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Pierre Daunou

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Pierre Daunou
Homme politique, Historien

Dates 1761 - 1840
Pierre Daunou.jpg
Tendance Libéral classique
Nationalité France France
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Citation
Interwikis sur Pierre Daunou

Pierre Claude François Daunou est un homme politique, archiviste et historien français, secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, né à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) le 18 août 1761 et mort à Paris le 20 juin 1840. Selon Gérard Minart, c’était un libéral dans l’âme « mais d’un libéralisme qui s’est exprimé dans l’exercice de ses nombreuses responsabilités politiques plutôt que dans une grande œuvre théorique ».

L'Oratorien

Issu d’une famille qui fut protestante au XVIIe siècle, fils de Pierre Daunou, chirurgien de Boulogne-sur-Mer et de Marie-Antoinette-Péronne Sauzet, Pierre Daunou fut élève, puis professeur chez les Oratoriens. Ordonné prêtre en 1787, il enseigna les belles-lettres, la philosophie et la théologie dans plusieurs des collèges des Oratoriens. Il publia un discours sur l’Influence littéraire de Boileau (1787), qui fut couronné par l'Académie de Nîmes, et un Mémoire sur l'origine, l'étendue et les limites de l'autorité paternelle (1788), que distingua l'Académie de Berlin.

Le conventionnel

A la Révolution française, il embrassa les idées nouvelles, et, ayant pris parti pour la constitution civile du clergé, devint grand-vicaire de l'évêque constitutionnel du Pas-de-Calais (1791). Le 9 septembre 1792, ce département l'envoya siéger à la Convention, où il se distingua par sa modération. Opposé à la mise en jugement de Louis XVI, la Convention ne pouvant être juge et partie, il publia des Considérations sur le procès de Louis XVI et, par esprit de modération, vota, le 20 janvier 1793, en faveur de la réclusion jusqu'à la paix suivie de la déportation. Il traça un programme complet d'instruction publique, où il s’opposait à l’étatisation de l’enseignement, et déposa une motion d'ordre sur le travail d'élaboration de la constitution (avril 1793).

Sa protestation contre l’arrestation des Girondins lui valut la prison – avec 72 autres conventionnels – le 3 octobre 1793. Il en sortit au 9 thermidor (24 octobre 1793).

Le thermidorien

Après sa libération, il reprit sa place à la Convention thermidorienne et il fut un des principaux inspirateurs de la Constitution de l’an III (1795). Il présenta un rapport « sur les moyens de donner plus d'intensité au gouvernement », défendit le rapport sur la loi électorale, sur l'instruction publique et sur l'organisation de l'Institut de France, dont il est le père fondateur

Secrétaire de la Convention le 1er nivôse an III (21 décembre 1794), président de l'Assemblée le 18 thermidor an III (5 août 1795), il fut nommé membre de l'Institut le 29 brumaire an IV (20 novembre 1795) et entra, le 23 vendémiaire suivant (14 octobre 1796), au Conseil des Cinq-Cents, dont il devint secrétaire le 1er germinal an V (21 mars 1797) puis président le 3 fructidor an VI (20 août 1798) après y avoir été réélu par le département du Pas-de-Calais le 23 germinal an VI (12 avril 1798). Il s'y occupa des questions d'instruction publique, de l'organisation du Tribunal de cassation, de la répression des délits de presse, de la loi électorale, etc. Envoyé en mission à Rome en 1798 après l'assassinat du général Duphot, il rédigea la Constitution de la République romaine. À la même époque, il fut nommé administrateur de la bibliothèque Sainte-Geneviève.

Idéologue et archiviste sous Napoléon

Revenu en France au moment du coup d'État du 18 brumaire, il fit partie, le 19 brumaire an VIII (10 novembre 1799), de la commission intermédiaire chargée du pouvoir législatif et contribua à la rédaction de la Constitution de l'an VIII. Il publia, à la demande de Bonaparte, un Essai historique sur la puissance temporelle des papes (1799).

Appelé au Conseil d'État le 3 nivôse an VIII (24 décembre 1799), il refusa ce poste et entra dès le lendemain au Tribunat, dont il devint le président. Son attitude jugée trop indépendante, ses discours contre l'autorité excessive des préfets et l'organisation des tribunaux spéciaux, le firent comprendre comme « idéologue » dans la première élimination de 1802.

Il refusa une nouvelle fois le Conseil d'État, ainsi que la direction de l'Instruction publique, et n'accepta que les fonctions d'archiviste du Corps législatif le 24 frimaire an XIII (15 décembre 1804) en remplacement de Camus et la croix de chevalier de la Légion d'honneur (1810).

D’esprit trop indépendant pour continuer à s’occuper de politique, il se consacra dès lors à l’organisation des bibliothèques et des archives et devint en 1804 Garde général des Archives de l'Empire, et censeur impérial en 1810.

Opposant sous la Restauration

Menacé, en décembre 1815, par le comte de Vaublanc d'être privé de ses fonctions aux archives, il écrivit au ministre qu'« il lui attribuait des opinions qu'il n'avait jamais eues ». Il finit par perdre sa charge le 23 février 1816 (elle ne lui fut rendue qu'en 1830), mais fut élu en 1819 professeur au Collège de France à la chaire d'histoire et de morale. Ses leçons, pleines d'une érudition judicieuse et d'une ingénieuse critique, furent très suivies. Il devint également rédacteur en chef du Journal des Savants.

Élu député par le collège de département du Finistère le 25 mars 1819, il siégea dans l'opposition constitutionnelle. Il sortit de la Chambre au renouvellement de 1820 et n'y rentra que le 21 avril 1828. Il signa l'adresse des 221 contre le ministère Polignac et fut réélu le 23 juin 1830.

Archiviste et académicien sous Louis-Philippe

Après les Trois Glorieuses, la Monarchie de Juillet lui rendit en 1830 ses fonctions de Garde général des Archives qu’il conserva jusqu’à sa mort en 1840 et dans lesquelles il laissa une telle empreinte qu’on parle encore aujourd'hui du « fauteuil de Daunou » pour désigner le poste de directeur des Archives.

À la suite de sa nomination aux Archives, Daunou avait obtenu de ses électeurs la confirmation de son mandat de député le 21 octobre 1830. Il siégea jusqu'aux élections de 1834 et présenta à la Chambre des députés plusieurs rapports, entre autres sur l'instruction primaire (décembre 1831).

Membre de l'Académie des sciences morales et politiques lors de sa réorganisation en 1832, il devint secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres (1838) et fut élevé à la dignité de pair de France (7 novembre 1839) peu de temps avant sa mort.

Le libéralisme de Daunou

Cet érudit austère et probe a traversé une des périodes les plus troublées de l’histoire de France. A ses yeux, l’individu est le moteur et la finalité de l’organisation sociale. L’État doit se cantonner dans ses fonctions régaliennes (justice, police, défense) : la compétence sociale doit s’arrêter là où commencent les droits sacrés de l’individu. A l’instar de Locke, il considère l’homme comme le maître et le propriétaire de sa personne. Le droit de propriété entraîne l’émergence de tous les autres droits. Les garanties ont pour but d’empêcher les pouvoirs qui nous protègent contre les malfaiteurs, de devenir malfaiteurs eux-mêmes. Le finalité de la Constitution est de consacrer ces garanties. L’opinion publique doit assurer la défense des garanties mais pour cela elle doit être éclairée d’où l’importance de l’instruction. Enfin la liberté implique la responsabilité : la constitution de l’an III est la seul qui comporte une déclaration des devoirs. La liberté d’expression ne peut être entière, il en exclut quatre formes où le langage prend la forme d’une action : l’injure, la calomnie, la sédition et la complicité verbale.

Sources


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