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Mikhail Bakounine

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Mikhail [Alexandrovitch] Bakounine (né le 30 mai 1814 - décédé le [[1er juillet]] 1876), fut un révolutionnaire russe et un théoricien de l'anarchisme collectiviste. Mikhail Bakounine a grandement influencé de nombreux penseurs du XXIe siècle, y compris Noam Chomsky. Son discours est présent chez de nombreux hommes politiques qui ne l'affichent pourtant pas nécessairement.

Contestation de l'idée marxiste de la dictature du prolétariat

Mikhail Bakounine a contesté l'idée marxiste de la dictature du prolétariat. Cependant, Bakounine et Marx avaient un grand respect l'un pour l'autre, ce qui s'est reflété par l'échange de nombreux écrits. Le conflit intellectuel entre Mikhail Bakounine et Karl Marx a souligné toutefois la différence entre l'anarchisme collectiviste et le marxisme. Bakounine croyait que l'État sous toutes ses formes, y compris sous la forme d'une démocratie prolétarienne, doit immédiatement être aboli parce qu'une forme de gouvernement finit par conduire tôt ou tard à l'oppression.

Alors que les anarchistes sociaux et les marxistes partagent le même objectif final, la création d'une société libre et égalitaire sans classe sociale, ni État, ils sont fortement en désaccord sur la manière d'atteindre cet objectif. Les anarchistes collectivistes pensent que la société sans classe et apatride doit être établie par l'action directe des masses, ce qui aboutit à la révolution sociale. Ils refusent toute étape intermédiaire, comme la dictature du prolétariat, au motif qu'une telle dictature tend à vouloir se sauvegarder par le principe d'auto-perpétuation. Sans doute que la chute de la Russie communiste soviétique et d'autres pays d'Europe de l'Est reflète cette intuition. Les hommes de l'ancien régime tendent à vouloir garder le pouvoir sous toutes ses formes.

Le danger de la formule : « La passion de la destruction est une passion créatrice »

En 1842, Mikhail Bakounine conclut son premier texte révolutionnaire, La Réaction en Allemagne, par une formule qui a eu des répercussions sanglantes dans toute l'Europe : Die Lust der Zerstörung ist zugleich eine schaffende Lust (« La passion de la destruction est en même temps une passion créatrice ! »). Cette formule a motivé de nombreux anarchistes à perpétrer des attentats, à faire couler le sang et à assassiner des êtres au mépris de la dignité et de la valeur humaine. Que signifiait cette phrase ? Elle est très différente de l'expression de création destructrice lorsque Joseph Schumpeter parle de l'innovation en économie.

Le libertaire Jean-Christophe Angaut, écrit dans un article sur le blog Atelier de création libertaire[1], qu'il y a une erreur de traduction en français. Mikhail Bakounine ne serait pas « un apôtre de la destruction universelle qui identifierait destruction et création ». La faute en incomberait aux acteurs du désir de néant qui ont réalisé les attentats. Y-a-t-il juste une erreur d'interprétation de la part des terroristes ? C'est une façon aisée de vouloir discréditer les auteurs de ces crimes et de leurs commanditaires.

L'anarchiste révolutionnaire serait animé par une grande énergie, semblable à celle que porte l'être humain vis-à-vis de la transcendance. Mikhail Bakounine réfutait la présence de Dieu car la foi serait avilissante pour l'Homme. Cependant, ses « apôtres » sont toutefois transportés par un enthousiasme hors du commun semblable à la foi religieuse. Le terme de volupté (Die Lust) a été changé en français par celui de passion pour symboliser la motivation nécessaire à engendrer un monde nouveau. La destruction des institutions « malfaisantes » serait un grand acte d’amour suprême[2]. Alors que l'entrepreneur schumpétérien crée un nouveau cadre favorable à l'innovation, et que cela crée implicitement, sans le vouloir directement, des destructions dans des activités autres, l'entrepreneur anarchiste et révolutionnaire est incapable de pouvoir créer sans devoir, avant tout, « briser le cadre du monde » réel des autres citoyens. L'acteur bakouninien se met dans un état de destruction déchaînée dans l'attente d'une promesse de création future. Pour construire son monde, il a besoin de détruire sauvagement celui des autres. Or, rien ne permet d'assurer que ses anticipations lui procurent un monde meilleur. Hormis sa confiance aveugle dans les prédictions de Mikhail Bakounine.

Informations complémentaires

Notes et références

  1. Jean-Christophe Angaut, 2010, “La passion de la destruction est en même temps une passion créatrice!”, écrit le 30 mai 2010 sur le site Atelier de création libertaire.
  2. Il existerait le même frisson précurseur à celui de la création. Ce subterfuge rhétorique à la métaphore orgasmique est aussi présent chez d'autres terroristes à qui on promet 100 vierges à leur entrée au paradis.

Publications

  • 1873, Gosudarstvennost’ i anarkhii͡a
    • Traduit en anglais en [1990] par Marshall S. Shatz, "Statism and Anarchy", Cambridge: Cambridge University Press
  • 1882, "God and the State" (Dieu et l’État), New York: Dover Publishing

Littérature secondaire

  • 1937, E. H. Carr, "Michael Bakunin", Londres
  • 1972, Henri Arvon, "Bakounine", Cerf
  • 1988,
    • Paul Avrich, "The legacy of Bakunin", In: Paul Avrich, "Anarchist Portraits", Princeton: Princeton University Press, pp5-15
    • Paul Avrich, "Bakunin and the United States", In: Paul Avrich, "Anarchist Portraits", Princeton: Princeton University Press, pp16-31
    • Paul Avrich, "Bakunin and Nechaev", In: Paul Avrich, "Anarchist Portraits", Princeton: Princeton University Press, pp32-52

Citations

  • Les marxistes prétendent que la dictature, seule - leur dictature bien évidemment - permettrait d'exprimer la volonté populaire. Notre réponse est celle-ci : nulle dictature n'a d'autre objectif que sa perpétuation et elle ne peut conduire qu'à l'esclavage du peuple la tolérant ; la liberté ne peut résulter que de la liberté, c'est-à-dire de la rébellion du peuple laborieux et de sa libre organisation. (Étatisme et Anarchie)
  • M. Marx dit : La misère produit l'esclavage politique, l'État. Mais il ne permet pas de retourner la phrase et de dire : L'esclavage politique, l'État, reproduit à son tour et maintient la misère comme condition de son développement.
  • Il est clair, pour moi, que le suffrage universel (...) est l’exhibition à la fois la plus large et la plus raffinée du charlatanisme politique de l’État un instrument dangereux, sans doute, et qui demande une grande habileté de la part de celui qui s’en sert, mais qui, si on sait bien s’en servir, est le moyen le plus sûr de faire coopérer les masses à l’édification de leur propre prison. (L’Empire Knouto-Germanique et la Révolution sociale)
  • Il y aura un gouvernement excessivement compliqué, qui ne se contentera pas de gouverner et d'administrer les masses politiquement, (...) mais qui encore les administrera économiquement, en concentrant en ses mains la production et la juste répartition des richesses, la culture de la terre, l'établissement et le développement des fabriques, l'organisation et la direction du commerce, enfin l'application du capital à la production par le seul banquier, l'État. Tout cela exigera une science immense et beaucoup de têtes débordantes de cervelle dans ce gouvernement. Ce sera le règne de l'intelligence scientifique, le plus aristocratique, le plus despotique, le plus arrogant et le plus méprisant de tous les régimes. (« Écrits contre Marx », Étatisme et anarchie, 1873)
  • Si Dieu est, l'homme est esclave ; or l'homme peut, doit être libre, donc Dieu n'existe pas. (Dieu et l'État)
  • Je déteste le communisme, parce qu'il est la négation de la liberté et que je ne puis concevoir rien d'humain sans liberté. Je ne suis point communiste parce que le communisme concentre et fait absorber toutes les puissances de la société dans l'État, parce qu'il aboutit nécessairement à la centralisation de la propriété entre les mains de l'État, tandis que moi je veux l'abolition de l'État.


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