903. Avant de mourir, il combat au Sénat le projet de séparation de l'Église et de l'État.

Waldeck-Rousseau présente le profil rare d'un homme entré en politique un peu par hasard, conservant une nette préférence pour son métier d'avocat et se retirant du pouvoir volontairement.

Citations

  • « On ne transforme pas une société, elle se modifie lentement, graduellement. On ne traite pas les hommes comme on ferait d'une monnaie démodée qu'on met au creuset pour la frapper en masse à une effigie nouvelle. »

Sources

  • Notice in Gisèle et Serge Bernstein, La Troisième République, MA éditions, Paris 1987,p. 328-330
  • Pierre Sorlin, Waldeck-Rousseau, Paris, A. Colin 1966, 590 p.
  • M.O. Partin, Waldeck-Rousseau, Combes and the Church: the Politics of Anti-clericalism, 1899-1905 Durham, N.C., Duke University Press, 1969, 299 p.

Voir aussi


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